Bonjour,
Le Réseau "Sortir du nucléaire" a exhorté ses adhérent(-e)s et sympathisant(-e)s à interpeller les deux challengers à la primaire socialiste. J’ai transmis à Martine Aubry et François Hollande le court texte suivant :
Madame, Monsieur, J’attends du prochain chef d’État issu de vos rangs une rupture nette avec des décennies de soutien inconditionnel à l’atome. A ce jour, votre position témoigne de trop d’affinités avec le lobby nucléaire. Je ne voterai pas pour vous à l’occasion de la primaire, si vous ne vous engagez pas fermement pour une sortie totale, définitive, du nucléaire dans un délai correspondant aux possibilités concrètes, attestées par des études très sérieuses (entre 5 et 10 ans) aisément accessibles, ainsi que pour l’arrêt de l’ensemble des projets en cours, notamment l’EPR à Flamanville. Quelle que soit votre réponse, je la diffuserai autour de moi. Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées depuis l’Alsace,
René HAMM Bischoffsheim (Bas-Rhin)
Pour l’instant, seule l’équipe de la candidate m’a répondu.
"Merci de votre question.
Martine Aubry considère qu’il y a un avant et un après Fukushima, qui nous imposent de repenser notre modèle énergétique. Le nucléaire est une énergie du passé, c’est pourquoi elle s’engage pour une sortie progressive mais effective.
Vous trouverez au lien suivant un extrait du serment de Toulouse, ainsi que la tribune qu’elle a publiée dans Libération, clairs et sans ambiguité, sur la sortie du nucléaire : http://www.martineaubry.fr/article/... Sérieuse et ambitieuse, Martine Aubry propose :
– de coordonner la fermeture des centrales en fin de vie et les investissements dans les énergies renouvelables, les réseaux et l’efficacité énergétique.
– de suspendre le démarrage de l’EPR de Flamanville aux conclusions des évaluations de sécurité en cours.
– de stopper le chantier de l’EPR de Penly : alors que nous ne parvenons pas encore à évaluer précisément ni le coût ni la conformité aux exigences de sûreté d’un premier EPR, s’engager dans un second chantier serait déraisonnable. En compensation pour le territoire normand, des emplois devront être créés dans les économies d’énergie, les énergies renouvelables et le démantèlement des centrales nucléaires obsolètes.
– de valoriser dans le monde entier l’excellence et le savoir-faire des acteurs de notre filière nucléaire française, en réorientant les activités du secteur vers la sécurisation des sites et installations nucléaires, le traitement des déchets, le démantèlement des centrales enfin de vie et le développement des filiales dédiées aux ENR (éolien off-shore, hydrolien, biomasse, géothermie, solaire).
Il est temps de faire des choix courageux qui préparent l’avenir. La transition énergétique est inéluctable, il ne serait pas responsable de la reporter et d’en faire porter le poids par sur les générations futures. C’est le sens de l’engagement de Martine Aubry.
N’hésitez pas à le diffuser autour de vous et à mobiliser pour le vote de ce dimanche 16 octobre".
Le 7 septembre, devant deux mille personnes réunies à la Halle aux grains de Toulouse, la maire de Lille avait prononcé une allocution/ "serment". Elle avait prôné la fermeture de Fessenheim, la doyenne des centrales dont la tranche 1 avait été mise sous tension, le 7 mars 1977. Je crains que cette (louable) décision (1), qui tombe sous le sens, ne serve surtout de geste symbolique afin d’asseoir, comme jadis, une sorte « d’état de grâce » pour quelques semaines.
Or, si, il y a trente ans, l’exécutif « de gauche » avait, conformément aux engagements en amont, amorcé la nécessaire reconversion, nous n’épiloguerions plus sur les prémices de l’abandon d’une technologie aussi onéreuse que dangereuse. Certes, la coalition Union des démocrates pour la République/Républicains indépendants/Centre Démocratie et Progrès avait précipité officiellement, le 5 mars 1974, sous l’égide du Premier ministre Pierre Messmer, notre pays dans la filière atomique. Mais c’est le Parti socialiste, imposant « la chape du secret », qui a fait de la France le territoire le plus nucléarisé de la planète. A l’été 1981, l’électricité issue de la fission représentait 38% du "mix". Nous avons toutes et tous loupé le coche de l’indispensable tournant à ce moment-là . Le candidat François Mitterrand avait promis un moratoire, un vaste débat démocratique « non biaisé » ainsi qu’une réorientation en profondeur des choix énergétiques. Le président et son gouvernement ne stoppèrent aucun des projets lancés par leurs prédécesseurs, rajoutant même de nouveaux sites d’implantation. Les milliers de personnes qui avaient prêté foi aux formulations inscrites dans les « 110 propositions » durent se contenter du feu rouge pour Plogoff et de la non-extension du camp militaire sur le Causse du Larzac. Que la première secrétaire veuille "renouer le fil avec 1981" ne me dit rien qui vaille !
A l’instar de la plupart des leaders socialistes, elle squeeze les scenarii de « sortie » à moyen, voire à court terme, basés notamment sur des mesures immédiatement opérationnelles. Rien qu’en généralisant l’efficience énergétique dans l’habitat, le tertiaire, l’industrie, les commerces…, et en renouvelant systématiquement les équipements électroménagers par les modèles les moins voraces, l’on économiserait déjà sur cinq ans l’équivalent de seize blocs de 900 mégawatts et sur dix celui de vingt-trois unités… Celles et ceux qui ont suivi les trois "débats" à six, puis le face-à -face d’hier soir, ont noté que l’écologie en général et les mutations énergétiques n’ont quasiment pas été abordées. Neuf heures de palabres et occulter des thématiques aussi essentielles ! Je ne persiflerai pas longtemps sur certaines incohérences, mais lorsque par exemple Aurélie Filippetti, députée de Moselle, se range très tôt derrière la bannière hollandienne, je me gratte le menton et le front. Le 8 avril, l’ex-verte, qui évitait de se retrouver seule avec DSK dans un endroit fermé, avait signé, avec Christophe Caresche, Jean-Paul Chanteguet, et Géraud Guibert, dans "Le Monde" une tribune titrée « Sortons du nucléaire ». Le fille de Jacques Delors avait tancé ces francs-tireurs. Le président du Conseil général de Corrèze s’en tient à une réduction de 75 à 50%, d’ici 2025, de la part de l’électricité nucléaire, considérant que cette position équivaut au passage, outre-Rhin, de 22 à 0% dans un laps de temps identique. Non seulement, le compagnon de Valérie Trierweiler semble fâché avec les chiffres, mais il nous prend en plus pour des billes. Si d’aventure, son staff devait réagir à ma requête, je ne publierai sa bafouille qu’à la condition d’y avoir découvert des éléments vraiment nouveaux. Une probabilité infinitésimale !
(1) Le Comité de sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin (C.S.F.R.) avait milité, dès l’été 1970, contre les travaux, puis le branchement et l’arrêt d’une usine construite de surcroît sur une zone sismique.
René HAMM Bischoffsheim (Bas-Rhin)