Paris s’inquiète des livraisons de S-300 à la Syrie mais se tait sur les agressions israéliennes

Vendredi, le ministère français des Affaires étrangères s’est exprimé sur les livraisons de systèmes russes de défense antiaérienne à la Syrie pour faire savoir que cela préoccuperait et inquiéterait la France car elles sont susceptibles de maintenir le risque d’une escalade militaire et de repousser les perspectives d’un règlement politique de la crise syrienne. Ce même ministère qui « s’inquiète et se préoccupe » que la Syrie soit pourvue d’un armement à même de lui permettre de se défendre contre les agressions à répétition perpétrées sur son territoire par l’Etat sioniste au mépris du droit international, a systématiquement fait silence sur celles-ci et par là même a donné à comprendre que la France n’a aucune objection à formuler contre ces agressions.

Il s’est gardé d’en émettre une après que la dernière agression israélienne contre la Syrie ait eu pour conséquence la destruction d’un aéronef russe et la mort de ses quinze occupants. Pour rappel, la France officielle s’est contentée d’exprimer à la Russie sa navrance pour la perte de ses soldats. En se positionnant contre la livraison de systèmes russes de défense antiaérienne à la Syrie, Paris plaide en fait en faveur du maintien du statu quo dans le rapport de force militaire entre la Syrie et Israël qui a permis jusque-là à celui-ci d’entreprendre sans risque ses agressions. Que l’aviation israélienne soit désormais confrontée à celui auquel elle s’exposerait du fait d’une défense antiaérienne syrienne rendue plus efficace par l’acquisition de systèmes russes performants, c’est cela qui préoccupe et inquiète Paris et pas autre chose.

L’escalade militaire que le ministère français des Affaires étrangères a déclaré craindre n’aurait pas de raison de se produire si au lieu de fermer les yeux sur les agressions israéliennes contre la Syrie qui sont illégales et condamnables au regard du droit international, la France et les autres puissances occidentales avaient agi auprès de l’Etat sioniste pour les lui faire cesser. Il apparaît que pour ces Etats occidentaux Israël a le droit d’entreprendre des frappes « préventives » en Syrie que lui dicterait sa sécurité nationale, mais que ce dernier pays n’a pas celui d’acquérir des moyens de défense lui permettant de s’en prémunir ou d’en faire payer un prix rédhibitoire à l’Etat sioniste.

La France, quant à elle, et malgré quelques signaux émis de sa part visant à la montrer ouverte à un règlement de la crise syrienne autre que militaire, s’en tient au logiciel qui conditionne sa politique sur ce dossier, toujours invariable sur le fond, qui est qu’elle fera obstacle à tout ce qui contribuerait à renforcer le régime de Bachar El Assad dont elle persiste avec d’incohérents allers-retours dans ses prises de position à rechercher la chute. Pour la France, la livraison à ce régime des S-300 russes est par conséquent plus condamnable de son point de vue que les agressions israéliennes illégales et cela explique sa réaction réprobatrice à l’encontre de la première et son silence sur les secondes dont on peut avancer qu’elles provoquent à chaque fois chez elle une jubilation qu’elle refrène pour des considérations diplomatiques.

COMMENTAIRES  

16/10/2018 00:25 par François de Marseille

"La france a exprimé sa navrance..."
C’est vrai que ce pays est particulièrement navrant :o)

16/10/2018 14:27 par manant

Cela coule de source. Mais, ne faut-il pas à présent, éviter d’impliquer la France, pour dire et écrire "régime français". Ce régime ayant bien été élu par une minorité, et non une majorité.

17/10/2018 04:34 par Dominique

Pendant ce temps, les palestiniens marchent tous les vendredis pour affirmer leur droit au retour, tandis que chez dans nos pays occidentaux, les partis et associations politiques ne se bousculent pas pour organiser des marches de soutien. Accusez les gouvernements est bien et nécessaire, mais il faudrait aussi que tous les politiques se souviennent que la honte qu’est le colonialisme n’est pas terminée en Palestine et qu’en se terrant dans un silence complice, cette honte rebondit sur eux.

21/10/2018 16:01 par vagabond

Je suis d’accord avec Dominique. Les palestiniens manifestent au péril de leur vie. La presse d’État n’en parle pas. Heureusement qu’il y a le web et les réseaux sociaux encore autorisés qui dénoncent en direct le martyre des palestiniens. Alors que dans les pays dits libres où la population peut encore sortir exiger que l’on respecte ses droits, il n’y a que des pleureurs et des pleureuses médiatiques.

Enfin, il reste quelques personnes qui osent dire la vérité toute crue comme le syrien, le Dr Jaafari face au saoudien qui toute honte bue lui demandait d’établir une nouvelle constitution !

https://www.youtube.com/watch?v=RFKAx3mcCI8
Traduction :
« … je voudrai préciser qu’il existe un défaut moral dans cette instance. A savoir, la présence du régime saoudien, arriéré sur le plan civilisationnel et mental. Laissez-moi apporter la lumière sur les points mentionnés dans la déclaration de l’ambassadeur saoudien. Primo, il a demandé dans sa déclaration qu’une nouvelle constitution soit rédigée dans mon pays. Un proverbe arabe dit « si vous êtes accablés de fautes, ne vous montrez pas ». Vous savez que l’Arabie Saoudite ne possède ni constitution ni parlement. Elle n’a même pas de nom de pays. Le nom du pays appartient à a famille régnante. C’est à dire quand vous parlez d’Arabie Saoudite, c’est comme si vous parliez de la République macronienne de France, ou du royaume de Theresa May en Grande-Bretagne ou encore des États-Unis de Trump. Voilà comment s’appelle le pays, il n’a même pas de nom. Secundo, un régime qui kidnappe et détient un homme d’État étranger, emprisonne ses princes et ses hommes d’affaires jusqu’à ce qu’ils paient des rançons, n’est pas digne de respect. Un régime qui cache un de ses opposants, qui faisait partie des services du renseignement saoudien et qui a travaillé pendant des années à Washington, et qui était le bras droit du ministre actuel saoudien des affaires étrangères. Quoiqu’il en soit, un régime qui enlève un opposant saoudien du nom de Khashoggi, bien sûr personne n’en a entendu parler [sarcasme], et le détient dans son consulat à Istanbul, alors que personne ne sait ce qu’il est devenu, à ce jour, est un régime qui n’a pas le droit de parler de la loi et des douleurs d’autrui car les relents des scandales s’exhalent de lui et de ses actions. Tertio, l’ambassadeur saoudien a parlé de la volonté du régime de son pays d’aider le peuple syrien, omettant le fait que le régime saoudien, est le principal responsable de la propagation du terrorisme takfiriste, wahhabite, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Liban, en Égypte, en Libye, au Nigeria et en Asie du Sud-Est. Quarto, un régime qui verse le sang au Yémen, s’allie avec les israéliens, pour assassiner la cause palestinienne, et qui paie avec libéralité pour acheter sa protection, n’est pas un régime digne que le conseil de sécurité lui permette de discourir avec lui sur les questions humanitaires et politiques concernant d’autres pays dans cette assemblée, la liste est longue mais je m’arrêterai là, monsieur le président. Merci. »

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