Les partisans sincères et déterminés de la paix au Moyen-Orient et dans le monde, prêts à agir pacifiquement et légalement en ce sens, et Dieu sait s’ils sont nombreux et même majoritaires, devraient concentrer leurs efforts et accorder leurs violons sur l’éradication des principales racines du mal, tout en continuant parallèlement à dénoncer et contrecarrer autant que possible ses méfaits actuels, le blocus, les entraves à l’auto-détermination, la poursuite de la colonisation, etc.
Le récent accord de cessez-le-feu du 9 octobre 2025, ne comporte absolument rien qui puisse laisser présager, même chez les plus optimistes, une quelconque paix durable et juste en Palestine occupée, ni même une quelconque amélioration du sort du peuple palestinien, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie. On ne remplace pas un colonialisme israélien par un autre, américano-britannique ou européen, ou même arabe. Sauf si on considère qu’il s’agit là d’un peuple maudit qui ne mériterait pas de choisir lui-même ses dirigeants. Quant au Hamas et aux organisations armées relevant ou proches de lui, ce ne sont rien d’autre, en vertu de la résolution 37/43 de 1982 de l’ONU, que des « mouvements légitimes de résistance à l’occupation ». Les qualifier de terroristes a toujours contredit cette résolution, même après les accords d’Oslo restés lettre morte en ce qui concerne l’arrêt de la colonisation. C’est ce qu’avait d’ailleurs déclaré en substance le représentant de la Chine devant la Cour Internationale de Justice en 2024. Les actions armées sanglantes de l’IRA en Irlande, contre l’occupant anglais, et de MK en Afrique du Sud, contre les colons blancs, avaient-elles rendu ces deux peuples inaptes à décider souverainement de leur avenir ? Il y a donc ainsi un trop grand nombre d’aspects importants sur lesquels les discussions entre les nombreuses parties concernées par la question palestinienne vont encore se résumer à un dialogue de sourds, d’où les faibles probabilités d’arriver dans ces conditions à une paix globale et juste, conforme aux résolutions pertinentes de l’ONU.
A moins, revenons-y, de nous attaquer résolument et patiemment à la principale racine du mal, l’idéologie sioniste. Et par quel moyen ?
Il faut rappeler d’abord que nulle part dans le monde occidental, Europe, Grande-Bretagne, EU, Canada, toutes parties prenantes au drame qui se joue, et dont l’action pour une véritable paix serait déterminante, nulle part dans ces pays donc il n’est permis, depuis des décennies déjà, de critiquer, accuser, ou contrarier les sionistes sans être accusé d’antisémitisme, et la législation de ces pays non seulement devient de plus en plus tyrannique et scélérate sur ce plan, mais en plus s’étend à présent au web et aux réseaux sociaux, à l’enseignement et l’éducation. En conséquence, la population de ces pays est terrorisée, les voix et figures courageuses font face à un défi de plus en plus difficile à relever, et le règne sans partage des réseaux sionistes ne cesse de se consolider. Un désastre incommensurable pour les enfants, pour la jeunesse montante, pour les générations futures, pour les valeurs humaines universelles, pour la paix dans le monde et pas seulement au Moyen-Orient.
Pourtant, il existe une solution à la fois simple et facile pour contrer efficacement cette dérive : en 1975, le sionisme a été reconnu « forme de racisme et de discrimination raciale » par l’assemblée générale de l’ONU (résolution 3379), mais durant la décennie suivante, les dirigeants israéliens, appuyés par les grandes puissances bien sûr, ont assuré et répété avec insistance au reste du monde qu’ils étaient prêts à œuvrer concrètement pour réaliser la « solution à deux Etats », en commençant par des négociations de paix avec Yasser Arafat, à condition que la dite résolution 3379 soit annulée. La grande majorité des pays membres de l’ONU n’ont alors accepté cette démarche que sur la base de cette promesse de paix. C’est ainsi que le 16/12/1991 fut prise la plus étrange résolution (4686) de l’histoire de l’ONU, très brève et sans exposé des motifs (et pour cause..), annulant purement et simplement la résolution 3379.
Le monde entier a compris à présent que depuis cette date, les dirigeants israéliens et leurs sponsors ont clairement démontré qu’ils se sont bien moqués et se moquent toujours de leurs peuples et des dirigeants et peuples du reste du monde.
La solution consiste donc en ce qu’un pays ou un groupe de pays, du sud nécessairement vu les circonstances, prenne l’initiative d’une nouvelle résolution qui annulerait celle de 1991, réactiverait simultanément et automatiquement celle de 1975, et mettrait fin définitivement à la confusion scandaleuse entre antisionisme et antisémitisme que veut imposer par tous les moyens l’empire sioniste dans le monde entier après l’avoir imposée dans les pays occidentaux, jusque dans leurs législations. Certes, les résolutions de l’Assemblée Générale ne sont pas contraignantes, mais elles exercent une influence indirecte importante sur le droit interne des Etats membres, elles sont considérées comme une affirmation d’un droit flexible (soft law) en ce qu’elles expriment la volonté politique et la conscience de la communauté internationale, surtout lorsqu’elles sont adoptées à une large majorité ; elles contribuent en outre à l’élaboration du droit international en créant des normes et des précédents, les Etats décident souvent de les intégrer à leurs législations nationales pour se conformer aux principes universels, à la volonté de la communauté internationale, et à l’évolution du droit international, (le plus ancien exemple est la résolution portant déclaration universelle des Droits de l’homme, ou encore celle consacrant les Droits de l’enfant) ; enfin elles confèrent également une légitimité aux actions des Etats dans la mise en œuvre de leurs politiques, surtout dans le domaine des Droits de l’homme et des problèmes de racisme et discriminations.
Cela soulagera ainsi du même coup à moyen terme les peuples européens et leurs meilleurs intellectuels de cette chape de plomb et des persécutions qu’ils subissent. Ce serait alors un rebondissement étonnant et magnifique de l’histoire contemporaine, où les peuples du sud auront ainsi libéré ceux du nord de la domination sioniste, le but ultime étant de permettre à cette majorité brimée de s’exprimer librement, de reprendre la place majoritaire qui lui revient dans les institutions représentatives officielles, et donc de changer à moyen terme l’orientation politique et le positionnement de leurs pays, sur ce point entre autres, dans le sens d’une paix juste et durable, conforme aux résolutions de l’ONU, notamment le retour aux frontières de 1967.
Cette solution est tout à fait possible et facile à mettre en œuvre selon les règles de fonctionnement de l’ONU, et l’initiative peut même être prise par un seul pays, qui en serait donc le parrain, et qui serait alors suivi à coup sûr par de nombreux autres (co-auteurs), du Sud et même peut-être du Nord. Ce projet serait alors automatiquement soumis à l’examen et au vote de la troisième grande commission de l’Assemblée Générale (la commission sociale, humanitaire et culturelle SOCHUM), dans laquelle peut siéger un représentant de chaque Etat membre, avant d’être soumis au vote de la session plénière de l’Assemblée. Une majorité simple est requise, mais il ne fait aucun doute qu’elle sera adoptée à une majorité écrasante.
Des pays résolument anti-impérialistes et antisionistes comme la République Sud-Africaine, l’Algérie, la Tunisie, le Venezuela, la Colombie, la Bolivie, le Mexique, Cuba, l’Iran, et bien d’autres, peuvent très bien prendre cette initiative. Les diplomates de ces pays apprécieront par ailleurs l’opportunité de demander la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée Générale, s’ils estiment, et ils auraient alors raison, que l’importance de la question et les circonstances contre-indiquent l’attente de la prochaine session ordinaire.
Autre conséquence, collatérale celle-ci, d’une telle initiative : de nombreux Etats qui semblent depuis longtemps jouer double jeu sur cette question seront obligés de jeter complètement le masque, car on peut diverger sur les moyens de mettre fin à des crises conjoncturelles, mais pas sur une question aussi fondamentale.
