Il y a des informations dont le rapprochement peut-être surprenant. Ainsi, samedi en début d’après midi, on apprenait que « l’Otan était à cours de munitions en Libye » et, dans le même temps, que Kadhafi « ferait usage d’armes interdites ». Le dictateur et sa petite famille de despotes ne se limiteraient pas aux « armes autorisées ». Une image surgit soudain : celle du général Colin Powell, secrétaire d’Etat US, brandissant lors d’une réunion du conseil de sécurité des Nations unies une fiole remplie d’eau du robinet présentée comme une preuve de la détention par le régime de Saddam Hussein d’armes de destruction massive. L’ONU était priée d’adopter une résolution autorisant l’invasion de l’Irak. L’annonce « d’armes interdites » par Kadhafi annonce-t-elle une nouvelle escalade en Libye ?
Il y a d’autres rapprochements invitant à la réflexion. Alors que le peuple algérien se met en mouvement contre un régime corrompu et répressif, Alain Juppé que l’on a connu un peu plus guerrier il y a peu encore, salue les réformes annoncées par Bouteflika comme « allant dans le bon sens ». Pas le moindre mot sur les manifestants arrêtés et tabassés.
En Syrie, les hommes de main du clan Bachar al Assad, ont tiré sur des manifestants dans plusieurs villes du pays. Silence à Paris. Enfin, au Burkina Faso, Blaise Compaoré, au pouvoir depuis plus de vingt ans, principal commanditaire sinon auteur de l’assassinat de Thomas Sankara, connaît la colère de ses propres militaires et la fureur du peuple de la rue. Aucune réaction à Paris.
Deux poids, deux mesures. A Tripoli comme à Ouagadougou, à Damas comme à Alger, les régimes en place méritent d’être remerciés au plus vite. Mais pourquoi une armada contre Tripoli et le silence ailleurs ?
José Fort