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Philippe Martinez aurait-il subitement trouvé la lumière ? ( En réponse à Jean-Pierre Page )

Après deux mois de luttes intensives des Gilets Jaunes, Martinez aurait-il été en quelque sorte subitement touché par la grâce ? Aurait-il vu enfin la lumière jaune des GJ envahissant les rues parisiennes et provinciales ?

Était il resté aussi longtemps dans l’inconscience sociale et politique des enjeux en cours à travers ce mouvement ?

Vouloir considérer ainsi, comme un élan sincère vers le mouvement de masse la volte-face apparente de la CGT, ce serait simplement prendre l’ensemble de sa direction, et Martinez en premier, pour une bande d’imbéciles...

Ce qu’ils ne sont pas, et dès lors, il est urgent de s’interroger, à quelques jours du 5 février, sur les véritables raisons de ce revirement.

On comprend que des syndicalistes sincèrement de gauche et progressistes, comme Jean-Pierre Page (1), se réjouissent de cette initiative officielle, mais il est néanmoins important de chercher à comprendre les causes réelles de ce prétendu « retard à l’allumage », si ces syndicalistes sincères ne veulent pas tout simplement servir de caution « de gauche » à une nouvelle manœuvre de récupération, et en fin de compte, de collaboration avec le système, en vue de mettre un terme au mouvement.

En effet cette « initiative » apparemment surprenante intervient donc, après deux mois de luttes, à un moment où, en réalité, les premiers signes d’usure se font voir et où la structuration « spontanée » du mouvement n’en est encore qu’à ses balbutiements.

C’est donc tout simplement, en réalité, le moment stratégique idéal, pour la direction de la CGT, de reprendre la main en se positionnant comme le seul interlocuteur « valable » dans le conflit social en France.

Et à partir de là, faire rentrer le flot des manifestants dans un cycle usuel de « grèves-défilés » plutôt mensuels qu’hebdomadaires, c’est déjà un soulagement en perspective pour le pouvoir en place, et d’autant plus qu’il sait que ce type d’ « action syndicale » est désormais tout à fait déconsidéré, et à juste titre, par les travailleurs, et qu’il entraînera à brève échéance l’enterrement de première classe de ce mouvement, comme des précédents, retraites, loi-travail et autres... !

Jean-Pierre Page nous dit :

« Prenons acte positivement de cette importante décision de la CGT soutenu par des gilets jaunes, tout en ajoutant que la question qui se pose dorénavant est celle de la suite qui sera donnée et de quelle volonté l’on va faire preuve pour que cette journée se poursuive en grève générale reconductible. Doit-on se satisfaire de grèves par procuration, s’accommoder de l’éparpillement des luttes, de leur pourrissement comme d’une fatalité ? Va-t-on reprendre le controversé chemin des « grèves saute-mouton » dont la faillite est consommée ? « Ne faut-il pas reconsidérer les vertus des grèves reconductibles » ? »

Il a donc également bien conscience, en réalité, de la duplicité de la direction CGT... En effet, même le mot d’ordre de simple « reconductibilité » de la grève est celui de l’ « Appel de Commercy », une coordination encore très partielle de divers groupes GJ, et non celui de l’appel national de la CGT (2).

Quant au mot d’ordre de grève générale illimitée, il est celui du courageux Eric Drouet, et repris, dans la foulée, par un Besancenot en mal d’audience...

A noter, toutefois, que quelques syndicats CGT, localement ou par branche, on introduit la notion de reconductibilité dans leur dépôt de préavis...

Autrement dit, une incertitude règne encore quant aux lendemains de la journée du 5 février...

Concernant les objectifs et revendications précises de la grève, c’est également le flou le plus total qui est entretenu par ce prétendu « réveil » de la direction CGT, alors que deux mois ont passé sans qu’elle intervienne sérieusement dans leur élaboration. Après deux mois, voilà donc, étrangement, un appel à se mettre à ce travail d’élaboration... De qui se moque-t-on, sinon des travailleurs qui ont réellement tenté pendant ces deux mois, de parvenir à exprimer leurs revendications sociales ?

A ce sujet, Jean-Pierre Page nous dit :

« La contradiction capital/travail est posée fortement et l’on revendique l’exigence de justice sociale d’augmentation du salaire minimum à 1800 euros, la revalorisation des retraites et pensions, une fiscalité qui fait payer les riches et les entreprises, l’annulation de la CSG, le rétablissement de l’impôt sur la fortune ou encore l’abrogation du CICE ce crédit d’impôt aux entreprises remplacé par un allègement des charges sociales voulu dès le début de son mandat par Macron. »

Or qu’en est-il en réalité ? Le SMIC à 1800 euros, en net ou en brut ? Très officiellement, la revendication nationale CGT est de 1800 brut... Ce qui fait sensiblement, selon le régime actuel, autour de 1400 euros net... Pourquoi Jean-Pierre Page ne précise-t-il pas ce point essentiel, dans un article aussi long ? Les revendications des trotskystes, au passage, sont à 1800 net (NPA , LO). Celle des syndicats « solidaires » à 1700 net (3).

Entretenir le flou sur cette question, comme sur les autres, c’est déjà ce que fait l’appel national CGT, qui, au lieu de rappeler sa revendication à 1800 brut se contente d’une généralité :

« __une augmentation du Smic, du point d’indice, de tous les salaires et pensions ainsi que des minimas sociaux ; »

En lien avec cette problématique, Jean-Pierre Page évoque la question du CICE et des allègements de charges sociales pour les entreprises...

L ‘appel national CGT revendique, quant à lui, une suppression pure et simple de tous les allègements actuels...

« __la suppression des aides publiques aux entreprises (CICE, et exonérations diverses, etc.) qui ne servent ni l’emploi, ni la revalorisation des salaires, ni l’investissement de l’appareil productif et mettent à mal notre protection sociale ; »

Juste quant au fond, cette position devient absurde en parallèle avec l’augmentation du SMIC, même à 1800 euros brut, dans la mesure où il est évident qu’un très grand nombre de TPE-PME ne pourront pas l’assumer, dans les conditions actuelles, sans les divers « allègements » dont elle peuvent encore bénéficier... Autrement dit, si la direction CGT entendait réellement être prise au sérieux par le pouvoir, cela équivaudrait à une destruction de milliers d’emplois ! On comprend donc tout de suite mieux pourquoi elle a omis de rappeler ce qui est sa revendication officielle concernant le SMIC ! Il s’agit simplement donc de tenter de « coller » suffisamment à l’esprit revendicatif du mouvement pour tenter d’en reprendre le contrôle et retourner ensuite à ses jeux habituels de « concertation » et de « négociation » avec le pouvoir, mais bien évidemment sans volonté réelle d’y changer quoi que ce soit, sauf à regagner une once de crédibilité et un peu de poids en vue de la répartition des prochaines subventions.

Une augmentation réelle du SMIC n’est possible, si les aides publiques au paiement des charges sociales sont effectivement supprimées, ce qui est évidemment souhaitable, qu’avec une nouvelle répartition des charges au prorata à la fois du nombre de salariés et du chiffre d’affaire, avec une fonction progressive croissante qui amène à la fois les grands groupes financiers à payer réellement leur cote-part sociale et à un allègement systémique de plein droit pour les TPE-PME, et non pas financé par le contribuable.

A ce propos, voir la pétition :

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Gilets Jaunes – Les 42 Revendications

https://www.change.org/p/emmanuel-macron-mettre-fin-au-scandale-%C3%A0-40-milliards-du-cice-et-de-son-substitut-actuel-82eed49b-2055-4be5-a0b0-4dcc8e80e771

qui reprend, pour l’essentiel, cette idée.

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Bien entendu, il n’y a pas pour autant d’illusions à cultiver concernant la capacité du système actuel à se réformer, mais avancer concrètement des revendications effectivement praticables d’un point de vue comptable, et non pas purement démagogiques, comme le font actuellement aussi bien la direction CGT que la prétendue « extrême-gauche », c’est enfin véritablement mettre le système devant les responsabilités sociales qu’il est incapable d’assumer et donc mettre réellement en lumière la nécessité d’en changer.

Luniterre

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https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/01/30/martinez-aurait-il-subitement-trouve-la-lumiere-en-reponse-a-j-p-page/

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NOTES :

( __1 http://reconstructioncommuniste.eklablog.fr/gilets-jaunes-et-syndicats-par-jean-pierre-page-article-en-pdf-en-fin-a158501084

https://ekladata.com/i8NRpbkUngces4Goht4SY3uyLm8/Gilets-Jaunes-et-Syndicats.pdf )

( __2 http://syndicollectif.fr/cgt-appel-a-la-greve-le-5-fevrier/

http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/appel_de_l_assemble_e_des_assemble_es_des_gilets_jaunes_a_commercy_27_janvier.pdf )

( __3 http://www.lefigaro.fr/social/2019/01/12/20011-20190112ARTFIG00016-la-tres-revolutionnaire-carte-de-voeux-du-syndicat-solidaires.php )

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Sur le même thème, voir aussi :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/01/29/maintenant-sur-agoravox-la-petition-ab-cice-smic-a-1400-net/

https://gjles42revendications.wordpress.com/2019/01/15/2019-grand-debat-ou-grand-gaspi/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/01/05/unite-cgt-gj-le-baiser-qui-tue/

»» https://tribunemlreypa.wordpress.com/
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"Celui qui n’essaie pas, et celui-là seul, a déjà perdu." On a tous déjà manifesté des dizaines de fois. On a tous signé des centaines de pétitions. Mais combien sommes-nous à nous être demandés, lucidement, sans faux-semblant, ce qu’il en était de l’efficacité, et donc, de la pertinence, de nos moyens d’actions traditionnels ? Combien sommes-nous à nous réfugier dans une espèce de pensée magique chaque fois que nous sommes en colère, en nous habituant à considérer nos modes de (…)
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Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
Extrait sonore du documentaire de Gilles Balbastre "Le chômage a une histoire",

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