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« Xi le Dictateur » : un mythe né de l’ignorance et des préjugés (Counterpunch)

Le buzz dans les médias occidentaux a commencé il y a des années. Il a récemment atteint un crescendo avec le XIXe Congrès du Parti communiste chinois qui a confié un second mandat à Xi Jinping en tant que dirigeant national.

On a beaucoup glosé sur le fait que Xi serait maintenant le leader chinois le plus puissant depuis Mao et Deng, et même Mao lui-même. Il l’aurait emporté dans les luttes de pouvoir habituelles, et aurait supplanté ses rivaux, dit-on. Le nouveau néologisme à la mode est « Xiconomics », qui laisse entendre qu’il aurait aussi pris le contrôle de l’économie Chinoise. Tout cela assorti des éternelles allusions aux dangers de la dictature, de l’hyper-concentration des pouvoirs, de l’abus d’autorité, de la répression, etc.

Cette vision occidentale ne fait que démontrer, une fois de plus, l’ignorance et les préjugés dont ceux qui la colportent font preuve depuis longtemps à l’égard de la Chine. Pour comprendre la position de Xi Jinping, il faut étudier de plus près la nature de la gouvernance chinoise d’aujourd’hui et regarder comment elle devenue ce qu’elle est.

La Chine d’aujourd’hui est une méritocratie qui a un leadership véritablement collectif. Ces deux caractéristiques déterminantes ont pris forme à l’époque de Deng Xiaoping. Pour Deng et ses camarades réformateurs, les excès dévastateurs de la période maoïste ont clairement démontré qu’un pouvoir incontrôlé au sommet était très dangereux pour le bien de la nation. Deng a interdit tout culte de la personnalité autour de sa personne. De toute façon, la présence d’autres révolutionnaires de la première génération - comme Chen Yun et Li Xiannian – montrait bien que Pékin n’était plus dirigé par un seul homme.

Après Deng, la Chine s’est installée dans un système où le chef du Parti communiste partageait l’autorité avec ses collègues du Comité permanent du bureau politique du parti communiste. Ils ont mis en place un système efficace de méritocratie en ressuscitant l’examen impérial de la compétence idéale pour évaluer au mieux l’aptitude à occuper des postes élevés. Au XXIe siècle, les critères de bonne gouvernance ont été l’expérience et la capacité d’action. Le résultat : un parti et un gouvernement éprouvés dont les cadres et les dirigeants ont accumulé une expérience bien plus riche et des compétences bien plus impressionnantes que celle de leurs homologues de n’importe quelle démocratie.

Avec 85 millions de membres, le Parti communiste lui-même est plus grand que la plupart des nations sur Terre. La « dictature du parti unique » qu’ont inventée les occidentaux, dans leur ignorance, est en fait un assortiment de multiples factions aux intérêts divergents réunies sous un même toit. Les différences entre ces factions sont plus grandes et infiniment plus significatives que celles qui existent entre les partis Démocrate et Républicain aux États-Unis, par exemple. Les débats internes au Parti communiste chinois sur les politiques à mener sont fréquents et vigoureux. A la fin, les questions non résolues sont réglées par le Comité permanent.

Les meilleurs cerveaux de la nation débattent et décident des meilleures politiques de gouvernance pour la nation. Ce n’est donc pas un hasard si, au cours des dernières décennies, la Chine est parvenue à améliorer le niveau de vie de ses habitants dans une mesure de plus en plus reconnue comme unique au monde.

C’est dû au système de gouvernement qui a permis de voir, il y a une dizaine d’années, que Xi Jinping était la meilleure personne pour conduire la Chine dans la phase suivante de son redressement après un nadir* historique, et de décider de lui confier cette mission. Contrairement à la mythologie et à l’obsession occidentales, Xi n’a pas « lutté » pour le pouvoir ni ne l’a « pris » pour arriver au sommet. C’est la méritocratie chinoise, qui a évolué sur plusieurs générations, qui a décidé de le mettre là où il est, après qu’il a passé brillamment tous les tests de tous les systèmes d’évaluation.

La méritocratie a choisi Xi pour s’attaquer à une tâche extrêmement difficile. Son mandat comporte deux volets : résoudre les problèmes terribles accumulés par des décennies de réformes accélérées (corruption galopante, discipline militaire laxiste, intensification de l’hostilité de l’Empire américain, etc.), et conduire l’économie chinoise au stade suivant. Pour lui donner la meilleure chance d’y parvenir, le leadership collectif lui a conféré la plus grande autorité depuis Deng Xiaoping.

La prochaine fois que vous entendrez parler de Xi le dictateur ou de Xi-qui-s’est-accaparé-le-pouvoir, pensez à tout ce que je viens de vous dire.

Thomas HON WING POLIN

Note  :

* Le nadir (de l’arabe نظير, naẓīr, « opposé ») est, en astronomie, le point de la sphère céleste représentatif de la direction verticale descendante, c’est-à-dire le point de la sphère céleste « en dessous » d’un endroit particulier. Il est donc l’opposé du zénith. Par extension, le nadir peut signifier « le point le plus bas » (Wikipedia).

Traduction : Dominique Muselet

»» https://www.counterpunch.org/2017/12/26/98516/
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