La France légitime contre la France légale

"Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours”.  Auguste Blanqui (révolutionnaire socialiste français, 1805-1881). 

S’il fallait une énième preuve sur la nature dictatoriale de la démocratie bourgeoise, elle nous est de façon répressive administrée par la politique terroriste antisociale et policière du gouvernement Macron.  Plus que jamais, la démocratie est la feuille de vigne derrière laquelle se dissimule la dictature du capital.  Si en période de “paix sociale”, la classe dominante arbore sereinement le masque hypocrite de la respectabilité “démocratique”, en période d’agitations sociales radicalement revendicatives, la même classe dominante apeurée dévoile belliqueusement son véritable visage hideux. Toute sa coutumière phraséologie libérale sur le droit de grève, de manifestation, de circulation, en un mot le respect des “Droits de l’Homme” se métamorphose en son contraire. La répression devient son mode de gouvernement.

L’intimidation, sa méthode de gestion barbouzienne. La calomnie, son moyen de communication médiatique. L’incarcération, sa technique de bannissement politique. L’arbitraire, sa conduite procédurale judiciaire. Le mépris, son expression naturelle. La manipulation, sa stratégie étatique machiavélique. 
 

Le mouvement des Gilets Jaunes illustre dramatiquement cette sinistre réalité. Devant la radicalisation de ses revendications, le pouvoir de Macron a révélé toute sa cruelle brutalité, son cynisme arrogant.   

En effet, depuis que la France légitime, celle du peuple, s’est enfin réveillée de sa longue léthargie sociale pour s’affirmer politiquement sur son terrain de lutte authentique, la France légale, celle du scrutin financier, dévoile son essence foncièrement élitaire, son appartenance sociale bourgeoise, son caractère de classe, sa fonction dominatrice, ses instincts répressifs. Elle n’admet pas que la France légitime puisse revendiquer son droit à se gouverner librement au nom de ses intérêts supérieurs, dès lors que la France légale s’est fourvoyée par sa compromission avec le monde de la finance, vendue au capital mondial, responsables de la misère généralisée.   
 
Force est de constater que le combat des Gilets Jaunes, initialement mené exclusivement par des “automobilistes en colère” ne mérite plus d’être désigné sous son appellation initiale. Car ce mouvement a transcendé ses protestations primaires originales contre l’instauration de la taxe sur le carburant pour étendre ses revendications à tous les aspects de l’existence marquée par l’injustice sociale. Dès lors, il n’est plus approprié de parler de Gilets Jaunes. Il serait plus conforme à la réalité subversive générale actuelle d’employer le vocable de “prolétaires” (qui ne dispose que de sa force de travail pour vivre-survivre), ou de l’expression “travailleurs pauvres” (car en dépit de leurs salaires ils vivent dans la pauvreté). Ou encore l’expression “La France légitime”, opposée à la France légale minoritaire, élitaire définitivement corrompue. 

De toute évidence, l’explosion collective de colère des classes précarisées et prolétaires françaises est l’aboutissement de plusieurs décennies de fermentations sociales vécues dans le silence solitaire. Elle est l’expression d’une profonde misère longtemps subie dans la solitude sociale. Elle est la conséquence logique des politiques antisociales humiliantes. Elle est l’ultime défoulement violent de souffrances accumulées longuement refoulées.    

Au reste, l’expansion massive de ce mouvement à toute la France traduit la profonde fracture sociale territoriale. Aujourd’hui, la France est traversée par une onde de choc subversive. Aucune région n’est épargnée par les secousses telluriques revendicatives sociales, économiques et politiques. L’éruption de ces révoltes protéiformes est l’expression d’une profonde misère sociale. Il n’est donc pas surprenant que plus de 84% de la population française soutiennent le mouvement de luttes des Gilets Jaunes, autrement dit la France légitime.

Actuellement, la majorité des Français rejette le pouvoir de la finance macronien.  
Néanmoins, en dépit de sa radicalité et de sa popularité, ce mouvement demeure marqué par son immaturité politique, sa fragmentation sociale, son absence organisationnelle décisionnelle, par l’inexistence d’un programme économique émancipateur foncièrement anticapitaliste.  Assurément, on n’efface pas aussi aisément un siècle de contre-révolutions infligées par le stalinisme, le fascisme, l’hitlérisme, le libéralisme, le populisme, l’islamisme. En effet, pour le moment, le Mouvement, dépourvu d’une conscience de classe claire, se limite à lutter uniquement contre les effets de l’économie capitaliste. Mais non pas encore contre le capitalisme. De là s’explique l’absence de combat total contre le pouvoir politique, source de la misère. Or, le triomphe du mouvement dépend de sa capacité à se battre au-delà du symbolique Arc de Triomphe. Par-delà les ronds-points, faute de quoi il tournera en rond, sans gagner aucun point politique.   

Si le Mouvement veut précipiter le processus subversif en cours vers la transformation révolutionnaire de la société, il doit s’armer d’un programme économique et politique cohérent en rupture totale avec les catégories économiques du capitalisme. Aussi, le Mouvement ne doit pas se cantonner au cadre étroit des revendications économiques. Car, quoique probablement bientôt partiellement satisfaites par le pouvoir macronien aux abois, elles ne brisent pas le moteur de la reproduction des injustices sociales, à savoir le capitalisme, personnifié par la classe dominante dont Macron ne représente qu’un simple maillon, un serviteur dévoué.   

De l’unité politique et de l’organisation consciente du Mouvement dépend sa victoire sur la classe capitaliste mondialiste déterminée à se défendre contre le soulèvement populaire, même par la plus sanglante répression.   
Mais la France légitime armée politiquement et audacieusement triomphera contre la France légale surarmée policièrement et militairement. Car nous sommes entrés dans une phase révolutionnaire. En effet, pour pouvoir parler d’une période révolutionnaire, «  il ne suffit pas que les ouvriers ne veuillent plus, il faut encore que les capitalistes ne puissent plus continuer comme auparavant ». Or, aujourd’hui, la classe dominante ne peut plus gouverner avec la même arrogance et assurance. 

Quoi qu’il en soit, l’usage effréné par l’Etat français de la force est un aveu de faiblesse. Le témoignage d’un affolement. La confession d’une confusion, d’une contusion politique. D’une fission sociale. L’illustration du retour de la lutte de classes dans toute sa radicalité combative, mais pas encore avec toute sa dimension politique consciente. 

NDLR : Ce texte date de 2018

 http://kidermesloub.over-blog.com/2018/12/la-france-legitime-contre-la-france-legale-mais-pour-les-proletaires-qui-se-la

COMMENTAIRES  

24/03/2023 11:00 par Sam

L’auteur n’échappe pas non plus aux travers de la propagande mercato-impérialiste, en assimilant par exemple le stalinisme et le fascisme, catégories de confusion portées au départ par les Courtois et Furet, "historiens" plantés dans le paradigme historique définit et alimenté par l’impérialisme US qui a tronqué, manipulé, retourné toute l’Histoire des peuples pour en faire son Histoire agiographique officielle, Staline et le stalinisme compris - avec point d’orgue l’Holodomor qui serait le génocide alimentaire perpétré par Staline. Annie Lacroix-Riz historienne contemporaine d’exception par la qualité de ses analyses, comme son degré de liberté par rapport à cette propagand généralisée, explique très bien tout ça, dans ses livres et ses vidéos.

Concernant la prédiction de l’auteur sur le caractère révolutionnaire en passe de triompher, on ne peut que le souhaiter. Sans se prononcer la validité et le caractère performatif du propos, je note que cette poussée de fièvre survient, comme par hasard où se manifeste au grand jour la gigantesque pyramide de Ponzi qu’est le système financier capitaliste, sans doute par l’effet acide de la dédollarisation rampante qui inquiète et perturbe tous les joueurs du grand Casino. Qui craque et pourrait continuer à craquer, exposant, brisant encore les politiques et politiciens liés aux marchés financiers et les parasites millardaires qui les manoeuvrent.
De fil en aiguille, le couteau ainsi révélé pourrait provoquer des envies massives de désarmement des pantins politiques corrompus de type Bruno Lumière, et des bellicistes anti-russes qui s’excitent et contribuent largement à faire le jeu de la finance mortifère.

25/03/2023 06:04 par babelouest

Monsieur Mesloub, permettez-moi d’ajouter un bémol à vos paroles. La France dite « légale » ne l’est pas, puisque dès le premier tour de l’élection de 2017 de nombreux témoignages me sont parvenus. Dans les bureaux ruraux il n’obtenait guère que 5% des voix. Quant aux grandes villes où il est plus difficile de se faire une idée globale, d’autres témoignages de personnes qui avaient assisté aux dépouillements avaient constaté par exemple à la proclamation officielle la disparition des bulletins blancs et nuls, au profit du natif d’Amiens, ou, au contraire, un nombre conséquent de votes Mélenchon, remplacés par des blancs.. Au bout du compte les blancs se comptaient pour le nombre approximativement habituel, mais ils avaient arbitré un changement dans les résultats nominaux. Il n’a été autorisé aucune contestation, et les bulletins ont très vite été brûlés. Ce ne sont probablement pas les machines à voter qui ont été en cause, mais à coup sûr le traitement des données au niveau du ministère, qui a d’ailleurs fait appel à une société extérieure, anglo-saxonne. Au vu de tout cela non, l’intrus du 55 n’y a pas sa place.
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En revanche, aussi longtemps que l’expression dans la rue du mécontentement général n’aboutit pas à des violences (celles de suspects masqués habillés de noir, qui pourraient bien être des agents de Beauvau), elle est pleinement légitime, n’en déplaise à l’intrus. Là aussi les auteurs de violences, et là c’est mon propre témoignage qui fait foi, ont de fortes chances d’être soit des jeunes désœuvrés chauffés et entraînés par des professionnels, soit pire encore, des spécialistes masqués, émargeant directement place Beauvau.
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En conclusion, « la France légale » dont vous parlez n’existe pas, portée qu’elle est par les hordes d’un régime ne reposant que sur le mensonge. Il est tout de même évident, pour qui prend un peu de recul, qu’un homme aussi falot, qui n’avait jamais auparavant brigué la moindre élection, ne serait-ce que de conseiller municipal, soutenu par un parti pratiquement inexistant avant son « élection », ait soudain réussi à prendre la première place : allons, c’est invraisemblable !
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En revanche la France légitime existe, mais elle n’a pas encore compris que son salut doit venir de l’écrabouillement du capitalisme, et pour ce faire, de l’argent, du productivisme, de la notion de banque : normal, le marxisme vient alors au secours du capitalisme dont il est l’autre face.
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Personne au-dessus (NON, personne), personne en-dessous, égalité de tous en droits et en devoirs, fraternité en découlant, surveillant à elles deux les libertés dont seules certaines sont bénéfiques et légitimes. Oui, nous sommes TOUS égaux, ET TOUS différents. C’est de cette base-là qu’il va falloir repartir. Elle efface tout ce qui peut faire que « certains sont plus égaux que d’autres ».
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25/03/2023 09:03 par PERSONNE

Le Doigt d’honneur, Le Fossoyeur, Le Bâtard et Le Problème :

1 Le Doigt d’honneur :

25/03/2023 09:03 par PERSONNE

2 Le Fossoyeur :

25/03/2023 09:04 par PERSONNE

3 Le Bâtard :

25/03/2023 09:07 par PERSONNE

4 Le Problème :

Post-scriptum : "Ceci n’est pas une pipe" est une peinture de René Magritte

25/03/2023 11:40 par michel PAPON

Depuis 60 ans les français n’avaient pas realisé que la Constitution votée par leurs parent avait pour seul but de les priver de toute possibilité d’agir sur le destin de leur pays. De Gaulle avait confisqué la souveraineté du peuple par cet article 49-3 qui lui permet de passer par dessus le Parlement tout comme l’interdiction du "mandat imperatif" permet à l’elu de renier les promesses sur lesquelles il a été elu, au point qu’on se demande quelle est la raison d’être d’une campagne electorale.
Les français decouvrent avec stupefaction que leur deputé n’a aucune obligation de les representer comme le voudrait le bon sens elementaire.
Aujourd’hui la crise de regime rejoint la fin de cette Republique à l’agonie et montre que le moment est venu de (re) venir à des institutions democratiques dans laquelle, pour le moins, un homme seul ne pourra plus endetter le pays sans limite selon son "bon plaisir"....

26/03/2023 07:33 par babelouest

D’où, Michel Papon, cette proposition pour changer la Constitution, en multipliant les garde-fous, et en supprimant le 49.3 et l’article 16, mais aussi le Sénat (remplacé par le Peuple) et le Conseil d’État dont le rôle serait de ce fait tenu par la Cour de Cassation. En ajoutant aussi pas mal de choses, dont le RIC bien sûr.
Résultat : ce nouvel organigramme
https://i.servimg.com/u/f53/11/40/28/12/org_pl11.png

26/03/2023 10:50 par michel PAPON

@babelouest

Il est juste malheureux qu’il soit necessaire d’arriver aux extremités actuelles pour que les français commencent à reflechir et à realiser que leur pays a été "volé" successivement par les liberateurs US et l’imposture de Bruxelles validée par un referendum violé qui, à lui seul, aurait justifié une insurrection.
Aujourd’hui, fidele aux traditions anglo-saxonnes notre pays est enchainé par la Dette dans laquelle le gauleiter de l’Elysée nous a jetés avec delices....
Comme disait Lenine en 1917 : que faire ?....

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