RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Pourquoi je suis soulagé que Netanyahu ait gagné (The Electronic Intifada)

Benjamin Netanyahu au congrès américain le 3 mars. (Caleb Smith/Flickr)

Beaucoup avaient espéré que Benjamin Netanyahu serait battu aux élections israéliennes d’hier. Je n’étais pas de ceux-là.

Beaucoup l’avaient déjà enterré – des sondages pré-électoraux montraient son parti, le Likoud, à la traîne derrière l’Union centriste prétendument du centre gauche, dirigée par Yitzhak Herzog et Tzipi Livni.

Mais je gardais à l’esprit l’élection de 1996 où Netanyahu était universellement considéré comme le perdant bien après que les bulletins eurent été déposés.

À la suite de l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, on s’était attendu à ce que son successeur « pacifiste » Shimon Peres, qui avait lancé une invasion sanglante contre le Liban quelques mois plus tôt en espérant prouver à l’électorat sa compétence musclée en matière de « sécurité », gagne facilement.

Mais le soir de l’élection, Netanyahu a dit à ses partisans, « Il est encore trop tôt, et la nuit est longue ». Pendant qu’on comptait les bulletins de vote, il avait pris de l’avance et il a battu Peres, assurant son premier mandat comme Premier ministre.

Netanyahu a recommencé mardi. Alors que pratiquement tous les bulletins étaient comptés, le Likoud obtenait 30 sièges, l’Union sioniste 24 et la Liste commune composée essentiellement de partis arabes se trouvait en troisième place avec 14 sièges.

C’est quasiment certain, Netanyahu va conserver son poste de Premier ministre d’Israël et il va diriger un autre gouvernement fanatiquement à droite.

La vérité dans l’étiquetage

Permettez-moi d’être clair : je ne suis pas heureux de la victoire de Netanyahu en tant que telle. Netanyahu est un tueur couvert de sang. Il faut le traduire en justice et le faire juger pour ses multiples crimes, depuis les vols incessants de la terre palestinienne jusqu’au massacre de l’été dernier dans Gaza – et j’attends ce jour avec impatience.

Mais en se complaisant dans l’assassinat de Palestiniens et en appelant cela de l’« auto-défense », il ne diffère à peine de ses rivaux. Livni, suspectée de crimes de guerre et fuyant la justice, a été l’un des artisans, fiers et sans remords, du massacre par Israël à Gaza en 2008-2009, qui a indubitablement servi de modèle à Netanyahu.

Herzog, le partenaire de Livni, a reproché à Netanyahu de ne pas attaquer Gaza assez méchamment.

L’incitation risquée de Netanyahu, le jour de l’élection, disant « les Arabes sont en train de s’avancer vers les urnes » a montré une fois de plus qu’il pense véritablement que les citoyens palestiniens d’Israël ne sont pas des citoyens légitimes méritant tous les droits. Mais Tzipi Livni a fréquemment, elle aussi, exprimé ce même point de vue.

Et si Netanyahu est résolument engagé dans le vol et la colonisation de la terre palestinienne occupée, cela ne le distingue pas davantage de ses prédécesseurs se disant pacifistes.

Un article de fond interactif publié par le New York Times montre que les constructions de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée (hors Jérusalem occupée) ont été, et de loin, souvent beaucoup plus importantes sous les gouvernements prétendument en quête de paix d’Ehud Barak et Ehud Olmert.

Par contre, ce qui distingue Netanyahu, c’est qu’il annihile toute possibilité pour la soi-disant « communauté internationale » de cacher sa complicité avec les crimes effroyables d’Israël derrière la mascarade d’un « processus de paix ».

En outre, l’alliance ouverte de Netanyahu avec les éléments les plus racistes, les plus convaincus d’une suprématie blanche, les plus islamophobes et doctrinaires des droites nord-américaines et européennes – son discours au Congrès en début de mois en est la manifestation – cette alliance place Israël dans le camp idéologique convenable. Israël ne peut plus à la fois pratiquer l’apartheid chez lui, et en même temps se présenter fallacieusement comme un flambeau du libéralisme à travers le monde.

Bref, la réélection de Netanyahu, c’est comme la liste des « valeurs nutritives » sur une boîte d’aliments industriels : elle vous renseigne sur les ingrédients toxiques qui sont à l’intérieur.

Aucun État palestinien

La déclaration claire de Netanyahu la veille du vote, selon laquelle il ne permettra aucun État palestinien, n’a été qu’une affirmation de ce que furent les véritables politiques de chacun des gouvernements israéliens depuis 1967, à laquelle Herzog et Livni auraient adhéré.

Herzog et Livni n’auraient pas autorisé un État palestinien digne de ce nom. Au contraire, avec le soutien international, ils auraient tenté de faire revenir les Palestiniens dans des « négociations » pour ce qui serait tout au plus un bantoustan/ghetto, dans le but de légitimer le vol par Israël de vastes étendues de terre, son annexion de Jérusalem et son abrogation des droits des réfugiés palestiniens. (L’analyse de Ben White de cet effroyable projet d’apartheid permanent est à lire absolument).

Herzog lui aussi a promis de continuer la construction de colonies sur la terre palestinienne accaparée. Mais il cacherait cette politique expansionniste derrière l’un de ces « gels » superficiels et fallacieux durant lesquels la colonisation se poursuit sans relâche.

Si l’Union sioniste avait gagné, il aurait existé un très grave danger que les Palestiniens soient entraînés à nouveau dans une décennie de « négociations » stériles du style Oslo, qui auraient servi de couverture pour la poursuite de l’assujettissement et de la colonisation.

De telles négociations ont fourni la principale excuse à ce que l’on appelle la communauté internationale pour différer sans fin la mise en responsabilité d’Israël, ne serait-ce que très légèrement.

Le refrain de ces officiels sans courage est systématiquement une version du « oui, n’est-ce pas épouvantable ce qui se passe, mais il y a un processus de paix, et nous soutenons ce processus de paix ».

Le seul résultat positif de l’élection en Israël, c’est que cette voie-là semble être fermée.

Intensifier le BDS

Nous devons nous faire aucune illusion, avec la réélection de Netanyahu, les gouvernements européens, nord-américains et arabes ne vont pas soudainement mettre fin à leur complicité avec Israël.

Il y a tout lieu de croire que l’Administration Obama, par exemple, continuera sa campagne incessante d’opposition aux droits des Palestiniens et ses efforts pour qu’Israël ne soit tenu responsable dans aucun forum.

Mais le choix du public juif israélien de réélire Netanyahu doit bien faire comprendre aux peuples du monde entier qu’Israël ne recherche pas la paix et qu’il n’est pas en quête de justice. Il va poursuivre son oppression et son nettoyage ethnique des Palestiniens tant qu’il ne sera pas arrêté.

Négocier avec un tel régime est inutile quand son pouvoir sur ses victimes reste étendu et hors contrôle. Le message que nous devons retirer est simple : le traitement qui convient pour un régime politique engagé dans une occupation, un apartheid et une suprématie ethno-raciale, c’est son isolement jusqu’à ce qu’il admette qu’il doit abandonner ces engagements.

C’est ce que les Palestiniens ont demandé au monde à travers le Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Avec Netanyahu, c’est un peu plus facile, aussi il est temps de faire passer le BDS au niveau supérieur.

Ali Abunimah

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

source : http://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/why-im-relieved-netanyahu-won

»» http://www.agencemediapalestine.fr/...
URL de cet article 28266
   
Chávez. L’homme qui défia l’histoire
Modesto E. Guerrero
Cette biographie complète du commandant Hugo Chávez, écrite par un intellectuel vénézuélien reconnu, révèle les traits essentiels d’un personnage qui n’appartient pas seulement à la légende mais aussi à l’histoire de son temps. Le lecteur est entraîné dans ce parcours exceptionnel, de la province de Barinas jusqu’aux plus hautes charges de la plus grande révolution d’après la guerre froide. Le portrait intime et politique rejoint ici l’épopée de la libération d’un peuple et de tout un (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il y a bien une grande différence entre les articles publiés dans les médias institutionnels et les articles publiés dans les médias alternatifs (comme Le Grand Soir) : les leurs vieillissent super mal alors que les nôtres ne font que s’améliorer avec le temps.

Viktor Dedaj

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.