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Pour stopper la famine en Afrique : une aide accrue, plus rapide, plus habile par Moyiga Nduru.





[ ’’D’ici à 2020, un cinquième de la main d’oeuvre agricole dans les pays d’Afrique australe aura été décimé par le SIDA’’ ]




IPS, Johannesburg, 26 juillet 2006.


L’agence internationale d’aide, Oxfam, a appelé à une revue complète des efforts pour mettre fin à la famine en Afrique, affirmant que l’aide d’urgence est souvent inadéquate et arrive trop tard -alors que les causes sous-jacentes de la famine restent largement intactes.


Cet appel vient dans un rapport intitulé ’Ce qui cause la famine : une vue d’ensemble de la crise alimentaire en Afrique’, publié lundi.

L’aide humanitaire au continent s’est accrue, passant de 946 millions de dollars en 1997 à un peu plus de trois milliards de dollars en 2003, selon l’agence. Toutefois, la famine reste aiguë à travers l’Afrique, comme le démontre la série de crises alimentaires qui a ravagé le continent rien que ces derniers mois dans le Sahel, en Afrique australe, et dans la Corne de l’Afrique.

Selon Oxfam, les donateurs expriment des doutes sur la capacité des agences des Nations Unies à gérer l’aide efficacement comme constituant l’une des raisons d’un financement insuffisant ou tardif aux appels de fonds de l’ONU. Toutefois, le groupe humanitaire croit que l’engagement d’un milliard de dollars des donateurs au Fonds central de réponse d’urgence de l’ONU est capital pour ’’une assistance...plus rapide et plus équitable’’.

Des systèmes d’alerte précoces inadéquats et l’incapacité à tenir compte des signes d’une crise alimentaire imminente font également partie des facteurs qui retardent l’aide — tandis que l’allocation de fonds pourrait être influencée plus par l’attention des médias et des politiques, que par nécessité.

Le rapport met par ailleurs en lumière un ’’accent disproportionné sur les dons de l’aide alimentaire en nature’’, notant que cette forme d’assistance ne contribue qu’en partie au règlement des crises alimentaires.

’’Même si l’aide alimentaire peut jouer un rôle important dans des situations critiques et sauver des vies, elle ne devrait pas être perçue comme la réponse inévitable par défaut à l’insécurité alimentaire, en particulier là où la pauvreté est la principale cause de famine’’, affirme Oxfam. ’’D’autres solutions novatrices — comme les transferts de l’argent en espèces, des bons de vivres ou des programmes de travail contre paiement au comptant — pourraient être plus appropriées’’.

L’agence cite le cas des foires de semences au Zimbabwe, où des fermiers ont reçu des bons pour acheter des graines. Ceci leur a offert l’option d’acheter des semences pour des cultures qui sont plus résistantes que d’autres, donnant aux agriculteurs une meilleure chance d’avoir une récolte dans des conditions difficiles.

Les dons alimentaires de l’extérieur pourraient également avoir autant à voir avec la possibilité offerte aux pays donateurs de se débarrasser des surplus agricoles, qu’avec des motifs humanitaires, note Oxfam.

’’Déverser des vivres importés des Etats-Unis et de l’Europe en Afrique n’est pas la façon la plus efficace d’attaquer l’insécurité alimentaire’’, a déclaré à IPS, Nicki Bennett, coordonnateur régional d’Oxfam en charge du plaidoyer humanitaire. ’’Il est moins coûteux et plus rapide d’acheter des vivres localement’’.

Le groupe affirme par ailleurs que la corruption peut saper l’efficacité de l’aide.

’’Un autre défi clé est de s’assurer que l’aide d’urgence n’est pas détournée par une élite corrompue, ou utilisée par des gouvernements ou autres groupes pour leurs propres intérêts. C’est un risque particulier dans des situations de conflit...Toutefois, des programmes d’aide peuvent être élaborés pour réduire ces risques’’, indique le rapport.

Mais, traiter des lacunes dans la fourniture de l’aide d’urgence ne contribuera qu’en partie à la manière de s’attaquer à l’insécurité alimentaire en Afrique. Des mesures pour cibler ce que Oxfam appelle les ’’causes premières’’ de la famine sont aussi importantes.

Au nombre de celles-ci, figurent la pauvreté, les règles inéquitables sur le commerce mondial, les conflits et le VIH/SIDA — et une absence de politiques efficaces pour aider les communautés rurales.

Parmi ses recommandations pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de la famine, Oxfam conseille de porter l’investissement à long terme dans le développement des zones rurales à un minimum de 10 pour cent des dépenses gouvernementales ; cet objectif a été fixé pour les Etats africains par l’Union africaine.

Ces fonds devraient être complétés par l’aide étrangère, en rajoutant au ’’léger redressement’’ qui, selon Oxfam, a caractérisé l’assistance extérieure à l’agriculture en Afrique subsaharienne récemment — ceci après des années de baisse. Selon le rapport, l’aide étrangère pour les activités agricoles en Afrique a chuté de 43 pour cent — d’une moyenne de 1,7 milliard de dollars à 974 millions de dollars — entre 1990 et 2002.

Sam Moyo, directeur exécutif de l’Institut africain des études agraires, basé à Harare, note : ’’Nous devons améliorer la productivité à travers la technologie moderne, à travers la fourniture d’eau, les variétés de semences améliorées et la fertilisation’’.

Les recommandations d’Oxfam pour traiter des causes premières de la famine incluent également des appels en faveur de plus gros efforts africains et internationaux pour soutenir la paix, la fin du dumping des exportations agricoles subventionnées par le monde développé qui réduit les ventes de produits locaux, et l’accroissement du financement pour des programmes HIV/SIDA.

’’D’ici à 2020, un cinquième de la main d’oeuvre agricole dans les pays d’Afrique australe aura été décimé par le SIDA’’, prévient l’agence.

Oxfam souligne par ailleurs que les Etats riches et les grandes économies émergeantes devraient se focaliser davantage sur la réduction du réchauffement de la planète, et préparer l’Afrique à faire face au changement climatique — tandis les pays africains devraient s’attaquer à la dégradation de l’environnement, et élaborer leur propre réponse au changement climatique.

’’L’Afrique est le continent le plus vulnérable au changement climatique à cause de son extrême pauvreté et de sa dépendance de l’agriculture alimentée par les pluies, ce qui signifie que même de petits changements dans le temps peuvent avoir de gros impacts’’, affirme le rapport.

’’Si les tendances actuelles se poursuivent, certains modèles climatiques prévoient que d’ici à 2050, l’Afrique se réchauffera davantage de 0,5-2 degrés Celcius’’, ajoute-t-il.

’’Une prévision crédible estime que l’Afrique aura entre 55 et 65 millions d’habitants supplémentaires menacés de famine d’ici aux années 2080 si les températures globales augmentent de moins de 2,5°C. Ce chiffre passera à 80 millions si l’augmentation est plus élevée’’. (FIN/2006)

Moyiga Nduru


 Source : IPS http://ipsnews.net

 Droits de reproduction et de diffusion réservés © IPS Inter Press Service.

 Lire le rapport d’ Oxfam www.oxfam.org



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