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Un demi-siècle après Mai 68 : En finir avec la « gauche » Kollaborationniste

1968, ce n’est pas seulement l’année de Mai en France… Mai 68 en France, tout comme, à l’échelle internationale, l’ensemble de la révolte de la jeunesse et le resurgissement du mouvement ouvrier, se situe en quelque sorte au point d’un équilibre mondial précaire dont les deux protagonistes essentiels, EU et URSS, sont eux-même à la fois autant sur la défensive qu’à l’offensive et fragilisés par la nécessité même de leurs propres mouvements contradictoires. Tout était sans doute possible, à cette époque, mais encore fallait-il en avoir une conscience claire. Les contestataires en apparence les plus radicaux de l’époque n’en avaient, au mieux, qu’une conscience instinctive et éventuellement obscurcie par l’usage de psychotropes diverses nouvellement en vogue… Pour ce qui est d’une partie encore relativement marginale de la gauche française, un désir réel et puissant de subversion suffisait, le plus souvent, comme élixir… Mai ce que le socialisme prolétarien interroge, en réalité, ce n’est pas la forme, plus ou moins démocratique, ni du pouvoir d’État, ni même de la gestion des entreprises, mais la finalité sociale du travail lui-même.

1968, ce n’est pas seulement l’année de Mai en France...

Même si les « événements » de Mai 68 resteront en quelque sorte, et pour très longtemps, en France, la « partie émergée » d’un étrange iceberg sur lequel le vaisseau fantôme « Équilibre Mondial » est venu heurter la structure de sa carcasse déjà bien vermoulue...

En réalité, effectivement, le monde de cette époque est déjà miné par une somme de contradictions et d’inégalités qui appelaient à un autre équilibre, sur d’autres bases.

Malgré la croissance encore exponentielle des économies « occidentales », mais plus pour très longtemps, et comme si les peuples de ces nations sentaient déjà la fin de cette ère initialement sensée finir à la fois le siècle et le millénaire dans une apothéose de science et de technologie, une remise en cause de ces « raisons de vivre » traversait toutes les couches de cette société où l’opulence semblait prochainement accessible à tous et pratiquement sans limites...

La gauche française, née et bercée initialement dans les utopies de la fin du XIXème siècle, n’était devenue, formellement et intellectuellement, « marxiste », que par mimétisme, sous l’influence de l’URSS d’avant-guerre, en voie de développement et de construction accélérée, puis sous l’influence, plus symboliquement ambigüe, de la bataille devenue légendaire de Stalingrad. Sans comprendre que ce que les soviétiques avaient défendu avec un tel esprit de sacrifice, ce n’était pas essentiellement la perspective d’une utopie, lucidement lointaine, pour eux, mais bien les vitales conquêtes des premiers pas du socialisme, qui les avait simplement sorti de la misère des isbas, de l’asservissement aux grands propriétaires fonciers, et surtout, finalement, de l’analphabétisme et de l’ignorance.

La véritable base initiale de la Révolution Bolchevique et celle de la gauche française appartenaient déjà depuis longtemps à deux mondes différents, mais les « élites intellectuelles » dirigeantes idéologiques de la gauche française étaient incapables d’assumer ce décalage, autant , et sinon plus, par opportunisme que par manque de lucidité...

C’est déjà cette faillite idéologique que symbolise le célèbre mot que l’on prête volontiers à Sartre :« Il ne faut pas désespérer Billancourt. »

Que le mot soit apocryphe ou non, il résume en même temps tellement bien la faillite de ce « philosophe » et de son monde qu’on ne saurait réellement le lui retirer...

C’était une époque où la gauche intellectuelle française vantait sans complexes les mérites de l’école républicaine et prétendait même encore savoir lire... Elle faisait néanmoins de Marx une lecture essentiellement utopiste, ce qui tendrait à rendre douteuse cette prétention, et généralement, de plus, en se complaisant dans d’interminables débats sur les diverses interprétations byzantines qu’elle en faisait...

A l’occasion, elle pratiquait de la même manière avec les textes de Lénine, espérant préserver par là le lien entre ses chimères utopiques et sa vision « globale » de l’URSS, qui n’était (et n’est toujours ...), précisément, qu’une « vision », et « globalisante », de plus, c’est à dire aux antipodes du matérialisme historique et de la dialectique marxiste, en réalité.

Le caricatural « globalement positif », également apocryphe mais pleinement assumé par Marchais en 1979 est à la fois l’aboutissement, (23ème Congrès du PCF), et, très vite, le point de retournement à partir duquel cette même « vision globale » devient tout aussi globalement négative et toujours aussi antithétique du marxisme, mais enfin « globalement » conforme à ce que la bourgeoisie française attendait de son aile gauche...

Le « globalement positif » est significatif en ce qu’il précède de peu l’intervention armée de l’URSS en Afghanistan. 1979 est donc aussi le début du reflux des luttes de libération nationales du tiers monde, qui formaient, à l’échelle mondiale, une vaste zone d’influence de l’URSS et une résistance encore farouche au déploiement de l’impérialisme EU et de ses valeurs financières et sociétales.


Quel rapport avec 1968 ?

1968 commence avec l’offensive du Têt au Sud-Vietnam. Un échec militaire mais transformé en réussite politique par son impact psychologique, essentiellement sur l’opinion public occidentale...

En réalité, c’est le tournant décisif de cette guerre, une des plus emblématiques de la deuxième moitié du XXème siècle. Elle marque un moment important de l’indécision du rapport de forces dans ce que l’on appelle encore la guerre froide.

Dans son rapport avec la gauche française le statut du rôle de l’URSS n’a sans doute jamais été aussi ambigu. Mai 68 se trouve placé, chronologiquement, entre cette offensive spectaculaire des « communistes » nationalistes vietnamiens et l’intervention de l’URSS et des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie, en Août de la même année. Si l’offensive du Têt marque essentiellement par la détermination des combattants assaillants au Sud-Vietnam, en révélant la vulnérabilité de l’Empire EU, la nécessité de mobiliser aussi massivement ses troupes pour sauvegarder son influence en Europe de l’Est marque en parallèle la vulnérabilité de l’infrastructure soviétique à cette même époque, déjà. En prétendant la réformer, Khrouchtchev en avait déjà sapé les fondamentaux et Brejnev ne faisait que tenter de limiter cette désagrégation sans pour autant revenir aux fondamentaux. Dubcek à Prague ne faisait que renouveler le réformisme khrouchtchevien et anticiper, en quelque sorte, la perestroïka... C’est à dire une désagrégation encore plus complète des derniers restes d’une économie planifiée et son glissement délibérément organisé d’un capitalisme bureaucratique d’Etat déclinant vers le libéralisme économique « à l’occidentale », même si dans une version hypothétiquement « sociale-démocrate ».

Mai 68 en France, tout comme, à l’échelle internationale, l’ensemble de la révolte de la jeunesse et le resurgissement du mouvement ouvrier, se situe en quelque sorte au point d’un équilibre mondial précaire dont les deux protagonistes essentiels, EU et URSS, sont eux-même à la fois autant sur la défensive qu’à l’offensive et fragilisés par la nécessité même de leurs propres mouvements contradictoires.

Tout était sans doute possible, à cette époque, mais encore fallait-il en avoir une conscience claire. Les contestataires en apparence les plus radicaux de l’époque n’en avaient, au mieux, qu’une conscience instinctive et éventuellement obscurcie par l’usage de psychotropes diverses nouvellement en vogue... Pour ce qui est d’une partie encore relativement marginale de la gauche française, un désir réel et puissant de subversion suffisait, le plus souvent, comme élixir...

Mais avant de creuser dans les motivations confuses et contradictoires des contestataires français, arrêtons nous encore un instant sur ce lien qui semble unir non seulement 1968 et 1979, mais aussi 1979 et notre présente époque...

En 1979 les américains avaient déjà intégré la « leçon du Vietnam », et compris que malgré leurs énormes moyens matériels ils étaient incapables de gagner frontalement une guerre réellement populaire.

En Afghanistan, on sait maintenant qu’ils avaient déjà réussi à introduire et manipuler les premiers spécimens de ceux qui allaient devenir les djihadistes répandant aujourd’hui la terreur à travers le monde... L’intervention russe était donc déjà une première tentative d’enrayer ce fléau, en réalité, et les cris d’orfraies des occidentaux, même et surtout des « intellectuels » de gauche, n’étaient déjà que le reflet de leur cécité en matière d’analyse politique.

Ce qui avait remis en cause le rapport de force avec les EU durant le quart de siècle précédent, ce n’était pas le « socialisme » en URSS, qui n’était plus qu’une coquille bureaucratique dans laquelle nichaient les bernard-l’hermite brejneviens et autres, mais le développement intense des luttes de libération nationales dont l’URSS était encore la seule base arrière réelle, suite à la défection de la Chine, en voie de passer du côté EU, malgré ses rodomontades maoïstes gauchisantes.

Comprendre que la bourgeoisie nationale bureaucratique en URSS ne défendait plus le socialisme mais continuait néanmoins une forme importante de résistance nationale et internationale anti-impérialiste, c’eut été, de la part de la gauche, en France et ailleurs, du reste, simplement faire preuve de lucidité, et devant cette évidence réaliste, un moyen d’adapter sa stratégie, sans cultiver de non-dits, recouverts d’une phraséologie à double sens, hypocrite et alambiquée.


Passant du mythe « globalement positif » qui assimilait de façon idéaliste l’histoire de l’URSS à une seule phase, celle du socialisme, à une légende noire, celle du « globalement négatif », qui reprenait exactement tous les poncifs classiques de l’anticommunisme, la gauche française condamnait donc aussi, en réalité, le socialisme.

Bien évidemment, cette analyse eut été déjà à faire, non seulement en 1968, déjà, mais dès la fin des années 50, en réalité.

A travers les débuts du djihadisme en Afghanistan, on vient donc également d’aborder le lien entre cette époque et la notre, mais à propos du rôle de la Russie actuelle, celle de Poutine, on y reviendra, nécessairement, pour comprendre le fil qui la relie donc aussi bien à 1979 qu’à 1968, de par le fait.

Ce qui marque le contexte de Mai 68 c’est en quelque sorte une session de rattrapage brutal de la jeunesse française par rapport à l’anglo-saxonne, déjà fortement en ébullition « radicale » depuis quelques années.

En 1968 c’est donc essentiellement la jeunesse d’un occident gavé qui s’interroge, assez massivement, sur ses raisons de continuer à vivre le modèle « consumériste » et l’ « american way of life »...

Si la lutte pour la paix au Vietnam est évidemment un aspect emblématique de la contestation aux EU, c’est, plus simplement, le rejet des carcans archaïques autoritaires de l’époque qui sera le déclencheur en France.

Cet aspect anti-autoritaire se retrouvera largement dans le déclenchement de la grève ouvrière, qui, après un 13 Mai massif mais relativement encadré va prendre de court les syndicats et les déborder, dans un premier temps.

Néanmoins, il faut bien comprendre que, même dans un contexte préalable d’essor économique, de nombreuses inégalités et injustices sociales subsistaient, et restaient nécessairement mal vécues, à la base. Révolte anti-autoritaire et revendications sociales entraient donc soudainement en synergie, bousculant les bureaucraties syndicales, qui se voyaient dépossédées de leur rôle accepté de longue date comme entremetteuses sociales en quelque sorte...

Elles se trouvaient donc confrontées à la nécessité de faire à la fois de la « récupération » syndicale au niveau revendicatif et de la « récupération » politique pour endiguer ce flot d’anti-autoritarisme qui menaçait de les emporter complètement.

Toute l’ambiguïté du rôle des syndicats en France, entre action revendicative et lobby d’influence politique, était déjà posée là de manière urgente à l’époque, et même si les conditions et les termes ont changés, cette ambiguïté reste le syndrome des bureaucraties syndicales actuelles. Même délestées de l’essentiel de leurs troupes militantes et de la plus grande partie de leur influence directe, elle restent un levier indispensable au système pour tenter de légitimer ses « réformes » et ses multiples formes de reculs sociaux autrement que par la seule force de la loi imposée.

Si l’idée du retour à un syndicalisme de lutte de classe n’a pas fait florès depuis, le fait de tolérer ce genre de tendance dans leurs rangs permet aux bureaucraties syndicales de se farder d’un rouge assez pâle mais suffisant pour se présenter comme interlocutrices « légitimes » des luttes locales qui pourraient encore les déborder, et notamment celles qui prennent de plus en plus souvent un tour désespéré, engendré par la seule durabilité réellement en cours de développement, celle de la crise. Au moment même où ces lignes étaient écrites Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, faisait une éloge appuyée de Jean-Claude Mailly, leader syndical FO en fin de mandat, en proclamant haut et fort, et manifestement avec intention, vu l’écho dans la presse aux ordres : « On a besoin des syndicats ! ».

Pour en finir avec le chapitre des syndicats, il ne faut évidemment pas en conclure que toute activité syndicale est nécessairement contre-révolutionnaire, mais que l’utilisation de la forme syndicale du mouvement ouvrier, une de ses conquêtes les plus basiques, dépend entièrement du contexte politique, lui est soumise, et ne le commande pas. Son rôle dépend du rapport de force. Elle peut être un premier pas en avant dans un contexte où il n’existe pas d’autre moyen d’expression, mais, politiquement, elle ne devient « révolutionnaire » que dans un contexte qui l’est déjà et généralement pas à l’avant-garde du mouvement, qui, précisément et par définition, ne peut qu’être politique. A terme, substituer un syndicat à l’organisation politique de masse des travailleurs, c’est lui faire remplir une fonction organisationnelle étatique qui est précisément l’antithèse de son rôle initial. Cette contradiction absolue est celle de l’anarcho-syndicalisme, une maladie ancienne et chronique de la gauche française.

Mais au delà de la forme, syndicale ou non, le débat des motivations du mouvement ouvrier en Mai 68 se trouve donc posé entre plus de consumérisme ou contestation du consumérisme. Il ne fait pas de doute que pour les catégories ouvrières les moins qualifiées et les moins payées, les « ouvriers spécialisés », la motivation d’améliorer leur niveau de vie est la première à entrer en ligne de compte. En un sens, c’est aussi, et même d’abord, plus d’accès à la société de consommation, alors encore en plein essor. En même temps, si le prix à payer est toujours plus de soumission au système qui les opprime déjà, la question des conditions de vie au travail se trouve également posée et le rapport à l’autoritarisme de l’encadrement technique et patronal aussi. L’idée d’un autre type de rapports sociaux dans l’entreprise surgit donc comme un corollaire assez naturel, dans ce contexte, des revendications purement matérielles. Mais, spontanément, il n’y a pas de perception globale de cette problématique, et donc une relative séparation de la notion de pouvoir politique étatique et de pouvoir dans l’entreprise. Cela laissait donc de la place pour le développement, au moins dans l’imaginaire populaire, de conceptions sociales utopiques localistes, et parmi celles-ci, l’autogestion, qui était donc reprise par les tendances réformistes de la gauche politique et syndicale, PSU, CFDT, gauche du PS , ensuite, se parant ainsi d’une nouvelle image de contestation sociale, tout à fait apte à récupérer les espoirs nés de la grève générale. Cette duplicité des illusionnistes de la gauche réformiste, secondés par la renaissance de l’anarcho-syndicalisme organisé, est une des plus efficaces parmi les manœuvres de récupération politique qui ont mené à l’ « alternance » Mitterrandiste en 1981. Le fait que la transformation des rapports sociaux dans l’entreprise n’avait pas de sens en dehors d’une transformation des rapports économiques et des rapports de production à l’échelle de l’ensemble de la société était largement escamoté par la plupart des intervenants politiques de ce temps.

Malgré l’ébauche d’une remise en cause du consumérisme, c’est la finalité sociale globale du système de production, dans sa réponse ou non-réponse aux besoins sociaux réels, qui n’est tout simplement pas réellement remise en cause, en dépit de l’influence supposée dominante d’un très formel « marxisme » dans la gauche française.

Le « gauchiste » moyen débat des éventuelles formes que pourrait prendre le pouvoir ouvrier, localement ou à l’échelle nationale, et même internationale, de ses formes plus ou moins démocratiques, conseil, syndicat ou autre, il discute doctement de savoir si elles correspondent ou non à la conception marxiste de la dictature du prolétariat, et même de savoir s’il faut conserver ou rejeter cette conception, mais il oublie que l’essentiel est dans le contenu social et économique du programme et non dans les formes.

Au mieux il a sa liste de « mesures » d’un réformisme plus ou moins démagogique ou « radical », genre « répartition des richesses » (... du capital), à la fin desquelles il glisse comme certificat final de « marxisme » une ou deux lignes sur la « socialisation des moyens de production », mais la finalité sociale de l’ensemble du processus de production n’y est jamais autrement définie ni remise en question.

Or si elle ne l’est pas, ou même simplement pas avec suffisamment de précision, en rapport des besoins sociaux les plus élémentaires, c’est la loi du marché qui s’imposera toujours, même si les secteurs essentiels de la production sont tous nationalisés. Et l’on ne s’éloigne donc toujours pas d’une conception économique capitaliste, en réalité.

La véritable « socialisation des moyens de production » n’est pas simplement une forme de collectivisation plus ou moins démocratique ou plus ou moins étatique.

Ce que le socialisme prolétarien interroge, en réalité, ce n’est pas la forme, plus ou moins démocratique, ni du pouvoir d’État, ni même de la gestion des entreprises, mais la finalité sociale du travail lui-même.

Le mythe de l’ « autogestion » opposée au « socialisme étatique » est particulièrement emblématique et symptomatique de ce faux débat qui a traversé la gauche française depuis Mai 68 et a rendu son discours inaudible et inopérant en regard des problèmes sociaux réels engendrés par la crise, concrètement inaugurée, en réalité, dès le début des années 70 et le premier « choc pétrolier », son premier symptôme spectaculaire.

La finalité « démocratique » de l’autogestion ne change rien au cadre général dans lequel se situe l’entreprise, ni son rapport à l’ensemble des autres entreprises et de la société, car il ne l’extrait nullement de la logique du marché, de la loi du marché, et en aucun cas elle ne saurait le faire, du reste, sans se nier elle-même, et d’abord dans son principe d’autonomie de gestion.

En commençant à donner une finalité sociale et non marchande au travail et à l’entreprise, le socialisme contraint nécessairement la gestion des entreprises à s’inscrire dans un plan collectif de correspondance entre le travail et les besoins sociaux définis collectivement, et il limite donc l’autonomie de gestion des entreprises en les extrayant totalement de la logique du marché pour satisfaire ces besoins sociaux urgents, indépendamment des valeurs de marché, devenues caduques, tant au sens littéral qu’au sens figuré et « culturel » du terme, alors qu’une entreprise réellement autonome et « autogérée » ne peut évidemment sortir du cadre de ces valeurs sans se condamner elle-même, pratiquement, à la faillite à brève échéance.

La situation n’est pas tellement différente pour une « socialisation » ou « collectivisation » conçue comme un ensemble de « nationalisations » étatiques, avec ou sans indemnisation des capitalistes.


Ce que le socialisme interroge, en fin de compte, c’est la correspondance entre les valeurs d’usages crées par le travail et les besoins sociaux réels et urgents. Cette question, dans un premier temps, celui de la transition, non seulement n’exclut pas, mais implique la notion d’échange d’équivalents entre travailleurs producteurs, même si en tenant compte des besoins sociaux collectifs de l’ensemble de la population, y compris en dehors du secteur productif. Il y a donc là une notion collective d’utilisation de la valeur d’échange, et de la loi de la valeur, donc, telle que définie par Marx, au demeurant, dès les premières lignes du Capital, et telle que reprise dans sa non moins célèbre et controversée Critique du Programme de Gotha.

En dépit de ses litanies et rodomontades marxisantes, c’est donc l’ensemble du discours de la gauche française, même dite « extrême », anarcho-syndicaliste, trotskyste, maoïste, etc... qui se situe en dehors de toute critique réelle et sérieuse du capitalisme, et notamment en dehors de toute critique marxiste.

Aujourd’hui comme hier, l’ « anticapitalisme » de la gauche française n’est qu’une phraséologie gauchisante de pacotille, mais du moins la gauche de la fin des des années 60 avait-elle fait sa part dans le travail de rejet de l’interventionnisme US au Vietnam et elle avait donc contribué à ce que le rapport de force dans le monde penche en faveur des luttes de libération nationale, et notamment contre l’impérialisme EU. Elle avait donc joué au moins en partie son rôle internationaliste et anti-impérialiste, et contribué, même si sans une conscience suffisamment claire, à ouvrir la brèche qui allait craqueler la structure du système à l’échelle mondiale, et avec un point particulièrement chaud en France, en Mai 68.

Bien entendu, et tout comme aux EU, et notamment dans le mouvement de la jeunesse, l’essentiel de ce mouvement était le pacifisme, et non un soutient actif aux luttes de libération, sauf de façon très marginale. Néanmoins, le refus de combattre, de la part de la jeunesse EU, exigeait déjà un très grand courage et contribuait directement à l’évolution du rapport de forces, sur le terrain.

C’est la somme de toutes ces révoltes qui a eu une importance stratégique et contribué à établir un lien entre anti-impérialisme et anticapitalisme, même si de façon indirecte et non réellement consciente. Il y avait assez souvent une synchronicité des deux aspects de la contestation sans que cela soit de propos délibéré une stratégie, et encore moins, une méthode d’agit-prop basée sur une synergie, qui s’établissait pourtant, de fait.

Aujourd’hui, un demi-siècle après, non seulement le lien entre anti-impérialisme et anticapitalisme n’est toujours pas établi, même de façon approximative, y compris dans les vagues restes du mouvement ML, mais la notion même d’impérialisme est devenue tout à fait subjective et sans aucun rapport avec sa définition marxiste-léniniste d’origine.

Au delà de protestations « pacifistes » de pure forme et sans aucune conséquence militante concrète, chacun, chaque secte et groupuscule décrète « impérialiste » le pays qu’il veut voir défait dans les conflits en cours, au gré de ses intérêts et des alliances qu’il espère nouer, de quelques subsides circulant éventuellement en dessous de table, et en dehors de toute analyse basée sur des critères d’appréciation économique et financière réels, de données réelles correspondant à la définition basique de l’impérialisme.

Il est vrai qu’à l’époque le mouvement maoïste avait déjà bien inauguré ce bal des masques réversibles en créant le concept de social-impérialisme soviétique qui lui permettait de jouer provisoirement sur plusieurs tableaux, feignant, à partir d’un hypothétique « non-alignement », une fausse neutralité qu’il espérait transformer en nouveau leadership du tiers-monde, avant de passer avec armes et bagages dans le camp EU, ce qu’il fit dès le début des années 70, mais sans entrainer le retournement général espéré...

Ce retournement spécifique de la Chine, à lui seul, néanmoins, déjà préparé par les luttes de factions internes au PCC, sous le masque grotesque de la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne », avec également un tournant essentiel en 1968, est néanmoins une grande victoire stratégique des EU, aux « bons soins » du Dr Henry Kissinger, et amorce la reprise de contrôle de la situation mondiale par l’impérialisme EU.

Il est à noter que la seule révolte prolétarienne réelle en Chine « socialiste », le seul moment d’un éphémère pouvoir prolétarien, celui de la Commune de Shanghai, se termine en Avril 1968, écrasée par l’armée alors contrôlée par Lin Biao, et sur ordre de Mao, alors que la jeunesse maoïste française des beaux quartiers parisiens commence à peine à jeter sa gourme à Nanterre et au Quartier Latin. Mao est, en mai 1968, quarante ans après Tchang Kaï-chek, le plus grand massacreur de la classe ouvrière de Shanghai...

Compte tenu de la difficulté de circulation des infos entre la Chine continentale et l’occident, à l’époque, on veut bien admettre que ce fait ne fut pas immédiatement saillant pour les maoïstes français en Mai 68. Néanmoins, la remise en ordre générale sous la tutelle de l’armée était tout à fait officiellement annoncée. Ainsi que l’envoi "à la campagne" des gardes rouges, pour une durée à priori indéterminée...

Trois ans plus tard, la véritable nature des accords Chine-EU, sous l’égide de Nixon, ne pouvait être tenue pour une simple "entrevue diplomatique de reconnaissance", compte tenu des premières mises en vente à la bourse de Hong Kong de titres sur les entreprises chinoises continentales. C’était bel et bien la mise en place d’une affaire juteuse pour les deux parties et le début de la mutation de la bourgeoisie "nationale" maoïste du PCC en une bourgeoisie néo-comprador, entièrement vendue à l’impérialisme EU, indépendamment de ses luttes de fractions internes. Ce fait, encore peu connu aujourd’hui, était pourtant, même à l’époque, facilement accessible, en termes d’infos, pour nos "dirigeants" maoïstes français, essentiellement issus de la bourgeoisie et proches des milieux d’affaires, dans leurs contextes d’origine.

Mais la duplicité de ces "dirigeants", en France, n’était précisément qu’un pâle et morbide reflet de celle de Mao Zedong lui-même, et dès lors que la base militante en France ébauchait réellement l’amorce d’une résistance prolétarienne anticapitaliste et anti-impérialiste, en opérant notamment une fusion avec la solidarité populaire pour la lutte de résistance palestinienne, leur stratégie manipulatoire et putschiste se trouvait en échec, la lutte échappant à leur contrôle, et il leur fallait la casser rapidement pour réintégrer à temps le giron de leur classe d’origine.

Bien entendu il n’existe pas de catégorie réellement définie pour ce genre de pratique politique manipulatoire, mais la génération des "gardes rouges" quasiment déportée pour plusieurs années en Chine s’est trouvée sacrifiée sur l’autel des règlements de comptes entre factions maoïstes et l’on pourrait légitimement définir ce fait comme un "génocide générationnel", même si la violence y est plus psychique que physique. Pas de telle contrainte, en France, mais les quelques éléments populaires et prolétariens qui ont servi de masse de manœuvre "militante" à ces manipulateurs se sont trouvés tout autant rejetés par le mépris et le cynisme de ces "gosses de riches" ayant juste fini de jeter leur gourme. La violence de la désillusion, la marginalisation et le suicide devenait au mieux, pour les manipulateurs, un sujet d’étude sociologique, sinon carrément l’amorce d’un business spectaculaire marchand.

Il ne s’agit pas ici de stigmatiser particulièrement la « trahison » des « dirigeants inspirés » de telle ou telle tendance, maoïste ou autre, qui n’ont fait qu’agir selon leur véritable nature de classe, mais bien de comprendre que le réalignement de plus en plus formel et généralisé qui gagne, à partir du début des années 70, l’ensemble de la gauche française en faveur de l’impérialisme EU et du sionisme, s’enracine en réalité profondément dans les carences de la critique qui en avait été précédemment formulée, aussi virulente et radicale qu’elle ait pu paraître, dans sa forme.

Il ne s’agit pas non plus, à l’occasion de ce cinquantenaire, de refaire un exposé des principes de base, mais au moins de bien montrer jusqu’à quelle dérive aussi absurde et systématique, et surtout, ultra-réactionnaire, leur « oubli » a pu mener la gauche française. Le fait est, basique et malgré tout nécessaire à rappeler, que l’impérialisme n’est pas un phénomène « extérieur », comme une sorte de « supplément d’âme » particulièrement noir, du capitalisme, mais bien une évolution logique et incontournable de sa nature profonde, reposant sur la domination, tout aussi logique et incontournable, du capital financier et spéculatif, et sur sa capacité à asservir d’autres nations et d’autres peuples en captant leurs ressources et le fruit de leur travail par l’exportation massive de capitaux. L’utilisation de la force militaire n’étant qu’un corollaire fréquent mais ni indispensable ni symptomatique par lui-même. Le nombre de pays qui sont réellement des pôles financiers d’envergure mondiale et exportateurs massifs de capitaux reste en réalité assez restreint et n’évolue que très peu, d’une époque à l’autre, même à un demi-siècle d’écart, et aucune confusion ne devrait être possible, en dehors de la cécité volontaire des « idéologues » stipendiés de la gauche au service du système. Les rapports de force à l’échelle mondiale ont certes évolué en passant par diverses phases caractéristiques, mais si l’ouverture et la "compradorisation" du marché chinois a permis le rétablissement de la suprématie EU, elle n’a fait qu’accentuer la vassalisation des autres acteurs majeurs, France, Allemagne, Japon, Grande-Bretagne, au suzerain EU.

Dans un deuxième temps, la constitution d’un capital financier chinois suffisamment autonome a permis à la Chine de se poser aujourd’hui en challenger n°1 de l’impérialisme EU, loin devant les quatre vassaux principaux, qui le restent donc, plus que jamais. En un demi-siècle la physionomie économique et sociale de la planète a certes considérablement évolué, mais pas au point d’être méconnaissable pour un hypothétique « voyageur temporel »... Sur ce plan, le surgissement de la Chine est l’événement majeur, tandis que l’effondrement du capitalisme national-bureaucratique en Russie et en Europe de l’Est n’a fait que renforcer la domination EU sur ce continent.

Après une brève période de "compradorisation" chaotique, la Russie tente, ni plus ni moins, que de reconstituer son capital national, sans y parvenir encore de manière efficace, et donc encore très loin d’approcher le stade impérialiste, évidemment, et cela quoi qu’en disent les phraseurs de la gauche française, même « extrême », et larbins plumitifs du système.

Cette réalité est ce que nous révèlent les relents de « guerre froide » qui parcourent à nouveau le monde, et semblent à s’y méprendre constituer un tragique « remake » de l’époque, et sans même l’illusoire notion de « coexistence pacifique »... !

La différence réelle et profonde étant donc l’apparition du challenger chinois pour la domination économique et financière, tandis que la Russie constitue à nouveau le pôle de résistance des nations qui refusent la soumission à l’impérialisme, mais délesté de la plus grande partie de sa zone d’influence diplomatique et géostratégique, qu’elle tente donc de reconstituer. L’alliance Russie-Iran constitue pratiquement, et également sur le terrain, une quasi-ligne de front entre les nations et les peuples qui refusent la soumission et les régimes vassalisés, néo-colonisés et compradors diverses. Cette ligne de front est aujourd’hui une ligne de rupture et de fracture géostratégique entre l’ensemble de ces peuples et nations et l’impérialisme EU. Cet ensemble comprend notamment la Nouvelle Russie (Donbass), la Syrie, la Palestine, le Yémen.

L’ensemble des nations refusant actuellement le diktat de l’impérialisme EU est particulièrement hétéroclite en raison des différentes vagues d’agressions impérialistes et de tentatives de résistance dont elles sont en quelques sorte les survivantes. Même si la mémoire de l’URSS reste un fond diffus dans l’arrière plan culturel et idéologique de nombre de ces nations, ce n’est jamais que l’héritage de la bourgeoisie nationale bureaucratique de l’époque Khrouchtchev-Brejnev, et non celui de la période socialiste de l’URSS, et il n’y a donc aucune nostalgie à cultiver envers de chimériques “rescapés du camp socialiste”, ce qui ne serait qu’un nouveau concept idéaliste globalisant et confusionniste, favorisant uniquement les manipulations et les intérêts du nouvel impérialisme chinois.

La plupart de ces régimes reposent sur une alliance de la bourgeoisie nationale, de la petite-bourgeoisie et très rarement, avec la participation d’une partie de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre, mais qui n’en sont jamais une avant-garde réellement constituée. Il n’y a donc pas d’ambiguïté idéologique à cultiver, et ces régimes doivent être caractérisés pour ce qu’ils sont, et soutenus pour ce qu’ils sont, et uniquement dans la mesure de leur résistance à l’impérialisme.

Bien évidemment, l’attention première des anticapitalistes et anti-impérialistes conséquents doit se porter sur la constitution d’organisations d’avant-garde prolétarienne et sur le soutient aux très rares qui existeraient encore. Mais dans la situation de carence actuelle sur cet objectif en France et dans la plupart des pays, ne pas soutenir clairement, ouvertement et activement, sur le plan politique, la résistance des nations en lutte contre l’impérialisme n’est pas seulement un déni formel de tous les principes de lutte, mais une attitude de Kollaboration objective, et même de Kollaboration active, dans les faits.

Ce ne peut être que dans une dynamique générale de lutte contre l’impérialisme que peut renaitre le mouvement ouvrier, en France, en Europe et ailleurs. Un demi-siècle après, c’est l’une des leçons essentielles de Mai 68, et l’une de celles qui n’a toujours pas été “comprise” par la gauche française, même dans ses composantes supposées “extrêmes” et soi-disant “marxistes-léninistes”.

Mais au bout d’un demi-siècle, “incompréhension” n’est sans aucun doute nullement le terme adapté en ce qui concerne la plupart des responsables politiques de la gauche française et de son fiasco permanent, qui ne fait que s’approfondir au fil des générations et des luttes, en fait de “révolution permanente” telle que sporadiquement remise au goût du jour par les trotskystes, dont c’est l’une des prétentions idéologiques d’origine.

Emblématique de ce type d’attitude Kollaborationiste, celle du NPA et de son porte-parole médiatique, Olivier Besancenot. Après avoir ouvertement soutenu l’agression impérialiste en Libye, avec le résultat que l’on connait, à savoir, avec le retour de l’anarchie capitaliste primitive, du chaos et de la violence, celui de l’esclavagisme, Besancenot et le NPA “remettent le couvert” pour le dépeçage de la Syrie et vont même jusqu’à se poser en quasi-”conseillers politiques” de l’interventionnisme impérialiste en préconisant plus d’armement pour les factions militaires qui ont enclenché le processus de “guerre civile”, en réalité déjà manipulés et téléguidés par leurs commanditaires occidentaux. S’il prétend affirmer quelques doutes sur les récents bombardements impérialistes, ce n’est pas sur l’indépendance bafouée de la nation syrienne que porte son indignation, mais sur l’effet “contre-productif ” de ces frappes pour les intérêts occidentaux :

"On est dans cette situation où aujourd’hui on va avoir une déstabilisation supplémentaire de la région et qui risque finalement paradoxalement de rendre un grand service à Assad, c’est à dire de solidariser une partie de sa population sur le thème de l’anti-impérialisme”

Tout comme les autres intervenants au service de ces criminels, il est incapable de comprendre que la défaite de l’impérialisme est déjà consommée, pour l’essentiel, en Syrie, et que ces frappes d’arrière-garde ne visent qu’à en ralentir la libération totale et à sauver la face des assassins stipendiés par le capitalisme financier international. Mais Besancenot affirme donc sans vergogne savoir mieux que les impérialistes ce qui serait encore bon pour eux !!

Difficile de descendre plus bas dans l’échelle de la duplicité...

Besancenot n’était certes pas encore né en 1968, mais toute son évolution politique, comme celle de son parti NPA, reflète la dérive générale de la gauche française, inaugurée avec les faux débats de l’après-Mai 68, évitant soigneusement la remise en question de la finalité sociale du travail, susceptible de saper la base idéologique et économique du capitalisme et de l’impérialisme.

Assez logiquement c’est ce genre de “leader” que les médias du système mettent en avant comme “représentatif” des mouvements de contestation sociale en 2018, à l’approche du cinquantenaire de Mai 68. On comprend aisément pourquoi...!

La structure du capitalisme financier était ébranlée, en 1968, tant par les contradictions internes de la dynamique expansionniste du dollar que par le surcoût et l’inefficacité de la guerre impérialiste, double syndrome aboutissant à la liquidation des accords monétaires de Bretton Woods, en 1971. Au même moment, le retournement de la Chine est venu apporter un très gros ballon d’oxygène à l’impérialisme EU, mais aujourd’hui il menace de lui éclater à la figure et la crise financière de 2008 n’a trouvé que des solutions palliatives fragilisant durablement la structure du système. La multiplication des guerres par procuration est le seul moyen réel de survie du capitalisme financier, à l’heure actuelle, et le seul moyen qu’il a de se relégitimer, par le truchement du développement “incontrôlé” du terrorisme.

Faire le choix de soutenir politiquement et activement les luttes anti-impérialistes en cours, c’est le seul point de départ possible pour la renaissance réelle des luttes anticapitalistes et le début de construction d’une alternative.

Luniterre

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https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/04/29/un-demi-siecle-apres-mai-68-en-finir-avec-la-gauche-kollaborationniste/

SUR DES SUJETS CONNEXES :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/01/06/le-marxisme-etait-il-a-la-base-du-socialisme-en-urss-et-quelles-lecons-peut-on-en-tirer/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/octobre-1917-2017-centenaire-de-la-russie-sovietique-pour-les-proletaires-lhistoire-comme-drapeau/

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 https://tribunemlreypa.wordpress.com/
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COMMENTAIRES  

17/05/2018 20:47 par Renard

Le NPA c’est l’extrême-gauche libérale comme le dit Michéa dans son bouquin "Notre ennemi le Capital" et en effet :

 Le NPA soutient les guerres impérialistes "humanitaires" (Lybie, Syrie,..).

 Il refuse de critiquer la société de consommation et refuse de se prononcer en faveur du protectionnisme, montrant ainsi une totale incohérence dans son programme économique.

 Il soutient plein pot l’idéologie "No border" et la totale ouverture des frontières, mesure libérale au plus haut point.

C’est dommage parce que je l’aime bien Besancenot : il a toujours un mot pour des salariés en lutte quand il se rend sur les plateaux et il fait preuve d’une certaine aisance à l’écran qui serait utile si il faisait preuve d’un peu plus d’esprit critique envers sa propre idéologie.

18/05/2018 07:23 par alain harrison

Bonjour.
Vraiment intéressant cet article.
Merci pour m’avoir éclairé sur Besancenot-NPA. Serait-il un autre Tsipras ?
Bon, mon intervention porte sur l’aspect qui concerne l’autogestion signalé dans l’article.
Ce que j’en comprends, ce sont les limites et les contradictions que peut porter l’alternative même, si comme le signal l’auteur, les prolétaires n’ont pas une vue claire sur la question de la finalité social de l’économie, donc du travail lui-même.
La vue claire de ce point est une question assez complexe puisqu’elle concerne celle de la condition humaine depuis le début de l’hominisation et que nous reconduisons, aujourd’hui plus que jamais, dans le concept même de consumérisme, anciennement de la prédation. La prédation consumériste est encadré aujourd’hui par la notion de clientélisme qui sert si bien les partis politiques, et au-delà le capitalisme.
Il s’agit bien là en dernière analyse d’instrumentalisation, et le syndicalisme n’y échappe pas comme indiqué dans l’article.
Donc il y a un modus operandi agissant dans toutes les sphères et dans toutes les niches investis par le libéralisme.
Les discours de part et d’autres ont leur propre contradiction, puisque partiel.
Comment parer à cela, sinon par la vue d’ensemble et la cohérence du questionnement pour y répondre adéquatement ?
Pour la vue d’ensemble je recommande deux articles :
Crime contre l’humanité, l’ultime retour des barbares (un tour d’horizon historique)
Qui sauve qui ? (ACDTM) pour voir les grands rouages de la crise et le sauvetage des banques, pas n’importe quelle, les grandes prédatrices : JPMorgan, Goldman Sachs, celles qui dominent (?). Par déduction.
Bon, les discours, les « ni de droites ni de gauches », ou encore, les vieux slogans « la culture d’entreprise » lié à la dictature prolétarienne du communisme ne sont pas très ragoutants. Le communisme du XXI è siècle a intérêt à se réinventer, sans perdre la question crucial qu’appel cet article à définir : la finalité social du « mode » de travail. C’est ainsi que je pose la notion du travail, doublement : la notion du travail en soi et son mode, comment il est organisé.
Et, c’est vraiment la bonne question : quelle est la finalité sociale du travail ?
Sans le travail, rien, pas d’organisation sociale, pas de culture, pas d’église, pas d’entrepôt, pas de route, pas d’entretien des infrastructure, pas de capitalisme ni d’alternative possible. N’est-ce pas.
Donc les discours et les mots judicieux ont une influence plus ou moins grande selon la conjoncture. La conjoncture politico-sociale a permis à Macron de passer d’inconnu à monarque, c’est votre Constitution de la Vè République qui reconduit votre système monarchique que la Révolution française a à peine ébrécher. NON OUI. Mais regardez qui domine ? La réponse est évidente.
Le parlement n’a aucun pouvoir sinon celui du débat sans substance ni effet aux ordres du monarque et de sa court (les capiteux).
Ne pas admettre ceci, est dangereux et stupide. Come je l’ai souligné, dans quelques uns de mes nombreux commentaires et ailleurs, nous sommes entrés pour un temps « indéterminé » dans l’époque de la stupidité. C’est ma conviction profonde (les guerres limités dans des lieux précis délocalisables, mais illimités, de basses ou de fortes intensitées, armées ou économiques (les blocus, dont le peuple Cubain souffre depuis 60 ans, 60 ans. Le conflit palestino-israélien depuis 1948, Viet Nam.....Lybie.....Grèce, bientôt le Vénézuéla abandonnée par la gauche internationale. Russie, Chine sont engagées dans des tractations géostratégiques, et non dans des modèles d’alternatives, dont le Vénézuéla nous montre la Voie. Un fait passé sous silence, le mouvement coopératif d’Argentine (aux oubliettes). Mais pour vous, est-ce une idée ou un fait (Krishnamurti) ?
D’aileurs , même Cuba devrait s’en inspirer. C’est un autre débat.
Bon j’arrive enfin à mon objectif, assez carré je l’admets, mais il y a tellement à dire sur cet article. Mes excuses pour mes digressions.
Donc, nos représentants nous assiègent avec des discours bien affublés et des mots percutants : Macron (ni de gauche ni de droite), ou encore Hollande avec cette phrase ("Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance."). Il en a été, un excellent représentant et, en même temps, un bon instrument disqualifiant la gauche. N’est-ce pas ? Y en a, on peut se poser la question sur leur niveau de conscience.
Ici je conseille ce vidéo, un interview d’Alain Deneault.
Le langage au service des puissants ? Alain Deneault [EN DIRECT]
https://lesazassubversifs.wordpress.com/2018/05/15/le-langage-au-service-des-puissants-alain-deneault-en-direct/

18/05/2018 19:04 par Dominique

Quand je lis "Tout était sans doute possible, à cette époque, mais encore fallait-il en avoir une conscience claire. Les contestataires en apparence les plus radicaux de l’époque n’en avaient, au mieux, qu’une conscience instinctive et éventuellement obscurcie par l’usage de psychotropes diverses nouvellement en vogue… ", j’ai vraiment de la peine à lire le reste, et plus je le lis plus je trouve que c’est de l’enfumage.

Les slogans des contestataires les plus radicaux de l’époque étaient "Stop à la guerre !" et "Non à la société de consommation !". Aujourd’hui nous savons tous et toutes que la sixième extinction de masse a déjà fait la moitié du boulot, ce en quelques décennies alors que les précédentes avaient mis des milliers d’années pour parvenir à ce résultat, et que les frontières de nos états ne l’arreteront pas. Ce qui montre que ces gens là avait une conscience claire et précise de ce qui nous attendait et qui aujourd’hui est prouvé. Ils ne proposaient rien de moins que de terminer notre mode de vie, ceci car les écolos de l’époque avaient parfaitement compris que notre mode de vie n’est pas soutenable.

Malheureusement, Mai 68 s’est fait récupérer par des braillards opportunistes comme Kohn Bendit pour qui écologie rime avec vendre plus tant que c’est (gris-)vert, ainsi que par les syndicats au nom d’un productivisme effréné qui lui aussi ne sert qu’à tout vendre, même des armes de destruction massive. Bref, leur credo commun est d’en vouloir plus, comme dans la pub, et ainsi ils ne font que montrer qu’ils sont le problème au même titre que le 1% et que même si leurs programmes étaient mis en application, la sixième extinction de masse continuera de terminer le vivant. Le résultat dans les urnes aujourd’hui est que le parti qui gagne toutes les élections est celui des abstentionnistes, ce qui montre que de plus en plus de gens ne sont pas dupes, et que les politiques de tous bords sont plus largués que jamais, à l’image de Bush et son "Notre mode de vie n’est pas négociable". Les punks leur ont répondu en 76 avec "business as usual !" et "No Future !".

Les marxistes sont particulièrement insupportables car ils prétendent utiliser une méthode scientifique pour trouver les causes des problèmes, ceci alors que la plupart d’entre eux sont incapables de l’utiliser sans poser des aprioris comme "notre mode de vie n’est pas négociable", autrement dit vive le progrès obligatoire qui ne sert qu’à nous vendre des gadgets à la mode pour assouvir nos frustrations dans la fugacité de l’instant présent, et bien sûr vive le travail obligatoire (il ne l’appelle plus esclavage mais, comme la droite, productivisme) et l’argent, tous deux indispensables pour construire ce progrès qui nique la planète. Le pire est que des scientifiques de renom comme Hubert Reeves ont beau s’emparer du sujet et nous avertir de l’urgence de la situation, ils continuent comme si de rien n’était à vivre dans une utopie suicidaire où le progrès qui nique la planète, en le repeignant en rouge ou en vert, ne pourra que nous sauver et donner du travail à tous les travailleurs.

Quand au délire sur l’autogestion, le jour où nos communistes seront capables d’intégrer un collectif sans chercher à le noyauter et à vouloir faire passer leur agenda au mépris des autres et des décisions prises en AG, on en reparlera. Certains y arrivent et font du bon boulot, mais beaucoup en sont encore totalement incapables et vu le constant précédent, ce n’est pas étonnant.

Après, il faudrait beaucoup plus que cela. Il faudrait que les slogans "Stop à la guerre !" et "Non à la société de consommation !" des premières manifestations de Mai 68 avant que ce mouvement ne se fasse récupérer par les syndicats et les verts soient mis en application. Cela nous permettrai de dégager des ressources pour développer des sociétés alternatives basées sur le local, le respect et la solidarité, tout en réparant les dégâts que notre mode de vie a causé au vivant. L’alternative, c’est la sixième extinction de masse (avec ou sans troisième guerre mondiale, c’est kif kif tant les dégats déjà causés sont énormes).

ZAD partout !

19/05/2018 00:54 par alain harrison

Bonjour.
Je constate les critiques de Dominique, mais, il faut se replacer dans le contexte des années 60-70, ou tout partait de tout bord de tout côté, il y avait un foisonnement de sous-culture, dont les Hippies ont connu un sommet dont on connaît la suite comme la plupart des autres sous-cultures qui ont disparu ou récupéré par le système ou des opportunistes patentés.
Mais, à part ça, je reconnais une description d’ensemble qui se tient, comme l’affaiblissement de l’idéologie marxiste, justement parce que les communistes ont fait d’une analyse remarquable une idéologie, ils ont confondu l’outil avec la fin en soi. L’analyse de Marx devait déboucher sur les moyens pour arriver à une alternative, c’est comme cela que je le vois.
Pour être plus juste, ils ont confondu l’analyse avec la théorie, sans offrir un agenda de solutions en remplacement au système.
Au lieu de cela, ils ont créé un schisme fatal au marxisme en y allant de leur interprétation, selon les point de vue d’intellectuel bien
connu (Hegel, Gramsci et ci.). Non que leur contribution devait rivaliser avec Marx, mais la complétant, à moins que je ne soi dans le champ. Et puis, après la révolution les batailles au sommet pour le pouvoir érodant le potentiel révolutionnaire des travailleurs, comme nous pouvons le constater aujourd’hui.
Mais ,il demeure que Cuba continue, que le vénézuéla rénove l’expérience du Chili d’Allende. Nous pouvons nous demander comment il se fait qu’après 17 ans de Chavisme durant le passage au pouvoir de M. Chavez, qu’il y est si peu d’avancé révolutionnaire, et bien, cela s’explique par le fait que le travail de fond est long et difficile, que les forces économiques sont telles que la confrontation directe prématurée est suicidaire. L’autre point, il y a la conjoncture internationale qui conditionne les pressions externes et internes qui peuvent être appliquées. Sur ce point, les conditions ne permettaient pas aux US d’agir promptement. Et même aujourd’hui, les US tardent à agir, même par procuration (ligues de pays dont la Colombie et ci.). Il semble que la confusion semer par l’US-occident se retourne contre elle ? La gauche est-elle préparée à reprendre l’initiative ? Les Cheminots offrent-ils ce rendez-vous ? Mais, cela est conditionné, à mon avis, à la capacité de la gauche de s’unir pour faire tomber ce gouvernement macron. Là, je crois qu’il ne s’agit pas de choix, mais d’une détermination, que vraiment ça suffit de se faire avoir (PS-Hollande : mon adversaire...........).

Revenons au Vénézuéla, et voyons un peu la stratégie US.
Par analogie la France versus l’UE ?

Venezuela : « Le moment est venu » : le plan Unitas Lix serait le coup de grâce
15 Mai 2018, 17:04pm | Publié par Bolivar Infos
Déguisés en manœuvres militaires, le Commandement Sud a prévu une stratégie pour essayer de donner le coup de grâce au Gouvernement du président Nicolás Maduro.

Alerte orange en Amérique du Sud

A 6:48 du matin, ce samedi 13 mai, le président de la Bolivia, Evo Morales, a réveillé la conscience publique de toute la région en publiant une grave dénonciation sur son compte Twitter.

Comme Morales, la journaliste argentine Stella Calloni a attiré l’attention de l’opinion publique sur la grande menace qui entoure le Venezuela en révélant un document secret du Commandement Sud des Etats-Unis.

Ce document de 11 pages intitulé « Coup de Maître : Un plan pour renverser la dictature au Venezuela » et signé par l’amiral Kurt W. Tidd, chef du Commandement Sud des Etats-Unis, considère que « le moment est venu » d’intervenir militairement au Venezuela.........
http://bolivarinfos.over-blog.com/2018/05/venezuela-le-moment-est-venu-le-plan-unitas-lix-serait-le-coup-de-grace.html

19/05/2018 13:57 par Dominique

Qui aime bien châtie bien. La partie de l’oeuvre de Marx que je préfère est sa dimension philosophique, on est plus dans le je pense donc je suis mais dans le je pense donc je suis capable de définir mes buts et de travailler à leurs réalisation. La pensée devient ainsi transcendantale dans le sens qu’elle est capable, ici et maintenant, de changer les choses.

Je suis aussi bien d’accord que ce qui se passe au Venezuela, même si l’extractivisme forcené mérite d’être critiqué, mérite et doit être soutenu car c’est une lutte de libération de tout un peuple. Tout comme ce qui se passe à Cuba, en Palestine et dans d’autres pays.

Ma critique s’adresse avant tout à la gauche occidentale car vivant en occident, c’est là que je peux avoir une influence aussi modeste soit-elle. Les internationales font parties de l’histoire de cette gauche occidentale qui, au lieu de s’y trouver, en est ressortie chaque fois plus divisée qu’avant. Quand Chavez a appelé à une nouvelle internationale, celle-ci n’a pas eu lieu car les cadors de notre gauche spectacle lui ont rit au nez, certains allant presque jusqu’à lui reprocher son amitié avec Cuba. Les mêmes ont appelé à partir en guerre contre la Libye de Kadhafi et ne s’émeuvent pas plus que ça du résultat de leur interventionnisme criminel.

Tout ce qui s’est passé chez nous depuis Mai 68 ne cesse de montrer que le principal problème est chez nous car c’est dans nos pays que se décide les guerres. De plus le contexte général est d’une part l’épuisement inéluctable des ressources naturelles indispensable à l’industrie de la société de consommation, d’autre part la sixième extinction de masse. Pour nos élites la solution à l’épuisement des ressources est la guerre encore et toujours, soit continuer la fuite en avant d’un mode de vie suicidaire et mortifère. Quand à la solution à la sixième extinction de masse, elle relève de la prière : croire que le mode de vie qui nique la planète sera capable de résoudre les problèmes qu’il ne cesse d’engendrer, ainsi même les nouvelles technologies (comme les énergies renouvelables) contribuent toutes à empirer le problème, ceci car elles ne font que créer de nouvelles filières technologiques qui ne suppriment pas les anciennes et qui contribuent au plus de mines, plus d’enfants esclaves, plus de routes, moins de forêts, plus d’industries, plus de travailleurs aliénés et exploités, plus de consommation et plus de destructions du vivant.

Face à un contexte pareil, la grande majorité des rouges et des verts se sont alliés avec l’économie et l’industrie, soit avec les deux pans de l’extrême-droite, pour nous faire croire que notre mode de vie n’est pas négociable, ceci alors que tous les indicateurs ne cessent de nous montrer qu’il est le problème et qu’il nous mène non seulement vers plus de guerres, mais aussi et surement vers l’extinction. Donc, la seule solution réside en une révolution qui détruise notre mode de vie et en construise un autre capable de réparer les dégâts causé par la civilisation industrielle de consommation de masse, ceci en construisant des sociétés multiples basées sur le local, le respect et la solidarité.

Il n’y a simplement plus d’alternative. Il n’y a que dans la bible où l’on peut croire que le fait de dominer la terre et toutes ses créatures (page 2) n’aura pas de conséquences néfastes, ceci alors qu’avec l’industrialisation, ce mode de vie suprématiste est la cause directe de la sixième extinction de masse. Laquelle ne s’arrêtera pas aux frontières de nos états consuméristes et guerriers. Le premier pas consiste à stopper les fous furieux qui nous dirigent, et cela ce ne sont ni les cubains ni les libyens qui vont le faire pour nous. Pour tout cela il faut une stratégie et de tous les mouvements que je connaisse, le seul qui en ait une qui soit réaliste est Deep Green Resistance (DGR). Le talon d’achille du système est son alimentation en énergie. Il suffirait de faire sauter non pas des civils mais les oléoducs et les pylônes électriques pour que tout s’arrête et faire d’une pierre deux coups car le capitalisme n’y survivrait pas plus que la gauche collabo. ça c’est la partie facile. La partie difficile est de développer des alternatives viables alors que nos fausses élites ne veulent pas d’alternatives (Il n’y a qu’à voir l’acharnement du régime Macron contre la ZAD de NDDL, et avant lui des gouvernements de gauche comme de droite.). Et c’est bien pourquoi en plus de soutenir les avancées sociales ici et dans d’autres pays, il est au moins tout autant important de soutenir les projets alternatifs comme les ZADs, projets qui chez nous ne sont pas des délires de fumeurs de moquettes mais bel et bien à l’avant-garde de la lutte pour un monde meilleur, lutte qui aujourd’hui n’est plus une simple lutte des classes, mais une lutte qui doit unir tous les humains conscients contre un concept suprématiste de civilisation qui fait de nous des robots au service d’un système inhumain, guerrier et mortifère, système qui avec l’industrialisation menace notre survie en tant qu’espèce vivante. Le minéral s’en sortira toujours, nous c’est moins sûr.

19/05/2018 18:30 par Assimbonanga

@Alain Harrison. Les hippies seraient une sous-culture ? Ou si c’est juste la frange de la population capable de réfléchir de façon autonome sans s’inféoder à un chef, un parti, sans devoir restreindre leur pensée à des slogans ou des mots d’ordres simplifiés ? Ne pensez-vous pas que cette culture marginale reste toujours vivace mais dans toujours la même proportion, marginale ? Comme à NDDL où les zadistes ont très bien pigé l’avenir qui guette notre race humaine mais ils ne correspondent, dans la pyramide sociale, à aucun groupe appuyé sur les postes de décision.

21/05/2018 16:08 par Assimbonanga

21 mai 2018 / Peter Gelderloos
Présentation du livre par son éditeur :

Parlons franchement, au vu de la situation, la grande majorité des mouvements sociaux et écologistes échouent lamentablement, depuis des décennies, ne serait-ce qu’à freiner la catastrophe sociale et écologique en cours (de la sixième extinction de masse aux inégalités économiques phénoménales et croissantes qui caractérisent notre temps). La plupart de ces mouvements se targuent de respecter scrupuleusement les principes de la non-violence, qu’ils considèrent comme la seule méthode de lutte acceptable. Et pourtant, ainsi que Peter Gelderloos l’expose brillamment dans ce livre, cette adhérence dogmatique au concept de la non-violence est injustifiée et injustifiable. En outre, il s’agit d’une des principales raisons pour lesquelles ils sont inefficaces. En démystifiant les figures historiques inexorablement citées par la majorité de ceux qui défendent la non-violence comme un absolu — Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela —, en exposant les réalités complexes derrière leurs accomplissements (souvent réduites à des simplismes mensongers), et en exposant les nombreux problèmes d’éthique qui découlent de l’absolutisation de la non-violence, Gelderloos nous offre ici un ouvrage essentiel qui devrait nous aider à sortir de l’impasse manifeste dans laquelle s’enlisent les mouvements militants. Loin de faire l’apologie d’une violence irraisonnée, ce livre déboulonne l’argumentaire fallacieux de ceux qui affirment que la non-violence est la seule méthode acceptable de lutte face à la violence du capitalisme et de l’État.

Comment la non-violence protège l’État  : Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux, de Peter Gelderloos, éditions Libre, juin 2018, 180 p., 13 €.

22/05/2018 06:00 par babelouest

@ Assimbonanga
je me permets de rappeler ici que Gandhi n’était pas systématiquement contre la violence, même lui :

« J’aimerais mieux que l’Inde défendît son honneur par la force des armes plutôt que de la voir assister lâchement et sans se défendre à sa propre défaite… Mais je n’en crois pas moins que la non-violence est infiniment supérieure à la violence et que la clémence est autrement plus noble que le châtiment. [...] L’idée ne nous viendrait pas que la souris est clémente parce qu’elle se laisse dévorer par le chat ».

C’est d’ailleurs assez symptomatique, de visiter un lieu de défense de Notre Dame des Landes : on est accueilli avec le sourire, les armes ne sont pas visibles (bâtons, pierres, "bombes" de peinture (sic), mais on peut partager le repas des "défenseurs" de façon impromptue. Oui, ils défendent leurs potagers en les arrosant, leurs brebis en les menant paître, ou sans doute en les aidant à mettre bas... quelle violence...

22/05/2018 09:47 par Assimbonanga

Merci@Babelouest. Nous ne sommes pas nombreux ici à faire entendre la voix de la zad et LGS fait le choix de n’y consacrer aucun article...( Je les remercie quand même puisqu’ils laissent paraître nos commentaires.) Aujourd’hui, 44è jour d’occupation policière. Je me tiens en lien par zad.nadir, radio klaxon, et Reporterre. Cette aventure de NDDL m’a totalement absorbée !
Je ne m’explique pas le désintérêt de notre hôte, LGS.
Je rends grâce à l’oeuvre immense des communistes, pourtant. Leur implantation dans des banlieues, leur œuvre éducative en particulier et toutes les réalisations à destination du peuple, piscines, colo, etc. Je suis admirative de ce que les élus (députés, autre ?) communistes versassent une partie de leurs indemnités au parti ce qui les empêchaient de trop s’embourgeoiser ( voir pb Podemos ces jours-ci) et apportait du financement dans le pot commun. Je me permets de chuchoter à l’oreille de LFI d’en faire autant.
Ne faudra-t-il pas que les zadistes participent aux élections municipales pour être en position d’infléchir les décisions territoriales ?

22/05/2018 10:03 par legrandsoir

Vous nous faites ce reproche récurrent et ne nous entendez pas : nous publions essentiellement ce que nous recevons (pas tout). Trouvez-nous un article comme vous aimeriez en lire sur LGS ou écrivez-le.
Vérification faite, nous avons publié depuis le début de NDDL de nombreux articles sur le sujet. Pas assez ? Aidez-nous.
Voici un des derniers : https://www.legrandsoir.info/la-zad-et-la-guerre-civile-mondiale.html

22/05/2018 12:55 par Assimbonanga

Vous pouvez rester dans la veine donc. Un autre édito de Hervé Kempf permettra de réactualiser les données : https://reporterre.net/Vous-ne-nous-ecraserez-pas

23/05/2018 12:36 par babelouest

Il y a là un immense débat sans doute.

La « gauche » est un moyen pour £€ $¥$T€M€ de se définir un ennemi commode, à partir des plus radicaux de ses adeptes. « La Gauche » est le plus souvent mondialiste, exactement ce dont a besoin le Capital pour étendre ses pseudopodes partout. Et ce, même si Besancenot a des pensées pour les prolétaires.

Le problème est bien là. Il s’agit qu’il n’existe plus de productivisme, d’aucune sorte. Je prends un exemple précis. Dans le village où je suis né, un couple de la région parisienne lassé de l’ambiance a tout quitté, et s’est installé dans l’ancienne maréchalerie (vous savez, là où l’on ferrait les chevaux). Ils se sont mis à élever des ânes, et du lait en trop des ânesses ils ont commencé à faire du savon, le meilleur. Il faut savoir qu’une ânesse acceptera de donner un demi-litre de lait matin et soir, si son ânon est près d’elle. On est loin de la production de masse. Mais après tout, c’est bien ce qui importe : on n’a pas besoin d’un nouveau savon, d’un nouveau rasoir, d’une nouvelle machine à laver... tous les jours ! Quelques exemplaires d’avance, pour parer aux urgences, et c’est parti, avec un impact minime sur l’environnement. Après, les téléphones portables (euh... est-ce bien nécessaire ? quand on voit la moitié des CON sommateurs abêtis devant leur minuscule écran partout, y compris devant les plus beaux sites) on peut parfaitement s’en passer si subsistent quelques téléphones d’urgence filaires.

Des millions de voitures, garées sur d’improbables mouroirs, toutes neuves, repassent à la case départ parce qu’au bout de dix ans personne n’en a voulu, signe qu’il y a surproduction stupide pour l’intérêt de quelques-uns.N’est-ce pas aberrant ?

Il faudra, de gré ou de force, revenir à un simple remplacement des pièces usées, ce qui changera tout. Il faudra que les tâches soient réparties de telle sorte que chacun y trouve son compte (là, je n’ai absolument pas employé le mot travail). Il faudra que la simple monnaie soit abolie, que le capital soit une notion absolument obsolète, que l’on revienne à ce que disaient Les Jours Heureux, « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », en toute égalité dans la différence entre tous.

Quelques uns (oh, environ dix mille sans doute à l’échelon planétaire, voire moins) refuseront ce PROGRÈS, un vrai progrès cette fois. Ceux-là, sauf votre respect Votre Honneur comme on dirait dans les feuilletons de bas de gamme US, il s’agit de les transférer dans de belles et grandes maisons avec un personnel en blanc. Et surtout, qu’ils n’en sortent pas même si dans une autre vie ils ont été multi-milliardaires en... rien.

24/05/2018 10:32 par Assimbonanga

@LGS. Je le redis : j’ai déjà envoyé des articles. Un ou deux furent publiés. Le temps a passé et mes articles suivants ne furent pas publiés bien que le formulaire automatique de confirmation m’ait été envoyé.
Je profite de ce post pour rappeler que nous sommes le jeudi 24 mai et que le siège de NDDL par les forces de répression de l’Etat se poursuit avec toujours de puissants moyens militaires et de nuisance à l’égard de civils. Plus de 200 blessés par les armes policières, y compris des gendarmes eux-mêmes ! C’est le 46ème jour d’occupation d’une zone rurale de France, dans un silence médiatique remarquable. Le silence de Niculot Halot nous assourdit également les tympans.
On déplore un blessé grave (amputé de sa main droite) et les conditions de l’accident varient entre la version des gendarmes et celle des zadistes.
En manifestation sociale ou étudiante, on observe que les rafles sont opérées parmi les participants qui sont arrêtés un peu "à la louche" c’est à dire arbitrairement, et détenus dans des conditions indécentes.
J’estime très important les sujets sur la Palestine, la Syrie et le Venezuela. Toutefois, le siège de NDDL mériterait un article par semaine. J’hésite à saisir des articles, renseigner tout le formulaire pour que tout tombe aux oubliettes, vous comprendrez !

24/05/2018 14:04 par Maxime Vivas

LGS a choisi de ne publier que 4 ou 5 articles par jour. On en reçoit beaucoup plus. Parfois, ils sont obsolètes quand leur tour arrive. Parfois, de trop nombreux articles traitent du même sujet. Actuellement, c’est le Venezuela, pays sur lequel nous publions beaucoup, mais pas tout.
Ce n’est pas un jugement négatif sur l’auteur.
A vos plumes...

24/05/2018 10:42 par Assimbonanga

Entre nous @babelouest, a-t-on dans les siècles passés trait des ânesses ? Depuis quand date cette pratique ? Est-ce nourricier ? Est-il réellement vital et écologique de traire des ânesses ? N’est-ce pas un opportunisme pour une niche dans la cosmétique basée sur une légende royale où des dames du temps jadis prenaient -disait-on- des bains au lait d’ânesse, c’est à dire une chose quasi impossible à réaliser, un fantasme de pauvres ? Si encore ce lait si rare, et donc précieux, servait à sauver des vies, alimenter des nourrissons particulièrement fragiles ou allergiques ou frappés de pathologies rares, j’y trouverais une justification mais je reste dubitative.
Pardon de ne pas résister à la manie de la contradiction, mais ce truc-là m’a toujours interrogée.

24/05/2018 14:30 par babelouest

@ Assimbonanga
Je comprends vos interrogations.

Les traites se font avec une grande attention au devenir des ânons. Ceux-ci ne prennent pas tout. Les mamans n’en ont aucun préjudice, leurs enfants non plus.

En revanche, diffuser ce lait très riche et très important demanderait, (hélas dans le monde où nous vivons) des précautions tellement incroyables que cela ne serait pas possible toujours dans le contexte actuel, en raison des "rendements" très réduits envisagés.

Je comprends que des utilisations aussi futiles que le savon vous révulsent : ce sont les réglementations tâtillonnes qui sont à vomir ! ne va-t-on pas bientôt réglementer le nourrissage "au sein" des nourrissons ? Déjà les courbes poids-âge entre celui avec les aliments artificiels, et celui avec l’alimentation naturelle, diffèrent carrément, ce qui a occasionné des remarques acerbes d’imbéciles pédiatres qui ignoraient ces données à ma belle-fille. Bien sûr, l’alimentation artificielle est la voie rêvée pour... les obèses !

24/05/2018 15:27 par Assimbonanga

@babelouest, j’avais peur de vous heurter du fait que vous parlez concrètement d’amis personnels : c’est délicat ! Je ne suis pas outre mesure dans la compassion vis à vis de la mère et de l’enfant ânes. Mais je déplore qu’on fabrique artificiellement une filière économique comme une bonne idée pour dégager de la valeur ajoutée en se démarquant des collègues. Produire de quoi nourrir ses semblables me semblerait la raison d’être nécessaire et suffisante du paysan écologique.

25/05/2018 10:09 par Assimbonanga

@Maxime Vivas, vous me dites que " LGS a choisi de ne publier que 4 ou 5 articles par jour. On en reçoit beaucoup plus.{{}} "
C’est bien la preuve que vous êtes totalement maîtres de votre publication. Il se trouve que le cas de NDDL est totalement inédit. Le siège par l’Etat ,à visée répressive, d’un morceau de territoire rural s’est-il déjà produit depuis la fin de la guerre ? On observe que l’ensemble des médias fait le silence et ne mentionne pas cet état de faits comme considérable. Cela fait aujourd’hui 47 jours que ça dure. Ce sont nos affaires intérieures. Des faits de sécurité, de violences armées ( flashball, grenades lacrymos et surtout grenades GLI-F4) de la police sur des civils. 300 blessés. Elles questionnent la population, non ?
J’ai envoyé deux articles qui, s’ils avaient été publiés, permettaient d’avoir une périodicité d’une fois par semaine. Vous avez donc fait le choix de n’accorder que très peu d’espace à ce sujet, laissant filer le temps. Pourtant, il apparaît nettement que s’instaure un régime de répression policière sous le mandat du président Macron, non pas à l’encontre de délinquants ou de mafieux, mais à l’égard d’une contestation politique.
Voici les info récentes sur le blessé grave, main arrachée.
Reportage France 3 pays de la Loire, la famille et l’avocat du blessé donnent une conférence de presse
https://www.youtube.com/watch?v=2ijcQp4GVaE
Communiqué de l’équipe des soignant.es sur la Zad à propos de la personne blessée à la main.
https://zad.nadir.org/spip.php?article5893&var_mode=calcul
Communiqué du groupe presse de la zad https://zad.nadir.org/spip.php?article5894&var_mode=calcul

Pour compléter les indices de tournant totalitaire de ce gouvernement, écouter, ou réécouter, le récit de ces trois femmes ayant été arrêtées au défilé du 1er mai 2018 à Paris : https://www.youtube.com/watch?v=LGb67tqIT2g

Il manquerait, pour compléter le tableau, une interview des lycéens arrêtés à l’intérieur d’un établissement scolaire où ils ont eu l’outrecuidance de rentrer pour se livrer au débat d’idées....

25/05/2018 20:05 par alain harrison

Bonjour.

Je le répète, un entretien utile.
Le langage au service des puissants ? Alain Deneault
https://www.youtube.com/watch?v=IBdj4Z0FtZU

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