Je me souviens de ce diplomate irakien. Je me souviens de ses interventions très sensées à l’ONU. Je me souviens de sa volonté à vouloir négocier de bonne foi.
Je me souviens qu’il était chrétien.
Je me souviens que le "régime" de Saddam était "laïc".
L’injustice internationale a atteint un nouveau sommet hier.
Deux événements à faire vomir.
L’obligation de plaider coupable du jeune Omar Khadr et la condamnation à mort de ce chrétien, Tarek Aziz qui s’est rendu volontairement aux « autorités » des USA.
Nos médias rapportent sans même froncer le front sans même un léger sourcillement désapprobateur. Dire qu’on se gargarise allègrement avec le prix politique Nobel de la paix (sic) 2010 qu’on veut faire libérer...
Dire qu’on se gargarisait allègrement des allégations de mauvaise volonté du président du Honduras, cet élu qu’on a renversé par les armes et qu’on disait à vous en faire vomir qu’il était "déchu"…
Dire qu’on se gargarise de prisonniers "politiques" à Cuba pendant que sur un territoire honteusement occupé par des forces étrangères sur cette même île, on retrouve, au grand jour, un des pires camps de prisonniers politiques de la planète. Un camp où l’on emprisonne un enfant, où l’on torture et où la justice la plus élémentaire n’a plus cours.
Dire qu’on s’acharne sur les Mugabe, Chávez, Fernandez (Kirchner), Ortega, Correa, Poutine, etc. et qu’on rapporte, sans broncher, l’élimination de cet Humain, Tarek Aziz.
C’est la justice "irakienne" dira-t-on.
Voyons l’Irak n’existe plus. Il y a un gouvernement d’apparence tout au plus. C’est l’injustice de l’empire US qui prévaut.
On a décidé rapidement d’éliminer Tarek Aziz parce que celui-ci, tout comme Saddam Hussein, peut en dire trop. Il pourrait corroborer les documents "secrets" divulgués par Wikileaks. http://wikileaks.org/iraq/diarydig
Et pour le jeune Khadr, maintenant devenu un Homme après avoir vécu 8 ans dans ce camp de concentration, après avoir été torturé et brisé, on le force par un vil chantage à avouer une culpabilité qu’il a toujours niée.
Ca me rappelle les aveux (sic) de Khaled Cheikh Mohammed.
Après avoir été savamment cuisiné, Kahled Cheikh Mohammed, tout comme Omar Kadr, a avoué tout ce que ses bourreaux voulaient.
"J’ai été responsable de l’opération du 11 septembre de A à Z" a-t-il dit.
Et même de tous ces complots des 15 années précédentes.
Il a dit être membre en règle d’Al-Qaïda.
Il a dit être de l’organisation terroriste ayant perpétré le premier attentat à la voiture piégée au World Trade Center en 1993.
Khaled Cheikh Mohammed a également reconnu son implication dans la planification de l’attaque d’une station balnéaire fréquentée par des Israéliens au Kenya en 2002 et l’attaque au missile ratée d’un avion de ligne israélien après le décollage de Mombasa au Kenya. Il a aussi endossé la responsabilité de l’explosion de la boîte de nuit à Bali, en Indonésie en 2002.
Est-ce suffisant ?
NON
Il a déclaré avoir planifié des tentatives d’assassinat contre les anciens présidents américains Jimmy Carter et Bill Clinton, des attaques contres des centrales nucléaires américaines et des ponts suspendus à New York, la destruction d’ambassades américaines et israéliennes en Asie et en Australie, des attaques contre des navires de l’armée américaine et des pétroliers à travers le monde et une tentative de destruction d’une compagnie pétrolière appartenant à Henry Kissinger à Sumatra, en Indonésie.
Est-ce suffisant ?
NON
"I decapitated with my blessed right hand the American Jew, Daniel Pearl in Karachi."
Oui, il a même avoué avoir décapité lui-même, avec sa main droite bénie, le juif américain Daniel Pearl. Ce journaliste d’enquête qui fouillait un peu trop sur les liens entre l’ISI pakistanais et la CIA.
Il aurait aussi eu des liens avec Richard Reid qui voulait abattre un avion transatlantique le 22 décembre 2001. Ce Britannique à bord d’un vol Paris-Miami de la compagnie American Airlines qui a tenté d’allumer des explosifs cachés dans ses semelles de souliers.
Mohammed, qu’on dit être le numéro 3 d’Al-Qaïda, s’est déclaré responsable de la préparation de 28 attaques individuelles, dont plusieurs n’ont jamais été exécutées.
26 pages d’aveux publiées par le Pentagone.
http://www.defense.gov/news/transcript_isn10024.pdf
Après tous ces aveux, on pourrait dire : "Un chausson aux pommes avec ça ?"
Oui, on oblige les "aveux" (sic).
Oui, on fait taire ceux qui savent, les témoins, les acteurs.
Saddam, cet ancien allié US était une menace pour les blancs américains (dans le sens pur et non ethnique) .
Tarek Aziz est aussi une menace.
En 2007, il disait être à la rédaction de ses mémoires et demeurait confiant d’être un jour libéré. http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Tarek_Aziz.010407.htm
Voici des extraits de l’entrevue :
Lokman Iskender : Vous êtes en prison depuis 4 ans. Est-ce que vous vous attendiez à cela ?
T.A : Non, mais pour ma famille, j’accepte tout, même d’y rester 15 ans.
Q : avez-vous regretté de vous être livré aux américains en échange du départ de votre famille ?
Tarek Aziz : nullement !
Q : Mais ils vous ont détenu 4 ans sans la moindre inculpation.
T.A : Le départ de ma famille était prioritaire pour moi. D’autre part, mes chances de pouvoir me cacher en Irak étaient très faibles. Je suis très connu en ma qualité de diplomate et j’avais dans l’idée qu’il valait mieux me rendre aux américains que d’être arrêté par les Irakiens. Ceci me donne l’occasion en tout cas d’écrire l’histoire véritable de l’homme Saddam, de l’Irak et de ses relations étrangères depuis les années quatre-vingt-dix jusqu’à nos jours.
Q : On a annoncé le 15/3/7 que l’Irak allait étudier sérieusement l’abolition de la peine de mort.
T.A (En rigolant) : Oui maintenant qu’ils ont fait ce qu’ils voulaient [pendre Saddam, NDLR], ils peuvent abolir la peine de mort !
Q : Avez-vous commencé la rédaction de vos mémoires ?
Tarek Aziz : Oui.
Q : Est-ce qu’il y aurait des détails à nous fournir à ce sujet ?
T.A : Plus tard ! Plus tard !
Plus tard ! Plus tard !
Ce sera évidemment trop tard. Tarek Aziz, cet Homme qui en savait trop se baladera au bout de sa corde.
Nos médias moraux nous parleront de justice !
Nos braves éditorialistes si prompts à condamner la Chine, Cuba, la Russie, le Venezuela, le Zimbabwe, l’Iran, ne s’offusqueront pas de ce geste dégoulinant de l’injustice la plus totale.
Il faut voir le bulletin de nouvelles de FR2 du 13 février 2003
A la suite de quelques reportages, Monsieur Tarek Aziz est en converse en direct de Rome, à la veille de sa rencontre avec le pape, avec l’animateur de l’émission. http://www.ina.fr/video/2217897001/20-heures-le-journal-emission-du-13-fevrier-2003.fr.html
Nous savons tous maintenant que les États-Unis mentaient honteusement au monde entier afin de justifier l’invasion qu’ils s’apprêtaient à faire (impunément).
Ce bulletin de nouvelles du 13 février 2003 est sérieusement à voir.
Il faut vraiment réfléchir sur la mémoire sélective de nos médias de masse qui nous aiguillent allègrement l’opinion.
De plus, la construction de la peur collective est aussi très intéressante à analyser.
Le coup du Vénézuélien arrivant de Bogota (Colombie) avec une grenade pour commettre un attentat à Londres est « remarquable ». Il faut voir, avec le recul des années, avec les mensonges connus et dénoncés, avec les budgets militaires votés et utilisés, avec l’occupation du Moyen-Orient, avec les manoeuvres militaires actuelles et leurs justifications plus que louches, ce bulletin. En plus d’être une superbe leçon d’Histoire, il nous fait la démonstration de l’utilisation du sentiment de peur.
Si nos journalistes étaient plus éveillés, il serait intéressant de lancer une enquête sur cet homme (vénézuélien) qui arriva à Londres en février 2003, avec une grenade dans ses bagages. Pourquoi donc ? En tout cas, c’est très efficace pour entraîner la peur collective du terrorisme qui menace (!). Jugez par vous-mêmes. Ce même scénario est employé régulièrement. On craint tous le terrorisme et on approuve donc cette guerre contre les ennemis terroristes invisibles et omniprésents.
Bonnes réflexions.
Quelle tristesse pour Omar Kadr et pour Tarek Aziz !
L’injustice suit son cours !
Serge Charbonneau
Québec