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Paralyser le système pour une révolution tranquille

Comme de nombreux pays, la France est sous l'emprise d'un système caractérisé par un triptyque : État profond - capitalisme de copinage - démocratie de connivence. Les rouages du système sont bien huilés et bien protégés, si bien qu'ils résistent à toutes les tentatives (vote, manifestations, pétitions,...) de réforme. Pour changer le système, il faut d'abord le détruire, faire table rase pour reconstruire. Mais, embourgeoisée, manipulée, conditionnée... la population n'est pas prête à descendre dans la rue pour un éventuel coup de force. Dans ces conditions, il faut mener des actions efficaces qui échappent à l'appareil de contrainte étatique. C'est ce qui est envisagé dans les lignes qui suivent.

Comme de nombreux autres pays, la France est sous l’emprise d’un système d’exploitation piloté par l’État profond (1) (ou le gouvernement profond) au confluent d’un type de capitalisme associé à une forme particulière de démocratie.

Capitalisme de « copinage » et démocratie des « coquins »

Le système repose sur une combinaison de capitalisme et de démocratie. D’une part, le capitalisme de « copinage » organise la collusion entre acteurs privés et acteurs publics en vue de créer et d’accaparer des rentes. D’autre part, la pseudo-démocratie (2) caractérisée par un bipartisme de « connivence » a pour but de « forcer » l’adhésion des masses populaires et des classes moyennes au système. Capitalisme de copinage et pseudo-démocratie sont intimement imbriqués et pilotés par l’État profond (3) .

La crise économique et sociale menace le système

Depuis une dizaine d’années, la crise économique et sociale s’accentue. Le défaut de croissance menace la distribution de rente car le gâteau à partager ne grandit plus, voire se rétrécit. Dans ce contexte, il devient de plus en plus difficile pour les gouvernants de satisfaire les exigences de leurs sponsors tout en maintenant la paix sociale. En effet, les impératifs de la distribution de rente aux sponsors impliquent notamment la mise en œuvre de politiques de rigueur salariale, d’augmentation de la fiscalité pour les classes moyennes et inférieures, de privatisation d’entreprises et de secteurs publics rentables ...

La contestation monte mais reste inefficace

Le mécontentement et la contestation montent mais rien ne change. Le système est verrouillé par la pseudo-démocratie du bipartisme de connivence. Nombreux sont ceux qui proposent de réformer le fonctionnement de la démocratie. Changer la Constitution, reconnaître le vote blanc, tirer au sort les représentants, exiger un mandat unique... sont de bonnes idées qui n’ont aucune chance d’être mises en œuvre par ceux qui seraient menacés par ces mesures. Dans le cadre institutionnel actuel, il est vain d’espérer une refondation.

Pour une révolution non violente, au moins au départ

Certes, une révolution violente, comme notre pays en a connu, serait en mesure d’abattre le système mais probablement avec un coût humain très élevé. De plus, l’expérience montre que les manifestations de masse (retraites en 2010), les pétitions, le vote (référendum sur l’Europe en 2005)... restent sans effets. Enfin, peu de gens sont prêts à descendre dans la rue les armes à la main ou encore à manifester violemment.

Néanmoins, la nécessité du changement implique une réflexion sur l’utilisation des degrés de liberté existant encore pour la population. Du fait du flicage, de l’état d’urgence, de l’apathie, du consumérisme... les marges de manœuvre se réduisent toujours plus.

Malgré tout, il reste certains domaines dans lesquels des actions sont susceptibles d’insérer des grains de sable dans les rouages bien huilés du système et conduire à sa paralysie, prélude à sa refondation.

D’une part, le système économique, politique et social ne peut réellement fonctionner qu’avec l’aide du bénévolat. L’arrêt des activités bénévoles apparaît en mesure de générer rapidement des turbulences au sein de la société. Contrairement aux manifestations de rue par exemple, les autorités ne pourront réprimer ces actions.

D’autre part, les dons constituent, dans certains domaines, un financement additionnel essentiel à celui de l’État. Le tarissement de ces ressources dressera des obstacles à la réalisation de projets sociétaux utiles et porteurs.

De plus, la consommation est une autre arme que les populations maîtrisent encore. Le boycott, la consommation sélective... constituent des grains de sable. Le pouvoir peut aussi se trouver dans les rayons des magasins.

Enfin, des actions non justiciables de désobéissance civile peuvent compléter le scénario de destruction du système néo-féodal actuel.

Dans cet article, seuls seront abordés les thèmes du bénévolat et du don.

Le bénévolat, une composante vitale du système

Le terme bénévolat émane du latin benevolus qui signifie bonne volonté, venant de bene, bien et velle, vouloir. « Le bénévolat désigne une activité de services envers autrui, [effectuée] de son plein gré et sans rémunération. Les actions de bénévolat, qui ne sont pas une simple adhésion, s’exercent en général dans le cadre d’une association, d’un syndicat ou d’une structure publique, éventuellement dans une entreprise privée à vocation sociale » (5) .

« La loi ne définit pas le bénévolat et c’est ce qui caractérise sa particulière souplesse. Cependant, le Conseil économique, social et environnemental a précisé ce concept dans un avis du 24 février 1993 : « est bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en direction d’autrui, en dehors de son temps professionnel et familial » (6).

« Le bénévolat est un don de soi librement consenti et gratuit  » (7) . Il en découle que le bénévolat ne peut être imposé et son absence ne peut être réprimée.

La place du bénévolat en France

« En 2016, 63% des Français indiquent donner du temps [gratuitement] ou l’avoir déjà fait ! », « tous cadres d’engagement confondus (8) ». En effet, cette année-là près de 20,5 millions de personnes ont donné du temps à travers le bénévolat associatif (13,197 millions), le bénévolat dans d’autres organisations (4,410 millions) et le bénévolat direct ou informel (8,302 millions) (9).

Les bénévoles sont les plus nombreux dans le secteur associatif mais ils représentent seulement la moitié (51%) de l’effectif total.

Ainsi, le bénévolat touche une part importante de la population et il s’exerce dans de nombreux domaines.

Le bénévolat par secteur

En 2016, le bénévolat représentait une part significative des ressources humaines dans une large palette de secteurs : social caritatif (27%), sport (24%), loisirs (21%), jeunesse éducation populaire (18%), culture (17%), environnement (9%), santé, recherche médicale, aide aux malades (8%), solidarité internationale (7%), formation, emploi, insertion économique (7%), autres (16%) (10).

En réalité, le fonctionnement de nombreux secteurs de la vie sociale est tributaire du bénévolat.

Le bénévolat associatif

Le domaine associatif mobilise la majeure part des bénévoles. « On estime à
1 300 000 le nombre d’associations actives en France et [...] plus de 21 millions de personnes, résidant en ménages ordinaires en France métropolitaine, ont déclaré être membres d’au moins une association
(11) ». « Seulement 12 % des associations emploient des salariés, le plus souvent un ou deux (12) ». C’est-à-dire que 88 pour cent des associations (9 associations sur dix) fonctionnent uniquement sur la base du bénévolat.

« Les bénévoles interviennent dans l’ensemble des domaines d’activité et dans la quasi-totalité des associations, même employeuses. Le volume de travail qu’ils y consacrent correspondrait à 680 000 emplois en équivalent temps plein (13) ». Il apparaît que le système associatif repose quasi exclusivement sur le bénévolat.

Les associations « interviennent principalement dans quatre domaines : le sport, les loisirs, la culture et la défense de causes, de droits ou d’intérêts (14) ».

Les autorités politiques reconnaissent le rôle essentiel des associations : « La vie associative constitue une immense richesse pour notre société, en terme de valeurs comme en terme d’actions concrètes. La vie associative est le lieu de l’engagement désintéressé, de la solidarité, du lien social, du dépassement de soi. Elle est indispensable au bon fonctionnement de notre société, souvent elle opère d’ailleurs des missions essentielles de service public (15) ».

Arrêter le bénévolat

Étant donnée l’importance de l’activité bénévole dans le fonctionnement du système social, économique et politique, stopper le bénévolat apparaît en mesure de désorganiser et de paralyser rapidement tant le capitalisme de connivence que la démocratie du même nom. En effet, le bénévolat représente du travail gratuit (dévalorisé) qui permet, en revanche, de valoriser d’autres composantes du capitalisme de connivence. Supprimer cette gratuité bloquera certains rouages du système qui implosera d’autant plus rapidement que ses ressources financières gratuites seront taries.

Le don, un élément essentiel à la bonne marche du système

En 2015, malgré la morosité ambiante, « les Français ont donné 4% de plus qu’en 2014 (entre 4,4 et 4,6 milliards d’euros) (16) ». Cette même année, « plus de 5,5 millions de foyers fiscaux ont déclaré à l’administration fiscale des montants de près de 2,5 milliards d’euros, supérieurs de 3,7% par rapport à 2014 [...] le bilan annuel moyen des dons déclarés par les foyers imposables a ainsi augmenté de 6,2%, en 2015, s’établissant à 463 euros (17) ».

Le montant des dons apparaît significatif et lesdits dons s’avèrent indispensables dans de nombreux domaines qui devraient relever de la solidarité nationale par le biais de la dépense publique au lieu de la charité privée.

Le bilan de l’étude sur la générosité des français (18)

En 2015, 1,2704 milliard d’euros ont été collectés par 145 associations (19) et fondations œuvrant dans les secteurs suivants : (i) aide sociale en France (457,9 millions) ; (ii) aide à la recherche médicale (236 millions) ; (iii) Organisations de solidarité internationale (OSI) - santé (173,9 millions) ; (iv) aide aux personnes atteintes de maladie ou de handicap (138,1 millions) ; (v) organisations de solidarité internationale (OSI) – enfance (133 millions) ; (vi) organisations de solidarité internationale (OSI) – développement (98,7 millions) ; (vii) environnement (32,8 millions).

Les dons à l’église catholique et à l’église protestante unie de France

L’étude révèle qu’en 2015, les dons aux associations diocésaines (catholiques) s’élèvent à près de 477 millions d’euros tandis que l’église protestante a collecté 24,63 millions d’euros.

Les dons aux partis politiques

«  En 2015, année des [élections] départementales (mars) et des régionales (décembre) les montants [des dons] déclarés se sont élevés à 94 millions d’euros, en baisse de 13% par rapport à l’année 2014, comportant les municipales (mars) et les européennes (mai). Le nombre de foyers déclarant un don aux partis politiques est de 327 000, lui aussi en baisse de 14% par rapport à 2014 » (20). La baisse de la collecte des partis politiques s’explique peut-être par la défiance croissante de la population vis-à-vis de la classe politique.

Ne plus donner

Tarir une source de financement des activités sociales et politiques que les gouvernements devraient financer, mais ne le font pas pour ne pas amputer les profits de leur sponsors, est en mesure d’insérer des grains de sable dans les rouages bien huilés de l’appareil d’exploitation et de contrainte au service du capitalisme de connivence qui gère la démocratie des copains et des coquins..

Le boycott du bénévolat et du don est un acte éminemment politique

Cesser tout bénévolat, stopper les dons seront des démarches vilipendées par le système et par ses agents sous le prétexte majeur qu’elles seraient la résultante d’un défaut de générosité lourd de conséquences notamment sur le plan social.
Il est vrai que le boycott du bénévolat et des dons produira des effets collatéraux indésirables notamment sur des populations vulnérables. Néanmoins, depuis des décennies, la mise en œuvre de politiques néolibérales de casse sociale, de destruction des services publics... a eu des effets autrement plus néfastes sur l’ensemble de la société. Si nous voulons changer le système, il faut faire table rase pour reconstruire car les fondations sont pourries.

Dans ce contexte, cesser le bénévolat au service du système, ne plus donner pour alimenter ledit système ne sont pas des signes d’un manque de générosité mais, dans le contexte actuel, des actes de courage pleinement politiques (21).

Profiter du boycott pour amorcer la reconstruction grâce aux bénévoles et aux généreux donateurs

« La diversité des profils des bénévoles se traduit par la pluralité des raisons données par les bénévoles eux-mêmes pour expliquer leur engagement. Des motivations diverses peuvent ainsi se croiser : d’un côté, la recherche d’un épanouissement personnel grâce à de nouveaux contacts sociaux, à des acquisitions de connaissances ou à l’utilisation de compétences que l’on veut faire fructifier ; de l’autre, des motivations altruistes, telles que la défense d’une cause ou la volonté de donner du sens à sa vie en rendant le monde meilleur (22) ».

Le boycott du bénévolat pourrait « frustrer » de nombreux bénévoles et donateurs. Le processus de reconstruction de la démocratie pourrait faire appel aux bénévoles désœuvrés ainsi qu’aux donateurs dépourvus.

En effet, bâtir un nouveau système démocratique implique une démarche de la base vers le haut afin de recueillir les aspirations des populations dont l’issue pourrait se traduire par une nouvelle Constitution. Dans ce cadre, les bénévoles auraient un rôle primordial à jouer dans l’ensemble du processus allant de la collecte des « doléances » au niveau local jusqu’à la synthèse finale. Le processus pourrait bénéficier d’un financement de la part de généreux donateurs désintéressés.

Il ne s’agit pas ici de présenter les scénarii possibles car le sujet de la refondation démocratique fera l’objet de nouvelles publications.

Bernard CONTE

(1) A propos de l’État profond, voir Peter Dale Scott, L’État profond américain. La finance, le pétrole et la guerre perpétuelle, Plogastel Saint-Germain, Éditions Demi-Lune, 2015. « Le gouvernement profond part du principe qu’il n’existe pas un « État dans l’État », qui agirait à l’insu des citoyens. Il suggère plutôt l’idée que les décisions, dans nos démocraties, sont prises selon des processus complexes, informels, non structurés, mais capables d’orienter les décisions officielles ou de se substituer à elles. Le principe du gouvernement profond est de confier la conduite de la société à une élite qui dispose des moyens d’exercer une influence déterminante sur les décisions collectives. »
En savoir plus sur http://reseauinternational.net/quappelle-t-on-le-gouvernement-profond/#MId6cdxudBJlRyfG.99 Les notions d’État profond et de gouvernement profond sont assez proches, l’une étant plus formelle que l’autre, mais le résultat reste identique.

(2) Bernard CONTE, « Le néolibéralisme et l’illusion démocratique », Le Grand Soir, 6 novembre 2011, http://www.legrandsoir.info/le-neoliberalisme-et-l-illusion-democratique.html

(3) Lire : Bernard CONTE, « La démocratie de connivence et l’anéantissement de la France », https://www.legrandsoir.info/la-democratie-de-connivence-et-l-aneantissement-de-la-france.html

(4) Lire : Bernard CONTE, « Le dualisme des saigneurs », http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3469

(5) http://www.toupie.org/Dictionnaire/Benevolat.htm

(6) https://www.associatheque.fr/fr/guides/benevolat/fondements/benevole.html

(7) Idem.

(8) La France bénévole en 2016, http://www.recherches-solidarites.org/media/uploads/la-france-benevole-2016.pdf

(9) La somme des personnes bénévoles engagées dans des cadres différents est supérieure au total de 20,5 millions en raison des engagements pluriels.

(10) Les pourcentages concernent le « taux d’engagement » : « cette notion, utilisée couramment par France Bénévolat, est le pourcentage de personnes qui donnent leur temps par rapport à la totalité de la population concernée », L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2016, http://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/ENQUETE_Evol_benevolat_associatif_en_2016_vDEF.pdf

(11) Idem, chiffres afférents à 2013.

(12) https://www.insee.fr/fr/statistiques/1908153

(13) Idem.

(14) https://www.insee.fr/fr/statistiques/1908153

(15) Muriel MARLAND-MILITELLO, Livre blanc parlementaire, Libérer les générosités associatives, Assemblée nationale, juin 2012, p. 98.

(16) Cécile BAZIN, Marie DUROS et Jacques MALET, La générosité des français, 21ème édition, novembre 2016, http://www.associations.gouv.fr/la-generosite-des-francais-edition-2016.html

(17) Idem.

(18) Idem p.11, « Cette analyse s’appuie sur les montants de collecte des particuliers, hors legs, de 171 associations et fondations, ainsi que sur les collectes de l’Eglise catholique et de l’Église Protestante Unie de France, présentées séparément. Ensemble, ces montants représentent plus de 1,86 milliard d’euros, soit un peu plus de 40% du montant total estimé de la collecte en France, hors dons de la main à la main. »

(19) « 145 associations ou fondations, les autres organismes ne formant pas des ensembles homogènes suffisants pour constituer un secteur d’observation », La générosité des français, doc. cité.

(20) La générosité des français, doc. cit. p.32.

(21) Il serait éventuellement possible de discriminer parmi les secteurs à boycotter en fonction de certains critères à définir.

(22) Les motivations de bénévoles, https://www.associatheque.fr/fr/guides/benevolat/fondements/motivation-benevoles.html

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COMMENTAIRES  

26/03/2017 13:05 par Claude

J’ai déjà arrêté les dons pour la raison que vous dites et je pense que c’est le plus facile à faire et à faire faire... Par contre renoncer au bénévolat c’st plus difficile. La plupart des gens, moi y compris, y trouvent beaucoup de satisfactions en termes de plaisir d’agir, de contacts, de reconnaissance sociale et d’occupation de son temps... Il faudrait leur offrir des alternatives crédibles et tentantes et pas trop dangereuses. Les militants pro-palestiniens sont peu nombreux du fait de la criminalisation de leur mouvement et il y a fort à parier que n’importe quel mouvement qui serait perçu comme un danger par les pouvoirs en place, leurs sponsors et les puissants lobbys serait aussi pourchassé et criminalisé, non ? Ou alors il faut rester dans la clandestinité... Mais là c’est autre chose...

26/03/2017 14:16 par D. Vanhove

Je rejoins l’auteur dans cet article
cela fait longtp que je me suis fait cette réflexion : le bénévolat comble les carences d’un Etat et en principe - sauf exception en cas de catastrophes naturelles p.ex. - ne devrait pas se substituer aux devoirs de l’Etat, justement...

mais, là où je pense que l’auteur se trompe, c’est qu’il me semble faire peu de cas de la civilisation même dans laquelle nous baignons depuis des siècles et qui traîne derrière elle cette reconnaissance - hypocrite bien sûr - des valeurs morales du bénévolat...
les gens qui font du bénévolat sont mis sur un piédestal par tout le monde ou presque, et en tirent une satisfaction qui les maintient debout

pour avoir pdt qqs années donné moi-même de mon temps dans différentes associations, je me suis aperçu combien de gens qui s’y dévouaient en avaient fait leur raison de vivre... ils s’imaginent agir dans un élan de solidarité et de don gratuit et n’arrivent pas à reconnaître que les premiers à qui ils donnent, c’est à eux-mm !... et c’est ss doute la part la plus complexe sur laquelle il faudrait agir si vous pensez - comme je le pense aussi - qu’il faille arrêter le bénévolat et laisser à l’Etat le soin de mieux organiser les secteurs dans lesquels ce bénévolat s’exerce

vaste programme, auquel je ne crois pas pour les raisons explicitées ci-dessus

pour ma part, il me semble qu’il y a d’autres manières de gripper le système et la désobéissance civile tels ceux cités plus haut... mais il en est un qui n’est pas abordé et pourtant il me semble être celui qui paralyserait quasi instantanément les rouages de l’Etat : c’est le refus de payer les impôts... croyez-moi, c’est à la portée de tt le monde et cela ferait non seulement trembler les gouvernements mais les ferait basculer...
les citoyens ont un pouvoir qu’ils ne s’imaginent pas, pcq personne ne leur en parle... mais pensez-y, c’est un moyen d’action non-violent (psq c’est à la mode en Occident et que personne n’a plus envie de se battre) imparable !

26/03/2017 14:57 par Roger

C’est particulièrement bien argumenté et sérieusement documenté.
En étant resté au niveau de l’intuition (sans me fonder sur une analyse aussi sérieuse que celle de B.Conte ), j’ai caressé la même perspective, qui est une déclinaison particulière de la proposition de Loëwy (?):pour renverser le capitalisme arrêtons de le faire fonctionner.

bâtir un nouveau système démocratique implique une démarche de la base vers le haut afin de recueillir les aspirations des populations dont l’issue pourrait se traduire par une nouvelle Constitution

Les bénéfices subjectifs des bénévoles sont ici bien appréciés et je trouve que d’offrir à cette énergie d’engagement la possibilité de s’investir dans un travail de refondation politique d’une démocratie nettement participative me semble pertinent. En effet, je l’expérimente et l’observe dans le travail que nous faisons avec le mouvement de la France Insoumise . Son dispositif de groupes d’appui faciles à créer, aux ambitions modestes mais accrochées à l’ambitieux projet d’une "bifurcation civilisationnelle", articulés à des "universités populaires thématique", des auditions d’experts, des écoutes de citoyens, avec une utilisation intelligente et respectueuse des outils numériques, se révèle gratifiant, et va tout à fait dans le sens de la proposition de B.Conte.
En fait il s’agit de mettre du temps et de l’énergie disponible au service de ce qui selon Aristote est indispensable à la démocratie et au "bien vivre ensemble" (qui définit la Politique), la "passion (affect spinoziste) politique".Quand on voit les moyens considérables mobilisés par "l’Etat Profond" (au sens de l’auteur) pour "dépolitiser" les citoyens (en les dégoûtant, en les poussant à l’apathie, ou en orientant leur recherche de sens vers le bénévolat et les dons , etc...plutôt qu’a faire vivre la démocratie) on peut y voir l’indice qu’il s’agit là d’un point fondamental.
J’ai hâte de lire la suite.

26/03/2017 15:09 par Assimbonanga

Il fallait que cela soit dit. C’est très bien de mettre en forme cette intuition de personnes qui réfléchissent à cet aspect du schmilblick.

26/03/2017 16:30 par babelouest

D.Vanhove, c’est bien pourquoi l’État veut imposer partout le prélèvement à la source de l’impôt : ainsi il est tranquille, on ne pourra pas lui faire la grève du paiement.

J’ajoute que le bénévolat, souvent, n’est pas seulement pour pallier aux carences de l’État (carences souvent volontaires), mais pour LUTTER contre lui. C’est donc très important, indispensable. C’est un moyen, précisément, pour faire tomber les institutions actuelles et reconstituer un vrai État responsable.

26/03/2017 21:04 par D. Vanhove

@babelouest : "J’ajoute que le bénévolat, souvent, n’est pas seulement pour pallier aux carences de l’État (carences souvent volontaires), mais pour LUTTER contre lui. C’est donc très important, indispensable. C’est un moyen, précisément, pour faire tomber les institutions actuelles et reconstituer un vrai État responsable."

...euh, sauf erreur de ma part, l’article (que je soutiens pour son intention mais pense qu’il est irréalisable tant la majorité des bénévoles en ont fait leur raison de vivre) dit précisément le contraire...

27/03/2017 04:12 par babelouest

Je vous entends, D.Vanhove, mais précisément je ne suis d’accord qu’en partie avec l’article. Le militantisme politique est un bénévolat qui a son utilité pour combattre le système, il est vital de le conserver. D’ailleurs, généralement il conjugue don de fonds et don de soi. En revanche, effectivement d’autres bénévolats, s’ils étaient suspendus, bloqueraient la machine.

27/03/2017 11:28 par Assimbonanga

Le fait de mettre en œuvre la bonne volonté des braves gens est bien le ciment de cet ordre du monde. C’est aussi le piège le plus diabolique, quelque part.
De plus en plus de fondations voient le jour désormais, à l’américaine.
Et que penser de jeunes qui choisissent comme cursus l’humanitaire ? On ne peut s’empêcher de penser qu’ils basent leur carrière et leur vie sur le malheur des autres et que, si les conditions d’une solidarité effective d’état advenaient, ces gens deviendraient inutiles.
C’est l’effet pervers. Ils ont besoin que le malheur perdure jusqu’à leur retraite.
Oui, il est temps de réfléchir et de faire circuler cette réflexion.

27/03/2017 11:30 par Assimbonanga

Il serait temps de réveiller le communisme. Cet idéal mérite d’être remis à sa juste place.

27/03/2017 18:06 par Autrement

Une grève des colibris et des grains de sable, pourquoi pas ? Mais alors, il faudrait empêcher les eaux glacées du calcul égoïste de se répandre dans tous les interstices de la société...

27/03/2017 19:41 par babelouest

Assibonanga, vous êtes à côté de la plaque me semble-t-il. Nous parlons là de parfaits bénévoles, donc pour eux il n’y a pas de retraite au sens rémunéré du terme.

28/03/2017 10:23 par Assimbonanga

@babelouest, je parle des deux : les braves bénévoles, toujours prêts à donner et toujours sollicités, et aussi, à l’autre bout, les humanitaires faisant carrière. Merci pour l’à côté de la plaque. Sympa.

03/04/2017 20:27 par François

100 % d’accord avec autrement.
Vous pouvez penser tout les moyens, vous buterez toujour contre le levier sur lequel s’appuie le capitalisme : l’egoisme.

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