Le « printemps arabe » qui est en train de chambouler l’échiquier politique des Etats où il « fleurit » vire à l’hiver sibérien pour cette cause nationale palestinienne.
Pour les Palestiniens réfugiés malgré eux dans les pays arabes « frères », les bouleversements politiques qui affectent ces derniers se traduisent souvent pour eux en « punitions collectives » au prétexte de leur soutien aux régimes que ces bouleversements mettent à bas.
En Irak, après la chute de Saddam Hussein, les réfugiés palestiniens ont payé le prix fort le soutien qu’Arafat avait apporté au dictateur déchu. Pour la même raison, leurs compatriotes exilés au royaume saoudien et dans les émirats du Golfe ont subi un traitement similaire. Ceux des réfugiés palestiniens qui sont en Syrie sont menacés d’un sort similaire en cas d’effondrement du régime de Damas. Ils ont un avant-goût de ce qui les attend dans ce cas avec les attaques armées dont leur camp du Yarmouk où vivent 140.000 d’entre eux est la cible de la part des rebelles en guerre contre le régime.
Réfugiés malgré eux dans les pays arabes, ils sont cycliquement victimes des retournements d’alliance qui s’opèrent entre les régimes de ces pays et les factions du mouvement national qui prétendent représenter tous les Palestiniens. L’immense majorité des réfugiés palestiniens a toujours autant que faire se peut tenté de rester à l’écart des conflits politiques internes à leurs pays d’accueil, ne se faisant visible que pour entretenir la flamme de leur cause nationale. Quels que soient le motif et la raison, il est inacceptable et intolérable que les réfugiés palestiniens se voient infliger la « peine collective » à chaque changement de régime. D’autant que leur exil forcé dans les pays arabes résulte de la trahison par ces derniers de la cause nationale palestinienne.
Le « printemps arabe » qui est en train de chambouler l’échiquier politique des Etats où il « fleurit » vire à l’hiver sibérien pour cette cause nationale palestinienne. Pour les nouveaux acteurs politiques qui accèdent au pouvoir dans le monde arabe, cette cause palestinienne n’est plus au coeur de leurs préoccupations. Elle est même devenue l’obstacle qu’ils veulent lever en signe de bon geste en direction des puissances qui peuvent compromettre la pérennité des régimes qu’ils ont mis en place. C’est vraiment un sale temps que « le printemps arabe » pour les Palestiniens qui sont lâchés de partout et sommés de renoncer au « rêve » de la création de leur Etat national. C’est ce vers quoi convergent toutes les pressions qui s’exercent sur eux que veulent obtenir les « médiations » qui se proposent entre eux et les Israéliens.
En Syrie, comme cela a été le cas en Irak après le changement de régime, il se profile une tragédie dans la tragédie nationale, celle dont seront victimes les réfugiés palestiniens que les vicissitudes de leur sombre histoire nationale ont conduits dans ce pays. Il n’y a pas qu’au Liban qu’ont été possibles les massacres de Palestiniens. Des Sabra et Chatila, il peut en survenir en Syrie comme il y en a eu en Irak dans l’indifférence des puissances qui se targuent de vouloir apporter paix, tolérance et respect des droits de l’homme là où ils déversent soldats, mercenaires et armement.
Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran