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Le Sarkophage n° 12

Avec ce numéro 12, Le Sarkophage (qui s’associe à certains syndicats des professionnels de la santé « pour que la médecine du travail s’affranchisse enfin de la domination patronale ») a retrouvé de sa tonicité.

Dans son éditorial, " Vive la vérole " , Paul Ariès rappelle cette phrase de Giscard en 1973, réagissant à l’autogestion des ouvriers de Lip : « Il faut les punir. Qu’ils soient chômeurs et qu’ils le restent. Il vont véroler tout le corps social. » Napoléon disait de Talleyrand qu’il était « de la merde dans un bas de soie ». face à cette bourgeoisie haineuse, Ariès nous dit que « la désobéissance civique s’impose dès lors que le système se claquemure dans la violence économique et use d’une violence idéologique et policière sans nom. »

Article innovant sur " le retour à la domesticité " . » « Le plan Borloo [avocat d’affaires, dans le civil, ne l’oublions jamais], la défiscalisation des heures supplémentaires et enfin le RSA constituent les trois pôles du triangle des Bermudes de la politique d’emploi actuelle. Ces trois mesures convergent pour encourager une division du travail accrue, où les couples actifs confient leurs tâches domestiques à des salariés pauvres. […] Cette logique de division du travail est très éloignée de la cohésion sociale. » Ces emplois sont, en majorité écrasante, féminins, et les durées de travail sont scandaleusement partielles (entre 10 et 20 heures hebdomadaires selon les sources). Comme le dit Thierry Ribault, « My service à la personne is fantastic ».

Directeur de la revue L’École émancipée, Nicolas Béniès nous parle de la mécanique des crises. « La crise financière […] ne peut qu’alimenter la récession provoquant ainsi une mécanique allant vers la dépression. […] Le privé, ses critères, ses modalités de fonctionnement sont posés comme supérieurs au service public. […] La configuration de la crise actuelle, comme sa profondeur, trouve ses causes dans les politiques libérales exprimant la nécessité du capital de se valoriser dans un environnement où les contre-pouvoirs sociaux comme internationaux se sont évanouis. […] Il ne faut pas seulement nationaliser les banques - un premier pas dans la voie de l’expropriation des actionnaires - et les institutions de crédit, mais les transformer en service public pour qu’ils abandonnent les mécanismes de la valorisation du capital. »

Michèle Dessène et Aurélien Bernier (du M’PEP) analysent l’Union européenne comme « Dr Jekyll et Mr Hyde de l’écologie ». « L’UE possède deux visages, deux personnalités diamétralement opposées. L’une, celle des tribunes, des déclarations officielles, des sommets internationaux semble plus verte que Nicolas Hulot et Al Gore réunis. […] Mais les belles formules se transforment en libéralisme débridé, qui n’admet l’écologie qu’à la condition qu’elle soit source de profits et qu’elle ne vienne jamais remettre en cause l’ordre économique mondial. »

Un vigoureux article collectif sur " Idéologie européenne, politique réactionnaire " . Les auteurs rappellent que plus d’un an s’est écoulé depuis que les parlementaires français, à l’exception des communistes, ont violé à Versailles la souveraineté du peuple français en ratifiant le Traité de Lisbonne. Ce faisant, ils ne pouvaient que complaire au patronat, dont l’objectif est de « transformer la démocratie en gouvernance technocratique, c’est-à -dire en un arbitrage entre les intérêts des différents groupes de pression patronaux. […] Notons que l’affaiblissement de l’État, de la commune et du département et leur substitution (Europe, régions, communautés de communes) ont toujours été imposés par le haut, depuis 50 ans. […] L’Europe aurait rapproché les peules et serait le ciment de 60 ans de prospérité. Au contraire, le libre-échange, par la mise en concurrence des nations, des territoires et des individus, n’a fait qu’exacerber les vieilles rivalités. […] Nous ne croyons pas que la liquidation de la démocratie soit une erreur " amendable " de la construction européenne : elle est le fondement et l’aboutissement même de son projet. »

Excellent article, qu’il faudrait citer in extenso d’Alain Cuénot " Compromissions ordinaires des dirigeants socialistes " . « Comment le peuple de gauche perçoit-il les compromissions du PS depuis 2007 face à l’autorité toute puissante de la droite la plus réactionnaire qui soit ? Comment vit-il au quotidien, dans son usine, dans sa banlieue la réalité de la politique sarkozienne ? Comment mesure-t-il cette politique étouffante qui paraît si sympathique et si fréquentable, frappée du sceau de l’honorabilité pour nos députés socialistes ? »

Un entretien très éclairant sur les " dangers des neurosciences " avec Bernard Baertschi " : « On se doute que la connaissance du cerveau augmentera l’efficacité des manipulations de notre esprit. […] On commence à mieux connaître le profil cérébral des schizophrènes et des personnalités antisociales, et on paraît être à même de les détecter avant qu’ils ne manifestent le moindre symptôme ; Faut-il intervenir ? »

Longue réflexion de Paul Ariès et Jean-Louis Sagot-Duvauroux sur " Viv(re) la gratuité " / « Le capitalisme sait susciter le désir et le rabattre sur ses produits. Que pouvons-nous lui opposer d’aussi fort, si ce n’est la gratuité ? » Les auteurs reviennent sur la philosophie de la sécurité sociale : « je fais ce que je peux, je reçois ce qu’il me faut. […] Par la sécurité sociale, des sommes considérables sont soustraites à la valorisation directe du capital, et à ses catastrophes. » Cela dit, elle n’a pas « aboli le capitalisme ».

Le Sarkophage ouvre un débat ardu sur les " discriminations positives " . « La première des discriminations positives n’est-elle pas une politique économique et sociale qui oriente vers les plus démunis une part plus importante des dépenses publiques et des prestations sociales, favorisant ainsi la solidarité par la redistribution ? […] Ne voit-on pas aujourd’hui se dénuder la brutalité des rapports sociaux capitalistes qui, en se parant des oripeaux de l’égalité et de l’universalisme, assignent à des groupes sociaux entiers des tâches subalternes et des territoires ségrégués ? »Entretien avec Pierre Kalfa sur " Le syndicalisme à la croisée des chemins " . Kalfa oppose, bien sûr, le syndicalisme combatif et transformationnel de la CGT ou de Solidaires au syndicalisme complice de la CFDT qui « accepte non seulement le cadre du capitalisme, mais vise à construire un partenariat avec le patronat [quand ils quittent leurs fonctions, les responsables suprêmes de la CFDT deviennent eux-mêmes, en général, patrons]. Elle ne vise pas à construire un quelconque compromis social - en ce sens la qualifier de réformiste n’est pas adéquat - qui serait basé sur la construction de rapports de forces, mais à accompagner socialement les contre-réformes imposées par le gouvernement et le patronat. »

Quand les " lycées militaires formatent les esprits " . « L’armée française sélectionne ses officiers dès le plus jeune âge pour construire une armée de caste antirépublicaine sans cesse renouvelée. Les lycées militaires sont aujourd’hui les écoles les plus secrètes de France. »

Pour Pablo Servigne, qui a relu Kropotkine, l’entraide est un « facteur de l’évolution ». En quoi et pourquoi les gauches ont-elles largement oublié l’entraide ?

Lui aussi, Philippe Marlière « démasque » la social-démocratie, qui s’est »affrranchie de son combat historique pour la justice sociale, ayant abandonné son projet de régulation du capitalisme. ». Elle est « naufragée » depuis qu’elle s’est ralliée « au monde des riches et des puissants ».

Pour Isabelle Stenger, il faut « oser la confiance ». « Depuis octobre, les oeuvres de Marx sont très demandées en librairie. On ose à nouveau parler de capitalisme là où il fallait dire " économie de marché " , un terme fait pour renvoyer quasi automatiquement à " l’échec de l’économie étatisée " ; et l’on ose se souvenir que pour le capitalisme, le marché n’est qu’un moyen parmi bien d’autres. »

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