RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Auteur : Benedikt ARDEN

Question identitaire ou question sociale ?

Benedikt ARDEN
L’une des bonnes choses que nous pouvons admettre de la société dans laquelle nous vivons est ce souci, si souvent admis par la grande majorité, de ne pas discriminer les gens pour ce qui relève de leur nature. Ce versant de la philosophie libérale est sans l’ombre d’un doute l’un des plus positifs que ce courant de pensée ait engendrés, car émanant du principe de justice évident selon lequel les gens n’ont pas à se faire juger (en bien ou en mal) sur ce qu’on pourrait penser de leur catégorie identitaire, mais uniquement de leurs actes. Autrement dit, on doit être jugé sur ce que l’on fait et non pas sur ce que l’on représente aux yeux des autres. Évidemment, ici il s’agit d’un principe qui est loin d’être toujours respecté, car les humains, depuis le développement du langage, ont toujours eu besoin de catégoriser les choses afin de s’en faire un portrait utilisable cognitivement. C’est pourquoi l’on utilise énormément de catégories plus ou moins factices afin de faire valoir (…) Lire la suite »

Petite critique du droit bourgeois

Benedikt ARDEN
Dans son célèbre essai sur la « Métaphysique de mœurs (1785) », Emmanuel Kant prétendait que s’il : « doit y avoir un principe pratique suprême, et au regard de la volonté humaine un impératif catégorique, il faut qu'il soit tel qu’[...] il constitue un principe objectif de la volonté, que par conséquent il puisse servir de loi pratique universelle. [...] agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. » [1] Ces quelques mots légèrement rhétoriques du philosophe laissent tout de même entendre qu’une volonté réellement universelle de mener le genre humain là où il doit aller passe inévitablement par la mise en place de principes de vie « impératifs », « catégoriques » et « objectif », qui auront pour base pratique de servir le genre humain comme fin en soi. Ceci en évitant tout asservissement de l’autre a ses propres fins. Quoique (…) Lire la suite »

Perspectives souverainistes chez les Premières Nations ?

Benedikt ARDEN
Invité à prendre la parole à l’occasion du conseil national du parti québécois (PQ) le 21 novembre dernier, le chef de l’Association des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, déclarait qu’il était lui aussi un « souverainiste », ce qui n’a pas manqué de faire bonne impression chez les militants péquistes présents sur place. Comme vous le savez surement déjà, cette déclaration était une manœuvre rhétorique plutôt habile, visant à la sensibilisation de l’auditoire à la cause autochtone, car celui-ci ne faisait pas strictement référence à la souveraineté du Québec, mais surtout à celle de la nation Innu. De cette manière, le représentant des Premières Nations ouvrait une brèche philosophique à exploiter dans leurs rapports avec les représentants du projet souverainiste québécois. Car, en effet, Ghislain Picard avait été invité à l’évènement dans le but non dissimulé de remettre à jour les relations entre ces derniers et leur projet. Par ailleurs, et (…) Lire la suite »

Le nationalisme québécois et la politique du gouvernement Harper

Benedikt ARDEN
Le 25 juin dernier, le Parti conservateur du Canada tenait une réunion publique en Beauce dans le cadre des festivités de la Saint-Jean-Baptiste[1][2]. À cette occasion, le premier ministre affirma que « les valeurs conservatrices [étaient] des valeurs québécoises » et qu’il ne fallait jamais laisser « dire que les valeurs conservatrices [n’étaient] pas des valeurs québécoises ». Celui-ci ajouta, afin de soutenir cette affirmation, que « quand [il] vien[t] au Québec, on [lui] dit très souvent : nous voulons économiser plus d’argent et payer moins d’impôt. Nous voulons plus d’emplois pour nos familles et notre communauté. Nous voulons des quartiers, des villages et des villes sécuritaires. » Ce genre de revendications partagées par l’humanité tout entière et sans la moindre précision sur les moyens d’y arriver devaient, selon lui, prouver que le projet politique conservateur serait en accord avec les demandes du peuple québécois sur le fond. Ce discours, plein d’un nationalisme (…) Lire la suite »

L’histoire du 1er mai

Benedikt ARDEN

Parmi tous ceux qui défilent le 1er mai, combien savent vraiment ce pour quoi ils manifestent ? Outre le fait que ce jour commémore le combat ouvrier, saviez-vous que celui-ci tire ses origines d’un des principaux combats syndicaux du 19e siècle, soit celui de la limitation de la journée de travail à 8h ?

Au-delà de la simple tradition, et contrairement à notre « Fête du travail »[1] le premier lundi de septembre, ce jour n’en est pas un de fête, mais de combat. Doublé d’un jour de souvenir, afin que l’on se souvienne du massacre de Haymarket Square dans les premiers jours de mai 1886 à Chicago. Cette belle journée de Beltaine, celle qui précède les beaux jours d’été, est malgré tout pour ceux qui l’honorent un symbole d’espoir, car la cause ouvrière, quoique plus avancée aujourd’hui qu’elle ne l’était à l’époque, est toujours un combat d’avant-garde et une nécessité pour tous ceux qui croient encore en l’avenir. Enfin, retournons un petit peu dans le passé afin de se remémorer les évènements qui ont fait de cette date ce qu’elle est aujourd’hui. L’histoire de la journée internationale du travail commence chez les travailleurs australiens qui ont eu l’idée de faire une grève de masse le 21 avril 1856 comme moyen de pression afin d’obtenir une baisse raisonnable de la journée de (…) Lire la suite »

Canada : Grand frère Stephen vous surveille !

Benedikt ARDEN
Depuis les événements du 11 septembre, mais aussi plus récemment depuis l’attentat contre le journal français Charlie Hebdo, nous vivons, c’est le moins que l’on puisse dire, dans une ambiance très propice aux politiques sécuritaires. Dans ce contexte, bien des pays se joignent au grand bal de la limitation des libertés publiques initiée par le Patriotic act des Américains. Le Canada ne faisant pas exception, l’excuse des risques liés au terrorisme islamiste est mise de l’avant afin de faire peur à la population, car comme la France et les États-Unis, nous avons reçu récemment notre dose d’attentat[1]. Ainsi donc, notre très diligent Stephen Harper et son ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, nous ont concocté le 30 janvier dernier un projet de loi (C-51) afin de nous protéger des vilains islamistes ... et peut-être aussi un peu de nous-mêmes ! Mais justement, rappelons-nous (en préambule) de cette époque encore très peu lointaine. Celle de la crise des « (…) Lire la suite »

De quoi le projet de Syriza est-il le nom ?

Benedikt ARDEN

Le 26 janvier dernier, Radio-Canada annonçait « Victoire de la gauche radicale en Grèce, un ras-le-bol de l’austérité[1] », ce qui, pour certains, dont moi-même, devait être un petit moment de plaisir, considérant le type de nouvelles qu’on nous habitue à entendre.

En effet, un parti encore récemment inconnu du grand public international devait faire les manchettes du monde entier le lendemain de son accession au pouvoir, soit le 25 janvier dernier. Il est vrai que ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de voir un parti de la gauche dite « radicale » atteindre les manettes du pouvoir, tellement nous sommes coutumiers de voir chez les partis d’extrême gauche [2] des organisations marginales, voir caricaturales. L’observation de ce que cela peut donner dans un pays relativement comparable aux nôtres, du moins du point de vue de ses institutions, est donc quelque chose d’assez intéressant pour l’expérience postmoderne des luttes sociales. Car si l’on élimine les quelques exemples récents en Amérique latine, l’on doit retourner bien loin en arrière pour figurer pareil exemple. N’empêche l’exceptionnalité de l’événement, il n’a pas fallu bien longtemps pour que les commentateurs de tous bords viennent mettre leurs bémols dans cette (…) Lire la suite »

L’envers & l’endroit

Benedikt ARDEN

Petite devinette : « Le mouvement est au moins aussi vieux que l’ensemble du mouvement social. Il concerne une légère majorité du genre humain et est un élément de plus en plus polémique du débat public tout en faisant de plus en plus consensus dans cette même société » ?

Si vous pensez au mouvement féministe, je vous félicite, car c’est bien de cela qu’il est question. Si vous avez tout de même deviné grâce aux deux premiers indices, mais que vous n’êtes pas d’accord avec mon troisième, bien je ne vous en veux pas, car cela est en partie la raison pour laquelle j’écris les prochaines lignes. Mais ne brûlons pas les étapes et commençons par le début. Il y a bien longtemps, aux balbutiements de ma conscience sociale, je m’étais très vite associé à la cause du féminisme. Ceci pour des raisons éthiques qui me semblaient évidentes, mais aussi (et je ne l’ai réalisé que par la suite) pour des raisons d’origine sociale. Effectivement, étant issu d’un milieu que l’on pourrait appeler « moderne », mon enfance et mon éducation ont évolué très majoritairement autour des femmes (mère divorcée, gardiennes, professeures, éducatrices, infirmières, etc.). À quelques exceptions près, j’ai à peu près toujours été sous l’autorité de femmes qui ont été, dans bien (…) Lire la suite »

Réflexion sur l’extrême gauche parlementaire et sur les luttes futures !

Benedikt ARDEN

Ça faisait quelque temps déjà que la nouvelle flottait dans l’air, mais depuis peu cela est maintenant officiel. Le Parti communiste du Québec (PCQ) abandonne son statut de collectif au sein de Québec solidaire (QS) afin d’embrasser sa pleine liberté.

Il est vrai que depuis un certain temps déjà, mais surtout depuis les débats autour de la Charte des valeurs sur lesquels le PCQ avait pris une position favorable contrairement à QS, les membres du PCQ avaient de plus en plus de désaccords avec la ligne du parti-phare et cela se reflétait de plus en plus sur leur positionnement politique. Évidemment, cette rupture est le résultat d’un long processus de grand écart que le parti, j’en suis sûr, tenta de réduire autant que possible à l’interne. Mais comme tous ceux qui suivent minimalement QS ont probablement eu tôt fait de constater, certains courants du parti ont plus ou moins été écartés depuis l’entrée de QS à l’Assemblée nationale. Il faut dire aussi que le succès médiatique justifiant probablement cette pratique de Québec solidaire tient de beaucoup à la place de plus en plus prépondérante que tient la « deuxième gauche » à l’intérieur de l’appareil. Celle-ci étant beaucoup plus proche du progressisme libéral que du marxisme à (…) Lire la suite »
Les événements du 9/11 ont masqué l’un des plus graves crimes contre la démocratie au 20 ème siècle.

Il était une fois, le 11 septembre … 1973

Benedikt ARDEN

Comme chaque onze septembre, le marronnier états-unien sur le terrorisme international s’enclenche, histoire de ne pas oublier que les restrictions liberticides du Patriot Act (qui nous touche aussi) sont faites pour notre bien et que Big Brother veille sur nous...

Même si rien n’est moins efficace pour le bien et la sécurité du monde que ces croisades étasuniennes au Moyen-Orient, au nom de cette fameuse « démocratie » dont les tours du World Trade Center étaient les symboles ($), il est impossible de ne pas entendre dire quelque part à quel point nous sommes tous en danger ! Danger toujours imminent et accompagné de cette fameuse alerte (toujours plus ou moins au rouge) rappelant les codes de la météo. Ce danger perpétuel, quoique démesurément moins meurtrier que les « sympathiques » bombardements humanitaires destinés à instaurer le régime néolibéral… euh… démocratie je voulais dire ! Partout où il y a du pétrole et des positions géopolitiques stratégiques, ne sera jamais assez utile à entretenir. Et tel un feu, qui nous garde de l’obscurité islamiste, il nous sera rabattu année après année pour que jamais nous ne manquions d’éviter avec zèle les questions fondamentales qui feraient de nous des citoyens moins crédules. Enfin, trêve (…) Lire la suite »