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Israël : la ségrégation contre les Palestiniens se poursuit. (The Hill)

Ahmad Tibi, député du parlement israélien
Ahmad Tibi

Le nouvel ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Ron Dermer, lorsqu’il a présenté ses lettres de créances au début du mois, a envoyé un message politique en offrant au Président Obama des boutons de manchette fabriqués dans la colonie sauvage Cité de David qui a été violemment et illégalement imposée à la communauté palestinienne de Silwan dans la partie occupée de Jérusalem est.

La nomination de Dermer par le Premier Ministre Benjamin Netanyahu fut un choix arrogant et non-diplomatique. La position de Dermer sur une solution de deux états est bien connue : il est contre. Et tout changement public à cet égard n’est certainement que d’ordre cosmétique.

Netanyahu affirme soutenir la solution de deux états. Pourtant, après la première visite de Netanyahu à Washington pour rencontrer Obama, Dermer l’a qualifiée de « solution infantile à un problème complexe ». Pourquoi heurter Washington en nommant un opposant à la solution de deux états comme représentant des intérêts israéliens aux Etats-Unis ?

Je crois que c’est parce qu’au fond, Netanyahu n’est pas intéressé par une telle solution et qu’il sait qu’il est soutenu par les Républicains à Washington – et aussi par de nombreux Démocrates. Les Républicains de droite se rangeront du côté du Premier Ministre conservateur israélien plutôt que de leur propre président, et un nombre étonnant de Démocrates aussi. En début de mois, le Sénateur « libéral » Chuck Schumer (Démocrate de l’Etat de New-York) a dit qu’il pensait que le Secrétaire d’Etat John Kerry avait commis « une erreur » lorsqu’il a dit que l’attachement d’Israël pour les colonies pouvait faire penser que ce dernier n’était pas sincère quant à la paix.

Dermer est capable de semer la zizanie à Washington si Obama exerce trop de pressions sur Israël, parce que l’enjeu pour Washington n’est pas la justice et la liberté pour les Palestiniens, mais souvent un absolutisme biblique dévoyé qui se préoccupe peu des Palestiniens chrétiens et pas du tout des Palestiniens musulmans.

En tant que citoyen Palestinien d’Israël et membre élu du Knesset (Parlement israélien - NdT) , je n’ai pas cette prédisposition à me voiler la face, contrairement à de nombreux membres du Congrès US. Je vois régulièrement les partisans de Netanyahu élus aux Knesset tenter de faire voter des lois ouvertement ségrégationnistes contre mes concitoyens palestiniens. En fait, il existe plus de 50 lois qui officialisent une discrimination contre nous, et d’autres sont en préparation.

Les politiciens étatsuniens, qui semblent reconnaissants que les Etats-Unis soient sortis de l’époque de la ségrégation, détournent souvent leurs regards des discriminations internes en Israël. Quant aux actions israéliennes dans les territoires occupés de Cisjordanie et Jérusalem est, les politiciens étatsuniens n’élèvent que rarement la voix. La liberté et les droits des Palestiniens ne sont, au mieux, que vaguement invoqués en passant.

Que la discrimination contre un autre peuple soit une pratique inacceptable au 21ème siècle semble rarement effleurer l’esprit de cette extrême-droite qui dirige actuellement Israël. L’ambassadeur d’Israël auprès des Etats-Unis, originaire de la Floride, parait déterminé à réinstaurer la ségrégation qui existait dans son état natal il y a encore peu à l’époque de sa naissance – ou du moins cette inégalité légalisée actuelle que l’affaire Trayvon Martin a mise en lumière de manière terrifiante, à laquelle de nombreux parents palestiniens pourraient immédiatement se reconnaître dans le système judiciaire Israélien et sa discrimination rampante contre les Palestiniens. Dermer prend ses fonctions en pensant non pas aux intérêts des citoyens israéliens, mais aux intérêts de la majorité juive israélienne. Pire encore, il pense aux intérêts de la minorité colonisatrice israélienne en termes d’expansionnisme dans les territoires palestiniens occupés.

Un ambassadeur israélien aux Etats-Unis devrait être à la tête de la lutte contre la discrimination et un défenseur de la diversité. Mais le Sionisme est la promotion d’un groupe particulier, celui des Juifs et des citoyens juifs d’Israël, et une idéologie en contradiction avec les avancées raciales réalisées au cours des 50 dernières années dans des pays tels que les Etats-Unis. Ici en Israël, nous sommes encore prisonniers d’une réalité ségrégationniste.

Oui, je suis un élu du Knesset, mais trop souvent la hasbara (*) israélienne voit l’élection de palestiniens au Knesset comme un cache-sexe démocratique – une feuille de vigne qu’ils peuvent montrer pour affirmer "Voyez, nous sommes démocrates". Mais il faut plus que des élections pour faire une démocratie. La protection des minorités et de leurs droits est cruciale et, dans ce domaine, Israël a lamentablement échoué.

Cependant, la capacité d’Israël à restreindre les droits des Palestiniens en Israël et dans les territoires occupés ne durera pas éternellement. Et tôt ou tard les Palestiniens se rallieront à la solution de deux états. Les gens comme Dermer et Netanyahu seront surpris par la vitesse avec laquelle un jour le combat palestinien ne sera plus celui d’un état Palestinien indépendant, mais se convertira en un combat pour l’égalité de droits entre la rivière et la mer. Les politiciens israéliens et étatsuniens devront alors choisir entre l’égalité de droits pour tous ou le favoritisme et des droits supérieurs accordés aux Juifs. S’ils choisissent un état juif et une justice à deux vitesses, alors il leur faudra expliquer pourquoi un tel système serait acceptable en Israël mais rejeté aux Etats-Unis.

Ahmad Tibi

Ahmad Tibi est citoyen Palestinien en Israël et vice-président du Knesset

http://thehill.com/blogs/congress-blog/foreign-policy/193379-israels-jim-crow-treatment-of-palestinians-continues

Traduction "Jim Crow est vivant et en bonne santé, et a déménagé à Tel Aviv" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

(*) hasbara : Hasbara (הסברה) est un mot hébreu qui signifie littéralement « explication » ou « éclaircissement ». Ce terme est utilisé par Israël et les groupes pro-israéliens pour désigner des opérations de communication qui cherchent à défendre le point de vue et la politique de l’État d’Israël auprès de l’opinion publique internationale. Wikipédia

COMMENTAIRES  

22/12/2013 18:09 par Dominique

Israël n’a jamais été pour une solution à deux état. La base de son idéologie est un état juif en Palestine, Eretz Israel, état dans lequel les non juifs sont au mieux de citoyens de deuxième catégorie, au pire des "absents" sans aucun droit quand ils ne sont pas emprisonnés ou liquidés sans jugement.

De plus, il faudra que Mr. Ahmad Tibi, qui semble croie à une solution à deux états, nous explique comment il pourrait concilier un état palestinien réduit à l’enclave surpeuplée de Gaza et à une série de petits bantoustans en Cisjordanie, lesquels ne cessent de se réduire comme peau de chagrin en raison de l’occupation, avec le retour des réfugiés.

Ahmad Tibi est une palestinien d’Israel. Bien. Apparemment, il n’a pas compris que la majorité des palestiniens de Palestine soutiennent la solution à un état pour tous les habitants de la Palestine, ceci car c’est la seule solution à même de permettre le retour des réfugiés ainsi que l’abandon de la politique inhumaine qu’est le sionisme par les juifs de Palestine et leurs souteneurs occidentaux. Les juifs de Palestine devraient s’estimer heureux que les palestiniens veulent bien les accepter en Palestine s’ils renoncent au sionisme, car comme le montre les défaites récentes de l’empire en Afghanistan, en Irak et en Syrie, ainsi que la crise économique en cours qui est loin d’être terminée et menace de rebondir de plus belle à la première envolée du prix des matières premières comme le pétrole, les sionistes chrétiens ne vont pas pouvoir se payer éternellement le luxe de subventionner l’effort de guerre de la version juive des colonisations. Ils devraient se souvenir de la colonisation de la Palestine par le templiers : ils avaient tenus à leur colonisation jusqu’au bout et ils avaient finis à la mer.

22/12/2013 20:52 par quimporte

la majorité des palestiniens de Palestine soutiennent la solution à un état pour tous les habitants de la Palestine

Par quelle voie "la majorité des Palestiniens de Palestine" a-t-elle pu s’exprimer sur cette question ? Y a-t-il eu un referendum ?

23/12/2013 12:52 par Dominique

Dans un pays occupé, il ne peut y avoir qu’un gouvernement de collabos, et de nombreux exemples dans l’histoire nous montre que ce n’est qu’avec la fin de l’occupation, avec la libération, qu’il est possible de se débarrasser de ces gouvernements. Par contre, la société civile palestinienne est très claire sur ce point : elle est, autant les palestiniens vivant sous l’occupation, que les millions de réfugiés de la diaspora, pour le droit au retour des palestiniens, ce qui équivaut à une impossibilité de la solution à deux états.

Cet article par exemple pose très bien le problème :

« La dépossession et l’oppression des Palestiniens n’ont pas commencé en 1967. Elles remontent à 1948, lorsque plus de 750.000 Palestiniens ont été ethniquement nettoyés des villages et villes de Palestine, et déportés vers des pays voisins : Jordanie, Liban, Syrie, Gaza et Cisjordanie, pour faire place à un "État juif" d’apartheid.

Puis, en 1967, Israël a occupé la Bande de Gaza, la Cisjordanie et l’est de Jérusalem, ce qui représente les 22 pour cent restants de la Palestine historique.
En conséquence de ce nettoyage ethnique systématique et permanent, les deux-tiers de la population palestinienne sont des réfugiés dont le droit au retour dans leur patrie d’origine est entériné par la résolution 194 des Nations Unies. C’est la racine de la question palestinienne. »

« La solution de deux États est une solution raciste qui appelle à un "État juif pur" et à un "État palestinien pur", les deux basés sur des identités ethno-religieuses.
...
En outre, la lutte palestinienne n’est pas une lutte d’indépendance, c’est une lutte de libération. La libération est très différente de l’indépendance, parce que notre droit à l’auto-détermination doit conduire au droit au retour et à une pleine égalité de tous les habitants de l’État de Palestine.

La solution de deux-États est un dogme raciste qui ne peut pas garantir tous les droits exigés par l’appel BDS de 2005, autour duquel nous avons un consensus palestinien : retrait des troupes israéliennes de toutes les terres arabes occupées en 1967 ; mise en œuvre de la résolution 194 des Nations-Unies, qui reconnaît le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens et leurs descendants ; et la fin de la politique israélienne d’apartheid contre les citoyens palestiniens de l’État d’Israël. Je suis désolé que des activistes de la solidarité soient tombés dans le piège du soutien à cette soi-disant solution. Des supporters des États-Unis d’Amérique accepteraient-ils un État qui discrimine officiellement les Afro-Américains ? Les supporters sud-africains ont-ils accepté la "solution bantoustan" ? Non, bien sûr. Alors pourquoi l’accepter pour les Palestiniens ? »

« Le solution d’un-État est la seule qui permette d’obtenir les droits palestiniens revendiqués par le mouvement BDS. De plus, c’est un compromis très généreux de la part des colonisés opprimés aux colonialistes, qui leur offrent la citoyenneté dans un État avec une pleine égalité, exactement comme ce qui s’est passé en Afrique du Sud, où la population indigène a offert aux colons blancs le même compromis généreux.

Nous sommes au 21ème siècle, après tout ! Nous offrons une solution humaine, inclusive, qui n’est pas fondée sur l’identité ethno-religieuse : un État laïque pour TOUS les citoyens, sans distinction de religion, origine ethnique, sexe, etc. »

24/12/2013 10:20 par quimporte

Je comprends de votre commentaire que je dois préciser ma position concernant la résistance palestinienne et la solution dite "à un seul état pour tous".

Si j’étais palestinienne, à titre personnel, j’adhèrerais au FPLP, faction marxiste qui s’oppose au Fatah depuis quasiment sa création, mais continue à faire partie de l’OLP, et soutient la solution à un seul état laïc, démocratique, garantissant l’égalité des droits entre tous les citoyens, pour tous les habitants de la région et pour tous ceux que l’Etat sioniste a dépossédés de leur terre depuis 1948. Mais je ne suis pas palestinienne et je soutiens donc le droit des palestiniens à l’autodétermination, quels que soient leurs choix.

Je suis totalement convaincue qu’à terme la solution défendue par le FPLP est la seule viable et qu’elle viendra de toute façon parce qu’un Etat sioniste en plein moyen-orient majoritairement converti à l’Islam depuis le 7e siècle est un absurde anachronisme... si l’on fait abstraction des visées impérialistes des pays occidentaux.

Mais il vaut mieux éviter de prendre ses désirs pour des réalités et je n’ai pas la preuve que la majorité des palestiniens vivant en Palestine se soit prononcée en faveur de cette solution (le FPLP et le FDLP réunis sont loin d’être majoritaires en Palestine occupée ou non).

En outre, il ne me semble pas certain, d’un point de vue purement stratégique, qu’il soit avantageux pour les palestiniens de passer directement de la situation actuelle à la solution à un seul état : exiger dans un premier temps la constitution d’un état palestinien indépendant ( ce qui suppose évidemment non seulement l’arrêt de la colonisation mais également la suppression des colonies dites illégales, par opposition à celle qui a été autorisée par l’ONU) me parait défendable stratégiquement si l’objectif est de permettre à tous les palestiniens d’accéder à un niveau de développement humain, comme on dit maintenant, qui ne les laisse pas sans défense vis-à-vis de tout prédateur : Il y a de grands écarts, à cet égard, non seulement entre juifs israëliens et palestiniens autochtones, mais également entre les palestiniens de "toute la Palestine" et d’ailleurs.
Mais il est clair que ce n’est pas ce que visent les négociations actuelles, sous la houlette des USA, et j’approuve tout à fait la position défendue, sur ce point-là aussi, par le FPLP, en faveur de l’arrêt des négociations et d’un soulèvement populaire contre la colonisation, à un moment où Israël apparait complètement isolé sur le plan international (voir à ce sujet la position de l’assemblée générale de l’ONU, concernant le soutien au peuple palestinien).

24/12/2013 19:10 par Dominique

Il faut arrêter avec cette solution à deux états. ça fait depuis 47 que la "communauté internationale" la soutient. Le résultat est qu’en 48, les sionistes, avec l’appui logistique de Staline qui a fournit des armes, des munitions et des conseillers militaires, ont jeté les palestiniens à la mer et que depuis cette date, la condition de ces derniers n’a cessé d’empirer avec la colonisation qui devient chaque jour pire qu’avant. Voilà ce qu’est la solution a deux états : la poursuite de la colonisation et le déni des peuples légitimes de la Palestine.

Quand à un état palestinien, que serait’il ? Dans les conditions de la solution à deux états, on aurait une enclave surpeuplée entourée d’un mur dont les habitants, pour traverser Israël pour se rendre en Cisjordanie, devraient commencer par aller en Egypte prendre un avion pour la Jordanie. Quand à la Cisjordanie, ce n’est plus bientôt qu’une constellation de petits points coupés les uns des autres par les colonies racistes et surarmées de l’état sioniste.

Autrement dit, la solution a deux états, outre le fait que c’est une solution raciste a un problème raciste, donc une non solution, reviendrait à créer deux états, un qui existe déjà, qui s’est bâti sur le racisme et le déni des droits des habitants légitimes de la Palestine, état raciste qui est aussi une super puissance militaire qui dispose même de l’arme nucléaire, et un sous état encore plus morcelé qu’un morceau de gruyère mangé par les vers.

Le seul fait que cette solution soit soutenue depuis 47 par la communauté internationale, c’est à dire par les grandes puissances qui soutiennent la colonisation juive de la Palestine devrait sembler suspecte à un marxiste. Il est vrai aussi que beaucoup de marxistes parlent volontiers de la responsabilité occidentale dans le cauchemar que vient les palestiniens, et qu’ils ne balaient que rarement devant leurs portes pour dénoncer la bienveillance de Lénine vis-à-vis de l’immigration des juifs russes qui fondèrent les premiers kibboutz, ceux-là même qui allaient donner des mouvement comme l’Irgoun, et plus tard le soutien militaire de Staline à l’épuration ethnique des palestiniens.

Quand je vois des trucs comme ça, jamais je ne serais marxiste. Pas seulement parce que hier Lénine comme Staline se sont trompés en soutenant une ignominie comme la colonisation juive de la Palestine, et qu’aujourd’hui les socialistes sont les plus fervents supporteurs de cette ignominie, mais surtout quand je vois le manque de réflexion et d’auto-critique de bien des marxistes européens d’aujourd’hui face au problème israélien. Lire l’histoire, les actualités, Marx et les autres classiques du marxisme et s’y référer est une chose, en faire une lecture sélective et entrez en religion en est une autre. En politique comme en religion ou en informatique, je préfère la libre pensée. Et en libre pensée une ignominie comme la colonisation juive de la Palestine reste une ignominie qui doit être combattue jusqu’à ce qu’elle cesse, et ce n’est en tout cas pas une solution comme celle à deux états, solution qui n’a fait que rendre possible d’institutionnaliser le racisme qu’est cette colonisation, qui permettra d’y mettre fin.

25/12/2013 01:57 par Leo Lerouge

"Solution" à un état, à deux états : et si on laissait les Palestiniens en débattre eux-mêmes et se déterminer ?
On en fait des assistés alors qu’ils sont bien plus mûrs politiquement que la plupart d’entre nous.

D’autre part, c’est eux qui sont sur le terrain. Sur des terrains différents, même, où ils sont confinés sans pouvoir rencontrer les autres.
Et on comprend, donc, que l’optique de l’auteur de l’article, qui vit l’apartheid en Israël-même, et constate de visu l’attitude des élus israéliens, puisse être différente de celle des habitants de Gaza ou de Cisjordanie.

Et si les opinions des Palestiniens sont contradictoires, c’est qu’en l’état actuel des choses, il n’y a PAS de "solution". Et il y en aura progressivement encore moins.

Il faudrait un changement radical de la politique d’Israël, une volonté d’ouverture, la reconnaissance des atrocités qui ont été commises envers le peuple palestinien, la cession des terres volées, etc. ce que ses dirigeants ne feront certainement pas tant que la "communauté internationale" ne décidera pas de leur imposer des sanctions draconiennes et de cesser de leur fournir des aides militaires, logistiques et financières pour accomplir leurs crimes, sur lesquels elle ferme les yeux, voire les justifie.
Et ce n’est pas demain la veille que cela se produira.

Et encore, même cela pourrait bien être insuffisant. On a vu ce qu’a donné la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
Hélas, les Palestiniens sont loin d’être tirés d’affaire. Et personne ne peut se mettre à leur place, et encore moins décider de ce qui est bien pour eux. C’est indécent.
Notre rôle est de les aider de toutes les façons possibles, quels que soient leurs choix, pas de leur donner des leçons.

25/12/2013 13:36 par Dominique

ça, j’en suis bien conscient que c’est aux palestiniens à choisir leur avenir. Mais force est de constater que dans le contexte actuel, le seul choix qu’ils ont est celui de leur moyen de résistance, et entre la voix d’un politicien (J’en ai fait de la politique, ça m’a vacciné de la politique à l’occidentale, merci.) et celle de la société civile, je préfère écouter la voix de la société civile que celle de son maître. Force est aussi de constater que vouloir soutenir les palestiniens en soutenant la solution a deux états revient à soutenir une solution raciste a un problème raciste, revient à soutenir une non solution qui rend possible la reconnaissance d’Israel et la poursuite de sa politique d’apartheid et de colonisation. C’est donc une solution qui produit l’effet inverse de celui escompté.

Il y a moyen efficace de soutien à la Palestine, c’est de soutenir le mouvement BDS de boycott d’Israel, ceci comme le demande la société civile palestinienne. La résistance face à l’apartheid en Afrique du sud s’est faite de deux façons. Sur place, cette résistance s’est faite avant tout par les armes, comme le souligne la défaite de l’Afrique du sud en Angola face à Cuba, ou aujourd’hui celle d’Israel face au Hezbolla au Liban. Dans le reste du monde, elle s’est faite avant tout par le soutien massif des peuples au boycott de l’apartheid. Le seul mouvement de soutien au peuple palestinien qui aujourd’hui ressemble au boycott de l’apartheid de l’Afrique du sud est le mouvement BDS, et c’est bien pourquoi il est important de le soutenir, de soutenir les membres de ce mouvement qui chez nous doivent faire face à la justice, et de participer à ce boycott.

26/12/2013 12:30 par Leo Lerouge

Libre à vous de penser qu’il y a une quelconque solution soutenable actuellement en Palestine et de persister à préconiser votre propre "solution", tout en concédant de façon contradictoire que c’est aux Palestiniens de décider.
Libre à vous de penser que les Palestiniens sont avides de conseils de notre part.

Libre à vous de croire que le mouvement BDS (auquel je participe, je précise) va pouvoir, pratiquement à lui seul, ébranler la volonté d’Israël et pousser les gouvernements occidentaux (et leurs "alliés" opportunistes) à sanctionner Israël et lui imposer de conclure des accords de paix qui satisferont les revendications des Palestiniens.
La fourberie, la lâcheté et la bassesse de ces gens ne devraient plus être à démontrer. Or, ce sont ceux-là qui font et défont le monde aujourd’hui, en Afrique ou au MO, en particulier, pas les peuples - qu’ils musèlent tout en prétendant les aider à s’émanciper.

Et je ne saurais trop vous conseiller de lire les divers articles du GS sur la période postapartheid jusqu’à aujourd’hui. Il manque des éléments essentiels à votre raisonnement, où vous occultez le bilan de la période post-apartheid, ce qui laisse entendre que la fin de l’apartheid aurait été le début d’une autre ère, grâce " avant tout [au] soutien massif des peuples".

Or, d’abord, le soutien n’était pas "massif", mais il était bien relayé par les médias institutionnels parce qu’il servait les desseins des puissances internationales, qui savaient qu’il fallait passer à une autre politique pour garder la mainmise sur l’AS et ses ressources et mettre un terme aux révoltes des mouvements de libération.
Et, ensuite, en vous renseignant sur la situation actuelle des Noirs dans les townships, vous comprendrez peut-être que la "solution" à un état n’est pas la panacée sans un véritable train de mesures destinées à garantir aux peuples discriminés les pleins droits de citoyenneté et l’égalité de traitement.
Si l’apartheid officiel n’existe plus sur le papier, il en reste les pratiques.
Et qu’ont fait, depuis, ceux qui soutenaient "massivement" les mouvements contre cette institution pour dénoncer cette substitution sournoise ?

Si un état n’a aucune volonté d’agir pour le bien du peuple, il poursuivra tranquillement sa politique raciste et ségrégationniste, cette fois, sans être inquiété le moins du monde.
Avec la duplicité habituelle de la "communauté internationale", la "colonisation" deviendra "décisions légitimes d’un état souverain".

Et, donc, si, en l’état actuel des choses, Israël acceptait la solution à un seul état il s’empresserait d’occuper tout le territoire palestinien et laisserait les Palestiniens croupir dans quelque coin insalubre, cela, avec l’aval des dirigeants de la "communauté internationale" et la complicité des médias institutionnels dont on connait l’efficacité pour transformer les crimes d’Israël en "droit de se défendre".

Mais ce ne serait plus une "colonisation" et les BDS pourraient replier les banderoles.

Sachant cela, sachant que la tendance générale n’est pas à la libération des peuples, mais à leur reprise en main par d’autres moyens, dire que les Palestiniens auraient un "choix", c’est être en dehors des réalités.

Quant à dire que vous ne faites pas confiance à un élu mais à la "société civile" (laquelle ? Cela reste à savoir, car cela ne veut rien dire et encore moins en Palestine) : il y a fort à parier que son avis aurait été bien accueilli s’il avait plaidé pour la "solution à un état".

Les propos de cet élu ont certainement plus d’intérêt, dans la mesure où ils montrent la complexité de la question palestinienne et la diversité des expériences, que les analyses sommaires et partisanes de quidams assis devant un écran à l’autre bout du monde.

Et les élus palestiniens à la Knesset sont confrontés à des expériences qu’on ne peut pas balayer d’un revers de main comme étant nulles et non avenues si on veut un tant soit peu s’instruire sur la question palestinienne - ce qui est notre rôle, si on souhaite véritablement comprendre pour pouvoir les aider.
Sinon, on en revient toujours et encore à la fable de "l’ours et du jardinier" de La Fontaine.

26/12/2013 14:50 par gérard

"les analyses sommaires et partisanes de quidams assis devant un écran à l’autre bout du monde".
comme toi !

26/12/2013 17:09 par Dominique

Je soutiens la solution a un état car c’est la seule à même de débarrasser la Palestine du racisme qu’est le sionisme. Quand à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, je suis bien conscient qu’elle n’a été synonyme que d’une simplification du problème, les puissants qui contrôlent l’économie du pays et maintiennent la majorité de sa population dans la pauvreté ne peuvent plus se cacher derrière une idéologie raciste pour faire diversion sur le fait que le capitalisme est le fond du problème d’aujourd’hui.

Au sujet de l’Afrique du Sud, ce que voulaient les afrikaners était 90% du territoire pour eux, et un ensemble de bantoustans pour les noirs, soit exactement ce que serait la solution à deux états en Palestine dans les circonstances actuelles. Autrement dit diviser pour régner. Le problème de l’Afrique du sud est autre, Mandela, à peine sorti de prison, s’est précipité à Cuba pour y déclarer qu’il n’était pas communiste, puis à Davos pour y déclarer qu’il laissait le pouvoir économique dans les mains des blancs, signant ainsi l’arrêt de mort de la lutte anti-apartheid. Quand à savoir ce qu’il adviendrait des palestiniens dans une Palestine réunifiée, aucun de nous n’est devin et peut prétendre pouvoir le prédire. Toujours est-il qu’entre une solution à deux états qui garantisse le droit à Israel de poursuivre sa politique raciste et une solution à un état qui rend impossible la poursuite de cette politique, mon choix est évident et il est le même que celui de la société civile palestinienne.

Sur cette société civile palestinienne dont, tels les sionistes, vous ne cessez de nier l’existence, en tant que participant auto-proclamé au mouvement BDS, vous ne pouvez ignorer que celui-ci a été initié justement par la société civile palestinienne en 2005 :

"The global movement for a campaign of Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) against Israel until it complies with international law and Palestinian rights was initiated by Palestinian civil society in 2005, and is coordinated by the Palestinian BDS National Committee (BNC), established in 2007.
...
The BDS call was endorsed by over 170 Palestinian political parties, organizations, trade unions and movements. The signatories represent the refugees, Palestinians in the OPT, and Palestinian citizens of Israel."

Ce qui en français signifie que "le mouvement global pour une campagne de boycott, de désinvestissement et de sansctions (BDS) contre Israel jusqu’à ce que ce pays applique la loi internationale et reconnaisse les droits palestiniens fut initié par la société civile en 2005, et il est coordonné par le Comité National BDS Palestinien (BNC) établi en 2007.
...
L’appel BDS a été entériné par plus de 170 partis politiques, organisations, syndicats et mouvements palestiniens. Les signataires représentent les réfugiés, les palestiniens des territoires occupés et les citoyens palestiniens d’Israel."

Donc, au lieu de me conseiller de relire ce que j’ai déjà lu, vous feriez mieux de lire ce que visiblement vous n’avez jamais lu, ou pire lu mais pas compris.

De plus, ce que veut BDS est très clair :

" 1) La fin de l’occupation et de la colonisation de tous les territoires arabes occupés en juin 1967 et le démantèlement du mur ;
2) La reconnaissance des droits fondamentaux de tous les citoyens arabes-palestiniens d’Israel à une égalité complète ; et
3) Le respect, la protection et la promotion des droits des réfugiés palestiniens à retourner dans leurs foyers et leurs propriétés tel qu’il est stipulé dans la résolution 194 des Nations Unies."

Le point 1 garanti que les palestiniens ne seront pas réduits, comme vous le dites, à "croupir dans quelque coin insalubre". Le 2 que leurs droits seront garantis même en Israel, et le 3 permet de renforcer les points 1 et 2 par la garantie qu’Israel abandonne effectivement son sionisme et sa politique de colonisation.

Il restera alors le problème du capitalisme, et là, il n’y a que le respect, la reconnaissance et l’union des luttes locales qui permettront d’y mettre fin, ceci en Palestine comme ailleurs. C’est bien pourquoi aujourd’hui je préfère soutenir l’appel BDS de la société palestinienne que d’écouter des politiciens qui n’ont jamais rien résolu. De plus, je ne dit pas que je ne fais pas confiance à un élu en particulier, mais à notre système politique dans son entier, ce qui n’est pas du tout la même chose. Nous voyons bien en occident ce que cela donne quand un parti politique de gauche, les socialistes, participent à cette mauvaise farce qu’est la démocratie à l’occidentale : une surenchère dans laquelle seuls les exploiteurs sont gagnants. Comme le disait Coluche, si un politicien devait tenir ses promesses, il lui faudrait le budget des USA. Il rajoutait même que le mois où les politiciens disent le moins de conneries est celui de février car il n’a que 28 jours, et qu’ils ne sont pas bêtes car ils maintiennent l’exploitation des peuples en toute connaissance de cause, et que les médias qui relaient leurs conneries sont encore pires.

Et là encore, la seule solution viendra quand la société civile, ou les exploités en langue marxiste, sera capable de s’organiser pour imposer son propre parti capable d’emporter la majorité à tous les niveaux de la politique, comme nous pouvons le voir dans des pays comme le Venezuela, et capable, avec toutes les contradictions que cela comporte comme nous pouvons aussi le voir, de résoudre ces contradictions et d’imposer sa propre constitution et sa propre politique. L’alternative est comme toujours de faire le jeu des puissants et de les laisser précipiter les peuples dans la guerre.

Un point où je vous rejoint est que la révolution ne se fera pas par clavier interposé mais par l’action directe. Donc si un jour nous nous rencontrons dans le cadre du mouvement BDS, ou dans celui d’un autre mouvement, tout ce que je peux souhaiter est que nous serons capables de laisser nos querelles théoriques au vestiaire et de nous entendre sur des actions communes.

Comme le dit le poète (Jan Hammarlund), nous avons besoin de tous pour pouvoir appeler cela un monde.

26/12/2013 18:08 par Leo Lerouge

Vous n’avez lu que ça dans mon commentaire ?

Vous ne manquez jamais une occasion de soutenir ceux à qui j’oppose d’autres arguments, quels qu’ils soient. Vous avez un problème ? Ou bien, estimeriez-vous être le seul à avoir le droit à ces prérogatives, quitte à ce qu’elles soient déplacées et incongrues ?

Votre soutien n’en fait pas des vérités pour autant. Bien au contraire, cela desservirait leur argumentation.
Alors, si vous n’avez rien d’intelligent et d’éclairé à proposer, pourquoi donc ne vous taisez vous pas, au lieu de renvoyer au "c’est celui qui le dit qui y est" ridicule des cours de récréations, niveau zéro de la pensée ?

26/12/2013 23:34 par gérard

Non, je n’ai pas lu que cela.
Sur la forme.
il y a aussi le "libre à vous..." qui est revenu assez souvent".
C’est une formule ambiguë qui pourrait être suivie sans problème par : "...de dire des conneries".
C’est une méthode pour le moins assez impérative de dialoguer.
Vous dites :
"Solution à un état, à deux états : et si on laissait les Palestiniens en débattre eux-mêmes et se déterminer ?"
A partir de là, il n’y a plus qu’à dire : stop ! on arrête tout, la discussion est close !
Ça, c’est pour la forme, et il y aurait pourtant beaucoup plus de points à relever, mais restons en là...
Sur le fond.
Je rejoins sans aucune hésitation possible Dominique, et cet article http://www.legrandsoir.info/la-lutte-palestinienne-n-est-pas-une-lutte-d-independance-mais-de-liberation-mondoweiss.html...
Dire que cette solution n’est pas utopique, alors là je n’en ai aucune certitude mais, et je suis d’accord avec quimporte, de toute façon elle s’imposera un jour, et "la solution défendue par le FPLP est la seule viable"...
Ensuite, je n’ai qu’une seule autre certitude, que ce soit la solution de un ou celle de deux États, l’une ou l’autre sera extrêmement difficile (le mot est faible) à mettre en application, et devra être, cela va sans dire, du choix exclusif des Palestiniens...
A ce sujet, j’ai bien peur que le pouvoir de décision ne leur appartienne pas :
"Les perspectives d’Israël sont, dans un Proche-Orient changeant, assez diffuses. Très probablement, l’Occident démontera Israël, parce que Israël ne sera plus nécessaire"(http://www.legrandsoir.info/frappe-contre-la-syrie-cible-la-russie.html)
"Ne sera plus nécessaire" !...Mais tant qu’Israël est utile à l’Occident, le pire cauchemar que puisse envisager le BAO (Bloc Américano Occidental), c’est la constitution d’un seul État Laïque...
En attendant, le problème Palestinien c’est le cadet de ses soucis...

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