RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Un millier de boules de feu (Club Orlov)

La Russie est prête à répondre à toute provocation, mais une autre guerre est la dernière chose que désirent les Russes. Et si vous êtes accro aux nouvelles positives, c’est la seule bonne nouvelle que vous allez entendre.

Il y a comme un souffle de troisième guerre mondiale dans l’air. Aux États-Unis, le pays est en mode Guerre froide 2.0, et la rhétorique anti-russe émanant de la campagne d’Hillary Clinton, avec les médias de masse en caisse de résonance, nous ramène au Maccarthyisme et sa menace rouge. Par conséquent beaucoup commencent à penser que l’Armageddon est proche, un échange de feu nucléaire, suivi d’un hiver nucléaire et l’extinction du genre humain. Il semble que de plus en plus d’Américains pensent ainsi. Bonté divine !

Mais, voyez-vous, il n’y a rien de déraisonnable à penser ainsi. Les États-Unis foncent vers l’effondrement financier, économique et politique, perdant leur stature dans le monde, devenant un ghetto continental rempli d’abus de drogue, de violence, avec des infrastructures en ruine, une population accro aux vices, empoisonnée aux aliments génétiquement modifiés, frappée d’obésité morbide, soumise à la prédation des forces policières et des élus municipaux, sans oublier un vaste assortiment de rackets mafieux, de la médecine à l’éducation en passant par l’immobilier... Tout cela est bien connu.

Nous savons aussi combien est douloureuse la prise de conscience du fait que les États-Unis sont endommagés au delà de tout espoir, ou d’admettre le fait que la plupart de ces dommages viennent de l’intérieur : des guerres sans fin et sans but, la corruption sans limite de la politique par l’argent, une culture toxique et des guerres à propos du genre [Théorie du genre, NdT] et du marxisme culturel, et l’hubris impérial et l’ignorance volontaire qui sous tendent tout cela... Ce degré de déconnexion entre ce qui est espéré et ce qui est observable provoque certainement des souffrances, mais ces souffrances peuvent être évitées, pour un moment, par l’illusion des masses.

Ce genre de spirale vers la chute n’implique pas nécessairement une Apocalypse mais les spécificités de la religion d’État aux USA − une vieille religiosité entremêlée avec la religion séculière du progrès − sont telles qu’il n’y a pas d’autre issue : soit nous sommes sur le point de construire des colonies sur Mars, soit nous mourrons tous dans une boule de feu géante. Puisque l’humiliation de demander aux Russes la permission d’utiliser leurs fusées Soyouz pour rejoindre la Station spatiale internationale rend improbable la formation de colonies spatiales américaines, retour au plan B : boules de feu, nous voilà !

Par conséquent, la rhétorique guerrière américaine envers la Russie s’explique largement par le désir de trouver un bouc émissaire pour son effondrement en cours. Cette réaction psychologique est bien connue, projection sur une ombre, par laquelle on prend tout ce qu’on déteste de soi-même, sans pouvoir l’admettre, pour le projeter sur l’autre. Inconsciemment (et consciemment pour certaines personnes particulièrement stupides) les Américains voudraient atomiser la Russie jusqu’à la faire briller dans le noir, mais ils ne peuvent le faire en raison de la riposte russe. Ainsi les Américains projettent leurs propres fantasmes sur la Russie, et puisqu’ils doivent se considérer dans le camp du bien et la Russie dans celui du mal, le scénario de l’Armageddon peut sembler plausible.

Pourtant ce mode de pensée implique un divorce d’avec la réalité. Il n’y a qu’une seule nation sur terre ayant bombardé un autre pays à l’arme nucléaire : les États-Unis d’Amérique. Ils ont gratuitement atomisé le Japon, qui était prêt à capituler, uniquement parce qu’ils le pouvaient. Ils étaient prêts à atomiser la Russie au début de la Guerre froide, mais en ont été empêché par leur faible arsenal nucléaire naissant. Enfin ils ont tenté de rendre la Russie impuissante face à une attaque nucléaire, abandonnant le traité anti missiles balistiques de 2002. Ils ont été stoppés par les nouvelles armes russes, parmi lesquelles les missiles de croisière supersoniques à longue portée (Kalibr), et les missiles intercontinentaux suborbitaux à multiples charges nucléaires capables de manœuvres évasives à l’approche de leurs cibles (Sarmat). Tout ce nouvel arsenal est impossible à intercepter dans l’état actuel des technologies de défense. Dans le même temps, la Russie a développé ses propres capacités de défense, et le tout récent système S-500 va de facto verrouiller l’espace aérien de la Fédération de Russie, permettant l’interception des cibles aussi bien proche du sol qu’en faible orbite.

En parallèle, les États-Unis ont dilapidé des sommes astronomiques pour engraisser leur establishment de défense totalement corrompu, avec de nombreuses versions de la Guerre des étoiles mais tout cet argent n’a produit que peu de résultats. Les deux installations européennes du système Aegis (effective en Roumanie, planifiée en Pologne) seront inutiles face aux missiles Kalibr tirés depuis les sous-marins et les petits navires russes dans le Pacifique et l’Atlantique, proche des côtes américaines, ou face aux missiles intercontinentaux les contournant. L’installation du système THAAD en Corée du Sud (contre lequel des locaux protestent en se rasant la tête) n’y changera rien non plus.

Il n’existe sur la planète qu’un seul agresseur nucléaire, et ce n’est pas la Russie. Mais ce fait est sans importance. En dépit des efforts américains, la logique de la Destruction Mutuelle Assurée (MAD en anglais) garde son efficacité. La probabilité d’un échange de feu nucléaire n’est donc pas déterminée par la politique de quiconque, mais par la possibilité d’un échange accidentel. Puisque la guerre nucléaire ne produit que des perdants, aucune partie ne veut être à son origine. Jamais les USA ne pourront imposer leurs conditions à la Russie via la menace d’extermination nucléaire.

Puisque la guerre nucléaire est hors jeu, qu’en est-il d’un conflit conventionnel ? Les États-Unis font des rodomontades en accumulant des troupes et en organisant des manœuvres militaires dans les pays baltes, à la frontière occidentale de la Russie, en installant des systèmes de missiles en Roumanie, en Pologne et en Corée du Sud, en soutenant les nazis ukrainiens anti-russes etc. Tout cela semble provocateur : cela mènera-t-il a une guerre ? Quelle forme prendrait elle ?

Il faut examiner ici comment les Russes ont répondu aux provocations précédentes. Voici les faits connus, pouvant être employés pour prédire la suite, par contraste avec les déclarations fictionnelles, conjoncturelles sans lien avec les faits établis.

Quand les USA ou leurs vassaux attaquent une enclave peuplée de citoyens russes hors des frontières russes, voici le genre de réponses que nous avons pu observer :

1. Le cas de la Géorgie. Durant les Jeux olympiques d’été de Pékin (période de célébration pacifique) l’armée géorgienne, armée et entrainée par les USA et Israël, a envahi l’Ossétie du Sud. Cette région appartenait nominalement à la Géorgie, mais était majoritairement peuplée de russophones et de porteurs de passeport russe. Les troupes géorgiennes ont commencé à pilonner la capitale, Tskhinvali, tuant des troupes russes de maintien de la paix qui étaient basées dans la région et causant de nombreuses victimes civiles. En riposte, les troupes russes foncèrent sur la Géorgie, éliminant en quelques heures toute capacité militaire de ce pays. Ils annoncèrent que l’Ossétie du Sud n’appartenait plus à la Géorgie, jetant l’éponge en Abkhazie (une autre enclave russe disputée) pour faire bonne mesure, puis les Russes se retirèrent. Le président va-t-en-guerre de la Géorgie, Saakachvili était déclaré « cadavre politique » et livré à lui-même. Par la suite, il a dû fuir le pays, où il était recherché par la justice. Le Département d’État US lui a trouvé un boulot récemment, comme gouverneur d’Odessa en Ukraine. Récemment, les relations russo-géorgiennes se sont améliorées.

2. Le cas de la Crimée. Durant les jeux olympiques d’hiver à Sochi (période de célébration pacifique) un coup d’État, violent, illégal a été perpétré contre le gouvernement élu et constitutionnel de l’Ukraine, suivi de l’instauration d’une administration fantoche placée par les USA [Par Victoria « Fuck the UE » Nuland, NdT]. En réplique, la population russe de la région autonome de Crimée a tenu un référendum, où 95% des votants choisirent la sécession de l’Ukraine et la réintégration dans la Russie, dont ils faisaient partie depuis des siècles, et jusqu’à tout récemment. Les Russes utilisèrent alors leurs troupes, déjà présentes dans la région sous le mandat d’un accord international, pour assurer le respect des résultats du référendum. Pas un seul coup de feu ne fut échangé durant cet exercice de démocratie directe.

3. L’exemple de la Crimée encore. Durant les Jeux olympiques d’été de Rio (période de célébration pacifique) des commandos ukrainiens ont pris d’assaut la frontière de la Crimée mais ont été rapidement arrêtés par les Services fédéraux des russes, qui trouvèrent aussi une cache d’armes et d’explosifs. Plusieurs Ukrainiens furent tués ainsi que deux Russes. Les survivants du commando ukrainien avouèrent immédiatement avoir planifié des attentats terroristes contre le terminal de ferry (reliant la Crimée au reste de la Russie) et contre une gare de trains. Le leader du groupe a confessé s’être fait promettre royalement 140 dollars pour ces attaques. Tout les prisonniers ukrainiens peuvent s’attendre à une couchette chaude et sèche en prison et à trois repas par jour, gracieusement offerts par le gouvernement russe, se qui semble paradisiaque comparé à la violence, au chaos, à la misère et à la désolation caractérisant l’Ukraine d’aujourd’hui. En riposte, le gouvernement de Kiev a protesté contre la « provocation russe » et a placé ses troupes en état d’alerte en préparation d’une « invasion russe ». Le prochain convoi d’aide américaine à l’Ukraine devrait inclure un stock de chlorpromazine ou autre médication anti-psychotique.

Remarquez le refrain constant, « durant les Jeux olympiques ». Aucune coïncidence ici, mais l’indication d’un modus operandi des Américains. Eh oui, lancer des opérations guerrières dans un temps traditionnel de paix est aussi cynique que stupide. Mais la devise américaine semble être « Si on essaie quelque chose en le répétant et que nous frappons toujours un mur, il suffit d’essayer plus fort encore. » Dans l’esprit des planificateurs de tels actes, la raison de l’échec ne peut-être leur propre stupidité. On appelle cela le « Level 3 Stupid », une bêtise d’une telle profondeur que le sujet ne peut percevoir sa propre stupidité.

4. L’exemple de la région du Donbass (Ukraine). Après les événements décrits précédemment au point 2, cette région peuplée, industrielle, qui appartenait à la Russie au XXe siècle et qui est russe de langue et de culture, a sombré dans l’agitation politique, car la plupart des populations locales ne voulaient rien savoir du gouvernement installé à Kiev, qu’elles percevaient comme illégitime. Le gouvernement de Kiev a aggravé la situation, d’abord en édictant des lois discriminatoires envers les russophones, ensuite en lançant l’armée sur la région, ce qu’ils continuent à faire à ce jour, avec trois invasions successives, toutes soldées par un échec et le pilonnage incessant des zones résidentielles et industrielles, durant lesquels des dizaines de milliers de civils ont été tués, et nombre d’autres blessés.

En guise de riposte, la Russie a aidé à la mise en place d’un mouvement de résistance local, soutenu par un contingent de volontaires locaux. Tout cela fut le fait de volontaires russes, agissant de manière officieuse, et par des citoyens russes donnant de l’argent pour la cause. Malgré les cris hystériques des Occidentaux hurlant à l’« invasion russe » et à l’« agression russe », aucune preuve n’existe. Au contraire le gouvernement russe n’a fait que trois choses : refus d’interférer avec le travail de ses citoyens décidés à aider le Donbass ; poursuite d’une stratégie diplomatique pour la résolution du conflit et organisation de plusieurs convois d’aide humanitaire aux résidents du Donbass. L’initiative diplomatique russe a conduit à deux accords internationaux − Minsk I et Minsk II − qui ont obligé Kiev et le Donbass à entreprendre une stratégie diplomatique pour la résolution du conflit, via la cessation des hostilités et la garantie d’une pleine autonomie pour le Donbass. Kiev a refusé avec constance de remplir ses obligations prévues par ces deux accords. Le conflit est donc gelé, mais les victimes s’accumulent en raison des bombardements ukrainiens, en attendant l’effondrement du gouvernement fantoche ukrainien.

Pour compléter le tableau, introduisons la récente opération militaire russe en Syrie, où la Russie est venue défendre un gouvernement syrien assiégé, détruisant rapidement des pans entiers du Califat de Daesh/ISIS et nombre d’autres organisations terroristes actives dans cette région. La logique russe derrière cette opération est que Moscou perçoit un foyer terroriste à financement étranger en Syrie comme une menace directe à la sécurité de la Fédération de Russie. Deux autres faits notables ici sont que la Russie a agi dans le respect du droit international, ayant reçu l’invitation du gouvernement légitime et internationalement reconnu, et que l’action militaire russe fut immédiatement réduite au minimum dès qu’il apparut possible pour toutes les parties (non terroristes) prenantes au conflit de revenir à une table de négociation. Ces trois éléments − utilisation d’une force militaire comme mesure sécuritaire réactive, adhésion scrupuleuse au droit international et action militaire au service de la diplomatie − sont vitales pour comprendre les méthodes et les ambitions russes.

Si on observe maintenant les aventures militaires, diplomatiques des États-Unis, la situation est fort différente. Les dépenses militaires étasuniennes constituent la moitié des dépenses discrétionnaires du gouvernement fédéral, écrasant d’autres secteurs vitaux, tels que les infrastructures civiles, la santé publique et l’enseignement public. Ces dépenses servent plusieurs objectifs. Au premier plan, elles constituent un programme d’emploi public : c’est une façon de garder au travail des gens non employables selon des critères de productivité normaux, dus à l’absence de toute intelligence, éducation et formation. Au second plan, c’est une méthode d’enrichissement personnel pour les politiciens et les entreprises privées liées au secteur de la défense, au détriment du bien public.

Troisièmement il s’agit d’un programme publicitaire pour les ventes d’armes, les USA étant le premier fournisseur de technologies mortelles au monde. Enfin c’est une façon de projeter leur puissance sur la planète, bombardant jusqu’à la soumission tout pays ayant l’audace de s’opposer aux ambitions hégémoniques de Washington, le plus souvent au mépris complet du droit international. Jamais il ne s’agit de développer une capacité effective de défense des USA.

Aucun de ces motifs ne peut fonctionner face à la Russie. En parité dollar, les dépenses militaires US écrasent celles de la Russie. Pourtant en terme de parité d’achat, la Russie réussit à acheter dix fois plus de capacité défensive par unité de richesse nationale que les USA, annulant essentiellement l’avantage en parité dollar. De plus, ce que les États-Unis obtiennent pour leur argent est de qualité inférieure : la Russie obtient les systèmes d’armement désirés ; l’armée US obtient ce que l’establishment politique corrompu et ses comparses du complexe militaro-industriel veulent bien produire dans le but de s’enrichir. En termes de campagne publicitaire pour la vente d’armes, la comparaison entre l’armement russe en action en Syrie, éliminant efficacement les terroristes via une campagne de bombardements reposant sur de faibles ressources, puis l’armement américain utilisé par les Saoudiens au Yémen, avec le plein soutien et l’encadrement US, constamment vaincu par une insurrection faiblement équipée, tout cela a peu de chance de générer des commandes supplémentaires. Enfin, le projet de maintien d’une hégémonie américaine semble au point mort.

La Russie et la Chine forment maintenant une union militaire de facto. La supériorité de l’armement russe, jumelée aux capacités infinies de l’infanterie chinoise, forment une combinaison indestructible. La Russie possède maintenant une base aérienne permanente en Syrie, a conclu un accord avec l’Iran pour l’utilisation de bases militaires iraniennes, est sur le point de sortir la Turquie de l’OTAN. En parallèle, la force militaire US, avec sa pléthore de bases inutiles à travers le monde et sa quantité de gadgets superflus, devient une source de honte internationale, et reste, pour l’instant, un programme d’emploi public pour des incompétents et une source de corruption lucrative.

Il est essentiel de comprendre combien sont limitées les capacités militaires américaines. Les États-Unis excellent dans l’attaque d’adversaires infiniment plus faibles. L’action contre l’Allemagne nazie fut un succès du fait que cette dernière était déjà défaite par l’Armée rouge [Wikipédia : 80% des pertes de la Wehrmacht ont été infligées par les Russes, NdT], à l’exception de quelques poches de résistance. C’est à ce moment que les USA sont sortis de leur timide isolement pour se joindre au conflit. Même la Corée du Nord et le Vietnam se montrèrent trop coriaces pour l’armée américaine, et même dans ces deux cas, ses misérables performances auraient été pire encore sans la conscription obligatoire, qui permit d’incorporer des non-incompétents dans ses rangs, mais produisit un effet indésirable lorsque des hommes enrôlés tuaient leurs officiers incompétents, un chapitre largement ignoré de l’histoire militaire américaine récente. Et aujourd’hui, avec l’ajout des LGBTQ dans les rangs, l’armée US devient une source mondiale de dérision. Avant, des termes comme « pédé » et « femmelette » étaient d’usage courant dans la formation de base de l’armée américaine. Les sergents utilisaient ce vocabulaire pour exhorter les abrutis sous leurs ordres à se comporter comme des hommes. Je me demande quels termes ces sergents vont utiliser maintenant qu’ils ont la tâche officielle de former ceux qu’ils nommaient « pédés » et « femmelettes ». Le potentiel comique de la situation ne passe pas inaperçu dans les rangs des militaires russes.

La comédie se poursuivra aussi longtemps que l’armée US fuira l’affrontement avec un adversaire sérieux, dans le cas contraire, la comédie virerait assez vite à la tragédie.

  • Si par exemple, les forces US essaient d’attaquer le territoire russe par des tirs de missiles postés aux frontières, ils seront neutralisés par la riposte immédiate d’une artillerie russe largement supérieure.
  • Si les Américains ou leurs vassaux provoquent jusqu’à la rébellion les russes vivant hors des frontières de la Fédération de Russie (ils sont des millions), des volontaires russes, agissant hors des canaux officiels avec un financement privé, seraient vites formés, équipés et armés, créant des insurrections populaires durant des années, si nécessaire, jusqu’à la capitulation des Américains ou de leurs vassaux.
  • Si les Américains s’abandonnent à la folie ultime et envahissent le territoire russe, ils seront annihilés, à l’image des troupes ukrainiennes dans le Donbass.
  • Toute tentative d’attaque contre la Russie via la flotte de porte-avions américains mènera au torpillage des navires via plusieurs systèmes d’armements russes : missiles balistiques anti-navires, torpilles de dernière génération ou missiles de croisière supersoniques.
  • Les bombardiers stratégiques, missiles de croisière et missiles balistiques seront éliminés par les systèmes de défense aériens russes.

Voilà pour toute agression. Mais qu’en est-il de la défense ? Et bien il y a ici toute une dimension distincte pour les forces engageant militairement la Russie. Gardez à l’esprit que les Russes ont perdu un grand nombre de civils durant leur guerre contre l’Allemagne nazie. Beaucoup de Russes, incluant des vieillards, femmes et enfants, sont morts de faim et de maladies, ou des bombardements allemands, ou des abus des mains même des soldats allemands. De l’autre côté, les victimes militaires soviétiques étaient à parité avec celles des Allemands. Cette calamité sans précédent frappa la Russie car elle a été envahie, et cela a conditionné les cadres militaires russes à cogiter sans cesse. La prochaine guerre de grande envergure, si elle a lieu, se poursuivra en territoire ennemi. Par conséquent, si les États-Unis attaquent la Russie, celle-ci contre-attaquera sur le sol américain. Gardez à l’esprit que les USA n’ont pas combattu sur leur sol depuis 150 ans, ce serait un choc énorme.

Bien évidement, cela sera fait de manière cohérente avec la doctrine militaire russe. Et plus important, l’attaque devra être menée de façon à réduire au minimum le risque d’échange nucléaire. De plus l’usage de la force sera gardé au seuil minimum pour obtenir une cessation des hostilités et un retour à la table des négociations selon des termes favorables à la Russie.

Troisièmement, tous les efforts seront investis pour optimiser les révoltes populaires internes, afin de créer des insurrections à long terme, confiant aux volontaires le soin de fournir armement et formation. Enfin, gagner la paix est aussi important que gagner la guerre, et tous les efforts seront investis pour informer le public américain que ce qu’ils vivent est une juste rétribution face aux actions illégales de Washington. D’un point de vue diplomatique, il sera préférable de traiter le problème des criminels de guerre dirigeant les USA comme un problème politique interne, confié aux mains des Américains eux-même, avec une intervention absolument minime de l’extérieur. Tout cela sera bien mieux servi par un partage amical de renseignement, laissant aux parties intéressées aux USA les informations sur l’identité des criminels de guerre, de leurs familles et de leurs lieux de résidence.

La question reste de savoir quel est le niveau minimal d’action militaire requis, ce que je nomme « un millier de boules de feu » en hommage au « millier de points de lumière » de George Bush père, pour ramener la paix selon des termes favorables à la Russie. Il me semble que 1000 « boules de feu » est numériquement suffisant. Il s’agirait de relativement petites explosions, suffisantes pour détruire des bâtiments ou des installations industrielles, avec un minimum de victimes. Ce dernier point est crucial, car l’objectif est de détruire le système sans frapper directement les gens. Personne ne serait responsable si les gens aux USA souffraient du fait de leur refus de suivre les recommandations de leur organisme de prévention des catastrophes, la FEMA qui recommande de stocker un mois de nourriture et d’eau et de se doter d’un plan d’évacuation d’urgence. De plus, étant donné la trajectoire que suivent les États-Unis, obtenir un second passeport, expatrier son épargne et s’entraîner aux armes à feu au cas ou vous seriez coincé sur le territoire, semblent des idées raisonnables.

Il est essentiel que ces actions militaires russes évitent de tuer des civils : il y a trois millions de Russes résidant aux USA, en tuer n’est pas une option stratégique. Il y a encore plus de gens originaires de pays amis de la Russie, tels que la Chine et l’Inde, qui devront aussi être épargnés. Par conséquent toute stratégie débouchant sur une perte massive de vie est inacceptable. Un scénario nettement préférable implique de produire une crise destinée à convaincre les Russes résidant aux États-Unis (et nombre d’autres étrangers résidents et immigrants de première génération ou de deuxième génération) que les USA ne sont plus un lieu vivable. Ces gens pourront alors être rapatriés − un processus s’étalant sur plusieurs années. Actuellement la Russie est la troisième destination mondiale pour ceux qui cherchent un endroit meilleur où vivre, après les USA et l’Allemagne. L’Allemagne est au bord d’une révolte ouverte contre la politique pro-migratoire démente d’Angela Merkel. Les USA ne sont pas loin de cela aussi, et ne seront plus une destination attrayante dans peu de temps. Ce qui laisserait la Russie en tête. Cela constituerait une pression énorme, même pour un pays étalé sur 11 fuseaux horaires et doté de tout sauf de fruits tropicaux et de concentrations humaines.

Gardons aussi en tête qu’Israël − qui est, soyons franc, un protectorat US stationné temporairement en terre palestinienne − ne durera pas longtemps sans le soutien massif des États-Unis. Un tiers de la population israélienne est russe. À la minute ou le projet Israël s’effritera, la plupart de ces juifs russes, comme ils sont intelligents, vont amorcer un exode vers la Russie, ce qui est leur droit. Cela donnera de sérieux maux de tête aux services fédéraux russes en charge de la migration, car ils devront trier ces réfugiés, gardant les juifs russes normaux tout en refusant les zélotes sionistes, les criminels de guerre et les cinglés ultra-religieux. Tout cela prendra du temps.

De plus, les actions militaires avec risques majeurs de perte de vie se révèlent inutiles, car il existe une stratégie alternative efficace : détruire les éléments stratégiques de l’infrastructure gouvernementale et entrepreneuriale des USA, puis croiser les bras et attendre que l’ennemi vienne ramper à la table de négociation avec le drapeau blanc. Car voyez vous, il n’y a que quelques ingrédients magiques qui permettent aux USA de continuer à se maintenir en tant que pays développé et stable capable de projeter une force militaire outre-mer. Ces éléments sont : le réseau électrique ; le système financier ; le réseau autoroutier ; le fret ferroviaire et maritime ; les aéroports ; et les pipelines pétroliers, gaziers. Rendez les inactifs et c’est game over. Combien de « boules de feu » faudra-t-il ? Probablement moins de mille.

Neutraliser le réseau électrique américain est absurdement facile [Comme celui de la France d’ailleurs, NdT], car leur système est hautement intégré et interdépendant, consistant en seulement trois sous-réseaux nommés « interconnects » : Ouest, Est et Texas. Les éléments les plus vulnérables du système sont les Large Power Transformers (LPTs) qui atteignent une tension de millions de volts pour la transmission et la redistribution en aval. Ces unités ont la taille de maisons, construites sur mesure, elles coûtent des millions de dollars et il faut plusieurs années de travail pour les remplacer. Elles sont en majorité fabriquées hors des États-Unis, et tout comme le reste de l’infrastructure dans le pays, la plupart de ces LPTs sont vieux et sujets aux pannes. Il existe des milliers de ces pièces d’équipement, mais comme le réseau électrique américain roule à pleine capacité, avec plusieurs goulots d’étranglement critiques, le réseau complet serait neutralisé si une poignée seulement de ces LPTs stratégiques étaient détruits. Aux États-Unis, toute panne de courant prolongée dans les centres urbains causera automatiquement des pillages et des émeutes. Certaines estimations placent à deux semaines la durée nécessaire d’une panne à grande échelle pour que la situation atteigne un point de non-retour, ou le dommage aux infrastructures ne serait plus réparable.

Démanteler le système financier est une autre tâche relativement facile. Il n’existe que quelques nœuds vitaux, incluant la Réserve fédérale, quelques banques majeures, les centres de données des cartes de débit et crédit, etc. Ils peuvent être neutralisés via un vaste assortiment de méthodes, tels que des missiles de croisière, des cyberattaques, des perturbations du réseau électrique ou même des soulèvements civils. Il faut rappeler que le système financier aux USA est condamné à exploser même sans intervention étrangère. La combinaison d’une dette hors de tout contrôle, d’une gigantesque bulle financière, d’une Réserve fédérale piégée par des taux d’intérêts toujours plus faibles, des retraites par capitalisation et autres obligations sous-financées, un marché immobilier dramatiquement surévalué et un marché financier absurdement fondé sur du vide, tout cela est condamné à imploser.

Quelques autres frappes chirurgicales peuvent détruire les pipelines pétroliers et gaziers, les terminaux d’importation, les ponts et tunnels, voies ferrées et aéroports. Quelques mois sans accès à l’argent, l’électricité, l’essence, le diesel, le gaz naturel, le transport aérien ou l’importation de pièces détachées seront suffisants pour forcer la capitulation des États-Unis d’Amérique. S’ils entreprennent tout effort pour restaurer un de ces services, une frappe supplémentaire se chargera de vite leur dénier une telle occasion.

Le nombre de « boules de feu » peut être optimisé en profitant de synergies destructives : un brouilleur de GPS déployé prêt du site d’une attaque peut nuire aux secours tentant de rejoindre le site ; détruire un entrepôt de fournitures en même temps que les installations qu’il dessert, couplé avec des perturbations des systèmes de transport, tout cela peut retarder les réparations de plusieurs mois ; une simple alerte au bombardement peut immobiliser un réseau de transport, le transformant en une cible immobile, plutôt que des centaines de cibles en mouvement, etc.

Vous pensez peut-être que réaliser de telles attaques sophistiquées requiert un énorme travail de renseignement, qu’il serait difficile à matérialiser, mais tel n’est pas le cas. Premièrement, une grande part des informations d’utilité tactique sont constamment fuitées vers l’extérieur par des insiders, qui se considèrent comme des patriotes. De plus ce qui n’a pas été fuité peut-être hacké, en raison de l’état désastreux de la cybersécurité aux USA. Gardez en tête que c’est en Russie que sont conçus les logiciels anti-virus, ainsi que quelques virus. La NSA a tout récemment été hackée, ses informations les plus précieuses pillées ; si la National Security Agency peut être hackée, qu’en est-il de tout ceux qui sont supposés être protégés par la NSA ?

Vous pensez peut-être que les USA, s’ils étaient attaqués de cette façon, pourraient riposter de façon similaire, mais ce scénario est difficilement envisageable. Nombre de Russes ne trouvant pas l’anglais si difficile, sont généralement familiers avec les USA, en raison de l’exposition aux médias américains, et les spécialistes parmi eux, surtout ceux ayant étudié ou enseigné dans les universités des États-Unis, peuvent naviguer dans leur champ d’expertise aussi facilement aux USA qu’en Russie. La plupart des Américains, en revanche, peuvent à peine trouver la Russie sur une carte du monde, ne peuvent pas comprendre l’alphabet cyrillique et trouvent la langue russe incompréhensible.

Gardez aussi en mémoire le fait que l’establishment russe de la défense a pour souci principal... la défense. Agresser des peuples sur des terres étrangères n’est généralement pas considéré comme stratégiquement important. « Une centaine d’amis plutôt qu’une centaine de roubles » est un dicton populaire russe. Ainsi la Russie réussit à être ami de l’Inde et du Pakistan dans un même mouvement, avec la Chine et le Vietnam. Au Moyen-Orient, elle maintient de cordiales relations avec la Turquie, la Syrie, Israël, l’Arabie saoudite, le Yémen, l’Égypte et l’Iran, aussi dans un même mouvement. Les diplomates russes ont l’obligation de maintenir des canaux de communication ouverts autant avec les amis qu’avec les adversaires, en tout temps. Oui, se positionner en adversaire de la Russie peut-être terriblement douloureux, mais vous pouvez y mettre fin à n’importe quel moment ! Il suffit d’un appel téléphonique.

Ajoutez à cela le fait que les vicissitudes de l’Histoire russe ont conditionné la population à imaginer le pire, et simplement faire avec. « Ils ne peuvent pas tous nous tuer » est un autre dicton populaire. Si les Américains parvenaient à le faire souffrir, le peuple russe trouverait un grand réconfort dans le fait que les Américains souffriraient encore plus, et nombre de Russes estimeraient que cet accomplissement constitue une victoire en soi. Et le peuple russe ne resterait pas sans aide ; ce n’est pas un hasard si le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, était précédemment ministre en charge des services d’urgence, sa performance à ce poste lui ayant valu éloges et recommandations. En clair, s’ils sont attaqués, les Russes vont simplement se serrer les coudes et passer en mode conquête et victoire contre l’agresseur, comme ils l’ont toujours fait.

Ce qui n’aide pas à désamorcer la situation, c’est que le peu d’informations que les Américains ont reçues concernant la Russie, ses chefs politiques et ses médias sont dans leur quasi-totalité fausses. Ils entendent parler de Poutine et de « l’ours russe » et imaginent probablement la Russie comme un vaste terrain vague ou Vladimir Poutine n’a pour seule compagnie que celle d’un ours joueur d’échecs, hacker de serveur internet, physicien nucléaire, ingénieur en balistique, inventeur de vaccin anti-Ebola et de surcroît polyglotte. Les ours sont magnifiques, les Russes adorent les ours, mais n’exagérons pas. Oui les ours russes savent faire du vélo, et savent parfois divertir les enfants, mais ce ne sont que des animaux sauvage et/ou des animaux domestiques (nombre de Russes ne sont pas fixés sur ce point). Et donc lorsque les Américains gémissent à propos d’un « ours russe », les Russes se demandent : mais lequel ?

Bref, la Russie est pour la majorité des Américains un mystère enveloppé d’une énigme et le nombre d’Américains intelligents ayant une fine connaissance de la Russie est largement insuffisant, alors que pour nombre de Russes, les USA sont un livre ouvert. Concernant les services américains de sécurité et de renseignement, ces planques bureaucratiques pléthoriques, paralysées par l’opportunisme politique et la pensée moutonnière n’excellent qu’à deux choses : suivre sans broncher des procédures absurdes et faire correspondre avec créativité les faits à la politique du jour. Prouver que l’Irak dispose d’armes de destruction massive, pas de problème ! Distinguer terroristes islamistes et grand-mères arabes dans un poste de contrôle d’aéroport, trop difficile !

La Russie ne fera usage de mesures militaires contre les États-Unis que si elle est dûment provoquée. Le temps et la patience sont du côté russe. Chaque année qui passe voit les USA faiblir, perdre amis et alliés, alors que la Russie se renforce, gagnant amis et alliés. Les États-Unis, avec une classe politique dysfonctionnelle, une dette incontrôlée, une infrastructure s’effondrant et une agitation populaire larvée, forment une nation mort-vivante. Il faudra du temps pour que chacun des États Unis s’auto-détruise et s’effondre en démolition contrôlée tout comme les trois tours du 11 septembre (WTC #1, #2, #7), mais la Russie est très patiente. La Russie est prête à répondre à toute provocation, mais le dernier souhait des Russes est une nouvelle guerre. Et ce fait, si vous voulez des nouvelles positives, est la seule bonne nouvelle que vous allez entendre. Mais si vous persistez à penser qu’il y aura une guerre avec la Russie, oubliez l’Armageddon, pensez au « millier de boules de feu », puis au silence qui va suivre

Dmitry Orlov

Le 23 août 2016 – Source Club Orlov

Traduit par Karim, vérifié par Hervé, relu par Catherine pour le Saker Francophone

»» http://lesakerfrancophone.fr/un-millier-de-boules-de-feu
URL de cet article 31055
   
RÉSISTANCES AU TRAVAIL
BOUQUIN, Stephen
Stephen Bouquin (coordination) Louis-Marie Barnier, José Calderón, Pascal Depoorter, Isabelle Farcy, Djordje Kuzmanovic, Emmanuelle Lada, Thomas Rothé, Mélanie Roussel, Bruno Scacciatelli, Paul Stewart Rares sont les romans, même de science-fiction, fondés sur l’invraisemblance. Il en est de même avec les enquêtes en sciences sociales. Il existe néanmoins des vraisemblances négligées. Les résistances au travail en font partie. Le management contemporain a beau exalter l’individualisme, (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Un socialiste est plus que jamais un charlatan social qui veut, à l’aide d’un tas de panacées et avec toutes sortes de rapiéçages, supprimer les misères sociales, sans faire le moindre tort au capital et au profit.

Friedrich Engels

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.