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Un objecteur de conscience israélien : "Je refuse de faire disparaître des gens qui ont peut-être raison". (Mondoweiss)

Moriel Rothman est un appelé israélien qui refuse de faire son service militaire. Il relate sur son blog* l’entretien auquel il a été convoqué par l’armée. En voici un large extrait. Vous pouvez lire la fin sur son site...

Je suis arrivé. Avant d’y aller j’ai médité longuement et j’ai prié afin d’installer le calme en moi et de me remplir d’amour même envers ceux qui ne m’aiment pas.

Je monte les escalier. Je suis calme. On m’appelle. On me fait asseoir en face du Samla" g (un haut-gradé du bureau de recrutement). la conversation se déroule à peu près comme suit :

"Bonjour."

"Bonjour."

"Je vois que vous êtes né en Israël et que vous vivez ici depuis l’âge de 17 ans. Et que vous avez fait votre "Aliyah’ en septembre dernier. Tout cela est-il exact ?"

"Eh bien... j’ai émigré, oui." (C’est sans doute mieux de ne pas se braquer sur les mots pour le moment, me suis-je dit. Un combat à la fois).

"Et pourquoi ne voulez-vous pas servir dans l’armée ?"

"Parce que je suis contre la violence."

"Nous aussi. L’armée de défense israélienne ne soutient pas la violence. Nous défendons nos frontières."

Respire, Rothman. Respire.

"Je pense que la question de savoir si l’armée est défensive ou pas est une autre question. Mais les armées, toutes les armées, sont là pour utiliser la violence, pour blesser et tuer d’autres gens. Et c’est quelque chose que je ne veux pas faire."

"Pourquoi êtes-vous venu ici alors ? Pourquoi n’êtes-vous pas resté aux Etats-Unis ? Vous saviez qu’ici vous devriez faire votre service militaire, n’est-ce pas ?"

"Je veux vivre ici. Ce qui se passe ici m’importe ainsi que les gens qui y vivent. Et de toutes façons les Etats-Unis ont aussi une armée."

"Mais comment pouvez-vous vivre ici et laissez d’autres personnes vous défendre ?"

"Vous me demandez comment je peux venir habiter dans ce pays sachant que d’autres personnes utiliseront cette même violence à laquelle je suis opposé, c’est bien cela ?"

"Je le répète : l’armée n’est pas violente. L’armée israélienne est défensive."

"Je dois préciser qu’il ne s’agit pas pour moi de dire aux autres ce qu’ils doivent faire. Personnellement, je ne veux pas porter l’uniforme ni tenir une arme, mais je ne prétends pas savoir ce qui se passe dans la tête de celui qui a décidé de le faire... Je ne me considère pas comme plus moral ou meilleur qu’un autre. Voulez-vous que je vous explique mieux ma façon de voir les choses ?"

"Avec plaisir, parce que jusqu’ici vous ne m’avez pas convaincu."

"Très bien, alors... dans la vie, il n’y a pas moyen de savoir si ce en quoi on croit est juste ou pas, n’est-ce pas ?

"C’est vrai."

"Etant donné que je sais que... nous ne savons pas, que je sais que nous ne savons pas ce qui est Bien et ce qui est Vrai, le chemin que je veux suivre est un chemin qui me garantit de ne pas faire disparaître de la surface de la terre des gens qui pourraient avoir raison, ou partiellement raison ou avec qui je pourrais trouver ce qui est juste."

"Nous ne faisons disparaître personne de la surface de la terre."

"Quand une bombe est larguée, qu’elle soit "défensive" ou pas, elle fait disparaître des gens de la surface de la terre..."

"…"

"…"

"Donc dans trois semaines vous allez être incorporé. Si nous ne vous accordons pas le statut d’objecteur de conscience, qu’allez-vous faire ?"

"Je n’irai pas à l’armée."

Mais c’est la loi ; êtes-vous prêt à violer la loi ? A commettre un crime ?"

"Je préfère violer la loi que de collaborer à un système basé sur la violence. Oui."

"Et violer la loi, ce n’est pas de la violence ?"

"Non, je ne le pense pas. Martin Luther King nous a enseigné que lorsqu’une loi est injuste et viole nos principes moraux, surtout ceux qui sont basés sur la non-violence, il ne faut pas obéir à la loi. Et je ne crois pas qu’on puisse qualifier un acte de violent quand il n’y a pas de victime et que personne n’est blessé."

(Ensuite Moriel Rothman décrit ses angoisses après l’entretien. Puis il dit que quelques heures après l’entretien il a reçu l’ordre d’intégrer la brigade de l’armement. (Sans doute considéré par l’armée comme une affectation non violente, ironise-t-il). Et il se prépare donc à refuser cette affectation, NdT)

Philip Weiss

Pour consulter l’original : http://mondoweiss.net/2012/10/israeli-refusenik-i-refuse-to-erase-people-from-the-world-who-might-be-right-idf-officer-we-dont-erase-people.html

Traduction : Dominique Muselet

Note :

* http://thelefternwall.com/2012/10/03/conscientious-objection-round-deux/

URL de cet article 17910
   
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