RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Robert Ménard : "C’est la loi qui doit décider de la liberté de la presse"

Interview de Robert Ménard, directeur général du Centre de Doha pour la liberté des médias, pour RIA Novosti

En tant que fondateur de l’organisation Reporters sans frontières, pourriez-vous évaluer son travail ? Qu’a-t-elle fait pendant ces années, quel est son plus grand succès ?

R.M. Sortir du champ des prisons, c’est quand même ça qui nous fait le plus plaisir. C’est ce qui est le plus important. Chaque fois qu’on a obtenu une libération de quelqu’un, parfois après des années (il y a des gens aux Reporters sans frontières qu’on a défendus pendant vingt ans). Quand les gens sortent de prison et viennent vous voir et qu’ils vous disent : "C’est grâce à vous". Enfin, c’est pas vrai, c’est grâce un petit peu à nous mais quand même - donc c’est ça qui me fait le plus plaisir. Ensuite, on a mené des campagnes, qui ont été plus ou moins réussies, qui sont importantes, et par exemple, ce qu’on fait ici, j’en suis sûr, parce que essayer de monter, comme on essaie de le faire ici, dans un pays comme ça, en plein coeur du Golfe, une structure indépendante qui parle, qui critique tout le monde, et qui dit tout, sans hésiter, il n’y en a aucune dans cette partie du monde. Et ça, je suis fier de le faire.

Croyez-vous qu’il faille imposer des restrictions à la liberté de la presse ? Trop de liberté peut aussi être néfaste, n’est-ce pas ?

R.M. Bien sûr. Moi, je ne pense pas qu’on peut dire tout à n’importe qui, n’importe comment. Si je vous dis que vous avez volé dans cet hôtel, vous allez me poursuivre, et vous aurez raison. La liberté de la presse ce n’est pas dire tout et n’importe comment. Il faut définir des cadres. Je crois qu’il y a des limites à la liberté de la presse. C’est explicite, ensuite on peut discuter. Premièrement, tout ce qui appelle à la violence. Un appel à la violence, à la haine, c’est interdit dans les médias. Il faut condamner les journalistes qui appellent à la violence et qui appellent à la haine. A la haine raciale, à la haine religieuse, à la haine politique. Il faut condamner les gens qui font ça, parce que ça, ce n’est pas du journalisme, c’est autre chose. C’est d’un côté. Et de l’autre côté, on ne doit pas accepter qu’on mette en cause les gens personnellement si on n’a pas des preuves de ça. La diffamation, l’injure, cela doit être interdit.

Mais qui doit décider de ce que l’on peut dire ? Reporters sans frontières ?

R.M. Non, pas du tout. Je pense que c’est la loi qui doit dire ça. Mais il faut que la loi corresponde à des standards internationaux. Regardez la Russie. Vous êtes un pays européen. Il y a quelque chose qui s’appelle la Cour européenne des droits de l’homme. La Russie est membre du Conseil des droits de l’homme, elle est membre du Conseil de l’Europe. Donc, la Cour européenne c’est la juridiction qui doit s’appliquer. La Russie, est-ce qu’elle respecte les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, elle respecte le contenu de la Déclaration européenne des droits de l’homme ? Non ! Il y a un cadre, il faut respecter le cadre, c’est tout. Il faut que les lois nationales respectent ce cadre-là . Il y a des tribunaux internationaux comme la Cour européenne des droits de l’homme, il faut respecter ça quand on est en Europe, la même chose dans les pays d’Amérique latine, la même chose en Afrique, la même chose dans cette partie du monde.

Toutefois, la situation autour de la liberté de parole a tendance à s’améliorer. Vous avez vous-même reconnu avoir parfois critiqué le gouvernement du Qatar qui finance Doha Center for Media Freedom.

R.M. C’est ça la liberté. Ici, il y a des gens qui acceptent ça. Quand en France ou aux États-Unis vous obtenez des subventions des gouvernements, les gouvernements acceptent l’idée qu’il y a des gens qui sont là pour les critiquer. Mais on ne critique pas pour être négatif. Moi quand je critique le Qatar je critique parce que je pense que ça va servir à quelque chose et que ça va faire avancer quelque chose. Bien sûr, je suis optimiste. Le fait même que je puisse dire ça ici, c’est une révolution. Vous croyez qu’en Arabie Saoudite, je peux tenir ce discours-là . Cela veut dire qu’il y a des gens dans un certain nombre de pays qui ont envie que ça change, et c’est ça qui me rend optimiste.

Propos recueillis par Samir Shakhbaz

Source : RIA-Novosti

URL de cet article 8732
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Le Printemps des Sayanim
Jacob COHEN
Interview de l’auteur. Pourquoi ce titre ? J’ai voulu que le terme « sayanim » apparaisse d’emblée et interpelle le lecteur. On se pose la question, et la définition se trouve juste dans les premières lignes de la 4e. La problématique est installée, sans faux-fuyants, et sans réserve. Idéalement, j’aimerais que ce terme entre dans le vocabulaire courant, dans les analyses, et dans les commentaires. Voulez-vous nous la rappeler ? Les sayanim - informateurs en hébreu - sont des juifs de la diaspora (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La meilleure forteresse des tyrans c’est l’inertie des peuples.

Machiavel

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.