Le 25 juillet s’est tenue une énième réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient. Le lecteur pourra y revenir sur le site des Nations Unies en langue française, qui précise qu’il s’agit d’un document non officiel, à l’intention des organes d’information [1].
Une information qui réduit à quelques lignes le discours du délégué syrien en donnant la part belle à la déléguée des États-Unis, laquelle s’empresse de dévier le sujet pour imputer la tragédie palestinienne au Hezbollah libanais, traité d’organisation terroriste aux niveaux militaire et politique.
Ceci au moment même où la grande majorité du peuple libanais, soudée sous le slogan « Peuple - Armée - Résistance », bénit ces combattants qui sacrifient leur vie en luttant contre tous les terrorismes et offrent leurs victoires au Liban et en Syrie « à tous les Libanais et aux peuples de la région » [2].
Pour mémoire, voici le texte intégral de l’intervention du Dr Bachar al-Jaafari [NdT].
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Mesdames et Messieurs,
La délégation de mon pays réaffirme la constante position de principe de la République arabe syrienne quant au soutien du droit du peuple palestinien à l’auto-détermination et à l’établissement d’un État indépendant sur l’ensemble de son territoire national, avec Jérusalem pour capitale et la garantie du droit au retour des réfugiés dans leurs foyers, conformément à la Résolution 194/1948.
C’est un droit non soumis à négociation ou renonciation, et c’est un droit imprescriptible malgré la colonisation ou l’usage de la barbarie ciblant le peuple palestinien sans défense.
Ce que nous voyons aujourd’hui dans la ville de Jérusalem et la sainte Mosquée Al-Aqsa occupées, que ce soit les violations des forces d’occupation israéliennes, que ce soit les profanations des meutes de colons armés jouissant de la protection de ces forces, exige plus que jamais de ce Conseil d’aller au-delà des communiqués se contentant d’exprimer ses condamnations ou ses inquiétudes, pour prendre ses responsabilités en veillant à l’application immédiate de toutes ses résolutions concernant la fin de l’occupation israélienne des territoires arabes, dont la résolution 2334/2016 [3] concernant l’illégitimité des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem.
Quant à l’exposé de ce matin, présenté devant ce Conseil par l’envoyé spécial des Nations Unies Nikolaï Mladenov, le gouvernement syrien ne voit aucune justification à sa volonté délibérée de continuer à ignorer la nature et les limites de son mandat et de sa mission en tant que « coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient ».
Son approche demeure inacceptable professionnellement et moralement lorsqu’il évite d’aborder les violations et les pratiques illégales permanentes d’Israël au Golan syrien occupé, en plus de passer sous silence le positionnement des Nations Unies à l’égard de l’occupation du Golan depuis juin 1967. Ceci, malgré les dizaines de résolutions émises par cette organisation internationale et notamment par le Conseil de sécurité.
Sous cette épouvantable occupation raciste qui dure depuis près d’un demi-siècle, les citoyens syriens du Golan occupé souffrent toujours des crimes les plus odieux en raison de la politique israélienne faite de répressions, de discriminations, de détentions, de tortures, de simulacres de procès, ainsi que des privations de leurs ressources naturelles, de leur droit aux études selon le programme de l’éducation nationale syrienne, de leur droit de porter l’identité de leur mère patrie, de leur droit de construire leurs propres hôpitaux... Plus d’un demi-siècle de campagnes colonisatrices et de confiscation de leurs terres et de leurs biens !
Monsieur le Président,
Il semble que le coordonnateur spécial ne se soit pas contenté d’ignorer qu’Israël soutient directement les groupes armés terroristes dans la zone de séparation du Golan syrien occupé, y compris ceux appartenant aux deux organisations Daech et le Front al-Nosra, et facilite le passage de leurs éléments à travers la ligne de cessez-le-feu, mais a décidé, au mépris de toute objectivité, de justifier les agressions des forces d’occupation israéliennes contre les positions de l’Armée arabe syrienne en disant, comme vous l’avez entendu ce matin, qu’elles venaient en réponse à « la chute d’obus du côté syrien sur le côté israélien ».
Que Monsieur le coordonnateur spécial me permette de commencer par préciser :
- que ce qu’il désigne par « le côté israélien » correspond à des terres syriennes sous occupation israélienne,
- que l’armée israélienne d’occupation offre son soutien logistique aux groupes armés terroristes à partir de ces mêmes territoires occupés et s’empresse de frapper les positions de l’Armée syrienne à chaque fois qu’elle remporte une victoire contre ces groupes armés dans la zone de séparation des deux forces,
- que l’aviation militaire israélienne a frappé des positions de l’Armée syrienne en train de se battre contre l’organisation terroriste Daech dans la ville de Palmyre, laquelle est fort éloignée du Golan occupé !
La question est : M. Mladenov, est-il désormais déterminé à justifier le soutien d’Israël au terrorisme et ses attaques contre l’Armée syrienne qui le combat ?
Vu sa fonction, M. Mladenov aurait été mieux inspiré d’exprimer l’inquiétude des Nations Unies suite au rejet de l’accord de désescalade -conclu dernièrement entre les Présidents russe et américain à Hambourg- par le chef du gouvernement de l’occupation israélienne. Un accord qui vise la cessation des hostilités dans les régions sud de la République arabe syrienne en prélude à l’élimination des groupes armés terroristes, ces mêmes groupes protégés par Israël !
Pour preuve et pour l’Histoire, j’invite M. le coordonnateur spécial à prendre connaissance des documents et rapports successifs préparés par sa compatriote bulgare, la journaliste Dilyana Gaytandzhieva, et publiés par le quotidien bulgare « Trud » [4]. Ils témoignent d’achats continus d’armes pour des centaines de millions de dollars en Bulgarie, destinés aux groupes armés terroristes en Syrie et précisément aux groupes sévissant dans le sud de la Syrie.
Des armes acheminées de Bulgarie jusqu’au port saoudien de Jeddah, à bord de bateaux portant pavillon d’États Membres de cette organisation internationale qu’est l’ONU, ou à bord d’avions civils appartenant à des gouvernements d’États Membres et sous couvert de valises diplomatiques pour certains d’entre eux ; le financement étant assuré par des États du Golfe.
Je reviendrai en détails sur ce sujet, Monsieur le Président, lorsque nous discuterons des problèmes concernant la lutte contre le terrorisme dans une prochaine session.
Monsieur le Président,
Il semble aussi que le coordonnateur n’a pas entendu parler de la décision illégale, prise récemment par les autorités d’occupation israéliennes, d’organiser des élections de « conseils locaux » dans les villages du Golan syrien occupé, conformément à la loi israélienne.
Une décision qui constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit international humanitaire, des conventions de Genève relatives à la protection des personnes civiles en temps de guerre, des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 497 adoptée à l’unanimité le 17 décembre 1981, laquelle rejette la décision d’Israël d’annexer le Golan syrien occupé, et considère que sa décision d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration dans le territoire syrien des hauteurs du Golan est nulle et non avenue, sans effet juridique sur le plan international.
Non seulement la République arabe syrienne rejette catégoriquement cette décision israélienne, mais réaffirme :
- que le Golan restera une partie indivisible du territoire syrien,
- que le Golan reviendra à la mère patrie,
- que le droit souverain de la Syrie sur le Golan jusqu’à la ligne du 4 juin 1967 n’est pas négociable et ne supporte aucune renonciation de la part de qui que ce soit,
- que notre terre usurpée reviendra à ses propriétaires légitimes et que les colons israéliens la quitteront tôt ou tard.
Et dans ce même contexte, le gouvernement de mon pays demande au Conseil de sécurité de faire pression sur Israël pour la libération immédiate des prisonniers syriens, notamment le « Mandela syrien » : Soudki al-Makt.
Après avoir passé 27 ans dans les prisons de l’occupation, ce résistant syrien vient d’être condamné à 14 ans de détention parce qu’il a révélé, par le son et l’image, le soutien logistique des forces d’occupation israéliennes aux groupes armés terroristes dans la zone de séparation au Golan et dans le sud de la Syrie.
Monsieur le Président,
La Syrie estime que le Conseil de sécurité est aujourd’hui face à la responsabilité historique de corriger la trajectoire pour ramener les choses à leur juste place, car ce qui nous réunit ici depuis des décennies est d’essayer de mettre fin à l’odieuse occupation israélienne, non de discuter périodiquement et inutilement, certains en profitant pour intercaler des sujets essentiellement éloignés de ce but.
Souvenez-vous, Mesdames et Messieurs, qu’Israël s’est fondé sur la falsification de l’Histoire, les massacres et la colonisation de terres appartenant au peuple palestinien.
Souvenez-vous aussi qu’Israël est le seul pays du Moyen-Orient disposant d’un arsenal d’armes nucléaires, biologiques et chimiques.
Souvenez-vous enfin que le terrorisme et les destructions vécus par notre région, lesquels sont sans précédent en ce monde, vont de pair avec les tentatives répétées de certains membres de ce Conseil de dévier l’objectif de ces séances intitulées « la situation au Moyen-Orient », afin de continuer à protéger et couvrir l’odieuse occupation israélienne.
Merci Monsieur le Président.
Dr Bachar al-Jaafari
Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies
25/07/2017
Source : Vidéo Al-Akhbariya (Syrie)
https://www.facebook.com/Alikhbaria.Sy/videos/1504644082891939/
Transcription et Traduction par Mouna Alno-Nakhal