Les coulisses de l’accord historique USA-Iran

Vers un séisme au Moyen-Orient ?

Les ennemis héréditaires qu’étaient l’Iran et les États-Unis ont conclu un accord historique dont les répercussions pour la région et pour le monde entier sont importantes. Marc Vandepitte a étudié la portée de l’accord et les intérêts qu’il dissimule.

Des ennemis jurés devenus des alliés

Le 24 novembre dernier, les États-Unis et l’Iran concluaient un accord historique. En échange d’une réduction des sanctions, l’Iran va restreindre et laisser contrôler son programme nucléaire. Le simple fait que les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont voulu se rencontrer ouvertement était encore impensable il y a quelques mois, et certainement pas au début de la république islamique.

Ces soixante dernières années, les relations entre les deux pays ont été particulièrement tumultueuses. En 1953, voulant prendre le contrôle des richesses pétrolières iraniennes, les États-Unis et la Grande-Bretagne aidèrent à renverser le gouvernement élu de Mossadegh. Le shah régna d’une main d’acier avec l’appui des États-Unis. Il dut finalement abandonner le pouvoir à la révolution islamique en 1979 . Peu après cette révolution, les États-Unis subirent l’assaut de leur ambassade et la prise en otage de son personnel.

Depuis, l’Iran et les États-Unis sont ennemis jurés. Au début des années ’80, quand l’Irak assaillit au gaz toxique des centaines de milliers d’Iraniens, notamment originaires des États-Unis, la Maison Blanche fit mine de regarder ailleurs. En 1983 l’armée des États-Unis fut chassée du Liban par un attentat à la bombe meurtrier qui tua 241 marines. Derrière l’attentat il y avait le Hezbollah, le plus proche allié de l’Iran au Liban. En 1986 le président Reagan perdit la face à cause du scandale de l’Irangate.
Après le 11 septembre, l’Iran se retrouva sur la liste de « l’Axe du Mal » [1].
En 2003 l’invasion de l’Irak redistribua les cartes dans la région. Saddam Hussein, principal adversaire de l’Iran, fut éliminé, et les chiites parvinrent au pouvoir. L’Irak n’était plus un ennemi héréditaire, mais un allié. A ce moment, l’Iran avait déjà pas mal d’influence en Syrie, au Liban ( Hezbollah) et en Palestine (Hamas). A l’inverse, les États-Unis perdirent graduellement leur emprise sur l’Irak. L’hégémonie régionale pencha en direction de Téhéran.

Source : latimes.com

Ce n’est pas un hasard si la controverse à propos du programme nucléaire de l’Iran a commencé à cette période. La question nucléaire était par excellence le levier de Washington pour restreindre l’influence croissante de l’Iran et mettre le pays à genoux.
L’Iran n’a jamais eu - et n’a toujours pas - l’intention de développer une bombe atomique à court terme [2]. Acquérir une arme nucléaire n’est pas un objectif essentiel pour les dirigeants iraniens.
En outre, le pays n’est pas en état d’y parvenir rapidement. Il ne dispose pas de suffisamment d’uranium appauvri et n’a pas non plus de missile fiables d’une portée suffisante, pas plus qu’une force aérienne assez équipée pour pouvoir atteindre Israël. Si c’était le cas, Israël aurait bombardé les installations nucléaires depuis longtemps [3].

La première résolution des Nations Unies concernant le programme nucléaire de l’Iran date de juillet 2006. Depuis, Washington a tout fait pour isoler le pays et le ruiner. En 2003 puis encore en 2009, l’Iran avait présenté des propositions pour parvenir à un accord avec les États-Unis, mais Washington avait refusé dans les deux cas [4]. Finalement ils y sont tout de même arrivés ...
Ce n’est pas la première fois que Washington conclut un pacte avec « le diable ». Roosevelt a collaboré (temporairement) avec Staline pour abattre l’Allemagne nazie et Nixon, après la défaite au Vietnam, a conclu un accord avec Mao pour affaiblir l’Union Soviétique.
En géopolitique, les principes ou l’idéologie ne jouent pas un rôle important, il s’agit des intérêts purs et durs. C’est le cas ici, une fois encore. Jetons un œil sur ces intérêts et sur la question de savoir pourquoi les deux partenaires ont pris un tel virage et pourquoi maintenant. Nous verrons aussi quels avantages les deux pays tentent de tirer de cet accord.

Mobiles des États-Unis

Commençons par les États-Unis. Cinq facteurs au moins expliquent pourquoi Washington essayait d’avoir un accord et une collaboration avec Téhéran.

Surexploitation

Le premier gouvernement Bush était un vrai cabinet de guerre [5]. Il voulait faire plier des pays indisciplinés du Moyen-Orient et d’Afrique. Après le 11 septembre l’objectif des cinq années à venir était, après la conquête de l’Afghanistan, « de détruire » sept autres gouvernements : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan en l’Iran. Mais l’Afghanistan et l’Irak débouchèrent sur un fiasco militaire. En outre ils furent une vraie catastrophe économique. A eux deux ils ont coûté plus du double de la guerre contre le Vietnam [6].
La guerre contre le terrorisme, ce fut manifestement un pont trop loin pour les États-Unis. La désillusion fut immense et Obama fut élu avec la promesse de se retirer d’Irak et d’Afghanistan. Dans le même contexte, une attaque militaire contre la Syrie fut finalement annulée [7].

Moins d’intérêt pour le Moyen-Orient

Jusqu’à très récemment le Moyen-Orient avait une importance vitale pour l’approvisionnement pétrolier des États-Unis. Mais c’est de moins en moins le cas, grâce au développement propre du gaz de schiste et des sables bitumineux, ainsi qu’à l’exploitation des grandes réserves de pétrole au Canada. Les États-Unis sont actuellement le producteur de pétrole et de gaz ayant la plus forte croissance au monde. L’importation de pétrole moyen-oriental va diminuer de près de 40 % entre 2011 et 2017. Vers 2020, ils seront exportateurs nets de gaz naturel [8].

Focus sur la Chine

En 1992, un an après la chute de l’Union Soviétique, le Pentagone déclarait : « Notre premier objectif est d’empêcher qu’un nouveau rival n’apparaisse sur la scène mondiale. Nous devons détourner les concurrents potentiels même de simplement chercher à jouer un rôle plus important au niveau régional ou mondial ». C’est la doctrine qui a été maintenue, quel que soit le président [9].

Aujourd’hui, cela fait penser en premier lieu à la Chine. Pour Hillary Clinton, l’attention stratégique des USA devait se déplacer vers l’Océan Pacifique : “L’avenir de la politique se décidera en Asie, pas en Afghanistan ou en Irak. Et les États-Unis se trouveront exactement au centre de l’action”. Dans un débat télévisé avec Romney, Obama était déjà plus explicite, il qualifiait la Chine d’adversaire [10].

Ce ne sont pas simplement des mots. Tout autour de la Chine, les USA ont des troupes, des bases militaires, des points d’appui ou des centres d’entraînement dans 17 pays ou territoires maritimes : Tadjikistan, Kirghizie, Afghanistan, Pakistan, Mer d’Arabie, Océan Indien, Détroit de Malacca, Australie, Philippines, Océan Pacifique, Taïwan, Corée du Sud, Inde, Bangladesh, Sri Lanka, Népal et Malaisie. De nouvelles bases sont prévues en Thaïlande, au Vietnam et aux Philippines.

Source : washingtonpost.com

Il existe une collaboration militaire avec la Mongolie, l’Ouzbékistan, l’Indonésie et récemment aussi avec la Birmanie. D’ici 2020, 60% de la flotte sera stationnée dans la région. Si l’on examine une carte il n’est pas exagéré de poser que la Chine est militairement encerclée [11].

source : media.economist.com

Une radicalisation menaçante

Un quatrième facteur est la radicalisation des djihadistes sunnites dans la région. En Syrie, des milices extrémistes ont pris la main et les États-Unis ont très peu de prise sur elles [12]. En Irak, 5.000 personnes ont déjà été assassinées par Al-Qaida rien que les 6 premiers mois de l’année. Au Liban aussi, la situation risque de devenir incontrôlable [13].

Source : policymic.com

Dans le passé, le Pentagone a déjà souvent collaboré étroitement avec des groupes islamiques extrémistes. Ce fut le cas en Afghanistan dans les années ’80, en Bosnie dans les années ’90, un peu plus tard au Kossovo et récemment en Libye et en Syrie. Mais cela à condition que les États-Unis gardent l’avantage. Washington veut bien aider à faire tomber le gouvernement pro-iranien au Liban et en Syrie, mais pas pour renforcer les djihadistes transnationaux, encore moins pour se faire taper sur les doigt par les émirats fondamentalistes.
La Jordanie devrait suivre rapidement, et dans ce cas Israël serait entouré de régimes extrémistes. C’est un scénario de cauchemar [14]. Aux yeux de Washington, les extrémistes sunnites sont devenus un facteur trop peu contrôlé et donc risqué dans la région.

Des alliés régionaux

Un cinquième facteur concerne les alliés régionaux des États-Unis. Après le « printemps arabe », un certain nombre de régimes autocratiques de la région sont devenus des partenaires douteux ou affaiblis. C’est le cas en premier lieu de l’Égypte, mais aussi du Yémen, de la Jordanie, de Bahrein et de la Tunisie. Cela vaut également pour l’Arabie Saoudite, qui en outre se trouve devant un délicat passage de générations [15].

Washington avait espéré que le Pakistan serait un appui important pour contrôler la situation en Afghanistan après le départ de la majorité des troupes. Mais la guerre a fortement affaibli le Pakistan et le pays doit aussi encaisser une forte déstabilisation intérieure à cause des djihadistes [16].

Ensuite il y a l’Afghanistan et l’Irak. Dans ces deux pays, des régimes partisans des USA ont été mis en selle. Mais il apparaît qu’ils ne sont pas aussi dociles qu’espéré. Ils suivent de plus en plus leur propre cap, indépendamment de la Maison Blanche et parfois carrément contre elle. C’est ainsi que l’Irak a refusé d’ouvrir son espace aérien aux États-Unis pour bombarder l a Syrie tandis que les Iraniens peuvent s’en servir tranquillement pour assister l’armée syrienne [17].

Source : reuters.com

Avantages pour les États-Unis

C’est la conjonction de ces cinq facteurs qui explique pourquoi les USA ont cherché un rapprochement avec l’Iran. Ils ne sont plus en mesure de dominer unilatéralement le monde entier ni de choisir et de contrôler leurs alliés à la carte. Doser et équilibrer, voilà le message.

Zbigniew Brzezinski, super-conseiller de différents présidents des États-Unis et chef d’orchestre de la politique étrangère de Washington en ce moment, l’exprime en ces termes :

« La nouvelle réalité c’est qu’aucune grande puissance n’est en mesure de « dominer » l’Eurasie et donc de « commander » le monde. Le rôle de l’Amérique, en particulier après avoir perdu vingt années, doit maintenant être plus subtil et jouer davantage sur les nouveaux rapports de force en Eurasie » [18].

Grâce à l’accord conclu avec l’Iran, Washington obtient davantage d’espace (militaire) pour se concentrer sur d’autres régions, en particulier sur la région de l’Océan Pacifique [19]. Ce n’est pas que les USA veuillent se retirer de la région, mais ils ne veulent pas conserver une trop forte empreinte militaire, qui serait inutile et les empêcherait d’atteindre d’autres objectifs prioritaires [20].

The U.S. Military’s Pivot to Africa, 2012-2013 (key below article) ©2013 TomDispatch ©Google

Une collaboration avec l’Iran leur permettra mieux de maîtriser la situation en Syrie, en particulier la menace djihadiste. Cela vaut également pour la situation en Afghanistan après le retrait d’une grande partie des soldats US en 2014 [21]. Le soutien de Téhéran est également indispensable pour améliorer la situation en Irak, au Liban t en Palestine [22]. Enfin la collaboration avec l’Iran fera diminuer l’influence de la Russie dans la région après le 11 septembre. C’est toujours ça de gagné pour Washington [23].

Ce ne serait pas la première fois que Téhéran et Washington collaborent pour contrer des djihadistes extrémistes. C’est déjà arrivé en Irak et en Afghanistan, respectivement contre Al Qaïda et les Talibans. Mais il s’agissait à chaque fois d’une collaboration tactique qui ne changeait rien à l’attitude globalement hostile entre eux et n’avait pas d’impact sur les alliances des États-Unis dans la région. Cette fois-ci nous avons à faire avec une collaboration stratégique qui redistribue les cartes au Moyen-Orient [24].

Par cette approche les États-Unis cherchent un équilibre stratégique entre Chiites et Sunnites. Aucun des deux camps ne peut devenir assez puissant que pour avoir le dessus. Un islam divisé dont les pôles assurent l’équilibre et se neutralisent jouent parfaitement le jeu d’Israël et des États-Unis. C’est la stratégie « diviser pour régner », qui a si bien fait ses preuves [25].

Avantages pour l’Iran

L’invasion de l’Irak n’a pas seulement été une défaite pour les États-Unis, elle a fait basculer les rapports de force régionaux au profit de Téhéran. L’Irak, principal pays chiite après l’Iran, est tombé dans la sphère d’influence de Téhéran. La Syrie et le Liban se trouvaient déjà dans cette sphère, et à Gaza aussi Téhéran faisait valoir son influence via le Hamas. Le pays s’est développé en grande puissance régionale. Le Président Ahmadinejad (2005-2013) a mené une politique étrangère radicale et assurée [26].

Trois facteurs sapent cette position renforcée :

  1. la guerre en Syrie
  2. la situation en Irak
  3. les sanctions économiques.

La guerre en Syrie

La Syrie est la ligne de front de la lutte sunno-chiite au sein de l’islam, avec en gros d’un côté l’Iran perse et de l’autre les sunnites des pays arabes et de Turquie. A cet égard il est évident que l’Iran fait tout pour maintenir en place le règne d’Assad. Mais cette guerre coûte cher à ce pays qui ploie sous l’embargo économique, un montant qu’on évalue à environ 9 milliards de dollars par an [27].

En outre, la guerre civile en Syrie évolue dans une direction fâcheuse. Tolérés ou soutenus par les états du Golfe et la Turquie, les djihadistes radicaux ont rapidement pris l’avantage au sein des milices. La Syrie est devenue un vivier de combattants islamiques sunnites ultra-radicaux bien entraînés et bien organisés. Ceci est extrêmement alarmant pour Téhéran, d’autant plus que ce foyer extrémiste menace de s’étendre vers le Liban [28].

Le chaos en Irak

En Irak, la situation évolue défavorablement pour Téhéran. Lentement mais sûrement, le pays tombe en morceaux, et le premier Ministre chiite Maliki n’a plus guère de contrôle sur son pays. Au nord, le Kurdistan est semi-indépendant. Dans beaucoup de villes au centre du pays l’armée s’est retirée et les sunnites radicaux font la loi. Dans son combat contre al Qaïda, Maliki a conclu une alliance avec les chefs de clans les plus sunnites, mais ceux-ci viennent de renoncer à cette alliance. Le gouvernement central n’a plus la maîtrise totale que dans le sud chiite [29].

La forte sphère d’influence sur laquelle avait tablé Téhéran n’est finalement pas arrivée. Avec la guerre en Syrie et la montée de djihadistes radicaux en Irak, au contraire l’Iran est sur la défensive. Depuis 2003 le pays est encerclé par des troupes US ou des djihadistes radicaux.

Source : temi.repubblica.it

Les sanctions économiques

Depuis 2006 les États-Unis et l’Union Européenne ont resserré peu à peu l’embargo contre l’Iran. Cet embargo ne concerne pas seulement le commerce mais aussi les investissements étrangers et les tentatives des États-Unis pour exclure l’Iran du système bancaire international [30].

Les répercussions sont catastrophiques. Les sanctions sont devenues douloureuses surtout ces deux dernières années. L’inflation est de 40 % sur une base annuelle et le chômage des jeunes s’élève à 28 %. Depuis 2005 la pauvreté est passée de 22 à 40 %. En ce moment les revenus pétroliers sont inférieurs de 60 % à ce qu’ils étaient en 2005. La valeur du rial a diminué de 70 % et rien qu’en 2012les réserves extérieures passaient de 110 à 70 milliards de dollars. En 2012 le PNB a baissé de 5,4 % [31].

À terme cela n’est pas tenable économiquement, mais en plus cela sape la stabilité politique. L’insatisfaction de la population augmente. Selon un sondage de fin 2012, 48 % des personnes indiquaient que les sanctions touchaient sérieusement leur vie personnelle et pour 35 autres % c’était moins le cas [32].

Ce sont surtout les revenus moyens [33], soit environ la moitié de la population, qui en ont assez de la faiblesse de l’économie et du monopole de pouvoir de la cléricature conservatrice. En Égypte, en Turquie et au Brésil, c’est la révolte des revenus moyens qui a fait trembler sur ses bases l’establishment politique. Cela n’aura pas échappé aux autorités iraniennes. [34]

Après les élections de 2009 il y a eu des vagues de protestations. C’est ce qu’on a voulu éviter lors des dernières élections de juin. Le fait que 51 % de la population a voté pour l’actuel président Rouhani, alors qu’il n’était pas le candidat préférentiel de l’Ayatollah Khamenei, le plus haut dirigeant religieux, est très significatif. La direction du pays a compris ce signal et a donné le feu vert aux pourparlers avec les États-Unis [35].

Sauver les meubles

Reprenons point par point les éléments iraniens. Après l’invasion en Irak les rapports de force régionaux étaient assez favorables pour le pays. Mais la combinaison de la guerre en Syrie, la situation instable en Irak et les sanctions économiques aggravées, les mirent en péril. Téhéran se rendit compte qu’il n’était pas assez fort, dans les circonstances du moment, pour endosser le rôle de grande puissance régionale. Il était donc temps d’abandonner la politique étrangère radicale et de s’asseoir à la table des négociations, d’autant plus que les États-Unis également voulaient réduire leur empreinte militaire dans la région [36].

Début septembre Obama voulait bombarder la Syrie. Son intention n’était pas d’éliminer le président Assad mais bien de l’affaiblir et de freiner l’offensive de l’armée syrienne. En concluant un accord avec les États-Unis, Téhéran a pu éviter ce scénario désavantageux [37].
img huit bonnes raisons
Grâce à l’accord Téhéran peut aussi consolider sa position en Irak, et la position de son allié syrien s’en trouve renforcée. L’Iran est reconnu de fait comme la grande puissance régionale légitime et il renforce sa position vis-à-vis de la Russie et de la Turquie [38].

L’amélioration des relations avec l’Occident va revivifier l’économie. De nouveaux investissements étrangers étaient urgents pour moderniser l’appareil de production, et ils vont sans doute arriver rapidement. La diminution des sanctions sera aussi rapidement sensible pour les budgets des Iraniens, ce qui donnera plus de légitimité au gouvernement [39].

Conclusion

L’accord que concluent les deux pays est provisoire et il a une portée limitée. Mais si les deux partenaires en respectent les clauses, cet accord débouchera dans les six mois sur un grand accord de coopération. Et cela pourrait certainement avoir pour effet un séisme dans tout le Moyen-Orient.

Marc Vandepitte

Traduit depuis le néerlandais par Anne Meert pour Investig’Action

[5Le vice-président Dick Cheney, en tant que ministre de la Défense, fut politiquement responsable de l’invasion du Panama (1989) et de l’opération ‘Desert Storm’ en Irak (1991).
Le ministre des Affaires Étrangères Colin Powell : ancien chef d’état major de l’armée e.a. pendant l’opération ‘Desert Storm’.
Le ministre de la Défense Donald Rumsfeld : ancien pilote, était auparavant déjà ministre de la Défense et ambassadeur auprès de l’OTAN ; sous Reagan il supprima le mot « détente » (entre les USA et l’URSS) du vocabulaire officiel.
Le secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz : travailla comme conseiller au Pentagone et aida à créer le « Central Command », épine dorsale des forces armées pendant la Guerre du Golfe ; il a lancé la théorie des faucons de l’unipolarité, càd qu’après la chute de l’URSS les USA doivent dominer le monde ; il enseigna au National War College.
Richard Armitage, assistant du secrétaire d’État : a fait carrière au Pentagone et fut négociateur pendant la Guerre du Golfe et en rapport avec une base militaire aux Philipinnes.
James Kelly, Secrétaire d’État adjoint, a servi à la Navy et travaillé au Pentagone.
I. Lewis Libby : assistant du vice-président Cheney pour les affaires de sécurité, il travaillait déjà pour le ministère de la Défense, il fut décoré par la Navy et lança avec Wolfowitz la doctrine de l’unipolarité.
John Negroponte : ambassadeur auprès des Nations Unies, une des figures-clés de la guerre sale et secrète contre les Sandinistes au Nicaragua (des dizaines de milliers de morts, surtout civils).
Richard Perle : conseiller du ministre de la Défense, membre influent de l’American Free Entreprise Institute, un Think Tank ultra-conservateur ; membre d’un groupe de travail étudiant comment les technologies de pointe peuvent améliorer la productivité de l’armée ; auteur de « Hard Line ».
Source : Vandepitte M., ‘Irak : Startschot voor de Derde Wereldoorlog’, Brussel 2003, p.71-2.

[12Au sein des groupes rebelles, les djihadistes sont devenus majoritaires. L’armée Syrienne Libre, qui est laïque, compte 50.000 combattants. Les djihadistes ont 54.000 à 69.000 combattants, largement étrangers au pays. La milice la plus « efficace » est celle signée Al Qaïda, avec Jabhat al-Nusra et ses 7.000 combattants. Chez les djihadistes la répartition est la suivante : le Front Syrien de Libération compte 37.000 combattants, le Front syrien Islamique 10 à 25.000 et Jabhat al-Nusra 7.000.
http://www.policymic.com/articles/42317/who-are-the-syrian-rebels-a-basic-intelligence-briefing-on-the-assad-resistance
http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-15798218
http://www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21582037-one-islamist-rebel-group-seems-have-overtaken-all-others-competition-among
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/ce19f802-6c5e-11e2-b774-00144feab49a.html?siteedition=intl#axzz2KIkH3LkW http://www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21578057-more-decent-rebel-groups-are-being-squeezed-between-regimes-forces-and
Peu de prise

[13Liban : idem lien

[18Brzezinski Z., ‘Strategic Vision. America and the Crisis of Global Power’, New York 2012, p. 131.
Choisir leurs alliés

[19Espace militaire
Dans les autres continents aussi les activités militaires sont accrues. Les USA auraient plus de 700 bases militaires ou installations à l’étranger. En Amérique du Sud, après 60 ans, ils rendaient à nouveau opérationnelle la Quatrième Flotte. La CIA fut directement ou indirectement partie prenante des coups d’état au Venezuela (2002) et au Honduras (2009). En 2009 le Pentagone créait Africom, un nouveau commando militaire coordonnant toutes les opérations sur le continent africain. Africom est maintenant actif dans 49 des 54 pays africains et les USA ont des bases militaires ou des installations permanentes dans au moins 10 pays. La militarisation des USA sur ce continent augmente durablement.
http://www.globalsecurity.org/org/news/2004/041101-iraq-basing.htm http://www.rense.com/general88/usnato.htm
http://www.globalresearch.ca/africa-nato-africom-and-the-new-white-man-s-burden/27607
http://www.alternet.org/print/world/huge-growth-us-military-ops-africa


 http://www.michelcollon.info/Vers-un-seisme-au-Proche-Orient.html

COMMENTAIRES  

22/12/2013 10:48 par Adrien Lamprouge

J’avais pourtant lu que les USA avaient déjà violé ce traité et maintenu un embargo féroce , de toute façon dans la situation économique et géopolitique actuelle ça ne peut qu’arriver un moment ou l’autre , les USA n’ont jamais respecté un seul traité est ce n’est pas demain que ça arrivera , en attendant c’est une mauvaise nouvelle d’apprendre qu’un état voudrait collaborer avec tonton Sam , vouloir baisser son froc devant son ennemis juste pour un cessez-le-feu qui s’est déjà sans doute interrompu ne va pas décourager Washington d’essayer de rétablir son emprise sur cette partie du monde , les bourgeois yankee ont besoin de toute les ressources et de tout les esclaves possible pour faire tenir Wall Street , jamais ils ne laisseront un aussi grand territoire tomber entièrement dans la sphère de la première puissance impérialiste venu.

22/12/2013 17:07 par SEITU KARANJA

Ce n’est certes pas facile de commenter les approches de gouvernements quand la ligne directrice n’est pas clairement exprimée et quand la diplomatie s’en mêle.

Beaucoup d’observateurs pourraient aisément rejeter la notion d’"ennemis héréditaires" en arguant par exemple l’impossibilité pour les USA d’envahir l’Irak sans un aval de l’Iran. Rappelons que Saddam avait essayer par tous les moyens d’obtenir le soutien de l’Iran ; il avait même fait ses avions de chasse atterrir chez son voisin ennemi. En tous cas lors de l’invasion de l’Irak et son occupation, l’Iran ne s’est pas contenté d’une bienveillante neutralité. Il en a activement participé au travers de la militarisation des groupes chiites contre la résistance irakienne composée majoritairement de sunnites et des partisans de Saddam Hussein et en donnant son feu vert aux gouvernements collabos composés de chiites - pour la propagande US et impérialistes les chiites constituaient la majorité de la population irakienne, opprimée sous Saddam.

Bien plus, des résistants iraniens en territoire irakien, les fameux moudjahidines, ont été désarmés, neutralisés et dénommés "terroristes" par les occupants US.

Actuellement les millions d’irakiens sunnites déplacés cherchent à recouvrer leurs biens, leurs toits ; et la guerre civile sanglante, engendrée et entretenue par l’impérialisme US pour éviter son anéantissement en Irak, perdure.

Imaginons un seul instant que l’Iran ait choisi d’être la base arrière de l’Irak envahie, pour combattre son "ennemi héréditaire", l’épuiser et le vaincre, croyez-vous que le monde arabe et les musulmans seraient aujourd’hui aussi divisés ?

On comprend donc que seule l’unité des sunnites et des chiites peut contrer tous les plans échafaudés par les ennemis du monde arabe et des musulmans, y compris les terroristes "islamistes" créés par les monarchies féodales et les impérialistes.

22/12/2013 18:06 par Zéphir

L’auteur de cet article néglige des éléments importants, qui si ils étaient cités, remettrai en cause les fondements même de cet article.
Si les USA n’ont pas attaqué la Syrie ce n’est pas en raison d’une reconcentration de leurs forces ou une surrexpostion de celle-ci. C’est simplement que la Russie à envoyer un message très sérieux et lourd de sens par le déploiement de ses forces navales dans les eaux Syriennes.
L’auteur oublie volontairemenent ou non de dire que les djihadistes sont soutenus tout azimuts par le Quatar la Turquie et l’arabie séoudité et que ces pays obeissent au doigt et a l’oeil aux USA.
C’est sur ordre des Etats Unis d’Amérique que ces pays avec la France et d’autres ont attaqués la Syrie et c’est sur son ordre qu’ils stopperont les hostilités.
Je ne sais pas pourquoi l’auteur ne parle pas de ces éléments. Mais si c’est pour induire les gens en erreur, il est préférable qu’il réserve ses articles au monde ou à libé

23/12/2013 07:17 par Sierra

"L’Iran n’a jamais eu - et n’a toujours pas - l’intention de développer une bombe atomique à court terme [2]. Acquérir une arme nucléaire n’est pas un objectif essentiel pour les dirigeants iraniens"

Un peu léger tout de même, niveau source.

23/12/2013 16:22 par manant

@ Sierra : il vous faut une source ? Vous attendez de la trouver sur TF1 pour qu’elle soit béton ? Croyez-vous ne pas disposer d’assez d’éléments pour vous faire une opinion par vous même en sachant que la guerre contre l’Iran est aussi psychologique et repose beaucoup sur des médias qui ne s’empressent pas de chercher des sources contraires à celles qu’on leur sert ?
Assez d’accord sur la faiblesse de cet article qui est une compilation statistique passé au crible d’une vision du monde qui croit encore à la logique de la puissance militaire occidentale qui a toujours été mise en échec et n’a réussi qu’à créer des abcès de fixation. Il y a, pour le coup, des sources concordantes qui parlent de la véritable guerre sur et sous la mer que se sont livrés Russes et Occidentaux au large de la Syrie et qui a totalement enlevé à ces derniers le goût de "frapper" Damas. Si vous suivez l’évolution des informations militaires, vous apprendrez qu’il ne se passe pas de jour sans que la Russie, la Chine, les USA ou l’Inde n’annoncent des manœuvres ou des essais à caractère militaire touchant la puissance balistique, sous-marine, spatiale… C’est un petit jeu pour forcer les occidentaux à comparer leur puissance à celle qu’ils auront en face… au cas où.
Mais au-delà de ces considérations, l’article a le mérite de montrer que les calculs d’épiciers ont du bon. Il permet de suggérer, en creux, que l’Iran n’est pas à vrai dire, et n’a jamais été, une puissance anti-impérialiste, mais une puissance d’inspiration gaullienne (basée sur le respect de la souveraineté et de la défense tous azimuths basée sur le rapport du faible au fort). Et comme le rappelait de Gaulle, la politique est fille de la géographie. Celle de l’Iran est le produit d’un pays carrefour dont les classes dominantes se sont toujours intéressées aux échanges commerciaux depuis les temps les plus reculés, sans autres considération que le profit le plus large pour elles et le contentement de tous les clients. Sur cette base, les Étasuniens ne pourraient que dire : chiche. Il échappe également à la perspicacité de notre auteur un fait historique qui fait que, aussi opposés qu’ils puissent être, les Russes et les Étasuniens s’entendront toujours pour neutraliser l’Europe qu’ils tiennent pour responsable de deux guerres mondiales. Et ils rencontrent, à ce propos, un troisième larron toujours en veille : la Grande Bretagne, sorte de tiers interdit nécessaire. C’est la Grande Bretagne qui, la première, se retira du jeu guerrier contre la Syrie, entrainant le retrait étasunien puis le compromis "chimique" russe. Ce sont les 3 grands acteurs de la politique mondiale pour quelque temps encore.

23/12/2013 16:59 par Eric

@SEITU KARANJA

dire que l’Iran a été complice des Usa lors de l’invasion et que c’est le point central de la division entre les Chiites et les Sunnites est un peu fort de café.
C’est oublier que les pays du Golfe, Arabie Saoudite en tête, sunnite était allié avec les Usa lors des deux agressions contre Saddam.
Ensuite la récente histoire de l’Iran, une guerre meurtrière contre son voisin de 1980 à 1988, puis les repressions féroces contre les Chiites irakiens explique l’animosité et la défiance de Téhéran contre l’Irak de Saddam et il était évident qu’il n’allait pas lui dérouler le tapis rouge. De la real politik mais de là à parler de complicité active

Eric Colonna

(Commentaires désactivés)