L’imagination humaine n’a décidément pas de limites, surtout lorsqu’il s’agit de tirer profit d’individus un peu trop confiants. La journaliste Magali Boissin recensait, le 26 septembre dernier sur le plateau de France 2, les techniques, diverses et variées, utilisées pour tromper le consommateur sur l’origine de certains produits.
Par exemple, certaines étiquettes portent volontairement à confusion afin de faire croire que l’huile « provençale » qu’on a l’habitude d’acheter est bien produite dans le sud de la France. Mais en réalité, une simple étiquette ne prouve rien. « Même s’il y a une adresse en Provence qui figure sur la bouteille, cela peut être l’adresse du négociant ou de l’usine d’embouteillage, avec une huile qui provient d’un autre pays », révèle ainsi la journaliste.
Selon Magali Boissin, pas moins de « 90 % des herbes de Provence proviennent de Pologne ou d’Albanie. De même, des produits typiquement français sont copiés et vendus à l’étranger : les Chinois sont ainsi devenus les spécialistes des calissons d’Aix-en-Provence ».
Internet favorise les arnaques
Internet, outil puissant et élastique, a pour sa part favorisé le développement de nouvelles formes d’arnaques, tout en renforçant les anciennes. Ainsi, un faux article, diffusé massivement sur Facebook, vante actuellement les bienfaits d’un boîtier TV, dénommé « TV Box », qui permettrait de regarder la télévision gratuitement.
« Avec plus de 1,5 million d’exemplaires vendus dans le monde entier, voici la meilleure solution pour regarder vos films et émissions préférés gratuitement ! », clame l’article. Et vous avez beau vous dire que c’est trop beau pour être vrai, cette petite phrase aura quand même réussi à susciter chez vous, non seulement une certaine curiosité, mais aussi une irrésistible envie d’y croire. Hélas, ce boîtier est complètement illégal et les consommateurs en faisant l’acquisition — lorsque le boîtier leur parvient, c’est à dire une fois sur 100 — risquent dès lors d’écoper d’une sérieuse amende.
Les arnaques au consommateur ne cessent de se multiplier et se complexifier sur Internet, à tel point qu’il est devenu particulièrement difficile pour le commun des mortels de distinguer le vrai du faux concernant un produit ou un service. Tous les secteurs sont touchés : alimentation, technologies, tourisme... et même celui de l’apprentissage de la conduite.
Auto-écoles, attention danger
En effet, la grande majorité des auto-écoles françaises n’offrent aucune garantie en cas de défaillance, et celles-ci sont pourtant nombreuses. Cela signifie qu’en cas de faillite de l’établissement, les sommes avancées par les élèves sont définitivement perdues pour ces derniers.
C’est notamment ce qu’il s’est passé lorsque la startup lyonnaise Permi-Go a déposé le bilan en avril dernier. L’auto-école était pourtant le numéro 3 français du permis en ligne, et comptait près de 10 000 apprentis conducteurs et 90 salariés. Mais « faute d’avoir réussi à lever des fonds », celle-ci n’arrivait plus à boucler ses fins de mois, analyse Philippe Colombani, président de l’Union nationale des indépendants de la conduite (UNIC).
Lors de son placement en redressement judiciaire, élèves et salariés de l’auto-école en ligne ont découvert avec stupeur que celle-ci n’avait souscrit à aucune assurance, ce qui rendait pratiquement impossible pour les élèves de récupérer leur mise en cas de faillite de la société.
Le cas de Permi-Go n’est pas isolé. Le 19 juillet, le tribunal de grande instance d’Arras (Pas-de-Calais) prononçait la liquidation judiciaire de l’auto-école Eco-Permis. Celle-ci proposait des permis à 1 € par jour, mais exigeait qu’ils soient intégralement payés avant le commencement des leçons de conduite. Résultat : l’administrateur judiciaire a estimé à 150 000 € les « facturations de prestations non fournies ».
Plus tôt dans l’année, trois établissements de l’enseigne Ecole de Conduite Jeumontoise (ECJ) basés à Marpent, Maubeuge et Consoler (Nord) fermaient leurs portes après la liquidation judiciaire de la société. Quelque 1 200 élèves se sont alors retrouvés sur le carreau...
Les sommes déboursées par les candidats au permis de conduire avoisinent bien souvent les 1 000 – 1 500 €. Un montant très élevé, d’autant que la plupart d’entre eux sont étudiants. Ainsi, perdre une somme si importante est un véritable coup dur. « Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas de loi pour protéger les gens », s’indignait d’ailleurs l’une des élèves de ECJ, et ce n’est sûrement pas la seule à se poser cette question...
Marc Lutin