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Thème : Grèce

Elephteria ou Troïka : Terrorisme financier et dictature des marchés

Pedro DA NOBREGA

« L’épilogue », qui n’apparaît que provisoire, de la crise entre la Troïka et la Grèce illustre d’un jour cru les déclarations de l’ex-Ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis qui déclarait, le 21 avril dernier : «  Le gouvernement doit faire face à un coup d’État d’un nouveau genre. Nos assaillants ne sont plus, comme en 1967, les tanks, mais les banques  ».

Oser présenter comme un succès « historique » ainsi que l’a fait François Hollande le 13 juillet le hold-up contre la démocratie que constitue le document de sept pages avalisé par les dirigeants européens frise l’indécence. Comment qualifier d’« accord », une extorsion en forme d’humiliation qui rappelle plus l’image des « Bourgeois de Calais », venus devant le souverain anglais Édouard III, la corde au cou, lui remettre les clefs de la ville après un long siège. La reddition du gouvernement grec a été obtenue par un étranglement financier qui relève du terrorisme financier accompagné de tous les chantages et menaces possibles et couvert par un bombardement médiatique qui avait tout de la Blitzkrieg. Si elle permet à la Grèce de rester dans la zone euro, comment oser invoquer comme l’a fait François Hollande « le respect des règles » lorsqu’elles été toutes consciencieusement piétinées pour disqualifier toute velléité de rompre avec le diktat austéritaire qui tient lieu de (…) Lire la suite »
« Le peuple grec a tenté de s’échapper de la prison de l’austérité. Rattrapé, il a été placé à l’isolement »

Alexis Tsipras : « L’austérité est une impasse »

Un entretien réalisé par 
Kostas Arvanitis

Mercredi, Sto Kokkino, radio proche de Syriza, diffusait un long entretien avec le premier ministre grec. 
Avec l’autorisation de nos confrères, nous en publions ici de larges extraits. Un éclairage inédit sur les rudes négociations entre Athènes et créanciers et sur le coup d’État financier dirigé contre le gouvernement de gauche. L'Humanité.

Parlons de ces six mois de négociations. Quel bilan en tirez-vous ? Alexis Tsipras Il faudra en tirer les conclusions de façon objective, sans s’avilir ni s’autoflageller, car ce semestre a été un semestre de grandes tensions et de fortes émotions. Nous avons vu remonter à la surface des sentiments de joie, de fierté, de dynamisme, de détermination et de tristesse, tous les sentiments. Mais je crois qu’au bout du compte si nous essayons de regarder objectivement ce parcours, nous ne pouvons qu’être fiers, parce que nous avons mené ce combat. Nous avons tenté, dans des conditions défavorables, avec un rapport de forces difficile en Europe et dans le monde, de faire valoir la raison d’un peuple et la possibilité d’une voie alternative. Au bout du compte, même si les puissants ont imposé leur volonté, ce qui reste c’est l’absolue confirmation, au niveau international, de l’impasse qu’est l’austérité. Cette évolution façonne un tout nouveau paysage en Europe. Qu’en est-il (…) Lire la suite »
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Sur la sortie de l’euro comme panacée

John Milios

Voici un court extrait de l'entretien avec John Milios, membre du Comité central de Syriza, professeur d’économie politique à l’Université technique d’Athènes, réalisé le 20 juillet 2015 par Michal Rozworski, écrivain et chercheur qui vit à Vancouver, Canada. Il traite exclusivement de la question d'une « sortie de l'euro » .M.D.

L’austérité et le néolibéralisme ne sont pas une question liée seulement à l’euro. Si un pays change de monnaie, la classe laborieuse de ce pays ne prend pas le pouvoir ni ne met un terme à l’austérité. Cependant, j’ai déjà déclaré que l’Eurozone, joue un rôle important dans la promotion et la stabilisation du néolibéralisme. Si une stratégie menée par un mouvement politique de masse qui met un terme à de telles politiques passe par une sortie de l’euro, je ne vois alors pas en quoi cela serait un problème. Le problème auquel fait face la classe laborieuse grecque n’est, toutefois, pas un problème technique qui peut être résolu par une simple réorganisation de la politique monétaire du pays, telle que le choix de la monnaie. Je peux facilement imaginer une situation où une Grèce qui sort de l’euro ne peut trouver les ressources nécessaires pour soutenir les taux de change de sa nouvelle monnaie et recourt à des prêts de la zone euro ou d’ailleurs. Mais tout prêt, dans la (…) Lire la suite »
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Grèce : privatisations, liquidations, assassinat de l’Etat

Une Europe de solidarités

Anastase ADONIS

J’ai mis quelque temps à écrire cet article, préoccupé par les événements que j’observais en silence, pour comprendre ce qui se passait, pour séparer l’information dans le nuage de spéculations et propos informatifs souvent diffamatoires lorsqu’ils ne sont pas exagérés. L’affaire grecque prend une tournure de gestation de quelque chose de terrible, quelle que soit l’issue.

Nous serons témoins. Actifs ? Passifs ? A chacun de voir malgré la véracité du dicton « l'union fait la force ». Ne rien dire, ne rien faire, c'est tuer l'espoir qu'un peuple nous apporte dans notre Europe matérialiste où l'humain n'a plus place. Ne rien dire, c'est se trahir soi-même, c'est trahir Hugo, Voltaire et Byron, et tous ceux qui ont compris l'importance de la liberté dans les constructions sociales et humaines. Depuis toujours, l’espace européen a connu l’affrontement des uns et des autres, que ce soit pour des raisons de survie ou de pure vanité, même si le siècle dernier occulte sérieusement les siècles précédents, lorsqu’on parle de paix ou de guerre, de raison ou d’ambition, ou encore lorsqu’on essaie de trouver des identités ou des explications sur ce que nous vivons aujourd’hui. La civilisation pourtant nous a enseigné à travers l’Histoire, la vraie, celle qui est faite par les historiens de tous les jours, et non celle écrite par les vainqueurs, que les édifices (…) Lire la suite »
La Grèce est le premier laboratoire d’une résistance concrète populaire et politique à la domination des marchés

Après « l’accord » insoutenable de l’Eurogroupe : un protectorat en Europe et une nouvelle ère sous domination de l’Allemagne

Christophe VENTURA

Après « l’accord » insoutenable de l’Eurogroupe : un protectorat en Europe et une nouvelle ère sous domination de l’Allemagne
Il existe un proverbe brésilien qui dit quelque chose comme « si tu restes à côté de la bête, elle te mange. Et si tu t’éloignes, elle te rattrape »... et te mange.

Voici qui s’applique à la pauvre Grèce aujourd’hui. « Grexit » non préparé de dernière minute ou poursuite de sa participation dans l’euro d’acier, la Grèce n’avait plus que des mauvaises solutions devant elle depuis ce week-end. Alexis Tsipras est resté fidèle à l’esprit de sa stratégie de toujours : rester dans l’euro – et rejeter l’austérité de son point de vue –. Jusqu’au bout, il a en réalité privilégié le fait de rester dans l’euro, quel qu’en soit le prix, quel que soit le niveau d’austérité à avaler pour cela. Cette fois-ci, ce prix est trop lourd pour pouvoir être acquitté sans conséquences. Cette stratégie – rester dans l’euro et rejeter l’austérité – , qui est en réalité la stratégie dominante au sein de toute la gauche non social-libérale européenne – au sein du Parti de la gauche européenne (PGE) notamment –, a échoué. Face à elle, l’intransigeance de l’Allemagne, de la France et des créanciers, qui ont compris qu’Alexis Tsipras ne voulait, in fine, rien qui puisse (…) Lire la suite »
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La fiancée du « pirate » s’appelle peut-être « liberté »

Varoufakis voulait contourner son administration. Chavez l’avait fait.

Maxime VIVAS

La presse titre sur le projet secret (« un scénario digne d’un polar ») de Yanis Varoufakis de pirater son propre ministère, plus précisément la plate-forme de l’administration fiscale grecque, afin de créer un système bancaire parallèle.
Ce fut plus qu’un projet.

Une équipe de haut niveau avait été formée, le célèbre économiste américain James K. Galbraith y travaillait (bénévolement). Ce fut une amorce de « Plan B » pour le cas où le pays se retrouverait en manque de liquidités de par la volonté de ses prédateurs européens. Scandaleux ? Varoufakis : « La direction générale des finances publiques, au sein de mon ministère, était contrôlée entièrement et directement par la troïka (BCE, Commission européenne et FMI). Elle n'était pas contrôlée par mon ministère, par moi, ministre, elle était contrôlée par Bruxelles. Le directeur général est désigné via une procédure sous le contrôle de la troïka. Imaginez, c'est comme si les finances étaient contrôlées par Bruxelles au Royaume-Uni. » Afin de reprendre la main sur le système, le ministre avait nommé directeur général des systèmes d'information un ami d’enfance, professeur en technologie de l'information à l'Université Columbia. Yanis Varoufakis : « Nous avons décidé de pirater le (…) Lire la suite »
"Nous savions dès le départ à quel point ils étaient sans scrupules"

Pourquoi j’ai voté contre, pourquoi j’ai voté pour

Yanis VAROUFAKIS

LGS donne à lire ici deux textes (apparemment contradictoires, mais cohérents) par lesquels l’ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, explique les raisons de son vote contre le nouveau mémorandum, puis de son vote pour sa mise en oeuvre.

POURQUOI J’AI VOTÉ CONTRE J’ai décidé d’entrer en politique pour une raison : pour être aux côtés d’Alexis Tsipras dans la lutte contre la servitude de la dette. De son côté, Alexis Tsipras me fit honneur en me mobilisant pour une raison : une conception très précise de la crise fondée sur le rejet de la doctrine Papaconstantinou [conseiller économique (2004-2007) puis ministre des Finances (2009-2012) de Papandréou, NdT], selon laquelle entre la faillite désordonnée et les emprunts toxiques, l’emprunt toxique est toujours préférable. Il s’agit d’une doctrine que je rejetais car elle faisait peser une menace constante dont le but était d’imposer, dans la panique, des politiques qui garantissent une faillite permanente et, en fin de compte, la servitude par la dette. Mercredi soir, au Parlement, j’ai été appelé à choisir entre (a) adopter la doctrine en question, en votant pour le texte que les « partenaires » avaient imposé à la manière d’un coup d’État et avec une brutalité (…) Lire la suite »
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Il faut se demander pourquoi les « unions monétaires » sont assez rares dans le monde

Leçons de la crise grecque sur l’Euro

Jacques SAPIR

Le drame que vit la Grèce nous aura au moins appris deux choses : le lien qui existe aujourd’hui entre l’Euro et l’austérité et l’attachement d’une partie de la gauche à l’Euro, un attachement qui la conduit, maintenant de plus en plus rapidement, à sa perte. La première de ces choses permet de comprendre pourquoi les autorités de la zone Euro se sont montrées à ce point inflexibles. Le second nous explique pourquoi Alexis Tsipras s’est laissé poser la tête sur le billot et n’a pas choisi de rompre quand il le pouvait, c’est à dire dans la nuit du 5 au 6 juillet, après la victoire du « Non » au référendum.

L’Euro, c’est l’austérité L’Euro est lié à l’austérité de par la logique même de la monnaie unique. Celle-ci met en concurrence des pays aux dotations en facteurs de production (que ces derniers soient matériels ou humains avec le niveau d’éducation) très différents. Pour rétablir leur compétitivité face à des pays mieux pourvus, les pays qui sont les moins bien pourvus doivent donc dégager une épargne supérieure (en pourcentage) à celle des pays les mieux pourvus. Ceci entraîne un déplacement de la consommation vers l’épargne. Comme, dans une monnaie unique, toute différence de taux d’inflation se traduit immédiatement par une perte de compétitivité, les pays les moins bien pourvus ne peuvent compter sur l’inflation comme instrument de financement de cette épargne. On perçoit alors la nature profondément austéritaire de l’Euro. Cette nature est renforcée par le fait que le taux d’inflation d’un pays ne dépend pas que de sa politique monétaire mais est déterminé, aussi, par la (…) Lire la suite »
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La Grèce a capitulé : mais devant qui exactement ? (Counterpunch)

Diana JOHNSTONE
Le 12 Juillet, la capitulation de la Grèce fut abjecte et totale. Le Premier ministre Alexis Tsipras, qui avait promis de lutter contre les mesures d'austérité qui entraînent le peuple grec vers la ruine, la pauvreté et le suicide, qui a trahi toutes ses promesses, nié la volonté du peuple exprimée lors du référendum du 5 Juillet, et conduit le parlement grec à accepter un accord avec les créanciers de la nation, encore pire que tous ceux qui avaient déjà provoqué la récession économique et fait disparaître les dernières traces de souveraineté nationale. Oui, la Grèce a capitulé sans condition, comme cela a été soigneusement et éloquemment exprimée ici sur Counterpunch et ailleurs. Mais une question cruciale reste en suspens. Devant qui, exactement, la Grèce a-t-elle capitulé ? Une réponse courante à cette question est : l'Allemagne. Les pauvres Grecs ont capitulé devant les Allemands arrogants. Ce thème a servi à raviver des sentiments anti-allemands laissés par la Seconde (…) Lire la suite »
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Yanis Varoufakis met en lumière les appétits des liquidateurs de la Grèce

Yanis VAROUFAKIS

L'ex-ministre des finances grec, qui a rejeté l'accord à la Vouli hier soir, décrypte sur son blog les implications concrètes de chaque point du texte imposé par l'Eurogroupe. A travers ses remarques, il révèle ses desseins prédateurs. Il montre comment l'accord ouvre un boulevard à ceux qui ont pour projet de faire de la Grèce un paradis social et fiscal pour les entreprises transnationales qui convoitent des pans entiers du patrimoine industriel et des secteurs vitaux dont la privatisation est exigée.

A quelques heures du vote du Parlement sur l'accord du 13 juillet, l'économiste a publié une version intégrale du texte, avec ses remarques et annotations (en gras). Loin du "plan de sauvetage", ce texte est un coup d'arrêt à toute tentative de relance économique et prône la vente à la découpe du patrimoine industriel et des secteurs vitaux de l'économie grecque. (lire la version originale en anglais) "Le sommet de la zone euro souligne la nécessité cruciale de rétablir la confiance avec les autorités grecques [le gouvernement grec doit instaurer une austérité encore plus rigoureuse frappant les citoyens grecs les plus vulnérables, qui ont déjà largement souffert], condition préalable pour un éventuel futur accord sur un nouveau programme du MES [pour un report de ce prêt non viable]. À cet égard, il est essentiel que la maîtrise du processus revienne aux autorités grecques [le gouvernement Syriza doit signer une déclaration stipulant qu’il s’est soumis à la ‘logique’ de la (…) Lire la suite »
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