à qui profite le déclassement de l’économie française par Standard & Poor’s ?

L’usure internationale ne désarme pas, et c’est désormais au tour de la France, deuxième économie européenne, d’en faire les frais. L’agence privée étasunienne Standard & Poor’s a ainsi confirmé la dégradation des notes à long terme AA+ et à court terme A-1+ de la France. Cette décision intervient quatre jours à peine après le déclassement opéré par Moddy’s, une autre agence de notation. «  Après la stagnation de 2012, a déclaré Standard & Poor’s, nous nous attendons à ce que la croissance de l’économie française ne dépasse pas 0,4% en 2013 ».

Après avoir durement frappé les économies de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Irlande et du Portugal, les financiers britanniques et étasuniens s’en prennent aujourd’hui à la France. Et ce, dans la continuité de la une de l’hebdomadaire The Economist du samedi 17 novembre (sept baguettes de pain entourées d’un ruban tricolore, reliées à une mèche allumée telles des bâtons de dynamite), pour lequel « la France pourrait devenir le plus grand danger pour la monnaie unique européenne »… La « perfide Albion » aura pour le coup été parfaite dans son rôle de soutien à l’Oncle Sam, toujours ravi de voir les ennemis du dollar se prendre les pieds dans le tapis.

La première des conséquences de la parte du triple A, c’est l’augmentation du taux d’intérêt exigé par les créanciers. Dans le contexte actuel, la France sera ainsi obligée d’emprunter moyennant des taux d’intérêt encore plus élevés. Quand on sait qu’environ 70 % des créances sur les dettes publiques sont possédés par les 10 % les plus riches de la population (qui touchent de facto 70 % des intérêts), on comprend aisément que le système de la dette publique enrichit les plus riches au détriment des plus pauvres.

Par effet domino, la note des entreprises nationales, des banques et surtout des collectivités territoriales sera remise en cause. Les collectivités dépendant en grande partie des transferts financiers de l’État, elles ne peuvent pas bénéficier d’une meilleure note que lui. Or, une fois leur note dégradée, elles devraient faire face à des créanciers plus méfiants, qui leur réclameraient des taux d’intérêt plus élevés. Cela alourdirait le coût de leur dette et apporterait fort opportunément de l’eau au moulin des thuriféraires du démantèlement des politiques publiques.

Enfin, si les marchés continuent à imposer à la France des taux d’intérêt toujours plus élevés, alors des répercussions en chaîne sont à redouter, des finances de l’État jusqu’au porte-monnaie du consommateur.

Au moment où notre ministre de l’économie et des finances se transforme en VRP du pacte de compétitivité devant des chefs d’entreprises, il est probable qu’un nouveau tour de vis fiscal, voire une baisse sensible des dépenses de l’État, soit nécessaire afin de rassurer les marchés et les emprunteurs.

Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas prêts de voir le bout du tunnel. La crise semble totale et s’accompagne d’une exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation » ou « libéralisation ».

L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales. Souvenons-nous toutefois que l’histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.

Capitaine Martin

Résistance http://www.resistance-politique.fr/article-a-qui-profite-le-declassement-de-l-economie-fran-aise-par-standard-poor-s-112817227.html

COMMENTAIRES  

27/11/2012 05:02 par Anonyme

François Hollande devrait potasser à nouveau son « Malet et Isaac », particulièrement le règne de Philippe IV le Bel.

Ca serait drôle qu’un monarque du quatorzième siècle puisse donner un cours d’Économie Politique à un socialiste (pseudo-socialiste serait plus précis) du XXIème siècle.

Sans oublier la leçon sur le premier devoir d’un chef d’État qui se respecte : DÉFENDRE LA SOUVERAINETÉ NATIONALE.

29/11/2012 11:11 par Marcus H

70 % des créances sur les dettes publiques sont possédés par les 10 % les plus riches de la population

les détenteurs d’obligations du trésor sont bien des gros riches, mais à ceci près qu’ils sont surtout étrangers. 2/3 de la dette publique sont possédés par des non résidents. Donc je ne sais pas d’où sort cette statistique mais elle est fausse.

29/11/2012 17:22 par polo33

tant que les états ne reprendront pas le contrôle de leurs monnaies,’ ,l’usure a de beaux jours devant elle

29/11/2012 19:19 par gérard

Gaël Giraud
Membre du conseil scientifique Labex REFI
Chercheur en économie CNRS
Membre Paris School of Economics
Professeur affilié ESCP-Europe
Encore un autre qui le dit :
Rendre le monopole de la création monétaire aux banques centrales ?
http://www.revue-banque.fr/risques-reglementations/chronique/rendre-monopole-creation-monetaire-aux-banques-cen
« Les démocraties occidentales présentent un dysfonctionnement grave depuis plus de 30 ans »
http://www.revue-banque.fr/risques-reglementations/article/les-democraties-occidentales-presentent-un-dysfonc
Et son auteur est loin d’être un "gauchiste"

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