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Pour une gauche antifasciste, patriotique, populaire et écologiste !

Georges Gastaud, secrétaire national, Fadi Kassem, secrétaire national adjoint, Aymeric Monville, secrétaire adjoint, Gilliatt de Staërck, responsable national JRCF.

Les élections européennes de mai 2019 ont encore resserré l’étau politique qui broie notre peuple (et bien d’autres peuples d’Europe !) entre les deux mandibules d’une même tenaille oligarchique :

La première mâchoire du piège politique est constituée par les faux « progressistes » à la Macron dont la mission de classe est de dissoudre la France et les conquis sociaux qui lui sont liés dans l’Empire euro-atlantique cher aux chefs de file du MEDEF et du CAC-40. Ces faux internationalistes méritent si peu d’être tenus pour des « remparts antifascistes » que, sous leur égide, l’État policier ne cesse de réduire les libertés démocratiques (répression sauvage des Gilets jaunes, empilement de lois liberticides, flicage de la Toile, etc.) ;

La seconde mâchoire est actionnée par le RN que Marion Maréchal voudrait fusionner à l’aile la plus réactionnaire des LR en déroute. Faux patriotes du rassemblement « national » et ex-gaullistes « républicains » méritent si peu leurs étiquettes respectives qu’ils acceptent totalement l’euro, l’UE et l’OTAN – sans parler du système capitaliste ! – et qu’ils souhaitent seulement valoriser davantage l’impérialisme « français » dans le cadre du carcan euro-atlantique.

Face à cette tenaille qui détruit la République par euro-désintégration accélérée (le « saut fédéral européen » assorti du TAFTA) et/ou par discrédit final irrémédiable (quel déshonneur national ce serait que de voir le pays de 1789 et de la Commune devenir le champion planétaire de la xénophobie d’État !), la réponse sociopolitique apportée par la gauche établie – y compris par la partie la plus visible de la gauche « alternative » – est catastrophique :

D’aucuns ne rêvent que de recycler la vieille gauche plurielle incapable d’affronter le grand capital et prisonnière du mensonge éculé de l’ « Europe sociale ». Du PCF enlisé dans sa socialo-dépendance et son euro-addiction au Parti de la gauche européenne aux appareils confédéraux asservis aux bergers jaunes et sans gilet de la CES et de la CFDT en passant par l’aile boboïsante de LFI reniant son « indépendantisme français » proclamé (sans parler du PS atlantiste et des euro-fédéralistes d’EELV), cette mouvance rosâtre refuse de s’interroger sur le Frexit progressiste au moment même où le MEDEF exhibe cyniquement sa préférence antinationale pour les « États-Unis d’Europe », pour l’ « Union transatlantique », pour le Business-Globish évinçant le français, et où le « Pacte girondin » macroniste promeut une euro-métropolisation des territoires aussi ruineuse pour la « République une et indivisible » que destructrice de la démocratie communale.

Une autre partie de la mouvance « antilibérale » est tentée par une dérive symétrique, celle d’un souverainisme sans rivage ni souveraineté : pliant le drapeau rouge, elle renie la référence à la gauche (qu’elle confond avec la gauche établie au lieu de défendre l’héritage des Sans Culottes, des Dreyfusards, de la loi laïque de 1905, des grévistes de l’été 36, des ministres communistes de la Libération, de Mai 68) et hésite à « mettre le monde du travail au centre de la vie nationale » (comme y invitait le programme du CNR intitulé Les Jours heureux). Or, comment bâtir un rassemblement majoritaire sans mettre la classe laborieuse au cœur des résistances patriotiques et sans, symétriquement, appeler les travailleurs à « devenir la nation », comme y invitait déjà le Manifeste du Parti communiste ? Pire, une partie de cette mouvance souverainiste en rupture de « gauche » tergiverse sur le Frexit progressiste, minimise le processus continental de fascisation (qu’elle confond avec le fascisme achevé, qui en serait le terme, ou avec la lepénisation, qui n’en est que la pointe émergente) et flirte dangereusement avec le « ni droite ni gauche » qui fait le fonds de commerce partagé des Macron et autre Le Pen ! Or dans le cadre des rapports de forces actuels, la tentation d’unir les « patriotes des deux rives » au nom d’un souverainisme sans souveraineté et d’un « peuple-nation » prétendument au-dessus des classes ne pourrait qu’abonder mécaniquement la force attractive du « souverainisme » le plus puissant, celui que représentent, ensemble ou concurremment, la « géante brune » du RN et ses satellites, DLR, « droite forte ».

Dès lors, comment dessiner la perspective d’un « nouveau CNR » regroupant tous les citoyens patriotes et progressistes pour, du même geste, balayer la fascisation rampante de la France et de l’Europe, isoler l’oligarchie financière, extraire la France de l’euro-broyeur et de l’OTAN pourvoyeuse de guerres yanquies, constituer une nouvelle République sociale et souveraine rouvrant à notre peuple la voie du socialisme s’il en décide ainsi souverainement ?

Pour cela, il faut nécessairement que, sans renoncer au paradigme stratégique d’un nouveau CNR à visée sociale largement majoritaire, les communistes fidèles à Marx, les syndicalistes de lutte, les Gilets jaunes les plus conséquents, les socialistes d’esprit jaurésien, les héritiers républicains de Jean Moulin, tous les patriotes qui préfèrent la France au grand capital qui la strangule, construisent ensemble une Alliance pour une Gauche Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologiste (AGAPPé). Contre la mensongère Europe sociale, mais aussi contre le « ni droite ni gauche » confusionniste, cela signifie aussi la réaffirmation du primat des luttes sociales et des valeurs historiquement portées par la gauche véritable : souveraineté des peuples, progrès social, lumières partagées, produire en France et échanges nord-sud équilibrés, égalité hommes/femmes, antiracisme, anticolonialisme, laïcité, démocratie aussi directe que possible, paix, coopération internationale, socialisme. Sans oublier l’urgence d’une transition écologique et d’un développement solidaire de l’humanité qui implique d’en finir avec le « tout-profit » ravageur et avec la multiplication des guerres impérialistes sur fond de croisades intégristes de toutes espèces.

Car il ne suffit pas d’ancrer la perspective d’un nouveau CNR sur le « noyau dur » d’une gauche patriotique arrimée au mouvement populaire. Dans les conditions actuelles où les fusions capitalistes s’opèrent moins à l’échelle hexagonale qu’aux plans continental et intercontinental (Chrysler/Renault/Nissan, Alstom bradé à Siemens et à General Electrics...), la grande bourgeoisie étouffe dans le cadre national ; elle a, comme dit le MEDEF « besoin d’aire »*, en d’autres temps on eût dit : d’ « espace vital » ; la classe travailleuse est ainsi objectivement appelée à devenir l’épicentre d’un Frexit progressiste stimulant l’Europe des luttes tout en posant la question d’une rupture révolutionnaire avec la domination capitaliste. De ce fait, l’émergence d’une gauche aussi internationaliste que franchement insoumise à l’UE supranationale, – une gauche unissant le drapeau rouge au drapeau tricolore et associant la Marseillaise insurrectionnelle des Gilets jaunes à l’Internationale des défilés syndicaux, une gauche n’opposant pas la construction politique révolutionnaire au tous ensemble en mouvement des syndicalistes de classe et des Gilets jaunes –, pourrait, quelle qu’en soit la dénomination future, non pas concurrencer ou remplacer, mais soutenir et catalyser sur des bases saines l’analogue moderne d’un nouveau CNR associant libération nationale, émancipation sociale et coopération internationale authentique.

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