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Pourquoi le capitalisme britannique s’accroche-t-il à la monarchie ?

Par le correspondant socialiste

Philippos Andreou de Schleswig-Holstein-Sonderberg-Glucksburg, est finalement décédé après 70 ans de vie dans un luxe remarquable aux dépens de l’État-providence. Alors que la Commission gouvernementale sur les disparités raciales et ethniques a conclu que le racisme en Grande-Bretagne n’est pas institutionnel, le duc raciste récidiviste a été glorifié durant 10 jours d’adulation nourrie de l’establishment. Époux (et cousin), comment pouvez-vous devenir « institutionnel » ?

La thèse républicaine est bien comprise. La monarchie est dépassée, antidémocratique, parasitaire. C’est une relique féodale. La prérogative royale est autocratique. L’argument en faveur d’un chef d’État non élu n’est pas crédible. La Couronne est devenue un spectacle de célébrités. La grande majorité des démocraties capitalistes ont transcendé leur passé monarchique. À première vue, le républicanisme n’est pas révolutionnaire et pourrait être compatible avec le capitalisme moderne.

Pourtant, l’establishment britannique et ses médias fidèles continuent de défendre cette institution désuète, martelant le public britannique avec la vénération endoctrinale d’un fanatique de longue date, avançant des arguments qui sont manifestement faux. Cet exercice d’idéologie de classe n’est pas sans risque. Une grande partie du public britannique est sceptique quant à toute l’affaire, avec des plaintes de colère affluant au sujet du rééchelonnement de la programmation télévisée. L’irrévérence a été parfaitement résumée lorsque quelqu’un a suggéré que les funérailles soient projetées à la télévision à la carte pour voir s’il y avait une demande pour cela.

De plus, après des mois où les médias de l’establishment ont fait des heures supplémentaires pour assimiler Black Lives Matter afin d’éviter de radicaliser la classe ouvrière BAME (Black, Asian & other Minority Ethnic), les voix royalistes de l’élite dirigeante sont passées en mode saturation en idéalisant un fanatique raciste patenté. Pourquoi ?

Pourquoi la classe dirigeante d’un État capitaliste moderne glorifie-t-elle le rôle continu d’une institution précapitaliste de gouvernement féodal aristocratique et, ce faisant, risque de s’exposer ?

Le but de la monarchie

En temps normal, on attribue à la monarchie le rôle symbolique de « l’unité nationale », prétendument au-dessus de la politique, non entachée de divisions partisanes. Il est en partie mystique, en partie royal, en partie conte de fées, en partie immaculé. C’est une image créée pour induire le respect, la crainte et la loyauté parmi le public, pour aujourd’hui et demain.

Cet objectif est incarné dans les pouvoirs arbitraires réels, quoique rarement reconnus, de la monarchie, plutôt que dans sa grandeur cérémonielle et célébrée. Comme la Chambre des Lords, les insignes et les rituels bizarres sont conservés pour entretenir l’illusion qu’il s’agit d’un âge révolu, éloigné de la vraie politique, plutôt que d’une institution clé de la dictature de classe moderne.

Qu’y a-t-il sous le conte de fées ? Que se passe-t-il lorsque les normes de la politique parlementaire sont perturbées et ne répondent pas aux besoins du statu quo ? Walter Baghot soulève cette question dans son classique, The English Constitution, publié en 1867 :

« Nos différents gouvernements, bien qu’appartenant à des partis différents, n’ont jamais différé sur les fondements de la société. Et il est évident que toute notre machine politique présuppose un peuple si fondamentalement uni qu’il peut se permettre en toute sécurité de se chamailler ; et si sûr de sa propre modération qu’il n’est pas dangereusement perturbés par le vacarme interminable des conflits politiques ».

Mais que se passe-t-il quand le peuple n’est pas fondamentalement uni ? Quand il ne peut pas se permettre de se chamailler en toute sécurité ? Quand les gens ne sont pas sûrs de leur propre modération ? Quand ils diffèrent sur les fondements de la société ? Quand ils sont dangereusement perturbés ?

L’avènement du Parti travailliste en 1900 a bouleversé le confortable statu quo. La classe dirigeante a passé les 100 dernières années à essayer d’intégrer les travaillistes au système. Mais en raison de la relation organique du Parti avec la classe ouvrière via le mouvement syndical, le Parti travailliste est resté obstinément ouvert à la politique anti-établissement et à l’idéologie du socialisme.

Alors que se passe-t-il si la direction capitaliste des médias, où 5 milliardaires possèdent 80% de toute la presse britannique, ne parvient pas à faire aimer le capitalisme à l’opinion publique ? Et que la classe ouvrière britannique est « dangereusement perturbée » et dirigée par des révolutionnaires ?

La monarchie, l’État et la révolution

Pour être clair, cela ne signifie pas un programme social-démocrate de gauche à la Corbyn, même:e si un tel programme serait le bienvenu.

Une transformation véritablement socialiste nécessiterait la propriété sociale des moyens de production et de la finance et le remplacement de l’État engagé dans la défense du capital par un État créé par la classe ouvrière par le biais d’une action extraparlementaire et parlementaire. Ce serait remettre en question tout le pouvoir, les normes et les intérêts acquis du capital et de l’establishment.

Comment pensons-nous que la classe dirigeante pourrait réagir dans de telles circonstances, si elle avait la liberté et le pouvoir de le faire ? Nous avons vu le tollé orchestré et efficace en réponse au « corbynisme » pourtant bien doux. Dans les années 60, l’État se prépara à renverser le gouvernement travailliste de Harold Wilson. En 1984-85, toute la force de l’État fut mobilisée, au mépris de la loi, pour vaincre la grève des mineurs. En 1975, le gouverneur général d’Australie, Sir John Kerr, agissant au nom de la reine, destitua le gouvernement élu et le premier ministre, Gough Whitlam. Plutôt que le cliché naïf, « cela ne pourrait pas arriver ici », nous devrions anticiper une réponse impitoyable et préventive de l’appareil d’État britannique pour empêcher tout ce qui ressemble vaguement à la menace du socialisme.

Quelques notions de base : la signature du monarque est requise pour que toute décision du Parlement devienne loi. En retenant simplement sa signature, le monarque peut provoquer une crise constitutionnelle. À qui obéiraient les forces armées, la police et la fonction publique ? N’oublions pas que ces institutions prêtent serment d’allégeance au monarque et non au Parlement élu. Le monarque a le pouvoir légal de suspendre le Parlement et de statuer par l’intermédiaire du Conseil privé, un organe d’État qui reste invisible et prêt à faire face à une « urgence nationale ».

La Monarchie est le coup d’État populiste, qui attend dans les coulisses pour sauver le capitalisme britannique. C’est pourquoi les socialistes ne peuvent pas simplement la rejeter comme un spectacle cérémoniel secondaire non pertinent. La monarchie reste une option, au moins une composante, dans la stratégie de l’État capitaliste pour anticiper et vaincre la révolution socialiste. C’est pourquoi nous avons eu droit à 10 jours d’endoctrinement royaliste intensif. Anticipez à peu près la même chose, mais pire encore, lorsque Elizabeth de la maison de Windsor, anciennement Von Sachsen-Coburg und Gotha, nous quittera pour de bon.

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Les rares personnes qui comprendront le système seront soit si intéressées par ses profits, soit si dépendantes de ses largesses qu’il n’y aura pas d’opposition à craindre de cette classe-là  ! La grande masse des gens, mentalement incapables de comprendre l’immense avantage retiré du système par le capital, porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer que le système ne sert aucunement leurs intérêts.

Rothschild Brothers of London, citant John Sherman, communiqué aux associés, New York, le 25 juin 1863.

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