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Antonio Machado

Poésie et exil (15)

Lorsqu’éclata la Guerre civile espagnole, Antonio Machado était à Madrid. Il se trouva séparé pour toujours de son frère, qui se trouvait en zone nationaliste, mais aussi de Pilar, la femme qu’il aimait, qui se rendit au Portugal.

Il mit sa plume au service du parti républicain. Machado fut évacué avec sa mère et son oncle à Valence, puis à Barcelone en 1938.

Après la victoire franquiste, ils furent contraints de fuir vers la France. Arrivé à Collioure, à quelques kilomètres de la frontière, épuisé, Machado y mourut le 22 février 1939, trois jours avant sa mère.

Machado est enterré à Collioure.

Louis Aragon lui rendit hommage dans “ Les poètes ”, chanté par Jean Ferrat :

Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d’Espagne
Que le ciel pour lui se fît lourd
Il s’assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours.

RIVES DU DOURO (XI)

Je m’en vais rêvant par les chemins
du soir. Les collines
dorées, les pins verts,
les chênes poussiéreux !...
Où peut-il aller, ce chemin ?

Je m’en vais chantant, voyageur
le long du sentier...
 le jour s’incline lentement -
"Dedans mon coeur était clouée
l’épine d’une passion ;
un jour j’ai pu me l’arracher :
je ne sens plus mon coeur."

Et toute la campagne un instant
demeure, muette et sombre,
pour méditer. Le vent retentit
dans les peupliers de la rivière.

Mais le soir s’obscurcit encore ;
et le chemin qui tourne, tourne,
et blanchit doucement,
se trouble et disparaît.

Mon chant recommence à pleurer :
"Épine pointue et dorée,
ah ! si je pouvais te sentir
dedans mon cœur clouée."

Traduction Sylvie Léger et Bernard Sésée

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