« Il n’y a pas de vacance du pouvoir exécutif au Venezuela ». C’est en ces termes très clairs que s’est exprimée le Procureur Général du pays, Luisa Marvelia Ortega Dàaz : le président Hugo Chávez, le vice-président Nicolás Maduro, et le gouvernement « se trouvent en possession de leur charge », ses propos validant la décision de l’Assemblée Nationale, prise le 8 janvier, d’entériner le report - pour raison de santé- de la prestation de serment du président Chavez, laissant la possibilité de réaliser cet acte devant le Tribunal Suprême de justice ultérieurement. Et se référant en cela aux articles 230 et 231 de la constitution.
Le président Hugo Chávez « est un président réélu et non un candidat élu », ce qui constitue une grande différence pour comprendre et interpréter la constitution, poursuit le haut magistrat. Le 7 octobre dernier, le peuple vénézuélien a exercé sa souveraineté et s’est exprimé en élisant Hugo Chavez. Ce qui est indiscutable.
Depuis plusieurs jours les spéculations, savamment attisées, vont bon train sur l’avenir démocratique du Venezuela et l’interprétation de la constitution. L’opposition, représentée par Henrique Capriles qui a demandé au Tribunal Suprême de Justice de se prononcer « sur une crise institutionnelle en vue » estimant que la date du 10 janvier marque la fin d’un mandat et le début de l’autre, n’a en réalité pas intérêt à précipiter les événements.
Une élection anticipée ne la donnerait pas forcement gagnante, d’autant qu’aux élections régionales du 16 décembre dernier, le chavisme est sorti vainqueur. Si l’heure n’est pas au bilan, on ne peut oublier les réussites sociales d’Hugo Chavez dans son pays, qui lui ont valu encore lors des dernières élections le soutien du peuple dont les plus pauvres, grâce à un meilleur accès à l’éducation, à la santé, et au logement.
Hugo Chavez a également transformé la politique et la géopolitique de l’Amérique Latine, n’en déplaise à ses détracteurs. Il a été ces dernières années un artisan actif de la construction régionale aux cotés de ses voisins (Bolivie, Equateur...) en participant à asseoir différentes institutions régionales comme l’Alba, l’Unasur, le Celac, et son entrée récente au sein du Mercosur fut un pas décisif.
Aussi rien d’étonnant à ce que jeudi 10 janvier, plusieurs dirigeants ou représentants des pays de la région se rendent à Caracas, à l’instar de Evo Morales, président de la Bolivie, Jose Mujica, président de l’Urugay, ou Hector Timerman, ministre des affaires étrangères de l’Argentine.
Un appui explicite au gouvernement Vénézuélien et au peuple Vénézuélien -appelé à une grande manifestation de soutien- et un message direct aux éventuelles tentatives de déstabilisation du pays, alors que Nicolas Maduro, vice-président et ministre des affaires étrangères -désigné par Chavez, comme son dauphin- et Diosdado Cabello, président de l’Assemblée Nationale, sont en première ligne.
Et doivent éviter les écueils qui émergeraient d’un conflit au sein des différents groupes partisans de Chavez, les deux protagonistes n’ayant ni le même profil, ni les mêmes appuis.
Car si Chavez a réussi à récupérer au profit de l’état et donc du peuple les bénéfices du pétrole, le pays se trouve encore dans une économie de rentes, dépendant de ses exportations quant à sa souveraineté alimentaire : la transformation du tissu économique, et la révolution bolivarienne ont encore du chemin à faire. Et des embuches multiples à surmonter.
Estelle Leroy-Debiasi
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