RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Peut-on sauver le soldat BHL ?

Ceci est une réponse à un article de BHL paru dans le point Publié le 15/01/2009 N°1896
http://www.lepoint.fr/actualites-chroniques/les-douteux-amis-du-peuple-palestinien/989/0/307292

Je mets en gras les citations de BHL

Passons sur les « Mort aux juifs » lisibles sur certaines des banderoles des manifestations de Bruxelles, Paris ou Madrid.

Comme vous, je condamne fermement les banderoles haineuses du type « Mort aux juifs » dans les manifestations pacifistes pour dénoncer le génocide (« Destruction méthodique d’un groupe ethnique » le Petit Robert, 1978) du peuple palestinien perpétré par l’armée israélienne à Gaza. Mais s’il y a eu quelques slogans hostiles aux juifs comme vous le signalez dans votre article, ceci ne vous autorise pas à jeter le discrédit sur des manifestations qui ont réuni plusieurs milliers de personnes dans le monde entier de Stockholm à Rabat et de Washington à Djakarta.

Passons sur ce syndicat italien, le Flaica-Uniti-Cub, qui, selon La Repubblica du 9 janvier, et en « signe de protestation » contre l’opération israélienne à Gaza, appelle-événement sans précédent, en Europe, depuis trois quarts de siècle- à « ne plus rien acheter dans les commerces appartenant à des membres de la communauté juive ».

Comme d’habitude, vous changez les faits pour leur donner une interprétation qui vous arrange pour rendre suspect ce mouvement de sympathie envers les palestiniens. Ou bien vous confondez l’appel au boycott des produits israéliens et américains, qui est légitime et efficace comme le montre l’action contre Outspan entre autres qui a favorisé la chute de l’apartheid en Afrique du Sud.

Je n’aurai pas la cruauté non plus d’insister sur l’axe pour le moins nauséabond qui se constitue quand Mme Buffet, M. Besancenot et d’autres se voient rejoints, en tête de cortège, par le faurissonien Dieudonné ou quand le compère de celui-ci, Jean-Marie Le Pen, vient unir sa voix à la leur pour comparer la bande de Gaza à un « camp de concentration ».

Votre vocabulaire ordurier et méprisant envers ceux qui expriment leur indignation, ne m’étonne pas, en effet c’est un registre que vous maîtrisez depuis longtemps (Voir le lien suivant : http://1libertaire.free.fr/Deleuze03.html)

1. Quel soulagement de voir des Palestiniens réels au lieu de ces Palestiniens imaginaires qui pensent faire acte de résistance en s’attaquant, en France, à des synagogues ! Les premiers, je le répète, s’obligent à la modération et, avec un admirable sang-froid, tentent de préserver les chances des cohabitations de demain ; les seconds sont enragés, plus radicaux que les plus radicaux et prêts à en découdre, sur le pavé des villes d’Europe, jusqu’à la dernière goutte du sang du dernier Palestinien.

Quelle joie de lire des articles des israéliens réels, comme Illan Pappé, Gideon Levy, Michel Warschawski, et d’autres au lieu des israéliens des salons parisiens qui ne font que claironner en petits soldats ce que la grosse trompette de la propagande israélienne leur dicte. Le drame de Gaza, hélas, n’est ni le premier, ni le dernier massacre auquel les israéliens nous ont habitué ; la liste est longue : Deir Yassine, Kalkilia, Sabra-Chatilla, Beyrouth, Jenine …

2. Quelle régression, quel degré zéro de la pensée et de l’action, chez ces gens qui, à distance, ignorants des données du drame, appellent à la haine quand il faudrait peser, au contraire, dans le sens de la réconciliation et de la paix ! Elle suppose, cette paix, deux Etats acceptant de vivre côte à côte et de procéder au partage de la terre. Elle suppose, des deux côtés, un renoncement à l’extrémisme, au jusqu’au-boutisme, aux idées toutes faites et même aux rêves. Elle implique, par exemple, un Israël se retirant de Cisjordanie comme il s’est retiré du Liban puis de Gaza-, mais elle implique un camp palestinien qui ne tire pas profit de ces retraits pour, chaque fois, transformer le territoire évacué en base de lancement de roquettes et de missiles tirés sur les seuls civils. Elle passe par un cessez-le-feu ; elle passe par l’arrêt de combats qui sont en train de faire un nombre de victimes, en particulier parmi les enfants, évidemment insoutenable ; mais elle passe aussi par l’élimination politique d’un Hamas qui se fiche comme d’une guigne et des victimes et de la paix-et qui, faute d’avoir pu imposer la charia à son peuple, l’entraîne sur la voie du « martyre » et de l’enfer.

En vous lisant, je m’aperçois du degré zéro de votre pensée et de votre ignorance. Les faits sont têtus, malgré votre transfiguration de la réalité : Israël a quitté Gaza en 2005, en bloquant tous les accès à ce territoire en le transformant en camp de concentration (Petit Robert : « un lieu où l’on groupe, en temps de guerre ou de troubles politiques, sous la surveillance des autorités de guerre militaires ou policières, les suspects, les étrangers et les nationaux ennemis ») .Peut-on reprocher aux juifs du Ghetto de Varsovie d’avoir résisté à la barbarie nazie au milieu de leur population ? Tout le monde connaît l’issue de cette lutte, mais personne n’a le désir de voir réapparaître cette fin tragique.

Je suis à Ramallah, donc. A Sderot et à Ramallah. Et voyant, de Sderot et Ramallah, cette mobilisation contre un « holocauste » qui a fait, à l’heure où j’écris, 888 morts, je pose une question simple. Où étaient-ils, ces manifestants, quand il s’agissait de sauver, non les 888, mais les 300 000 morts des massacres programmés du Darfour ? Pourquoi ne sont-ils jamais descendus dans la rue quand Poutine rasait Groznyï et qu’il transformait des dizaines de milliers de Tchétchènes en fagots humains et en gibier ? Pourquoi se sont-ils tus quand, un peu plus tôt encore, pendant d’interminables années et, cette fois, au coeur de l’Europe, on extermina 200 000 Bosniaques, dont le seul crime était d’être nés musulmans ? […]L’auteur de ces lignes a été au premier rang de la mobilisation en faveur des Darfouris, des Tchétchènes, des Bosniaques. Il plaide, depuis quarante ans, pour un Etat palestinien viable, au côté de l’Etat d’Israël. On lui permettra, à ce double titre, de trouver ce type d’attitude à la fois répugnant et frivole

Savez-vous qu’à la place de la colonie Sderot était un village arabe qui s’appelait Najd et qui a été rasé par les sionistes en 1948, et ses anciens habitants ce sont les Gazaouis actuels qui continuent à souffrir de l’occupation sioniste ? Quelle ironie de l’histoire !

Vous dites que vous êtes pour un Etat palestinien, soit, je vous signale que Sharon aussi. Que faites-vous pour cela se réalise ? Le jour où vous vous mobiliserez pour qu’on traduise les dirigeants israéliens devant le Tribunal Pénal International de La Haye, comme vous vous êtes engagé pour la condamnation de Slobodan Milosevic, je pourrai peut-être vous croire.

URL de cet article 7901
   
Même Thème
Si vous détruisez nos maisons vous ne détruirez pas nos âmes
Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il n’y a pas de moyen plus violent de coercition des employeurs et des gouvernements contre les salariés que le chômage. Aucune répression physique, aucune troupe qui matraque, qui lance des grenades lacrymogènes ou ce que vous voulez. Rien n’est aussi puissant comme moyen contre la volonté tout simplement d’affirmer une dignité, d’affirmer la possibilité d’être considéré comme un être humain. C’est ça la réalité des choses.

Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
Extrait sonore du documentaire de Gilles Balbastre "Le chômage a une histoire",

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.