RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Une défaite historique de la gauche, Denis Collin, Christophe Miqueu, Jacques Cotta.









La Sociale, mardi 8 mai 2007.


Il faut appeler les choses par leur nom. Le résultat du deuxième tour de la présidentielle doit être analysé dans toute son ampleur. Il ne s’agit pas seulement de l’écart, très important, mais aussi de la très forte participation. L’élection de Nicolas Sarkozy n’est pas une élection par défaut (comme le fut celle de Jacques Chirac en 2002) mais une véritable élection d’adhésion - dont les prémices étaient déjà très perceptibles avec l’important résultat du premier tour. Le vote Royal fut en revanche très souvent un vote par défaut. Il faudra sûrement entrer dans le détail de cette élection, faire de la sociologie électorale, mais d’ores et déjà on peut dire que toute un chapitre de l’histoire de la gauche vient de se clore. C’est à juste titre que François Delapierre écrivait [1] : « Cher lecteur (...) prends juste quelques instants à l’heure du vote pour regarder attentivement la gauche et en graver les traits dans ta mémoire. Car tu ne la reverras plus jamais ainsi dès la semaine prochaine. »


Regarder la vérité en face

D’abord constater la défaite. Le dimanche soir, devant le siège du PS, rue de Solferino, seul des « fans » de Ségo restent pour danser, au moment où une grande majorité des téléspectateurs-électeurs de gauche sont atterrés du spectacle. La défaite politique ne les atteint pas. La candidate socialiste reprend presque mot pour mot les paroles de Bayrou au soir du premier tour (« quelque chose a commencé qui ne s’arrêtera pas ») et les groupies hurlent leur joie. On n’est plus dans la politique mais dans quelque chose qui relève de la transe religieuse. Sur les plateaux de télévision Julien Dray annonce qu’une nouvelle dirigeante socialiste est née pendant que Ségolène Royal annonce qu’elle réunira tous ceux qui l’ont soutenue et laisse entendre qu’elle va faire sauter le vieux PS. (...)

Or, le PS et avec lui toute la gauche ont perdu une élection qui ne devait pas l’être. Chirac le mal élu - élu par une majorité d’électeurs de gauche, rappelons-le - laisse un bilan pitoyable. Les mauvais coups contre les classes populaires se sont accumulés. Le chômage perdure en dépit des statistiques truquées et la pauvreté ne cesse d’augmenter. Sarkozy est un homme craint, haï par la gauche et une bonne partie des centristes, jalousé par une partie de la droite qui aimerait bien glisser quelques bananes sous ses chaussures. Jamais depuis longtemps une élection ne s’était présentée sous des auspices aussi favorables pour la gauche et la gauche a perdu, non pas de quelques dizaines milliers de voix comme Mitterrand en 1974, non pas après la fin calamiteuse du second septennat du Mitterrand quand Jospin est confronté au 2e tour à Chirac, la gauche a perdu alors que tout logiquement devait lui permettre de gagner. La gauche a perdu par sa faute. (...)

Mais surtout Sarkozy a développé une ligne constante qui lui a permis d’occuper un terrain abandonné par la gauche. A ceux qui en ont assez de l’assistanat, assez de la précarité, assez d’être considérés comme des survivances du passé, menacés d’être réduits à néant par les délocalisations, Sarkozy a su parler. Certes, il les a surtout payés de mots, mais il a pu se permettre de se présenter comme celui s’occupait de ceux que la gauche avait abandonnés. Et s’il a pu le faire impunément, c’est parce que réellement la gauche a depuis déjà de nombreuses années abandonné toute prétention à représenter les ouvriers et les employés, etc., bref, ce qu’on doit bien appeler le prolétariat. Sur les décombres d’une gauche surtout tournée vers les classes moyennes supérieures, les gens « branchés », Sarkozy a commencé de réussir en France l’opération qu’a largement réussie Berlusconi et Forza Italia dans les vieilles régions industrielles italiennes. (...)

- Lire l’ article www.la-sociale.net




L’élu de 53 % du peuple et de 100 % du Medef est parti chez ses maîtres... « habiter sa fonction », par Gérard Filoche.






URL de cet article 5027
   
Même Thème
Michel Boujut : Le jour où Gary Cooper est mort.
Bernard GENSANE
Le jour de la mort de Gary Cooper, Michel Boujut est entré en insoumission comme il est entré dans les films, en devenant un cinéphile authentique, juste avant que naisse sa vocation de critique de cinéma. Chez qui d’autre que lui ces deux états ont-ils pu à ce point s’interpénétrer, se modeler de concert ? Cinéma et dissidence furent, dès lors, à jamais inséparables pour lui. Il s’abreuva d’images « libératrices », alors qu’on sait bien qu’aujourd’hui les images auraient plutôt tendance à (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"L’un des grands arguments de la guerre israélienne de l’information consiste à demander pourquoi le monde entier s’émeut davantage du sort des Palestiniens que de celui des Tchétchènes ou des Algériens - insinuant par-là que la raison en serait un fonds incurable d’antisémitisme. Au-delà de ce qu’il y a d’odieux dans cette manière de nous ordonner de regarder ailleurs, on peut assez facilement répondre à cette question. On s’en émeut davantage (et ce n’est qu’un supplément d’indignation très relatif, d’ailleurs) parce que, avant que les Etats-Unis n’envahissent l’Irak, c’était le dernier conflit colonial de la planète - même si ce colonisateur-là a pour caractéristique particulière d’avoir sa métropole à un jet de pierre des territoires occupés -, et qu’il y a quelque chose d’insupportable dans le fait de voir des êtres humains subir encore l’arrogance coloniale. Parce que la Palestine est le front principal de cette guerre que l’Occident désoeuvré a choisi de déclarer au monde musulman pour ne pas s’ennuyer quand les Rouges n’ont plus voulu jouer. Parce que l’impunité dont jouit depuis des décennies l’occupant israélien, l’instrumentalisation du génocide pour oblitérer inexorablement les spoliations et les injustices subies par les Palestiniens, l’impression persistante qu’ils en sont victimes en tant qu’Arabes, nourrit un sentiment minant d’injustice."

Mona Chollet

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.