Le syndicaliste CGT et ministre communiste qui mit en place la Sécurité sociale en 1945 a été honoré hier à la station de métro Porte d’Orléans par un panneau mémorial qui retrace son parcours. Plusieurs personnalités lui ont rendu hommage à cette occasion.
Une moyenne de 23 000 personnes montent dans le métro ou en descendent chaque jour ouvrable à la station Porte d’Orléans dans le quatorzième arrondissement de Paris. A partir de ce 12 mai 2015, année du 75ème anniversaire de la création de la Sécurité sociale, on peut lire sur panneau mémorial, sous le buste d’Ambroise Croizat dévoilé hier au public, un court texte qui débute ainsi : « L’Homme à qui l’on doit le système de protection sociale mis en place au lendemain de la seconde guerre mondiale est né en 1901 dans une famille ouvrière de Savoie... ».
Après l’inauguration proprement dite sous sa présidence de Bernard Lamirand , animateur du comité d’honneur national Ambroise Croizat, en présence de Lilian Caillaux- Croizat , fille de l’ancien ministre , de cadres de la RATP et de plusieurs dirigeants de la CGT, d’élus de Paris et d’Olivier Dartigolles qui représentait Pierre Laurent retenu au Sénat , des prises de parole se sont succédées au centre sportif de l’avenue Paul Appel.
Frédéric Sanchez, secrétaire général de la fédération CGT de la métallurgie, a salué le travail de son aîné et évoqué la déportation du député communiste déchu de son mandat à la prison de Maison Carrée à Alger. Hélène Bidard, adjointe communiste au maire de Paris, a montré à quel point la Sécurité sociale restait un bien précieux pour les familles, à commencer par les familles monoparentales qui sont au nombre de 26% à Paris avec 86% de femmes à leurs tête, occupant de surcroît, des emplois précaires dans bien des cas. Olivier Dartigolles a insisté sur l’importance des valeurs de solidarité dans la France d’aujourd’hui alors que l’on a parfois le sentiment qu’elles se perdent quand le débat se focalise sur les identités.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, passé lui aussi par la fédération de la métallurgie, a retracé « le parcours exceptionnel du syndicaliste et de l’homme politique à qui l’on doit d’avoir mis en place cette Sécurité sociale que des milliards de travailleurs dans le monde nous envient encore aujourd’hui en dépit des coups qui lui sont portés ». Il a aussi rappelé qu’aux yeux d’Ambroise Croizat, « rien n’est jamais acquis définitivement car le patronat ne désarme jamais », disait- il déjà dans les années d’avant la seconde guerre mondiale.
Avant de remercier tous les orateurs avec beaucoup d’émotion, Liliane Caillaux-Croizat, née au domicile de ses parents dans un immeuble la toute proche rue Daguerre rendue célèbre par Lise Lindon et d’autres femmes durant l’occupation, nous avait parlé, en aparté, de ce père qu’elle avait finalement vu très peu en raison de la séparation durant les années de guerre. Mais elle a gardé de cet homme des souvenir très forts, surtout quand, petite fille de 11 ans, elle est venue habiter dans le ministère tandis que son père l’autorisait parfois à assister à certains débats qu’il avait différents interlocuteurs. « Mon père ne nous parlait jamais de ce qu’il avait subi durant les années de déportation en Algérie et j’avais parfois l’impression que la mort injuste qui avait frappé des hommes comme Jean-Pierre Timbaut lui était insupportable » , nous a confié Liliane Caillaux-Croizat .