Ça y est, Sotchi a brillé de mille feux ! Malgré des critiques infondées, voire méprisantes de l’Occident pour amoindrir la fête. Les médias français ne sont pas en reste. Menés par le journal Le Monde dont on s’aperçoit qu’il en rajoute pour être dans la ligne, les médias font assaut d’adoubement à l’Empire. Ce journal se permet une sentence : Vladimir Poutine ne montera pas sur le podium. Ce fut exactement le contraire ! Ce fut un spectacle grandiose à la mesure de la grande Russie que l’Empire avait trop rapidement enterrée. En 12 tableaux, nous eûmes tableaux à l’histoire de l’Empire russe dont la grande révolution de 1917 ne fut qu’une étape. La Russie de Gorki, Pouchkine, Dostoïevski, Tolstoï, la Russie de Chostakovitch qui écrivit en plein blocus de Stalingrad, sa fameuse symphonie en hommage aux centaines de milliers de résistants qui ont eu finalement raison de l’armée allemande du maréchal Von Paulus. Nous eûmes droit au « Lac des cygnes » de Tchaikovsky. Nous eûmes droit à la conquête de l’espace, autant de réalisations de l’âme russe quel que soit le régime.
La presse française rivalise de méchanceté et de jalousie et de partialité pour diminuer de la beauté et de la perfection de ces jeux. Comme d’habitude, les journalistes français sans doute frustrés que la France ait été éliminée des jeux lors de la désignation il y a sept ans, font tout pour dévaloriser ces jeux tout en espérant des médailles. Ils s’attaquent à Vladimir Poutine qu’ils comparent à Pierre le Grand : « Les Russes ont dépensé 37 milliards d’euros pour Sotchi, soit quatre fois plus que les Britanniques pour les Jeux d’été de Londres. En l’espèce, c’est moins celui de la Russie que de son hyperprésident, Vladimir Poutine. Ce dernier a voulu Sotchi pour en faire le couronnement de son règne, le triomphe d’une présidence dont l’ambition est de manifester le retour de la Russie parmi les Grands. » (1) Et alors ? Quel mal y a-t-il ? Naturellement, la politique nationale russe ne plaît pas. Personne ne se frottait à l’empire soviétique mais on pensait, que le démantèlement de l’empire permettrait de faire de la Russie un marché à la botte de l’Occident. L’Ocde pointait récemment nombre de points noirs : la Russie importe tout ou presque, elle investit très peu et fait fuir les capitaux. Etre grand inquisiteur est un job très demandé. Est-ce un éditorial sur les Jeux olympiques ou sur la personnalité de M.Poutine ? En plus, Est-ce par hasard si les pays de l’Ouest financent le jihadisme sunnite ? Qui a encouragé la guerre civile en Syrie ? Qui encourage une opposition et finance des truands en Ukraine ? La Libye c’est Poutine ? L’Irak c’est Poutine ? Le journal Le Monde est en train de devenir une des voix de l’impérialisme/colonialisme de l’Ouest. Le Monde va même plus loin : aucune de ces réalisations ne trouve grâce à ses yeux : « Des montagnes de déchets et des bassins d’eau polluée souillent les environs de ce qui était jusqu’alors une pittoresque station balnéaire subtropicale abritant un fragile écosystème. Des milliers d’habitants ont été déplacés, des maisons et des quartiers entiers démolis. Les régions du Caucase voisines, notamment le Daghestan, sont des foyers d’activité terroriste où pas une semaine ne se passe sans une attaque ou un attentat-suicide. (2)
Dans le même ordre et toujours dans le journal donneur de leçons, Le Monde avec cette fois-ci son acolyte l’Agence France Presse pour la bonne cause, celle de dicter la norme aux autres, nous lisons : « Malgré l’absence notable de plusieurs dirigeants, les organisateurs ont pu se targuer d’avoir attiré quarante-quatre représentants politiques, parmi lesquels le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, contesté dans les rues de Kiev, ses homologues chinois (Xi Jinping) et afghan (Hamid Karzaï), ainsi que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et son vis-à-vis japonais, Shinzo Abe ».(3) « Plus controversés, le président biélorusse Alexandre Loukachenko et Leonid Tibilov, le président de la région séparatiste géorgienne, l’Ossétie du Sud, reconnue par Moscou, figuraient également au rang des convives. Rappelons simplement que les boycotteurs représentent moins de 500 millions sur 7 milliards qui ont été représentés. La technique de deux fers au feu est celle de ces pays qui ne veulent pas hypothéquer l’avenir pour les jeux qui se dérouleraient éventuellement chez eux. Et pourtant, c’est le sport, l’olympisme. » (3)
Minimisant le spectacle, il le réduit à une potion magique : « Tout ce joli monde aura, à n’en pas douter, apprécié les diverses animations et chorégraphies qui, à travers les âges, ont retracé la glorieuse histoire de la Russie éternelle. Un peu de Moyen âge pour commencer, puis un peu de tsarisme, un peu de bolchévisme et, pour finir, place au pays tel qu’il est vu actuellement depuis le Kremlin : une Russie conquérante. » (3) Comble de la méchanceté et de la conviction de donner des leçons on lit : « S’il a tout de même daigné regarder l’événement à la télévision, le président Obama n’aura pas manqué de constater que seuls quatre des cinq anneaux olympiques se sont ouverts lors de la cérémonie. (...) Par chance, la cérémonie n’a pas été perturbée par l’intrusion d’un horde de chiens errants. Dans les rues de Sotchi, il s’en trouverait pourtant des milliers, voués à un funeste destin. Mais un a tout de même réussi à s’infiltrer dans les tribunes, avant de se faire chasser par la sécurité du stade. » (3) Triste débâcle morale pour ce journal.
Les Occidentaux donneurs de leçons font preuve d’une amnésie sélective. C’est un des leurs, Pierre de Coubertin, fondateur du concept des Jeux olympiques qui adouba les Jeux olympiques de Berlin en 1936. Une information non vérifiée nous apprend qu’il était en bons termes avec le Führer qui lui aurait proposé une pension. De plus, en termes de racisme, de Coubertin n’aimait pas les Noirs ni...les femmes qu’il pensait être indignes de participer aux jeux. Croire qu’un boycott à géométrie variable peut faire dévier Poutine de sa route c’est ne pas connaître l’âme russe, celle de Pouchkine, de Tolstoï (il y eut un ballet qui a repris Guerre et paix lors de la cérémonie d’ouverture qui fut grandiose à tous les points de vue). En 11 tableaux, 3500 acteurs, l’épopée russe fut racontée. L’une des scènes les plus émouvantes fut celle où l’on voit Valentina Térechkova, la première femme de l’humanité russe et soviétique, s’arracher à la Terre et à la conquête des étoiles comme le fut d’ailleurs Youri Gagarine.
La dette de l’Occident envers l’Union soviétique
La critique si facile est une caractéristique de l’Empire qui lâche sa meute journalistique et pourtant pour l’Histoire, l’Union soviétique a sauvé l’Occident d’une débâcle en donnant un coup d’arrêt aux armées nazies. Ce fut l’armée du généralissime Joukov qui entra la première dans Berlin. De plus, l’épopée de Stalingrad en fut un exemple : « Le 2 février 1943 lit-on dans une contribution de Laurent Brayard, les combats cessaient dans les ruines de Stalingrad, le maréchal Von Paulus fraîchement nommé, capitulait avec les restes de sa 6ème armée. Ce coup de tonnerre qui a retenti il y a 70 ans [2 février 1943] a été considéré comme le tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale, le coup d’arrêt aux forces de l’Axe qui perdirent définitivement l’initiative. Cette victoire fut l’oeuvre du peuple soviétique tout entier, rendons hommage en ce jour à ceux qui sont tombés pour que le monde vive libre. 841.000 soldats allemands et également roumains, hongrois, italiens et croates, dont 91.000 prisonniers lors de la capitulation allemande, ce sont les pertes des forces de l’Axe. Du côté soviétique il y eut 1 129 619 pertes, dont environ 478.000 tués, 650.000 blessés et prisonniers et plus de 40.000 victimes civiles. Tel fut le bilan final de la fournaise de cette bataille titanesque qui se livra sur les bords de la Volga entre le 17 juillet 1942 et le 2 février 1943. Le 30 janvier, Hitler confère à Von Paulus le titre de maréchal pour l’encourager à ne pas se rendre. A Stalingrad l’Humanité restera redevable des milliers de soldats soviétiques qui perdirent la vie dans la bataille. Le sacrifice inouï consenti par eux à cet instant de la guerre, a ensuite permis la défaite totale de l’Allemagne nazie, qui presque au même moment subissait une autre défaite majeure devant el-Alamein en Afrique du Nord. Les héros de l’Union soviétique n’étaient pas tombés pour rien et le monde libre se souviendra éternellement d’eux. » (4)
La réalité économique
Un autre angle d’attaque des médias français qui présente l’absence de l’Empire et de ses vassaux comme une « punition »,-décidément l’Empire aime punir les récalcitrants- est la situation financière russe que l’on présente comme arriérée. Nous lisons dans une contribution de Challenges.fr le contenu objectif de cette « arriération » par rapport aux donneurs de leçons : « A pouvoir d’achat comparable, les quatre premières puissances émergentes ont désormais toutes dépassé la France. Fin décembre 2012, le Center for Economics and Business Research (CEBR) annonçait que le Brésil était devenu en 2011 la sixième puissance économique mondiale devant le Royaume-Uni. La France, cinquième du classement, aurait encore quelques années de sursis.(...) La France se retrouve alors, selon le FMI, reléguée en neuvième position avec 2.217 milliards de dollars de PIB (PPA). Le Brésil, lui, est déjà septième avec 2.309 milliards de dollars de PIB (PPA. (...) L’Hexagone se retrouve même derrière les trois autres Bric : la Chine (2e), l’Inde (3e) et la Russie (6e). Que l’on mesure leur PIB en dollars courants ou à parité de pouvoir d’achat, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie et les autres vont poursuivre leur ascension dans les années à venir. » (5)
Pourquoi l’acharnement sur le nouveau tsar de toutes les Russies ?
Les contentieux sont nombreux, notamment celui d’héberger Edward Snowden. Laïd Seraghni tente une autre explication qui va dans le même sens : « Les événements qui se déroulent actuellement en Syrie ne sont en aucun cas liés à la question de démocratisation de la société ni pour plus de liberté pour les Syriens. Il s’agit d’un ordre mondial que cherchent à imposer les États-Unis avec leurs vassaux occidentaux prédateurs, à un autre monde qui, à leur tête la Russie, réclame plus de participation dans la gestion des affaires internationales desquelles ils ont été exclus depuis des décennies. Le point de départ pour la nouvelle configuration géopolitique du monde passe aujourd’hui par Damas. L’avenir de la Russie s’y joue actuellement. Poutine sur la ligne de Catherine II qui considérait que « Damas détient la clé de la maison Russie » comprend bien que « Damas est la clé d’une nouvelle ère ». Depuis le début des contestations en Syrie, la Russie, appuyée notamment par la Chine et l’Iran, a décidé de faire échouer toutes les tentatives d’un changement de régime car elle était persuadée que si le plan des Occidentaux réussissait, elle serait confinée dans un rôle de second plan et serait menacée dans son intégrité territoriale. C’est pourquoi, dès le début de la crise, la Russie s’était montrée très ferme et s’est opposée à toute intervention militaire, (...) A chaque tentative visant la reproduction du scénario libyen ou yéménite, elle opposa un refus catégorique.(6)
Karl Muller nous explique aussi pourquoi l’Occident s’en prend à la Russie coupable de « ne pas rentrer dans le rang après la chute de l’empire soviétique ». Coupable aussi d’avoir soutenu Assad, coupable aussi d’être contre le bouclier antimissile à sa porte.(..) On trouve la preuve de toutes ces manoeuvres dans le livre Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde, paru en 1997 et dont l’auteur est Zbigniev Brzezinski, conseiller personnel de divers présidents étasuniens. » Contrairement à l’Occident, où l’on met l’accent sur un modèle de politique utilitariste et matérialiste, le gouvernement russe semble s’appuyer sur une conception orientée sur les fondements de l’église chrétienne, c’est-à-dire en mettant l’homme et le monde au centre de son action. Où trouve-t-on encore cela en Occident ? Quel gouvernement occidental se réclame encore de cette conception au profit de la famille, de la religion et de la nation pour le grand bien des peuples et du progrès ? » (7)(8) A l’autre bout du curseur, cet aveu d’un député australien. Pour lui : « L’ancien président et actuel Premier ministre russe Vladimir Poutine est le meilleur leader russe depuis Pierre le Grand, a estimé l’ex-député australien Ross Cameron dans les pages du Sydney Morning Herald. Autrefois agent secret en Allemagne de l’Ouest, M.Poutine pouvait constater les avantages incontestables du libre marché, a rappelé M.Cameron, en indiquant que l’Occident avait tort d’insister sur le fait que M.Poutine était issu du KGB (service de renseignement de l’ancienne Union soviétique). Sous Poutine, le pouvoir des oligarques s’est affaibli, tandis qu’augmentaient ses contrepoids, tels que le Parlement, la suprématie de la loi et la classe moyenne qui s’est accrue de manière vertigineuse passant de 8 à 55 millions de personnes », a affirmé M.Cameron. Le député australien a aussi appelé à ne pas soupçonner la Russie d’ambitions impérialistes. Par conséquent, conclut-il, les gens de bonne volonté ne peuvent déplorer le maintien de l’influence de Vladimir Poutine en Russie et dans le monde. » (9)
On le voit que malgré toutes les perturbations, la Russie avance, les Jeux olympiques seront, à n’en point douter, une réussite et l’Occident qui pensait dicter encore longtemps ses ordres n’a pas compris que la barycentre du monde lui a définitivement échappé. L’Occident a perdu son magistère moral dont on s’aperçoit avec le temps que c’était du vent. L’Occident en période d’abondance se permet le luxe d’être bon prince et de distribuer ça et là des leçons de démocratie qui, curieusement, s’appliquent de moins en moins chez lui avec toutes méthodes que la morale réprouve, de contrôler les foules, de pister les ADN pour mater en définitive les faibles. Le vrai combat est un combat planétaire pour la dignité de l’homme quelle que soit sa latitude et les rares journaux objectifs sont étouffés par une cacophonie des médias dominants (mainstream) plus soucieux d’avoir une visibilité sociale qu’informer le citoyen honnêtement comme l’avait promis à titre d’exemple, un certain Hubert Beuve-Méry fondateur du journal Le Monde, il y a de cela soixante ans...
Chems Eddine CHITOUR