Bon, ça tombe bien, je n’ai jamais soutenu Siné Hebdo, mais je me doutais bien que cela ne pouvait pas durer bien longtemps, cette aventure. On ne lance pas un journal satirique de gauche par dépit, mais par conviction. Et avec une équipe qui cherche véritablement à faire bouger les lignes.
Or, la plupart de ceux qui publient des articles sont des gens qui ont déjà (et pour certains depuis longtemps) leurs entrées dans les grands médias et qui représentent donc la "gauche" (celle qui est "propre sur elle", qui s’indigne où il faut s’indigner, et qu’on invite sur les plateaux pour laisser croire à la pluralité, et pour amuser la galerie), et qui se permettent de donner un avis d’"expert" sur tout et n’importe quoi sans avoir consulté personne d’autre qu’eux-mêmes. D’où ma défiance.
Pour ce qui est de Cuba et du Vénézuela, il y a encore du boulot, à ce que je vois ! Les préjugés ont la vie dure.
En France, on est révolutionnaire par substitution. Qui aujourd’hui mène une véritable réflexion sur ce qu’on devrait faire pour sortir du bourbier dans lequel nous sommes ? Qui cherche à rassembler autour d’un projet cohérent ?
Non, il vaut mieux aller voir du côté des pays pauvres et dire qu’ils ne font pas ce qu’il faudrait faire. Du haut de notre supériorité.
La longévité de Castro ? Pourquoi, parce qu’on peut changer, nous, si on veut ? celui qui est président actuellement et qui convient à moins de 30% - voire bien moins (vu que même les sondages sont bidon)- de la population sera probablement réélu en 2012. 10 ans de pouvoir, donc. Avant cela, à part quelques parenthèses "socialistes", c’était encore le même parti qui était au pouvoir. Cela dure depuis combien d’années tout ça ? Oui, c’est vrai, ce ne sont pas toujours les mêmes têtes, mais, eux, ils sont interchangeables et comme ils sont pitoyables, on en élit une autre qui nous promet le "changement".
Des professionnels de la politique, compétents ou non, parfois même des escrocs notoires (ou de simples encartés au bon parti dans les bonnes circonscriptions, comme des ex-champions de judo) sont élus et ré-élus. Cherchez l’erreur.
Une démocratie ? Où ça ? A part aller voter contre le candidat qui nous plaît le moins, que faisons-nous ? Avons-nous seulement le droit à la parole ? A l’assemblée, dans les médias ...
Liberté de la presse ? Pareil. Ce qui dérange vraiment est marginalisé, voire éliminé.
Mais tout cela ne nous empêche pas de jouer aux donneurs de leçons.
Comment peut-on parler de Cuba en le regardant avec nos yeux d’occidentaux ?
Cuba : une île minuscule, à quelques kms du mastodonte étatsunien, qui lui impose un embargo depuis des décennies et qui complote constamment pour renverser le régime ; un pays pauvre régulièrement dévasté par les ouragans ; un pays où, malgré les difficultés graves, le gouvernement met un point d’honneur à ce que tout le monde mange à sa faim, à ce que tous les enfants soient scolarisés et que la population ait accès aux soins médicaux, etc. ; un pays tranquille qui ne fait la guerre à personne, a fortiori sous des prétextes fallacieux.
En quoi est-ce comparable à un seul des pays occidentaux, qui, eux, prennent à Paul pour habiller Pierre, que ce soit intra ou extra muros ? Pour ne citer que cela.