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Le Collapse français : de la fabrique des castes à l’insurrection

En 40 ans, la France a fabriqué des castes.

Il y avait bien les riches, la large classe moyenne et les pauvres. Les uns et les autres s’affrontaient mais se côtoyaient au quotidien sur un territoire national.

Six castes les ont remplacés. Castes, parce qu’elles se parlent de moins en moins, que leurs intérêts divergent de plus en plus et qu’elles n’ont plus envie de partager un territoire commun.

La caste des riches reste la bourgeoisie comme une constante historique.

La caste des hyper-riches est venue s’ajouter. Elle échappe à tous impôts car elle échappe à l’emprise nationale (ce que décrira le prochain film de Denis Robert et Yann La (TRES) grande évasion à soutenir ici).

L’ancienne classe moyenne, ceux qui vivent de leur travail et non des revenus du capital, est aujourd’hui éclatée en deux castes.

La caste de la upper-classe-moyenne, ceux dont les salaires entre 5000 euros et 15000 euros par mois leur semble garantis à vie.

La caste de la Rust-Belt-classe-moyenne, les autres entre 1300 et 5000 euros par mois qui font face à la concurrence sur leur métier. Celle qui a peur, avec raison, d’être déclassée par la mondialisation.

La caste des pauvres regroupe ceux qui bénéficiaient il y a peu d’une version adoucie de la pauvreté grâce aux acquis sociaux d’après-guerre.

La caste des sans-dents-à-la-rue est venue s’ajouter qui signent la décadence de notre société mais qui est la clef de l’adhésion de tous à notre société.

Grace à cet éclatement en castes, tout est dirigé, y compris notre Président de la république, en sous-main par la classe des hyper-riches (lire http://branco.blog.lemonde.fr/files/2019/01/Macron-et-son-Crepuscule.pdf ).

Cette caste fabrique un système qui fonctionne comme celui des camps, à savoir faire remonter le plus de richesses possibles vers eux. A tout prix … et à « tout coûts » pour les autres. Evidemment la classe en dessous est le vivier des chefs de camp. Evidemment la rust belt-class-moyenne fait semblant
d’adhérer pour ne pas être victime du déclassement (lire un extrait gratuit de mon livre camp planétaire : un danger bien réel – organisons la révolte).

Or, le grand collapse arrive.

On n’échappera pas au pire nous dit le philosophe Dominique Bourg « Dans la prochaine décennie, je doute que l’on puisse changer vraiment les choses ; si on commence à les changer substantiellement, ce sera plutôt dans la décennie suivante. Or, si tel est le cas, le risque de dérive vers une planète chaude est probable. Et une planète chaude, ce n’est plus qu’un milliard d’humains vers la fin du siècle. » (ici)

Dans ce schéma, la survie ressemblera à celle du ghetto de Varsovie. Comment envisager que la disparition de six hommes sur sept puisse se faire sans que les puissants ne contrôlent et n’enferment les autres en continuant la prédation organisée ? Comment ne pas voir avec le scénario grec que les Chinois font alliance avec les hyper-riches pour rafler les entreprises nationales et les biens qui devraient être gérés par nous en commun (nos sources d’eau, nos terres etc.).

Ne jetons pas la pierre aux Chinois, dont nous avons exploité le travail sous rémunéré, et qui auront besoin eux aussi de remonter vers eux nos richesses pour engraisser leurs riches puis pour survivre… à nos dépend.

Ne jetons pas la pierre à chaque individu de la caste de la upper-classe-moyenne qui ne peut qu’assurer le service après-vente pour ne pas être déclassé brutalement lui-même par le futur empire chinois.

Ne jetons pas la pierre à cette trahison des élites, mais défendons nos intérêts becs et ongles.

Les collapsologues actuelles proposent d’adoucir la vie du camp en restant humain. Ce qu’a fait avec succès Etty Hillesum dans les camps de concentration.

Mais c’est une stratégie qui accepte le camp. Or, selon moi, il conviendrait « en même temps » de démanteler le camp en reprenant le pouvoir.

Comment ?

L’insurrection, droit de l’homme en 1793 est aujourd’hui, en France, punie de prison (lire ici).

Or, face à l’effondrement, soit nous reprenons le pouvoir avec le Référendum d’Initiative Citoyenne (lire ici), soit les gilets jaunes sont les prémices du dilemme de l’insurrection du ghetto de Varsovie.

Un dilemme parce que éviter l’insurrection conduit à notre disparition avec le déshonneur alors que l’insurrection sans but nous conduit au chaos. Le RIC est le fil de la slackline au-dessus du vide.

Denis DUPRE
Enseignant-chercheur en éthique, finance et écologie
Site : Crises et éthique de l’action

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