RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
France - Colombie

Tanks et Diplomatie

Pierre Lellouche, secrétaire d’état français chargé des affaires européennes, était l’envoyé du président Sarkozy à la cérémonie d’investiture de Juan Manuel Santos. Profitant de son séjour, il a donné une conférence dans l’élitiste Université Javeriana de Bogota.

Selon le quotidien El Tiempo (1), il a déclaré à cette occasion que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, soutiendrait la candidature de la Colombie à un siège de membre non permanent. « Le combat pour la sécurité est très important pour nous et nous savons que la Colombie veut affirmer sa diplomatie dans le monde ; pour nous c’est très positif, en particulier si la Colombie décide de se présenter comme membre du Conseil de sécurité, un événement qui peut se produire dans les prochaines années », a affirmé le diplomate.

L’article précisait que « des sources proches du ministère des affaires étrangères ont qualifié de "positive" la décision de la France et ont réaffirmé que cela rendait plus probable l’entrée de la Colombie dans ce club très select. » Le même ministère a confirmé qu’un tel statut était souhaité pour l’année 2011.

Le soutien de la France coïncide avec l’intention de Bogota d’acheter 40 tanks de guerre Leclerc. Selon des médias français, les tanks seraient destinés au Nord de la Colombie, à la frontière avec le Venezuela « pour contrecarrer l’acquisition par Hugo Chávez de tanks russes T-90. C’est la première fois que la Colombie cherche à s’équiper d’un tank aussi puissant. » Cette information est connue depuis le début de l’année, mais les négociations se poursuivent. (2)

La France souhaite conclure cette affaire le plus vite possible, car d’autres pays, connaissant les appétits de guerre de la Colombie, lui font des offres. Certaines sont attrayantes, par exemple celle des Pays-Bas, qui voudrait revendre quelques-uns de ses tanks Leopard 2, de fabrication allemande. L’Italie aussi propose des tanks Ariete. Israël offre le Merkeva et la Corée du Sud ses K-1A1.

Etant donné la proximité militaire et politique de la Colombie avec Israël, des militaires colombiens ont déjà testé le Merkeva sur le terrain.

La concurrence est donc vive. La France a donc compris qu’en offrant à la Colombie son appui à l’élection au Conseil de sécurité, elle détenait un hameçon non négligeable pour faire pencher la balance en faveur de ses tanks. Parmi tous les concurrents, elle est la seule à pouvoir le faire. Et c’est un argument de taille.

Pourtant les tanks Leclerc ne sont pas neufs et ils demeurent quand même parmi les plus chers du marché. De plus, les experts français disent qu’ils auront besoin de nombreuses modifications pour être efficaces sur la zone géographique colombienne, sans oublier le coût élevé de leur entretien.

Mais peut-être est-ce le prix à payer pour l’impunité. Le président sortant Uribe Vélez, accusé de crimes de guerre et de Lèse Humanité en Colombie, pourrait être placé à la tête de la délégation à l’ONU. Ainsi se prolongerait son immunité diplomatique qui le met à l’abri des tribunaux.

Hernando Calvo Ospina
http://hcalvospina.free.fr/spip.php?article237

1) Bogotá, 6/08/2010.

2) Blog « Secret défense », du quotidien Libération, 15 janvier 2010, Paris.

URL de cet article 11496
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Auteur
Tais toi et respire ! Torture, prison et bras d’honneur
Hernando CALVO OSPINA
Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Quelques Colombiennes et Colombiens se regroupent à Quito pour faire connaître la violence et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Si le Président se présente devant le Peuple drapé dans la bannière étoilée, il gagnera... surtout si l’opposition donne l’impression de brandir le drapeau blanc de la défaite. Le peuple américain ne savait même pas où se trouvait l’île de la Grenade - ce n’avait aucune importance. La raison que nous avons avancée pour l’invasion - protéger les citoyens américains se trouvant sur l’île - était complètement bidon. Mais la réaction du peuple Américain a été comme prévue. Ils n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ils ont suivi aveuglement le Président et le Drapeau. Ils le font toujours ! ».

Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute

Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.