Du désordre et de la panique engendrés par la dissolution de l’Assemblé Nationale n’est sortie aucune clarification, et le fameux « sursaut républicain », s’il a cette fois encore repoussé le risque, n’a en rien conjuré la montée de l’extrême droite dans les suffrages. La gauche, réunie en urgence dans un « Nouveau Front Populaire », a voulu se croire ragaillardie par les résultats, au point de penser briguer le gouvernement à venir. Pourtant, il est assez clair que l’assise populaire de cette alliance de dernière minute des forces de gauche est bien loin de permettre la réalisation du programme ambitieux qu’elle affiche, alors même que la nécessité d’un changement radical se fait de plus en plus sentir. Mais alors, quel avenir pourrait donc envisager une gauche radicale dont l’audience reste minoritaire, alors même qu’un mécontentement général est aveuglant, et que seule la droite xénophobe et simpliste sait en tirer profit ?
Dures épreuves pour le nouveau monde d’Emmanuel Macron. Dures épreuves pour le monde auquel il prétend adapter notre peuple. La « marche » réformiste se transforme en parcours d’obstacles.
Gilets jaunes, grèves pour la défense des retraites, migrations aux frontières de l’Europe, mouvements hospitaliers, et pour finir, coronavirus. L’actualité de ce milieu de quinquennat a en effet été fort riche d’événements apparemment disparates, fortuits, d’importance variable, qu’ils soient sociaux, géopolitiques ou naturels... Et pourtant, à y regarder de près, tout cela dessine un ensemble cohérent où se retrouvent les grandes impasses civilisationnelles, les impasses du ’paradigme néolibéral’ pour employer un ’élément de langage’ à la mode.
Tout ou presque a été dit ces dernières semaines sur l'ampleur du phénomène de harcèlement sexuel, et l'on a vu enfin révélées l'omerta, si ce n'est la complicité, qui ont permis son éclosion au sein de diverses sphères de pouvoir et ont longtemps protégé les coupables de ces actes. A ce titre d'ailleurs, harcèlement sexuel, harcèlement au travail et mépris de classe, s'ils n'ont pas toujours la même gravité dévastatrice, relèvent de catégories proches. Qui parfois se rejoignent comme ce fut longtemps le cas (1) dans les grandes maisons dont le maître pouvait aisément disposer selon son bon plaisir de ses domestiques hommes ou femmes, et s'en défaire à sa volonté. Comme à chaque événement révoltant, on a alors assisté à une « soudaine prise de conscience » de tous les personnages en vue, des médias aux responsables politiques, tous clamant leur surprise et jurant que cela ne se produirait plus.
Les classes dirigeantes se sentent si puissantes et inattaquables qu'elles n'hésitent plus à tomber le masque et à révéler leur hypocrisie. Au risque de sous-estimer la rage de ceux qui ne sont rien et de ceux qui "foutent le bordel"...