Professeur émérite de linguistique du Massachussets Institute of Technologie, créateur de la grammaire générative et transformationnelle, figure majeure de la gauche américaine , théoricien du pouvoir et des médias, intellectuel engagé ayant signé, notamment, la pétition en faveur de la libération des « 5 patriotes cubains » injustement incarcérés aux Etats-Unis, Noam Chomsky s’entretient avec liberté 62 au sujet de Cuba et de la politique étrangère nord-américaine.
Atterré par les atrocités commises par les forces US envahissant les Philippines, et les envolées rhétoriques sur les nobles intentions libératrices qui accompagnent systématiquement les crimes d’état, Mark Twain exécrait ses mains de ne pouvoir exercer son arme formidable ; la satire. L’objet premier de sa frustration était le renommé Général Funston. "Aucune satire de Funston ne pourra atteindre la perfection" se lamentait Twain, "parce que Funston lui-même occupe ce sommet… [il est] la satire personnalisée."
"En fait, les Etats-Unis sont loin d’être un pays fasciste, ça c’est une mauvaise analogie. Mais la similitude avec les techniques de propagande fasciste est frappante et n’est pas fortuite. Les Nazis, explicitement, consciencieusement et ouvertement ont adopté les techniques de la publicité commerciale étatsunienne. Ils ne s’en sont pas cachés. Ils ont pris quelques idées simples pour les marteler sans cesse tout en leur donnant un côté « glamour » - c’était la technique employée par la publicité commerciale aux Etats-Unis dans les années 20 et ce modèle fut explicitement adopté par les Nazis. Et c’est sur ce même modèle qu’est basée la propagande commerciale aujourd’hui."
(...) il existe une solution potentielle à un problème dangereux et c’est toujours la même : faire en sorte que notre propre pays devienne une véritable démocratie. Mais ceci est en pleine contradiction avec les présomptions d’une élite qui pense que le monde lui appartient et que toutes ces questions ne concernent pas le public, que ce soit en matière de politique étrangère ou autre.
Michael Shank : En décembre 2007, sept pays d’Amérique du Sud ont officiellement lancé la Banque du Sud en réaction à une opposition grandissante à la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et autres Institutions financières internationales. Quelle est l’importance de ce changement et pourrait-il provoquer d’autres réactions dans les pays en voie de développement ? Se pourrait-il qu’un jour l’influence de la Banque Mondiale et du FMI soit totalement remise en cause ?