L’accord syro-russe de cessation des hostilités en Syrie peut être considéré comme problématique d’un point de vue militaire. Il aurait été préférable de profiter de l’élan actuel pour continuer à se battre au lieu de donner un répit à l’ennemi.
Mais l’accord a un avantage énorme. Il exclut l’État islamique et Jabhat al-Nusra. Chaque fois que les médias « occidentaux » parlent de l’accord et de la probabilité de sa mise en œuvre immédiate, ils doivent reconnaître ce qu’ils ont longtemps nié. A savoir que les imaginaires « rebelles modérés » soutenus par les Etasuniens sont profondément liés à al-Qaïda.
Même la dame grise, le New York Times, reconnaît maintenant que :
de nombreux groupes anti-Assad alignés sur les États-Unis se battent aux côtés du Front Nusra.
Les lecteurs de cet article notent que les États-Unis soutiennent en fait les terroristes contre lesquels ils prétendent se battre depuis 13 ans. Il y a quelque chose qui cloche. Cela va mettre beaucoup de pression sur l’administration Obama. Elle peut difficilement accuser la Russie et la Syrie de poursuivre leur campagne contre Al-Qaïda, même pendant la trêve avec les « modérés » soutenus par les États-Unis. Ces derniers se félicitent d’avoir tué des partisans présumés d’Al-Qaïda dans des frappes de drone partout dans le monde. Comment pourraient-ils reprocher à la Russie de faire de même en Syrie ?
Les médias « occidentaux » sont mis à nu, mais ce n’est pas tout. La nouvelle situation oblige ceux qui sont derrière Nusra/al-Qaïda à révéler leurs positions :
« On soutient le PYD parce qu’il se bat contre ISIL. Le Front Nusra se bat également contre ISIL. En quoi serait-il mauvais ? » a demandé [Le président turc Erdogan].
« Le SIDA tue aussi ISIL ? En quoi serait-il mauvais ? »
Juste à temps, la BBC rapporte ce que tous ceux qui observent la guerre contre le Yémen savent déjà. Al-Qaïda participe avec l’Arabie saoudite et d’autres troupes du Golfe à l’assaut de la ville de Taiz.
Depuis le 9 septembre, le public « occidental » a été conditionné à voir Al-Qaïda comme l’incarnation du mal. Je ne pense pas qu’il soit possible de changer cela en l’espace de quelques semaines ou de quelques mois.
Avec la pression pour aboutir à la cessation des hostilités, le camp russo-syrien a fait une grande percée dans le domaine des relations publiques. Il devient clair, même au lecteur « occidental » moyen, que les Syriens et les Russes se battent contre les vrais terroristes tandis que le États-Unis et leurs alliés soutiennent, sinon les terroristes eux-mêmes, du moins les alliés des terroristes.
Traduction : Dominique Muselet