« Citoyen palestinien » : les reçus britanniques concernant David Ben-Gurion

Story Ember leGaïe

Les archives ne mentent jamais. Les propagandistes, oui.

Un document du ministère britannique des Affaires étrangères datant de 1941, tamponné, signé et classé, accorde un visa de transit à « M. David BEN-GURION, citoyen palestinien ».

Pas un Israélien. Pas un « réfugié juif retournant dans sa patrie ancestrale ». Un citoyen palestinien.

Il s’agit du même David Ben-Gurion qui, sept ans plus tard, proclamera la création de l’État d’Israël. Le même homme qui supervisera la Nakba, le nettoyage ethnique de plus de 750 000 Palestiniens de leurs foyers, les massacres génocidaires. Le même architecte de l’effacement qui contribuera à construire le mythe selon lequel la Palestine était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ».

Et pourtant, le voici, dans les archives impériales britanniques, documenté tel qu’il était : un résident de Palestine. Un lieu qui existait. Un lieu avec des citoyens. Un lieu avec une identité qui existait avant et qui n’avait pas besoin de la colonisation sioniste pour devenir réel.

Le document

Datée du 30 septembre 1941, la lettre adressée par le bureau des passeports de Westminster au bureau des Indes confirme l’octroi d’un « visa de transit aller simple pour l’Inde » à Ben Gourion, qui devait se rendre en Palestine via le Portugal, les États-Unis, les Établissements des détroits, la Birmanie, l’Inde et l’Irak.

La lettre précise qu’il est « président de l’exécutif de l’Agence juive pour la Palestine » et qu’il est venu au Royaume-Uni « pour discuter d’affaires sionistes urgentes avec le Dr Weizmann et d’autres collègues ».

Les Britanniques savaient exactement qui il était et ce qu’il planifiait. Ils l’ont facilité. Et ils l’appelaient toujours Palestinien, car c’est ainsi qu’on appelait les résidents de la Palestine.

Ce que cela signifie

La propagande sioniste repose sur un effacement fondamental : l’identité palestinienne serait inventée, récente, réactive. On nous dit que les Palestiniens « n’ont jamais existé en tant que peuple », que la terre était vide, que la conscience nationale des Arabes de Palestine n’est apparue qu’en réponse à la création de l’État israélien.

Ce document, comme d’innombrables autres dans les archives du Mandat britannique, témoigne du contraire.

L’identité palestinienne n’avait pas besoin de la permission d’Israël pour exister. Les Britanniques, colonisateurs eux-mêmes, la reconnaissaient comme un fait bureaucratique. Ben Gourion lui-même portait des papiers qui le désignaient comme faisant partie d’une population qu’il allait plus tard s’employer à détruire.

La cruauté n’est pas l’ignorance. C’est une inversion. Le colonisateur revendique l’identité du colonisé, puis déclare que le colonisé n’a jamais existé.

Les archives comme témoins

Des documents comme celui-ci sont importants, car ils réfutent le mensonge. Vous ne pouvez pas dire « il n’y avait pas de Palestiniens » alors que les documents de votre propre père fondateur affirment le contraire. Vous ne pouvez pas prétendre qu’une terre était inhabitée alors que vos propres demandes de visa mentionnent ses citoyens.

La Nakba n’a pas été la création d’une nation qui n’existait pas. Elle a été la destruction génocidaire d’une nation qui existait bel et bien.

Ben Gourion le savait. Les Britanniques le savaient. Les archives le savent.

Maintenant, vous le savez aussi.

Story Ember leGaïe

 https://marginaliasubversiva.substack.com/p/palestinian-citizen-the-british-receipts
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