I - Repérer l’ennemi, ne pas se tromper !
L’ennemi intérieur, c’est l’oligarchie prédatrice. Je connais bien une collègue qui ne comprend pas ce propos. Et c’est grave car de ce fait, elle compense son manque d’agressivité légitime contre cette oligarchie par une agressivité nuisible et mortifère contre les "petites gens", les membres du peuple-classe.
Anecdote : une collègue crypto-lepèniste contre les lampistes !
Grande lectrice du Figaro, elle ne cesse de me répéter que l’ennemi intérieur c’est le voisin, l’étranger, le fainéant, le syndicaliste, le mondialiste. Pour elle je suis un "mondialiste". Je soutiens donc tout ce que charrie la mondialisation économique et financière. Je me moque de la nation. Ce qui est faux évidemment.
Je critique le nationalisme, le communautarisme, le racisme mais je défends bec et ongles les services publics français, comme une longue conquête sociale du peuple-classe français. Je défends la mondialisation positive, celle qui crée des solidarités de type classistes par delà les frontières entre les peuples-classe d’Europe ou du monde. C’est minoritaire pour elle, beaucoup trop pour que cela présente le moindre intérêt. Pourquoi vais-je courir dans les forum altermondialistes ? Cela ne sert à rien selon elle. Pour moi, construire des solidarités c’est difficile mais çà n’a pas de prix !
Construire les convergences au sein de chaque peuple-classe et entre les peuples-classe
D’autres, à gauche pensent comme elle (sur ce point) et c’est plus inquiétant. La CGT a quitté les forums européens pour recentrer son activité sur les solidarités syndicales européennes. Soit. Pour moi, altermondialiste, toutes les solidarités internes aux peuples-classe sont à envisager, sans idéalisation. Car il y a des dominants internes, des oppresseurs "bas de gamme" : machisme, sexisme, communautarisme, racisme, ethnicisme, intégrisme, etc... comme produit de la crise. Mais la crise n’est pas un prétexte pour laisser faire. Reste que la bataille contre l’oligarchie prédatrice est vraiment très importante car cette minorité d’en-haut - le 1% - dispose de pouvoirs très importants.
Ma collègue, pour moi, a le tort immense de s’en prendre au(x) lampiste(s), ses collègues du public ou du privé, français ou non. Elle est trop sévère. Elle manque d’indulgence comme trop souvent de nombreuses personnes de droite et d’extrême-droite ! C’est une critique qu’elle n’entend pas . Elle ignorait même le sens du mot. Pour elle, il est inutile de vouloir critiquer ceux d’en-haut car ils ont trop de pouvoir. Nos récriminations les font rire. Pire, ils s’en moquent. Ils continuent leur politique. Là elle voit juste. Mais elle en devient du coup défaitiste !
Il y a donc un enjeu à montrer que des victoires sont possibles. De rappeler que des victoires ont été gagnées. Par exemple, le 29 mai 2005 c’est le peuple-classe français qui a repoussé les volontés de l’oligarchie, ce n’est pas le peuple-nation de Marine Le Pen. Car Marine Le Pen prend grand soin de brouiller les cartes, de mélanger le loup et l’agneau, le prédateur et la victime. Sa cible c’est le lampiste du peuple-classe. Lampiste va bien avec bouc émissaire ! C’est quoi "bouc émissaire" ? Certains mots sont absents de son journal préféré !
Oui, l’ennemi intérieur, c’est l’oligarchie prédatrice !
L’ennemi intérieur, c’est bien l’oligarchie prédatrice, celle qui cogne sans faiblir et méthodiquement contre l’État social, la justice sociale et fiscale et le peuple-classe. Ce n’est pas une illusion mais de l’ordre du réel. C’est l’oligarchie politico-financière qui est aussi la plus prédatrice contre la démocratie et la nature ! Ce qu’elle accomplit, en termes de démantèlement, dans le cadre national, elle le fait aussi dans le cadre européen. La bataille est donc à mener sur les deux niveaux. Au plan mondial aussi.
C’est évidemment un combat difficile pour des questions matérielles d’organisation de la riposte de masse mais aussi idéologiques, car elle ment. Elle lâche des masques qui forment des obstacles de compréhension ou de conviction pour agir. Elle annonce de temps à autre, vouloir préserver le social ou l’écologie alors qu’elle fait l’inverse. Il faut toujours démasquer sa conception rabougrie du social, sa conception marchande de l’écologie.
II - Construire une Europe des peuples-classes ! Est-ce possible ?
Une sous-estimation de la force de l’ennemi n’est pas prétexte pour ne rien faire mais motif pour mieux le connaître !
L’oligarchie de l’UE de plus en plus puissante contre les peuples-classe européen.
Bref retour sur Europe, la trahison des élites de Raoul Marc Jennar.
Bien avant le débat de 2004-2005 sur le TCE qui a débouché sur son rejet le 29 mai 2005 en France on savait que l’oligarchie politico-financière européenne, que Raoul Marc Jennar dans son livre [1] nommait élites, concentrait un pouvoir de nuisance important contre les peuples-classe et contre la transition écologique.
Dans Europe, la trahison des élites, RM Jennar décrit, Rapport sur l’État de l’Union européenne (2000) à l’appui, la montée de pouvoirs a-démocratiques, non démocratiques dans l’Union. Il s’agit d’un pouvoir technocratique (avec de nombreux experts) sans véritable contrôle.
Le rôle de la Commission européenne comme méga-pouvoir dépasse ce qui est ordinairement décrit juridiquement. Il montre que ce pouvoir exécutif est très perméable aux intérêts particuliers, ceux des firmes transnationales.
Cet aspect perméable traduit plus une idée d’osmose que l’idée de jeu de pression et résistance face à des lobbies. Il existe bien des lobbies qui rencontrent des résistances pour faire valoir leurs intérêts mais il existe aussi une collusion entre le pouvoir politique de la Commission et le pouvoir économique des entreprises transnationales.
C’est pourquoi le terme oligarchique a trouvé une pertinence certaine dans les années suivantes.
Quand Raoul Marc Jennar donne comme titres 1- L’Union européenne sans les Européens et 2- L’Union européenne contre les Européens, la combinaison des deux chapitres montre deux aspects qui fonctionnent ensemble : d’une part une activité anti-démocratique contre les citoyens (le peuple démocratique légal), d’autre part une activité anti-sociale contre les peuples-classe de chaque nation de l’Union.
Cette activité anti-sociale sert les intérêts particuliers des grands groupes économiques et financiers, des très riches et non l’intérêt des peuples-classe.
Quand l’intérêt général est évoqué, c’est pour parler de ce qui va rester aux peuples-classe de l’Union une fois que l’oligarchie, le 1% d’en-haut, se sera servi.
Il y existe bien un volet social qui sert de voile à la prédation de l’oligarchie. Plus l’oligarchie renforce sa prédation et plus elle met en avant son volet social qui a un contenu réel réduit, de plus en plus réduit. En effet ce qui caractérise l’Union européenne, si l’on veut éviter de parler d’ordolibéralisme (un peu compliqué), c’est le concurrentialisme, la compétition, les privatisations. L’intérêt général comme orientation des services publics laisse place à l’Union marchande et à la logique du profit. On ne peut servir deux maîtres, celui du service public et celui du profit.
Depuis 1983 avec Delors-Lamy l’Union européenne a choisi la logique du profit contre la logique de service public. Elle s’est employée méthodiquement à casser les conquêtes sociales des peuples-classe à casser l’État social.
Christian Delarue