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Pour en finir avec Djouhri, pendons-le. Ou un petit verre de Novichok ?

Je sais, je sais : c'est paradoxalement bassinant, quand on vote Rosa Luxembourg, que de dénoncer le sort fait à un ami de Sarko.Tant pis. On ne se refait pas, l'injustice ne connait pas de frontières. Julian Assange aussi est torturé par les Anglais.

Vivement qu’Alexandre Benalla rentre de RTT. C’est bien le repos mérité. Mais ça provoque du creux dans le serpent de mer. A défaut de cet Alexandre les « investigateurs », effrayés par le vide de leurs pages, en choisissent un autre. Vous l’avez constaté, les « investigateurs » écrivent beaucoup en Alexandre. Ici, faute d’ami du Président en train de jouer avec un pistolet à eau sur la tempe d’une serveuse, les journalistes en panne se saisissent du remplaçant qui s’impose : Alexandre Djouhri. Ça tombe bien il est sur le ban, celui où l’a justice l’a plaqué en Angleterre. Retour donc de « Monsieur Alex » dans les pales des ventilateurs médiatiques.

Contrairement aux « experts » qui ne le font jamais quand ils dégoisent à la télévision, je vais vous préciser, au sujet de cet homme d’affaires, mes conflits d’intérêts : je n’en ai aucun. La dernière fois que j’ai vu cet homme c’est en 2007 et, comme pot de vin, il m’a offert un verre de bon Bordeaux. En revanche les tribulations de ce natif de banlieue venant s’installer à la table des tueurs du CAC 40 m’intéresse depuis bien plus longtemps. D’où cette spécialité que je revendique, celle d’être un « Djouhritologue ». En fait, pour continuer de dire vrai, j’ai très tôt senti, autour de ce Rastignac berbère, les sales effluves du racisme. On peut avoir une scierie en Bretagne et un jour devenir Bernard Pinault. Mais pas souper au Ritz avec Dassault quand on est né kabyle du 9-3.

Ce week-end, c’est l’AFP qui réactive le feu sous la vieille popote du dossier Djouhri. C’est dommage car j’ai une grande et vraie admiration pour l’aventure de l’AFP, de ces anonymes de la recherche de vérité, exposés à toutes les guerres du monde et qui ont produit des journalistes aussi inconnus qu’exemplaires, comme Xavier Baron ou Jacqes Charmelot (ne les cherchez pas dans Wikipédia, ils appartiennent à l’histoire). Ma remarque, sur cette dépêche d’agence consacrée à une requête des avocats de Djouhri qui demandent la levée du mandat d’arrêt qui le cloue à Londres depuis un an, ne porte que sur une histoire de frontière, celle qui existe entre la vérité et le mensonge. Je ne dis pas que l’AFP mente, je dis qu’elle reproduit sur le mode du copier-coller, des éléments offerts par la justice, aussi par d’autres « confrères » journalistes, et qui sont des « fakes ». Ainsi quand l’AFP, dans l’attaque de son texte, écrit que Djouhri est poursuivi « dans le cadre de l’enquête sur le financement libyen de la campagne de Sarkozy », c’est faux. Il y a longtemps que les magistrats du Parquet National Financier (PNF) eux-mêmes ont renoncé à cette utopie. Puis, en fin de dépêche, à propos de l’épouvantable Guéant qui est un proche de Djouhri, le journaliste de l’Agence nous dit que les magistrats « soupçonnent l’ex-ministre, mis en examen dans cette affaire d’avoir reçu 500 000 euros pour rétribuer divers interventions en faveur de M. Djouhri ». En écrivant cela l’AFP répercute une accusation aujourd’hui sans fondement. Afin de pratiquer le métier d’agencier à l’ancienne, le rédacteur aurait dû ajouter : « bien que n’ayant aucune preuve, les magistrats soupçonnent »... Ce n’est pas difficile... C’est du journalisme. Une profession qui ne demande aucune qualification particulière.

Pourquoi, me direz-vous, vous faire perdre du temps avec ces détails ? C’est qu’ils tuent. On presque. C’est qu’ils mettent un homme en prison attaché au bout d’une chaine. Tout ça pour des mots comme ceux-ci : « les magistrats soupçonnent ». Un journaliste, contrairement à un juge, ne possède pas forcément l’art du roman, il doit, lui, demander des preuves, mettre en doute les affirmations même si elles sont « de justice ». J’ai vécu la terrible guerre du Kosovo sous les vociférations lointaines, qui m’arrivaient par ondes courtes, d’Antoine Garapon, un magistrat et professeur à l’école des juges qui, depuis Paris, nous affirmait qu’il y avait 700 000 morts autour de nous autres à Pristina (il y en eu 1 500). Pourtant cet oracle était magistrat. Et donc bouche d’or.

C’est en cela que le dossier Djouhri est exemplaire pour des journalistes. Le but n’est pas, en cadeau, qu’un fonctionnaire de justice vous livre gratis des écoutes téléphoniques rigolotes, ou de son « point de vue ». Ce qui doit nous intéresser ce n’est pas ce qu’il pense. Mais ce qu’il sait.

Pour faire court, et je ne dis pas cela pour plaire à son ami Sarkozy qui devrait être traduit devant la CPI, c’est que dans cette affaire Djouhri les magistrats du PNF sont nus. Ils font tout pour coincer celui qu’ils désignent comme gibier mais leur chargeur est vide.

Pour bien convaincre les anglais que ce kabyle est un immense danger pour l’ensemble du monde démocratique, lors d’un courrier adressé à Londres les as du PNF n’ont pas hésité à mettre du plomb dans la barque. Les « soupçons » sont devenus des certitudes. Le tout sur le dos d’un homme dont je n’ai pas à savoir s’il est un ange, mais jusqu’ici innocent, jamais convoqué, ni poursuivi, ni jugé. Une histoire de villa sise à Mougins et vendue trop cher à un libyen. Bon. Mais le nom de Djouhri n’apparait nulle part comme propriétaire de cette maison de type « troglodyte ». C’est sot. Mais c’est ainsi.

Idem dans l’histoire des 500 000 euros reçu par Guéant en échange de tableaux vendus à un avocat malaysien. Personnellement, et ici sans preuve, je suis sûr que ces toiles hollandaises n’étaient pas l’unique monnaie d’échange. Mais observons que l’avocat acheteur, donc complice d’un blanchiment ou d’une corruption, n’a jamais été mis en examen. Et toujours pas de trace de Djouhri dans ces euros-là. La magistrature devrait être comme la pêche : quand ça ne mord pas il faut se résigner. Laisser le bénéfice du doute à l’homme soupçonné. Mais non, contre l’avis de la justice suisse, où Djouhri réside, on lui fabrique un profil de « fugitif ». Un statut parfait. Bien carré. La puissance d’un réseau maçonnique français, qui traverse plus vite le tunnel que l’Eurostar, suffit à convaincre le pays de l’habeas corpus de mettre au trou l’homme d’affaires venu visiter sa fille. Certains magistrats de la Reine sont même étonnés de la violence de leur institution. Mais entre la parole de la France et les mots d’un Djouhri. Pas de débat. Ce sont les mètres carrés de la taule et la chaine aux poignets.
Quand son canon n’est pas assez approvisionné quelques-uns des hommes du PNF appellent au secours la presse. C’est, vrai, je vous le jure. Dans la lettre envoyée à Londres et qui demande l’embastillement du kabyle, Médiapart et Pierre Péan sont cités comme des auxiliaires (essentiels) de justice. Mieux que des fonctionnaires assermentés, les « investigateurs ».

Exemple : « The case started by the publication on the 28th April 2012 by the MEDIAPART news ouIlet of a document linked to the Libyan authorities and presented as being evldence that Nicolas SARKOZY, presidential candidate, had obtained financing for his election campaign in the arnount of €50M from Libya. » Et Pierre Péan est lui aussi commissaire Clouzeau : « ln his book The Republic of envelopes, the investigative journalist and writer ... ». A cette assertion de Péan fait suite une série de témoins qui ont tous vus Djouhri réclamer des commissions à Airbus. Et le problème c’est le temps qui passe : aujourd’hui tous ces accusateurs ont été emportés dans la récente tornade qui a balayé l’avionneur scotché dans de sales histoires financières. L’ultime clou dans le cercueil de l’accusation vient de ce qu’elle cite naïvement le livre d’Anne Lauvergeon Une femme qui résiste... Administratrice d’Airbus, elle peut en dire dans son bouquin sur les Djouhri de cette boîte... Depuis 2016, après le scandale à milliard d’Uramin, le Duchesse Anne a été mise en examen. Dommage. Mais auprès des magistrats de Londres, la parole de la patronne d’Areva c’est quand même mieux que celle du chien venu déranger jeu de quilles. Bien pire, car carrément scandaleux, le porte-voix du PNF oser balancer pour « preuves » des notes de la DGSE. De la production barbouzarde à laquelle un démocrate, même mou, ne peut ajouter foi. L’accumulation de ces fausses preuves, de ces « fakes » dignes de BFM, attire un peu plus sur une justice de circonstance ce PNF créé pour chasser les évadés fiscaux et ainsi éteindre l‘incendie politique post Cahuzac. Le tout selon une feuille de route écrite par le prodigieux Valls et son frère Alain Bauer.

Aujourd’hui zéro, rien de tout cela, bernique. On a chassé le Fillon, le Sarko le Djouhri et pas un seul homme « de gauche » puisque tous honnêtes. La traque des évadés fiscaux a été oubliée à un point tel que même Le Figaro s’en offusque. C’est dire si le mal court alors que l’activité de cette justice d’exception coûte « un pognon de dingue ».

Quant à l’Alexandre Djouhri, c’est un fracasseur de statut social qui n’aurait jamais dû quitter sa zone. Rester à « sa » place et faire comme papa : sauter le matin sur sa Mob, une « Bleue », et filer à l’usine. Ou alors, ne pouvait-il pas être Ghosn ? Ça c’est une position qui convient. En cas de soucis, n’oubliez pas baptisez-vous Carlos, et la France va derechef menacer le Japon, ou la lune. Faire qu’un ambassadeur, ventre à terre, s’en vient aider une épouse de super PDG qui doit fuir la police des petits hommes jaunes. Morale : à la Tour de Londres le Djouhri.

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DE QUOI SARKOZY EST-IL LE NOM ?
Alain BADIOU
« Entre nous, ce n’est pas parce qu’un président est élu que, pour des gens d’expérience comme nous, il se passe quelque chose. » C’est dans ces termes - souverains - qu’Alain Badiou commente, auprès de son auditoire de l’École normale supérieure, les résultats d’une élection qui désorientent passablement celui-ci, s’ils ne le découragent pas. Autrement dit, une élection même présidentielle n’est plus en mesure de faire que quelque chose se passe - de constituer un événement (tout au plus (…)
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"c’est un cliché de journaliste que de souligner le caractère futile de lancer des pierres contre des tanks. Faux. Il est certain qu’il s’agit là d’un acte symbolique, mais pas futile. Il faut beaucoup de courage pour affronter une monstre d’acier de 60 tonnes avec des pierres ; l’impuissance du lanceur de pierres à arreter le tank ne fait que souligner l’impuissance du tank à faire ce qu’il est censé faire : terroriser la population."

Gabriel Ash

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