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Un état palestinien viable : l’utopie finale.

« Si j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal, nous avons pris leur pays. C’est vrai que Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela les concerne ? Notre dieu n’est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce de leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous avons volé leur pays. Pourquoi devraient-ils l’accepter ? »
David Ben Gourion, cité par Nahum Goldman dans le Paradoxe juif, p. 121

Après onze mois de blocage du processus de paix, l’Autorité palestinienne a annoncé dans l’espoir de sortir de l’impasse, qu’ils demanderaient au Conseil de sécurité de l’ONU de reconnaître leur indépendance dans les frontières de 1967. A ce jour, l’État de Palestine, revendiqué par la Déclaration d’Alger est reconnu par 94 pays membres de l’ONU sur 192. Fin 2010, 5 États sud-américains, avec à leur tête le Brésil, reconnaissent l’« État de Palestine avec les frontières de 1967 ».

20 ans de négociations, pour rien

Jean-Claude Lefort, président de l’association France Palestine Solidarité, résume magistralement la position du calvaire palestinien. Nous lisons : « Les membres du Quartette pour le Proche-Orient se sont réunis hier à Washington, pour réfléchir aux moyens de relancer le « processus de paix » israélo-palestinien. Le constat opéré au cours de cette réunion est sans appel : c’est l’impasse totale du fait des positions israéliennes récusant les propositions énoncées par le président Obama et soutenues « officiellement » par tous, à savoir l’établissement de deux États sur la base des frontières de 1967. Il ne peut pas non plus être considéré, comme vient de le faire le Quartette, que, désormais « c’est aux parties de prendre les décisions difficiles ». C’est là un signe politique clair et négatif qui marque le renoncement du Quartette à agir et un aveu d’impuissance volontaire. Vingt ans ont passé depuis le lancement à Madrid d’une négociation qui devait aboutir à « l’échange de la terre contre la paix ». Dix-huit ans ont passé depuis la signature à Washington de l’accord intérimaire israélo-palestinien dit d’Oslo. - Souvenons-nous qu’il y est stipulé « les négociations sur le statut permanent conduiront à la mise en oeuvre des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité [NdR] ». Celui-ci fondait explicitement la négociation sur le droit international et fixait un calendrier devant permettre l’émergence d’un État palestinien indépendant, souverain, dans les frontières de 1967, au plus tard dans les cinq ans. (... ) La reconnaissance de l’État de Palestine a été ajournée jusqu’à une date indéterminée. Huit ans ont passé depuis la « Feuille de route » qui devait conduire à l’établissement de cet État en 2005 ; quatre ans depuis Annapolis qui devait voir s’établir un État palestinien en 2008 ». (1)

Décrivant l’entêtement israélien, M. Lefort nous décrit l’Etat Palestinien selon Netanyahu : « En mai dernier, Benyamin Netanyahu a réitéré aux États-Unis, devant le Congrès, les grandes lignes de son projet. Un programme qui se résume à une série de refus : refus des frontières de 1967, refus du démantèlement des colonies - pourtant illégales -, refus du gel de la construction d’implantations coloniales quelles qu’elles soient, refus du partage de Jérusalem et refus de la reconnaissance des droits des réfugiés palestiniens. Benyamin Netanyahu se déclare certes, favorable à la création d’un État palestinien, mais à la condition inacceptable de nommer « État » une suite de mini-enclaves privées de tout droit et de toute viabilité. (... ) Après tant de décennies et soixante-quatre ans après le partage de la Palestine mandataire, l’État de Palestine indépendant et souverain dans ses frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, ouvrant la voie à la mise en oeuvre pleine et entière de l’ensemble des droits du peuple palestinien, c’est aujourd’hui la seule façon de faire bouger les lignes et d’agir - agir enfin - pour que s’instaurent deux États vivant en paix et en sécurité, l’un à côté de l’autre. La paix par le droit suppose des actes. Que l’Union européenne se déclare solennellement prête à reconnaître l’État palestinien dans les frontières de 1967 en juillet puis en septembre prochain, c’est la seule voie vers la paix. (1)

Aucun signal n’est venu de la part de l’Union européenne. L’Europe s’aligne et s’en tient au discours volte-face de Barack Obama. En effet, le président américain a prononcé, dimanche 22 mai, un discours très attendu devant l’Aipac, le principal lobby pro-israélien des Etats-Unis. Barack Obama a réitéré son soutien à la création d’un Etat palestinien reposant sur les frontières d’avant la guerre de 1967.

Devant l’Aipac, Obama - maintes fois applaudi - a toutefois donné des gages aux Israéliens et à leurs soutiens aux Etats-Unis. « Même si nous pouvons être en désaccord parfois, comme des amis peuvent l’être, les liens entre les Etats-Unis et Israël sont inaltérables, et l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité d’Israël est inébranlable », a-t-il soutenu. Barack Obama a souligné que ces échanges aboutiraient à un tracé de frontières différent de celui issu du conflit de 1967. M. Obama a jugé que « des représentations fausses » avaient été faites de son opinion. La position du président « signifie que les parties elles-mêmes, les Israéliens et les Palestiniens, vont négocier une frontière différente de celle qui existait le 4 juin 1967 », tenant compte des « nouvelles réalités démographiques sur le terrain et des besoins des deux parties ». (2)

Voilà qui est limpide, c’est 1967 avec les faits accomplis par la suite. Pour rappel, chacun a en tête la kermesse des discussions de septembre 2010 qui ont avorté trois semaines après : Israël ayant déclaré qu’il ne freinerait pas l’extension des colonies, Obama déclare en décembre 2010 qu’il ne peut rien faire. De plus, l’administration Obama a bloqué la suite de l’enquête des Nations unies sur l’opération israélienne « Plomb durci ». (3)

Que dit la résolution du 22 novembre 1967 ?

En substance, nous lisons : « Le Conseil de sécurité, exprimant l’inquiétude que continue de lui causer la grave situation au Proche-Orient, affirme que l’accomplissement des principes de la Charte exige l’instauration d’une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre l’application des deux principes suivants : i) Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ; ii) Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, à l’abri de menaces ou d’actes de violence. » L’interprétation française est de « tous les territoires », en anglais l’interprétation est différente. « Rappelons, écrit l’ambassadeur Zvi Tenney, que cette résolution 242 prévoit le retrait israélien from territories, autrement dit, de certains territoires occupés et non pas de tous les territoires occupés lors du conflit de 1967 ». (4)

La position d’Israël

Il faut savoir que le gouvernement israélien est contre, Benyamin Netanyahu admoneste Mahmoud Abbas et lui demande de choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas.

La contribution de l’ambassadeur israélien à Paris est un modèle de rhétorique alambiquée où en définitive, on constate qu’Israël persiste et signe. Nous lisons : « Je vous promets qu’Israël ne sera pas le dernier pays à accueillir l’Etat palestinien à l’ONU. Il sera le premier. » Cette déclaration du Premier ministre israélien devant le Congrès américain en mai, quant à la reconnaissance d’un Etat palestinien issu de pourparlers, est une nouvelle preuve de l’engagement d’Israël pour la paix La question n’est donc pas celle du principe mais du chemin pour y parvenir. La question est plutôt de savoir à quoi cet Etat va ressembler ». (5)

Yossi Gal poursuit : « La paix ne peut être que le fruit de négociations et de dialogue entre deux parties qui ont décidé de lier leurs destins et de construire l’avenir ensemble. Une action unilatérale viendrait également à l’encontre des principes définis par le Quartette. Nous avons, avec les Palestiniens, un objectif commun. Israël a fait le choix d’accepter le principe de deux Etats nations pour deux peuples. (...) Le fait que les Palestiniens aient décidé de mettre un terme à des années de négociations, réclamant le « droit au retour » de leurs réfugiés en Israël, ne peut que nous faire douter davantage de leur volonté réelle de reconnaître Israël en tant qu’Etat du peuple juif. Le droit au retour doit se faire, de la façon la plus logique, la plus sensée, dans les frontières de l’Etat palestinien nouvellement créé. Suivant la logique palestinienne, il y aurait donc un nouvel Etat palestinien indépendant mais avec des réfugiés qui viendraient s’installer dans cet « autre Etat », Israël ? (... ) » (5)

L’ambassadeur oublie de signaler que les Palestiniens négocient depuis 20 ans pour rien, au contraire ce qui reste de la Palestine originelle devient graduellement et inexorablement une peau de chagrin (moins de 22%).

Un Etat palestinien pour quoi faire ?

Pour rappel, la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies, votée le 29 novembre 1947, recommande le partage de la Palestine en un Etat juif, un Etat arabe et une zone « sous régime international particulier ». 14. 000 km², avec 558. 000 Juifs et 405. 000 Arabes pour l’Etat juif, 11. 500 km², avec 804. 000 Arabes et 10. 000 Juifs pour l’Etat arabe, 106. 000 Arabes et 100. 000 Juifs pour la zone internationale qui comprend les Lieux Saints, Jérusalem et Bethléem. Entre les deux Etats devait s’installer une union économique, monétaire et douanière. La résolution ne sera jamais appliquée et six mois après son vote, le 15 mai 1948, débute la première guerre israélo-arabe, après cinq mois de guerre judéo-palestinienne.

On remarquera que dans l’Etat juif, 405. 000 Arabes vivaient avant leur expulsion violente, ce qui est en contradiction avec l’obsession de Benyamin Netanyahu d’avoir un Etat des Juifs aseptisé des Arabes, en refusant le droit au retour à ces Arabes qui y ont été chassés presque en totalité. Si tel était le cas, les Arabes d’Israël n’ont plus vocation à rester dans un Etat juif, ils viendraient grossir les effectifs du bantoustan palestinien. Dans le même ordre du refus, le 25 mai 2011, le Forum juridique d’Israël et l’ambassadeur Alan Baker, ont adressé au secrétaire général de l’ONU Ban Ki moon une lettre dans laquelle ils font remonter la légitimité d’Israël dans ses frontières actuelles à une résolution de la Société des Nations en 1922 qui aurait décidé à l’unanimité, de la création d’un foyer national du peuple juif sur le lieu historique de la Terre d’Israël. Il s’ensuit que la résolution de la Société des Nations mentionnée ci-dessus reste valide, et que les 650. 000 juifs résidants dans les zones de Judée, de Samarie et de Jérusalem-Est, y résident à titre légitime ». (6)

Comment écrit Daniel Vanhove, qui n’y croit pas : « Peut-on se réjouir » voire adhérer aujourd’hui à la reconnaissance prochaine de l’Etat croupion palestinien !? Cela me paraît invraisemblable. (...) Pour rappel : depuis la création de l’Etat israélien et ses détestables pratiques visant à repousser ses frontières sous de fallacieux prétextes idéologiques et sécuritaires, le dépeçage systématique du territoire palestinien par l’implantation de colonies est considéré comme un « crime de guerre » par la Cour pénale internationale. Et de la Palestine historique, il ne reste guère qu’environ 15% morcelés de son territoire, à l’image des bantoustans de l’Afrique du Sud de l’époque - sans parler du mouroir de Ghaza où s’entasse une population asphyxiée par l’un des pires blocus mis en place par l’occupant et régulièrement ciblée par sa machine de guerre. Dès lors, même si ce projet d’Etat stipule que c’est à l’intérieur des frontières de 1967, avaliser un Etat palestinien aujourd’hui, c’est : - sans le dire, participer à un déroulement de faits inacceptables ; - entériner le Mur de séparation qui pénètre profondément en terres palestiniennes ; - admettre une partie de la colonisation dont celle de Jérusalem-Est qui est une annexion de facto de la ville, pourtant décrétée capitale du futur Etat ; - accepter que jamais les réfugiés ne pourront revenir chez eux, à savoir en terres conquises, comme le garantit pourtant la Résolution 194 des Nations unies adoptée le 11 décembre 1948 (... ) il serait peut-être plus utile de se demander si la première chose à faire ne serait pas une remise à plat de ce sinistre dépeçage dont on mesure les funestes conséquences chaque jour depuis plus de 63 ans ». (7)

Pour sa part et dans le même sillage de l’inutilité de la démarche, Fadwa Nassar écrit : « Nombreux sont les Palestiniens à se poser des questions, à propos de la signification de la bataille diplomatique engagée par l’Autorité palestinienne pour la reconnaissance par l’ONU de l’Etat palestinien indépendant. (... ) Ensuite, l’idée même de proclamer « unilatéralement » un Etat palestinien indépendant est considérée par l’Etat sioniste et ses alliés comme un affront. Il va de soi que le recours de l’Autorité palestinienne à la proclamation « unilatérale » de l’indépendance de la Palestine, dans les instances de l’ONU, fait suite à l’échec de dix-huit années de négociations. (... ) L’Etat palestinien « offert » par les puissances impérialistes, et perçu par les sionistes, n’est certainement pas le même que celui revendiqué par l’Autorité palestinienne, ni à plus forte raison, par le peuple palestinien. (... ) Pour beaucoup de forces palestiniennes, il est nécessaire d’unifier les rangs palestiniens avant de se diriger à l’ONU, mais Mahmoud Abbas en a décidé autrement. (... ) Tant que Mahmoud Abbas ne prend pas en compte les véritables facteurs qui lui permettent de mener cette bataille à l’ONU, la reconnaissance de l’Etat indépendant de Palestine, sur les 22% de la Palestine occupée, restera une reconnaissance sur le papier et ne pourra pas constituer un levier vers la libération de la Palestine et le retour des réfugiés. Reconnaissance, oui, mais pour quoi faire ? (8)

D’anciens dirigeants européens, menés par Hubert Védrine, appellent les gouvernements de l’Union européenne à reconnaître l’Etat de Palestine en septembre. (... ) On remarquera que dans ces appels, il n’est nulle part fait mention des frontières de 1967 et de l’application de la Résolution 242. En clair, on fait le minimum sachant qu’au fond, le problème restera entier.

On le voit, ce n’est pas gagné. Évidemment, une telle proclamation aurait avant tout valeur politique puisqu’elle ne mettrait pas fin à l’occupation israélienne. Les Etats-Unis seront amenés, à moins d’un miracle, à faire barrage par un veto dont on peut s’interroger, avec le temps et les mutations rapides du monde, sur sa pertinence. C’est pourtant une occasion unique de redonner justice à ce peuple palestinien qui n’a connu que la guerre depuis près d’un siècle et qui accepte de vivre sur moins de 20% de la Palestine originelle.

C. E. CHITOUR

1. Jean-Claude Lefort : http: //www. lemonde.fr/idees/chronique/2011/07/14/reconnaissance-de-l-etat-palestinien-lettre-ouverte-a-mme-ashton_1548009_3232. html. 12. 07. 11

2. Obama pour un Etat palestinien dans les frontières de 1967 LeMonde. fr 22. 05. 11

3. C. E. Chitour : Le rêve des peuples épris de justice : Un Etat palestinien. Lundi 2 mai 2011

4. Dr Zvi Tenney : http://www.terredisrael. com/infos/ ?p=34379 28 avril 2011

5. Yossi Gal : Le Proche-Orient a besoin d’une paix sincère, Le Monde 27. 07. 11

6. http://www.juif.org/le-mag/405,une-resolution-dans-les-frontieres-de-1967-serait-illegal.php
7. http://www.mleray.info/article-faut-il-reconnaitre-un-etat-palestinien-en-septembre-prochain-73422437.html Daniel Vanhove 27. 07. 2011

8. http://www.alterinfo.net/Reconnaitre-l-Etat-palestinien-pour-faire quoi_a61928. html


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Je l’ai invitée lors d’un prochain séjour à venir jouer avec l’orchestre de Paris et l’Ensemble orchestral de Paris.

Bertrand Delanoe
maire socialiste de Paris, Fév. 2005, en parlant de Condoleezza Rice

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