Dessin : Erby Kézako © http://erbykezako.blogspot.com
24 janvier 2008.
C’est El Païs le quotidien espagnol, à peu près l’équivalent du Monde, pour le meilleur et surtout pour le pire en matière de désinformation planétaire qui a vendu la mèche, il a été aussitôt suivi par le reste de la presse espagnole, internet a pris le relais. La machine à ragot planétaire a bruissé devant les photos de charme qui offraient la première dame de France - dévêtue seulement de cuissardes et de bijoux- à la concupiscence de cadres abonnés au magazine espagnol DT, un magazine pour messieurs fortunés, les golden boys de la Bourse par exemple (1).
On ne peut manquer d’éprouver une certaine « gêne » devant « l’événement », de quel côté qu’on la prenne cette série de photos nous place en porte à faux. Les "austères" affirment qu’il ne faut pas en parler, qu’il ne faut pas contribuer à réduire le fait politique à cela, je ne suis pas convaincue. Il faut parler de ce qui choque le peuple, le tout est de savoir comment. (...)
Je m’éloigne pensez-vous, quel est le rapport entre l’aphasie de la langue et les photos de charme de la compagne de Sarkozy ? Je viens de tenter de vous expliquer deux choses, la dialectique des moeurs par rapport aux phases du capital, comment à travers la consommation on passe du gorille apprivoisé condamné au puritanisme, aux gestes automatiques de la chaîne industrielle à la permissivité sexuelle du même sujet consommateur devenu aphasique, incapable de créativité, simple voyeur manipulé par ses addictions douces… Le stimulus de l’émotion et celui de l’achat renouvelé à chaque planche publicitaire imposent à la trame du récit coupé par la publicité de faux suspens. Et cette phase correspond à un nouveau stade d’accumulation qu’il faut faire payer au travail, toujours plus faire donner aux pays du Tiers monde, les piller à travers un néo-colonialisme, utiliser leur endettement… (...)
Vous ne voyez toujours pas le rapport ? Est-ce un hasard si le pays qui a fait mai 1968, mais qui de surcroît dans l’atonie générale des luttes manifeste une résistance au nouveau modèle en menant le mouvement de 1995 autour de la défense des services publics, le pays qui dit NON à l’Europe du capital financiarisé et à sa toute puissance, se retrouve à sa tête avec cette caricature. Il faut accélérer, bousculer les inerties, le capital a besoin de temps de rotation toujours plus rapides… Il poursuit sa course en avant vers l’abime, au rythme de notre agité… Il entraîne derrière lui ceux qui l’attendaient… Croyez-vous que ceux qui se rallient à lui se sont levés un beau matin en se disant « Et si je trahissais ! » Si Kouchner était ministre des Affaires étrangères de Ségolène Royal ou de Strauss Khan ménerait-il une autre politique ? Poser la question c’est y répondre, ils sont tous le fruit de l’échec politique de mai 68 et le triomphe de son consumérisme et de sa permissivité sexuelle accompagné de l’exaltation des drogues. Comme la CIA a fait taire les blacks panthères des ghettos noirs aux Etats-Unis en y jetant massivement de la drogue, en même temps que l’on assassinait les chefs révoltés, aux etats-Unis mais aussi dans tout le Tiers Monde… On achetait les veules, les ambitions, les narcissismes… L’ensemble de cette gauche ralliée, avant d’aboutir à ce consensus touchant autour du sarkozisme, a du passer par la case du Mitterrandisme, cette vison cynique de la fin de toute espérance politique, cet engourdissement dans des jeux tactiques, le pouvoir devenu médicament de confort de l’agonie d’une gauche ralliée au capital et qui traîne derrière lui tel un esclave ivre un parti communiste à qui l’on jette des os…tout ce beau monde est devenu gestionnaire, "compétent" , l’économie est une science exacte et Jospin peut dire que l’Etat est impuissant à intervenir en faveur des travailleurs que l’on licencie… Oui mais aujourd’hui on l’appelle à intervenir massivement en faveur du capital. Le fond est là , ils se sont ralliés à celui qui distribue pouvoir, richesse et offre des calls girls de luxe en prime… (...)
D’où notre gêne devant les photos de Carla Bruni, l’exhibitionnisme compulsif d’un président, nous ne savons plus comment prendre les contradictions qui nous assaillent. Mais ce ne sont pas seulement les notres : Sarkozy doit couvrir tout le champ politicien, de la vieille morale réactionnaire, celle qui exige le retour du religieux dans les salons du vatican, le palais de Ryad et dans le même temps il doit offrir sa propre femme au sujet consommateur qui exige en voyeur toujours plus de permissivité, la bande de jouisseurs assoifés de pouvoir, d’objets, de hochets qu’il traine dans son sillage. (...)
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