Ornella Guyet se déclare “journaliste spécialiste des réseaux d’extrême droite”. Sous le pseudonyme de « Marie-Anne Boutoleau » et par l’intermédiaire du site Indymedia Paris, elle s’est fait connaître par des campagnes de diffamation et d’injures à l’encontre de nombreuses personnalités de gauche qu’elle associe aux « fascistes ». Parmi la longue liste des offensés, nous retrouvons François Ruffin, Pierre Carles, Michel Collon, Frédéric Lordon, Hervé Kempf, Alain Gresh, ou encore Noam Chomsky.
L’expression "confusionnisme" fait désormais partie de la novlangue d’Ornella Guyet et de nombreux groupuscules qui se réclament de la lutte antifasciste. Afin d’amalgamer la lutte contre néolibéralisme et impérialisme à l’extrême droite, ces “activistes” n’ont jamais eu le moindre scrupule pour employer des arguments fallacieux habituellement utilisés par les propagandistes du néocolonialisme qui se doivent de justifier une guerre tout les six mois.
Via son site Confusionnisme.info, Ornella Guyet nous signale ici très succinctement pour ne pas dire de manière simpliste, que “le confusionnisme politique peut relever d’une stratégie mûrement réfléchie (c’est notamment souvent le cas à l’extrême droite) comme il peut aussi être le fruit de l’ignorance ou de la naïveté de certains militants (notamment à gauche).” Sans plus de précisions Ornella Guyet rajoute : “Historiquement, on peut situer les débuts de ce phénomène en France à la fin du 19ème siècle”.
Mais plusieurs questions se posent : Qui est vraiment Ornella Guyet ? Quelles sont ses motivations ? Pourquoi reprend-elle à son compte la rhétorique et les méthodes habituellement utilisées par les néo-conservateurs ? Comment expliquer qu’elle fustige une très grande partie de la gauche alors qu’elle ne dit mot sur une certaine extrême droite ? Quelles sont les sources de cette « journaliste antifa » ? Pour répondre à ces interrogations il nous a semblé important de revenir attentivement sur la sémantique des diatribes diffusées par Ornella Guyet.
Afin d’échapper à la confusion, ouvrons le dictionnaire :
Pour le petit Larousse, le mot confusionnisme se traduit par le fait d’entretenir la confusion dans les esprits et d’empêcher l’analyse objective des faits. Cependant, il est vrai que cette expression a une existence antérieure dans les discours politiques… une antériorité qu’Ornella Guyet, toujours dans le flou, ignore ou omet simplement de préciser. Ainsi au début des années 30, Léon Trotsky qualifiait la ligne politique de la Fédération communiste catalane-baléare (FCCB) dirigée par Joaquín Maurín de « mélange de préjugés petits-bourgeois, d’ignorance, de “science” provinciale et de coquinerie politique ». Voilà selon Trotsky « Le confusionnisme de Maurín et de la Fédération catalane ».
La revue “Monde” et les trotskystes furent eux aussi qualifiés de “confusionnistes”. En novembre 1930 à l’occasion du deuxième congrès des écrivains révolutionnaires qui se tient à Kharkov, “Monde”, créée et animée par l’écrivain Henri Barbusse, est accusé d’être « un journal sans principes directeurs, qui dès le départ avait pris une position anti-marxiste », de se caractériser par « le confusionnisme », d’avoir pour collaborateurs « des agents du trotskisme, des social-fascistes, des radicaux bourgeois, des pacifistes », bref d’être hostile à l’idéologie prolétarienne. Voir un éditeur pour le socialisme libertaire
1. Décryptage de la “méthode Guyet” :
Injures et calomnies
Au printemps 2011, Ornella Guyet sous le pseudonyme de Marie-Anne Boutoleau » entame une campagne d’injures et de calomnies contre plusieurs sites internet. Le journal d’information alternative de gauche « Le Grand Soir » est l’une des premières cibles de Guyet qui se réclame d’ACRIMED. Or voici ce que dit Acrimed à propos d’Ornella Guyet (alias Marie-Anne Boutoleau) qui produit quasiment tous ses articles avec les mêmes méthodes fallacieuses :
« nous récusons les accusations de complaisances négationnistes ou antisémites portées contre Le Grand Soir dans l’article signé Marie-Anne Boutoleau (ainsi que dans ses réponses sur le forum d’Article 11), notamment et précisément parce qu’elles sont fondées sur des pratiques journalistiques que nous critiquons régulièrement (et que vous avez relevées à votre façon) : erreurs factuelles et amalgames confusionnistes, extrapolations et généralisations abusives, etc. »
Non contente de ne pas tenir compte du cinglant mais juste rappel à l’ordre d’Acrimed, Ornella Guyet préfère la fuite en avant. La suite nous la connaissons : elle crée le site confusionnisme.info qui porte le nom de la méthode qu’elle utilise. « Semer la confusion par l’amalgame et l’extrapolation abusive », tel pourrait être le résumé du site d’Ornella Guyet suivant les mots d’ACRIMED.
Manipuler ne lui cause aucun souci
Ornella Guyet s’est également fait une spécialité de l’amalgame par l’utilisation d’anciennes photos. Pour Ornella Guyet, la chronologie n’a pas la moindre importance du moment que X ou Y peut être relié à son « grand méchant loup favori » Dieudonné, qui dans sa longue carrière a côtoyé quasiment la France entière, ce qui équivaut à dire que potentiellement pour cette faussaire… tout le monde est coupable, surtout si le besoin peut servir sa “cause”. Car son travail d’amalgame toujours ciblé ne mentionne jamais des personnalités comme par exemple Yann Moix qui a lui aussi côtoyé Dieudonné. Nous y reviendrons.
Cette « logique » n’est pas plus honnête que si nous reprochions au NPA la trajectoire de certains de ses anciens cadres. (La plume du FN à Paris était membre fondateur du NPA, Du NPA au FN, le parcours d’un jeune délégué CGT). Par ailleurs le NPA, sûrement mal informé sur Ornella Guyet, a publié une de ses diatribes volontairement confuse qui associe la lutte contre l’impérialisme à un acte d’allégeance à Milosevic, Assad, Kadhafi, etc.
Les anti-guerres assimilés aux pro-dictateurs
Pour nous rendre compte de la perversion du procédé, revenons quelques années en arrière à une période où les esprits étaient de toute évidence beaucoup moins “BHL-isés”. Le 2 août 1990, le dictateur irakien allié des USA Saddam Hussein envahit le Koweit. La condamnation américaine est immédiate : en quelques jours, le président George Herbert W. Bush parviendra à créer une coalition internationale. Plus tard nous apprendrons que Saddam Hussein pensait avoir le feu vert américain.
En France pour éviter le bombardement de civils, la grande majorité des organisations de gauche se mobilise : la première page de « L’Humanité » du 13 octobre 1990 annonce une manifestation contre la guerre en Irak. Une réunion regroupe les signataires de l’Appel des 75 et les représentants de nombreux partis, syndicats et associations souhaitant participer à la manifestation (Parti communiste, PCI-Parti des travailleurs, Ligue communiste révolutionnaire, Les Verts, Fédération anarchiste, Organisation communiste libertaire, Union des travailleurs communistes libertaires, Ligue socialiste des travailleurs, Alternative rouge et verte, Union anarchiste, Collectif des jeunes libertaires, Pionniers de France, CGT, UNEF , etc.).
Cet épisode de notre Histoire est là pour nous rappeler qu’il y a 25 ans, Ornella Guyet aurait eu le plus grand mal à faire croire qu’une manifestation anti-guerre était un soutien à Saddam Hussein.
Rudy Reichstadt source d’information d’Ornella Guyet
Le site Conspiracy Watch de Rudy Reichstadt est la source commune pour de nombreux sites et blogs se réclamant de la lutte antifasciste et antiraciste. Leur schéma narratif et leurs contenus sont en effet un copié-collé de Conspiracy Watch.
Exemples :
Sur Conspiracy Watch, la rhétorique qui inspire Rudy Reichstadt est principalement le produit du théoricien néoconservateur Pierre-André Taguieff, qui lui même fut inspiré par d’autres portes-parole au discours paranoïaque, en particulier Bat Ye’or, la créatrice de la théorie complotiste et islamophobe Eurabia, ou bien encore le belliciste acharné Daniel Pipes, qui considère que l’Etat d’Israël “manque de fermeté vis-à-vis des Palestiniens”. En 1997, Pipes écrit : Conspiracy : How the Paranoid Style Flourishes and Where It Comes From. Cette pseudo étude qui incite déjà le lecteur à s’en tenir aux discours officiels, est en somme une contrefaçon malhonnête et très droitière d’un ouvrage de l’historien Richard Hofstadter » “Le style paranoïaque : Théories du complot et droite radicale en Amérique”.
2. Ornella Guyet s’acharne sur la gauche :
Comme nous l’avons vu dans nos précédents billets et plus brièvement ici dans notre préambule, Ornella Guyet et ses amis amalgament sans la moindre retenue la lutte contre l’impérialisme à l’extrême droite. Aussi se retrouvent dans la ligne de mire de cette soi-disant “antifasciste” un nombre très important de personnalités politiques, de journalistes et d’intellectuels “de gauche”.
Ainsi Jean-Luc Mélenchon serait dangereux car il a un ami vigneron bio (nous y reviendrons). Pierre Rabhi, serait un odieux capitaliste car il a une boutique sur son site (sic), Olivier Berruyer, lui, à dépassé les bornes car il a publié un discours de Poutine (re-sic). Pierre Larrouturou est contre les casseurs. Danielle Simonet accorde une interview à RT, Fakir interviewe un agriculteur, « La Décroissance » serait un journal de droite, Marianne serait confusionniste, Tout comme Frédéric Taddeï, ou encore ARTE.
Que l’on soit complètement, partiellement ou pas du tout d’accord avec les personnalités évoquées dans les exemples qui vont suivre n’a pas vraiment d’importance sur le fond. Pour comprendre l’imposture d’Ornella Guyet, voyons quelques cas qui vont nous servir de grille de lecture.
Mélenchon, cible privilégiée
Sur Jean-Luc Mélenchon, Ornella Guyet écrit : « Défenseur d’une gauche nationaliste, défenseur de la politique chinoise au Tibet, il n’hésite pas non plus à emprunter à l’extrême droite une partie de son vocabulaire, tel le terme de « banksters », remis au goût du jour par Jean-Marie Le Pen ». Traduisons : Mélenchon est un “rouge-brun”, défenseur du pouvoir chinois qui opprime le Tibet, et en plus Mélenchon parle comme un fasciste preuve que dans son for intérieur, il l’est “sûrement”. Souvenons-nous qu’en 2008, Robert Ménard, omniprésent sur les plateaux TV, fut à la pointe de la campagne anti-JO de Pékin. A cette époque Mélenchon est taxé de pro-chinois car en substance il déclare : ”le projet politique du Dalai Lama est théocratique et autoritaire, quand à Robert Ménard lui il est totalement assujetti aux intérêts de Washington”. Invité sur Europe1 pour débattre de ces sujets Mélenchon renvoie simplement Elkabbach à l’ouvrage de Maxime Vivas « La Face cachée de Reporters sans Frontières.
de la CIA aux faucons du Pentagone. » Maxime Vivas a également écrit « Dalaï-Lama : pas si zen ». Quant à l’affirmation contenue dans l’expression "Le terme « banksters », remis au goût du jour par Jean-Marie Le Pen", proférée par Ornella Guyet, rappelons simplement que le concept de « banksters » qui fusionne banquier et gangster est apparu sur la couverture du magazine Time en 1932. Et qu’en 2013 encore, le journaliste Matt Taibbi, éditeur et chroniqueur régulier du magazine Rolling Stone, a contribué à réactualiser l’expression après une enquête rigoureuse sur les crimes et délits de Wall Street. Sans parler du fait que le terme Bankster est utilisé par toute la gauche anticapitaliste États-unienne.
Le parfait exemple des méthodes d’Ornella Guyet : sa démonstration sur Mélenchon et la viticulture bio.
- Mélenchon a un ami viticulteur bio.
- Un blog mentionne que ce sympathique vigneron pratique l’agriculture biodynamique, « un genre de pratique (…) une forme d’agriculture biologique reposant sur des préceptes totalement irrationnels » selon Ornella Guyet.
- Pierre Rabhi a évoqué l’agriculture biodynamique dans un livre en 2002.
- Donc Jean-Luc Mélenchon, son ami vigneron et Pierre Rabhi seraient « confusionnistes ».
- CQFD : Ornella Guyet est l’archétype du néo-désinformateur qui avec deux liens, un surligneur et une image veut imposer ses assertions.
Ornella se ridiculise en faisant la morale à l’un des plus grands intellectuels vivants
En toute cohérence avec ses méthodes, Ornella Guyet tente de sermonner le linguiste et philosophe Noam Chomsky. A partir d’une simple phrase, elle extrapole abusivement puis l’amalgame à un personnage d’extrême droite. Le tour est joué. Chomsky, reconnu comme un des intellectuels les plus importants de notre époque, est désormais classé par Ornella Guyet dans ses « figures de la confusion« . Rappelons l’immense travail du grand linguiste sur la « fabrication du consentement » mais aussi et surtout sur la politique étrangère américaine.
« Le terrorisme c’est l’exercice de la violence sur les populations civiles, qu’elle soit perpétrée par une bande d’extrémistes musulmans bien organisés,
ou bien par l’état le plus puissant du monde » .
Noam Chomsky
Michel Collon, l’habitué des procédures inquisitoires
A l’instar de Noam Chomsky, le journaliste Michel Collon lutte également contre la désinformation et les guerres d’ingérences. Il s’en explique dans de nombreux articles sur son site Investig’Action. A l’occasion de quelques débats télévisés, il s’est retrouvé en première ligne face aux atlantistes pro-néoconservateurs parmi lesquels nous retrouvons Antoine Vitkine, Nicole Bacharan, Frédéric Encel ou encore le représentant de la droite ultra-sioniste Gilles-William Goldnadel.
Michel Collon est effectivement un pourfendeur du colonialisme, et un des plus virulents critiques de l’impérialisme et des guerres sous de faux prétextes. Il est dérangeant pour le système qu’Ornella Guyet tente de maintenir à tout prix. En conséquence, Michel Collon est régulièrement calomnié par Guyet et sa nébuleuse de “néo-trolls”.
Le Monde Diplomatique et Frédéric Lordon sous le feu de la critique
Sur Le Monde diplomatique, Ornella Guyet relaie par exemple ici un énième article de Conspiracy Watch, bien sûr totalement à charge contre ce journal de gauche. Titre de la chronique de Reichstadt « Monde diplomatique : vous avez dit « anathème ?« . Le dossier se présente dans le « pur style » des articles de Pierre-André Taguieff, qui consiste à amalgamer un maximum de personnes dans un minimum d’espace. Le copiste Rudy Reichstadt y fustige principalement un autre habitué de la chasse aux sorcières, l’économiste Frédéric Lordon, qui se voit reprocher une défense implicite du « conspirationnisme ». On peut surtout s’étonner de voir Le Monde Diplomatique se laisser donner des leçons par un petit arriviste toujours du bon côté du manche qui, à l’époque de Jacques Chirac reprochait à Nicolas Sarkozy de rechercher des soutiens auprès d’organisations communautaires juives, selon ses propres mots. Alors qu’aujourd’hui le même Rudy Reichstadt distille abondamment les rapports paranoïaques et islamophobes de l’officine de propagande néocons / sioniste Memri.
Jeremy Corbyn : l’anti-Tony Blair n’a pas les faveurs d’Ornella
Quel exemple plus révélateur que la nomination de Jeremy Corbyn le samedi 12 septembre 2015 à la tête du parti travailliste, de gauche et d’opposition au gouvernement conservateur de James Cameron.
Wikipedia nous indique que :
« Son élection (saluée par les partis PODEMOS en Espagne et SYRIZA en Grèce, ainsi que par le Front de gauche en France) marque un retour aux racines socialistes du Parti travailliste, après le tournant centriste des années 1990 «
Jeremy Corbyn à peine élu, le duo Guyet/Reichstadt emboîte le pas de Caroline Fourest. Selon elle, « des associations s’inquiètent des fréquentations complotistes et antisémites de Corbyn ». Vous aurez immédiatement remarqué les similitudes de vocabulaire et les amalgames grossiers.
- Confusionnisme.info : les étranges-fréquentations de Jeremy Corbyn (lien)
- Huffingtonpost.fr : Caroline Fourest les-amis-intégristes de Jeremy Corbyn (lien)
- Conspiracywatch.info : Complotisme les inquiétantes amitiés de Jeremy Corbyn (lien)
L’article de Caroline Fourest sera sévèrement épinglé par un grand nombre de médias pour ses multiples erreurs : Arrêt sur images. Acrimed. Contre-attaque(s)
3. Les non-dits d’Ornella Guyet :
Les néo-conservateurs et islamophobes sont épargnés
Nous avons également pu voir dans d’autres dossiers que les théoriciens de l’islamophobie en lien direct avec le pouvoir étaient systématiquement épargnés par les petites frappes de la galaxie néocons.
En toute logique, pas le moindre article sur une des figures de proue du mouvement néoconservateur en France, Pierre-André Taguieff, qui entre autre déclarait : « Oriana Fallaci vise juste, même si elle peut choquer par certaines formules ». La journaliste militante italienne Oriana Fallaci fut inculpée pour diffamation contre l’islam.
Ornella Guyet n’a jamais écrit non plus le moindre petit billet sur l’académicien aux discours racialistes et haineux Alain Finkielkraut. Pourtant n’oublions pas : « Les noirs et les arabes ont la haine de la France » ou « les Antillais vivent de l’assistance de la métropole » ou encore « l’équipe de foot de France est ’black-black-black’, […] elle est devenue la risée de toute l’Europe ».
Hyperactive quand il s’agit d’épingler Mélenchon, Chevènement, et des journalistes de gauche, par exemple François Ruffin et Daniel Mermet, Ornella Guyet est bien moins loquace au sujet d’Eurabia qui sans nul doute représente la véritable théorie du complot selon les critères définis par l’historien américain Richard Hofstadter. Le concept Eurabia est souvent repris par des mouvements d’extrême droite parlant d’une Europe absorbée par le monde arabe. Mais visiblement, la gauche pose beaucoup plus de problèmes à Ornella Guyet que la théorie islamophobe Eurabia.
Dernier exemple flagrant et révélateur du courant idéologique auquel appartient Ornella Guyet (Reichstadt, BHL, Fourest) : elle s’acharne sur Hervé Kempf qui est un des plus actifs pourfendeurs de l’oligarchie, mais ne mentionne par Yann Moix. Pourtant si une personnalité médiatisée méritait d’être taxée de « confusionniste » c’est bien Yann Moix. Chroniqueur d’une des émission les plus vues à la télévision, il a tout pour figurer sur le site d’Ornella Guyet : il a côtoyé Dieudonné, et il a préfacé l’ »Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme » de Paul-Eric Blanrue. Mais sur confusionnisme.info, vous ne trouverez pas un mot sur Yann Moix, peut-être parce qu’il clame partout qu’il « ne reviendra jamais sur l’admiration qu’il a pour BHL » et « jamais ne dira quelque chose de désagréable sur Bernard ».
Ornella Guyet lutte contre le fascisme et l’extrême-droite… ah bon ?
Si Ornella Guyet se revendique « antifa », nous pouvons facilement constater que son indignation est extrêmement sélective. Ainsi quand le gouvernement ukrainien a intégré pas moins de 6 membres du parti néo-nazi Svoboda, notre antifasciste de service est restée étonnamment silencieuse . Aucune publication sur ce sujet gravissime.
Pourtant il est devenu très difficile d’occulter le rôle prépondérant des milices néo-nazies en Ukraine. Régulièrement la presse anglo-saxonne revient sur les dizaines de groupes de volontaires paramilitaires ouvertement néo-nazis financés par les oligarques portés au pouvoir lors des événements chaotiques du Maïdan. Ces “affiliés” au gouvernement ukrainien sont comme nous le savons devenus un allié officiel de l’OTAN. Cette extrême droite réellement antisémite est la plus radicale depuis l’après guerre. Les exactions de ces milices n’échappent pas à certains observateurs. Il y a un an, Amnesty International nous alertait sur les violations des droits de l’homme et les exécutions du bataillon Aidar, une unité au service de Kiev qui sévit en terrorisant les civils dans le Donbass.
Le parti Svoboda n’a supprimé le symbole nazi qui lui tenait lieu de logo qu’en 2008. De nombreux membres de Svoboda sont des anciens du groupe paramilitaire « Patriotes ukrainiens », ouvertement pro-nazi, qui appelait à purger le pays de ses Juifs et de ses autres minorités. Les deux organisations se sont aujourd’hui séparées « officiellement ». Des responsables de Svoboda se sont aussi illustrés par des remarques homophobes, racistes et antisémites.
Il va de soi que si la lutte contre l’antisémitisme est un leitmotiv dans le combat mené par Ornella Guyet, comme elle le rappelle à qui veut l’entendre, alors le nazisme en Ukraine doit être l’une de ses préoccupations principales. Or que constatons-nous ? Le site Confusionnisme.info est actif depuis octobre 2014, mais ce n’est que le 25 août 2015, soit plus d’un an et demi après le coup d’Etat de Maïdan, que Guyet réagit très brièvement au reportage du journal d’ARTE qui évoque la formation militaire d’enfants par le bataillon Azov en Ukraine.
Il aura donc fallu attendre les premières discordes entre le gouvernement Porochenko et les unités néo-nazies du Pravy Sektor, pour qu’ Ornella Guyet publie un article sur l’extrême droite en Ukraine. Jusqu’alors pas le moindre dossier complet sur les néo-nazis ukrainiens, sur Svoboda ce « parti d’ex », à l’exception de dix lignes noyées dans quelques dossiers consacrés à l’Ukraine. Des billets qui minimisent autant que possible l’influence de l’extrême droite pro-Kiev. D’ailleurs Ornella Guyet y parle davantage de Hugo Chavez et de l’URSS que de l’antisémitisme en Ukraine. Si vous supportez sans souffrir la pensée par amalgame, alors allez voir ici.
Rien sur les alliances douteuses entre néo-cons et néo-nazis
Il est instructif de constater que celle qui proclame haut et fort que les années 30 sont de retour, fervente amatrice « du choc des photos » comme nous l’avons vu plus haut, n’a pas daigné revenir sur quelques clichés récents qui démontrent sans la moindre ambiguïté, qu’entre néocons et néonazis tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Jugez plutôt : en mars 2014, Laurent Fabius, notre Ministre des affaires étrangères, échange cordialement une poignée de main avec le leader de Svoboda Oleh Tyahnybok qui a déclaré entre autre : “il faut purger 4000 juifs en Ukraine”.
A Ornella et ses amis adeptes des formules qui se suffisent à elles mêmes nous proposons un nouveau néologisme, le concept de « Rose Pâle – Brun ». Tiré de l’arc en ciel politique, il semble parfaitement adapté au cas de Laurent Fabius.
D’autre part, n’oublions pas Bernard-Henri Lévy qui, à l’occasion d’une de ses prises de parole en public, affirme pour sa part… ne pas avoir vu de néo-nazis ni d’antisémites place Maïdan à Kiev, alors que dans le public qui assistait à son allocution, il est facile de reconnaître une majorité de drapeaux frappés de la main à trois doigts du logo de Svoboda, ainsi que le logo rouge et noir de Pravy Sektor.
Un des proches de BHL n’hésite pas à dénoncer publiquement ses mensonges :
« J’avais accompagné Bernard-Henri Lévy à Vienne, pour protester contre l’entrée de deux ministres d’extrême droite dans le gouvernement de l’Autriche. Je ne l’ai pas accompagné à Kiev où, sur une tribune gardée par les miliciens de Svoboda, il a pris fait et cause pour un gouvernement qui comprend six ministres de ce parti fasciste et antisémite. »
Rien sur les FEMENS
Quant à Inna Shevchenko, égérie du groupe des FEMENS, et même devenue modèle de notre Marianne, protégée de Caroline Fourest, nous la retrouvons en compagnie du néo-nazi Edouard Iholnikov effectuant le signe de ralliement de Svoboda. Le documentaliste Olivier Pechter nous propose une analyse sur la véracité de la jolie fable des FEMENS. Pechter revient point par point sur la véritable saga des FEMENS en ciblant les 3 époques décisives qui ont marqué leur “mouvement” : “Nationaux-bolcheviks (nazbols), les premiers alliés ” – “Immigration, peine de mort, alliés néofascistes” – “Islamophobie et réseaux néoconservateurs, les alliés d’aujourd’hui.” Ornella Guyet ne voit pourtant aucun confusionnisme dans la très grande médiatisation actuelle des FEMENS.
Et son compère Rudy Reichstadt n’est pas plus bavard
La liste des omissions est tout simplement « sidérante”.
- Bataillon Azov : “0 résultat pour votre recherche”.
- Pravy Sektor : “1 résultat pour votre recherche”.
- Svoboda : “1 résultat pour votre recherche”
L’article où apparait “Pravy Sektor” dénonce le journal satirique polonais NIE (“Non”), une source jugée peu fiable repérée chez Jacques Sapir mais apparue 2 jours plus tôt chez Thierry Meyssan. Selon NIE les militants de Pravy Sektor ont été aidés par le gouvernement polonais pour organiser des provocations sur la place du Maïdan dès le début des événements de Kiev. Rudy Reichstadt, sans apporter la moindre information susceptible de démentir définitivement celle qu’il conteste, s’applique en fait à fixer toute l’attention du lecteur sur la controverse du “coup d’état assisté « . Or bien évidemment, la question principale n’est pas vraiment de savoir si Pravy Sektor a été préparé ou non pour fomenter l’insurrection du Maidan, puisque aujourd’hui nous savons que l’Occident soutient un pouvoir qui est complice des exactions des bataillons néo-nazis de Pravy Sektor. Et là l’information est indéniable car largement commentée par la presse notamment britannique. Pour répondre à l’exigence de sources fiables que réclame Rudy Reichstadt :
- Pravy Sektor – The Guardian
- Ukraine’s ultra-nationalist Right Sector – BBC
- Dmitro Yarosh, the leader of Pravy Sektor – TIME
Dès lors, il est indéniable que la structure paramilitaire Pravy Sektor n’intéresse absolument pas Rudy Reichstadt, sauf s’il y a matière à polémiquer. Conspiracy Watch est un site spécialisé dans la théorie du complot et non dans l’extrême droite, nous répondrait probablement Rudy Reichstadt. Mais cet argument ne tient pas. Pour preuve : Le quotidien israélien Haaretz rapportait que Pravy Sektor et Svoboda distribuaient des traductions de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion sur la place Maïdan. En somme deux écrits symboliques qui ont un lien direct avec la théorie du complot et l’antisémitisme. Cet article d’Haaretz est corroboré par le leader du parti Svoboda Oleh Tyahnybok lui même qui affirmait sans complexe : « une mafia juive moscovite dirige l’Ukraine ».
Quant au billet où figure le nom “Svoboda”, il concerne en fait un article intitulé « Vladimir Poutine, l’ami de l’extrême droite européenne ». Donc l’article est consacré à Poutine et non à l’extrême droite ukrainienne. De plus cet article est de Slate, par conséquent Rudy Reichstadt n’a jamais écrit la moindre petite ligne sur le néo-nazisme en Ukraine. Édifiant si nous comparons avec la recherche "Mélenchon" sur Conspiracy Watch : “13 Résultats pour votre recherche”. “A bas les traîtres à la cause antifasciste !” s’exclame même Ornella Guyet (sic).
Conclusion
Ornella Guyet est donc une opportuniste inféodée au système néocolonialiste et ultra-libéral. Ornella Guyet se prétend « de gauche » mais son travail prouve le contraire. Elle vise à discréditer tant les écologistes que les partis de gauche.
Sous couvert de lutte « antifasciste », Ornella Guyet ne fait que dresser un inventaire hétéroclite basé sur l’amalgame, avec pour but principal de diffamer les opposants au système. En ce sens elle est le parfait exemple de la fausse antifa, chienne de garde du pouvoir, qui s’acharne sans fin sur Jean-Luc Mélenchon mais ne trouve rien à redire aux relents racistes ou islamophobes de Manuel Valls, Alain Finkielkrault ou « BHL ».
Source d’inspiration majeure d’Ornella Guyet, Conspiracy Watch est le seul intermédiaire entre elle et le représentant le plus illustre de la frange la plus radicale du néoconservatisme français, Pierre-André Taguieff, qui est la référence majeure de Rudy Reichstadt (Pierre Andre Taguieff “83 résultats pour votre recherche”). Maillon d’une chaîne qui va donc de l’extrême droite jusqu’à des sous-groupes prétendument à gauche, Ornella Guyet est devenue elle aussi la source d’approvisionnement d’une nébuleuse de sites mineurs qui sans vergogne diffusent en boucle ses sarcasmes, amalgames et autres inepties, créant ainsi une spirale vicieuse qui gangrène l’univers du militantisme en rajoutant de la confusion à la confusion.
La technique rhétorique que pratique Ornella Guyet est identique à celle dont usent et abusent les sergents de la sphère néoconservatrice et néolibérale. Voir ici et là. De manière permanente Ornella Guyet cherche à discréditer ses adversaires par des procès d’intention. Ornella Guyet s’emploie à façonner son alibi en s’auto-proclamant garante de valeurs inattaquables telles que laïcité, démocratie, lutte contre le racisme et l’intégrisme, antifascisme, etc. Néanmoins l’absence de clarté fonctionne comme une prérogative dans le “système Guyet”, qui ne définit jamais les concepts qu’elle utilise. De ce fait, “confusionnisme”, “rouge brun”, “conspirationnisme” ne sont, dans son système de langage, que des petits mots connotés d’une novlangue qui lui servent en effet à jeter l’anathème sans avoir à argumenter.
Enfin, à l’image du comportement de tous les petits flics au service du néocolonialisme, l’indignation d’Ornella Guyet est sélective. Les exemples ne manquent pas. Dernièrement, celle-là même qui, dans une fourberie totale, insinue que les militants anti-guerre sont les crypto-partisans de certains régimes autoritaires, n’a jamais bronché quand plusieurs chefs d’Etat, François Hollande y compris, se sont rendus à Riyad le 23 janvier 2015 aux funérailles du roi Abdallah d’Arabie Saoudite,”qui comme nous le savons est un modèle de démocratie”. M. Obama, a salué en Abdallah un homme « sincère » et « courageux » et en l’Arabie un partenaire « précieux »…. mais là encore, Ornella Guyet est restée muette sur ces alliances avec ce royaume qui recrute des bourreaux, 84 personnes ont ainsi été exécutées depuis le début de l’année.
Dans le rapport annuel d’Amnesty international pour 2014, l’Arabie saoudite a figuré parmi les cinq pays qui exécutent le plus de personnes, l’Arabie Saoudite qui pratique la décapitation au sabre.
Anticons - Observatoire du néo-conservatisme