Un jeune Gazaoui de 17 ans aura connu onze guerres dans sa vie.
De juin à novembre 2006, l’opération « Pluies d’été » a fait plus de 400 morts palestiniens et 11 morts israéliens, suivie aussitôt par l’opération « Nuages d’automne » qui a tué 82 Palestiniens et un Israélien ; en février-mars 2008, l’opération « Hiver Chaud » a duré 3 jours et fait 112 morts à Gaza et 3 morts dans les rangs israéliens ; du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, l’opération « Plomb durci » cause la mort de 1330 Palestiniens et 13 côté israélien ; en mars 2012, l’opération « Retour d’écho » a tué 23 Palestiniens ; en novembre 2012, l’opération « Pilier de défense » en a tué 174 pour 6 Israéliens ; du 8 juillet au 26 août 2014, l’opération « Bordure protectrice » a fait 2000 morts côté palestinien (dont plus d’un tiers de femmes et d’enfants) et 66 morts israéliens ; en novembre 2019, l’opération « Ceinture noire » a tué 34 Palestiniens ; du 5 au 7 août 2022, l’opération « Aube naissante » en a tué une cinquantaine ; en mai 2023, l’opération « Bouclier et flèche » s’est soldée par la mort de 33 Palestiniens et d’un Israélien ; en octobre 2023, en représailles à l’attaque du Hamas lors de laquelle plus d’un millier d’Israéliens, civils et militaires, ont trouvé la mort, l’opération en cours baptisée « Glaive de fer » a fait à ce jour à Gaza près de 4000 morts et a déplacé plus de 260 000 Palestiniens. Si le nombre de victimes côté israélien est exceptionnellement élevé en raison de l’effet de surprise, il faudra attendre la fin du conflit pour avoir le bilan total. La violence de la réponse israélienne aux attaques du Hamas le 7 octobre dernier laisse craindre des perspectives funestes pour la population de Gaza.
Ce décompte morbide qui témoigne de la disproportion des forces en présence met surtout en lumière l’hypocrisie des médias français (et occidentaux en général) dont les indignations à géométrie variable ignorent systématiquement le sort fait au peuple palestinien. Tous et toutes accourent sur les antennes françaises pour exprimer leur soutien au gouvernement israélien, fut-il le plus ouvertement fasciste au pouvoir depuis la naissance de l’État hébreu. Tous et toutes sont littéralement terrorisés à l’idée qu’on doute de ce soutien et qu’on exprime ce doute par un mot qu’ils ont passé tant d’années à galvauder. Un mot capable de stopper net une carrière rien qu’à sa seule mention : antisémite. Tous et toutes, journalistes et politiques, main dans la main, faisant fi de leurs différences et différends passés sont aujourd’hui solidaires dans leur zèle à l’employer à l’égard de ceux qu’ils jugent trop peu compatissants pour les Israéliens et excessivement bienveillants pour les Palestiniens. Même les positions mesurées, équilibrées, les appels à la paix ou au cessez-le-feu sont carbonisés au lance-flamme de leur inébranlable et totale dévotion pour Israël qu’ils n’ont de cesse de manifester avec la plus grande ostentation. Pour ce faire, leurs hôtes télévisuels et radiophoniques qui partagent cette vénération leur offrent des tribunes. Que dis-je, des tribunes ? Des scènes nationales dignes des plus grands théâtres ! Sur lesquelles ils peuvent venir s’épancher et prendre leur part du malheur israélien et condamner, parfois à mort, les sceptiques, ceux qui osent évoquer les Palestiniens, ces « terroristes ».
Ces nazis.
Voilà. Le mot tombe comme un couperet. Non seulement les Palestiniens sont des terroristes, mais aujourd’hui ce sont aussi des nazis. Et tous ceux qui les défendent ou que l’idée traverse de s’en soucier sont des antisémites. Si la profondeur de la bêtise humaine avait un fond, il ressemblerait à ça. Et on croyait l’avoir entrevue un peu plus chaque jour devant l’inanité des analyses à l’égard des tenants et des aboutissants du conflit ukrainien. Mais malgré ce qu’on croit, il faut encore creuser et creuser encore. Passée la surprise de l’attaque du Hamas, en lieu et place du minimum syndical émotionnel d’un hommage aux victimes civiles israéliennes innocentes, c’est à un récital de pleureuses grecques sous ecstasy qu’on assiste. Les rats de plateaux, journalistes, éditorialistes, experts, philosophes, essayistes, commentateurs, animateurs se plient en quatre pour ramper, se déshonorer et s’humilier comme jamais personne avant eux ne l’avait fait, dans la plus immonde bassesse, la plus méprisable veulerie et la plus incroyable communion devant les crimes qu’est en train commettre le gouvernement de Benjamin Netanyahu, ivre de vengeance, contre le peuple palestinien. Sourds ou feignant de l’être devant les pires horreurs pré-génocidaires prononcées par les officiels israéliens — "Nous combattons des animaux humains et agissons en conséquence" déclare le ministre de la défense Yoav Gallant — ils justifient déjà ces crimes à venir en sachant très bien qu’Israël n’a jamais fait la moindre distinction entre des militants armés de la cause palestinienne, qu’ils soient du Hamas, du Fatah ou du parti communiste palestinien, et les civils, femmes, enfants ou vieillards.
Le narratif du terroriste est aussi éculé que l’est celui de l’antisémite placardé comme une cible sur le dos de quiconque critique la politique d’apartheid et de nettoyage ethnique mise en place par Israël à l’encontre des Palestiniens, s’accompagnant de la colonisation et de l’expropriation des terres palestiniennes.
Je ne suis pas à mon aise pour parler de la Résistance dans une réunion consacrée au « terrorisme ».
Il est vrai que nos adversaires, les nazis et leurs alliés français, nous qualifiaient de terroristes dans tous les moyens de propagande, affiches, journaux, radios qu’ils contrôlaient. La qualification péjorative avait pour but d’impressionner l’opinion, mais naturellement nous ne l’acceptions jamais.
Nous étions des combattants volontaires, ayant accepté une vie rude et les plus grands risques pour reconquérir la liberté. Nos adversaires étaient une armée d’occupation qui exploitait notre pays et avait pour objectif d’aliéner définitivement son indépendance.
Quant au terrorisme perpétré par l’ennemi, il serait faux de croire qu’il était toujours en réponse aux attaques de la Résistance. Il fut pratiqué très tôt sous n’importe quel prétexte pour montrer à la population qu’il était le maître. Lorsqu’il se développa en réponse à des sabotages ou des attentats, il fut immédiatement démesuré, frappant souvent à l’aveugle des innocents, fussent-ils des otages, et allant jusqu’au massacre y compris des femmes et des enfants, la destruction de maisons et de villages entiers.
Raymond Aubrac, résistant français, in Topiques n°83, p. 7 à 10
Au fond, peu importe comment l’on juge le Hamas après son attaque. C’est de toute façon devenu une habitude d’assimiler tout acte de résistance à du terrorisme. Outre la citation de Raymond Aubrac, rappelons que le FLN algérien, mouvement de résistance à l’envahisseur français, a lui aussi commis des actes qui ont été qualifiés de terrorisme. Et franchement, ce n’est pas une contrevérité si on s’arrête à la définition du mot : le terrorisme est l’emploi délibéré de la violence à des fins politiques et dont le retentissement psychologique instaure un climat de terreur. Cette violence peut être ciblée mais elle est le plus souvent aveugle, et ses victimes seront considérées innocentes par les opinions publiques. Le terrorisme contient d’ailleurs ici sa propre contradiction : arme du faible contre le fort, il vise sans distinction aucune des gens sans défense. Pourtant, qui nierait aujourd’hui que les attentats perpétrés par le FLN étaient des actes de résistance ? L’essentiel n’est pas de déterminer si tel acte est terroriste ou non, mais dans quel cadre cet acte s’inscrit et par quelles causes il est produit. Or, hurler au terrorisme pour hurler au terrorisme, devant un public sans mémoire, permet justement d’éviter de parler du cadre et des causes. Ainsi, certains ont tendance à abuser du terme non pas en fonction d’une réalité objective mais en fonction de leurs intérêts propres ou de classe : alors que le Hamas est un groupe terroriste, Al-Nosra en Syrie fait du bon boulot et le Parti Islamiste du Turkestan rassemble des citoyens ouïghours poussés à bout. Les uns dérangent, les autres arrangent, et inversement selon le sens où le vent de la nécessité souffle. C’est un voeu pieux mais il serait bien plus éclairant de mettre le doigt, par exemple, sur le fait que l’actuel premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a favorisé le Hamas en le soutenant financièrement, au détriment du séculier Fatah, afin d’affaiblir ce dernier, de saborder les négociations et de créer une division entre Gaza et le reste des territoires palestiniens. Israël n’est pas le seul pays à avoir nourri à dessein un radicalisme qui s’est retourné contre lui.
Nous vivons aujourd’hui dans des sociétés dont les piliers du pouvoir rejettent la violence comme moyen des luttes et qui la circonscrivent à l’usage exclusif de l’État. En France, le peuple encaisse la violence étatique avec l’assentiment des mêmes qui aujourd’hui s’indignent qu’elle soit employée par les Palestiniens contre l’oppression israélienne. Pour le pouvoir, il n’y a rien de plus contagieux qu’une idée. Il est bien sûr moralement inacceptable de se réjouir de la mort de civils innocents, mais il est tout aussi inacceptable de ne voir que celle des civils israéliens et de taire invariablement les morts civiles palestiniennes, pourtant innombrables. Au-delà de la compassion, il faut donner du sens, expliquer que c’est la violence qui engendre la violence, que c’est un cercle vicieux qui dure depuis près d’un siècle au Proche-Orient, et particulièrement en Palestine. Et admettre que cet engrenage est entretenu par un État hébreu devenu fasciste et dont le gouvernement actuel contient certaines des personnalités juives les plus extrémistes, les plus fondamentalistes et les plus suprémacistes du champ politique israélien. Les autochtones Sud-Africains à l’époque de l’Apartheid n’auraient rien à envier aux Palestiniens d’aujourd’hui. Qu’il s’agisse d’enfants, de femmes ou de personnes âgées, et encore davantage de jeunes adolescents en âge de jeter des pierres sur des chars, aux yeux d’une grande partie de la société israélienne et pour les médias occidentaux dont la ruine morale est actée, la vie des Palestiniens ne vaut rien et la loi israélienne a progressivement légitimé l’assassinat de ces indésirables par la soldatesque de Tsahal.
Revenir sur le nombre incalculable de violences commises contre les Palestiniens depuis des décennies, dans l’indifférence la plus totale des médias occidentaux, demanderait des dizaines d’articles fournis, des jours et des semaines de lecture, une énumération qui donnerait le tournis. En livrer quelques exemples ne permettrait pas d’en avoir davantage une idée que d’estimer la quantité de sable dans le désert avec une seule poignée. Non, on ne peut avoir la moindre idée de ce que c’est que d’être Palestinien sous la botte israélienne, et celles et ceux qui considèrent encore que leur travail est d’en informer le reste du monde l’ont fait en risquant leur vie et même en la perdant sous les balles de l’armée israélienne. Ma présente contribution personnelle est insignifiante et infiniment moins légitime au regard de ces observateurs scrupuleux de l’évolution des souffrances palestiniennes. Elle n’aura pas plus d’effets sur le mur médiatique que les frondes de Gaza sur le blindage des tanks. Enfant puis adolescent, j’ai grandi en compagnie de ce conflit dans lequel le Palestinien a toujours tenu la place du méchant. Je ne savais pas à l’époque que derrière ce mur bâti sur les fondations d’une longue histoire de persécutions qui s’est achevée par la Solution Finale, les personnes de confession juive pouvaient aussi commettre les mêmes exactions que celles dont elles avaient été victimes. Le journalisme pouvait déjà être l’art de mentir, l’art de collaborer avec les oppressions, l’art de se mettre au service des oppresseurs partout où ils agissent. Ce mur aujourd’hui s’effrite et dévoile une réalité crue dont les mots "terroriste" et "antisémite" ne suffisent plus à détourner le regard. Et pour rendre justice aux Palestiniens et à toutes celles et ceux qui sont morts ou qui ont souffert de l’avoir fait, le premier geste que je peux faire en toute humilité, c’est de mettre en évidence ces complicités honteuses. N’ayant ni le talent, ni l’expertise pour les mettre en mots, je ferai une longue paraphrase de l’historien Barnaby Raine réagissant au bombardement récent d’un hôpital de Gaza et aux contorsions médiatiques qui ont suivi :
« Israël a ordonné l’évacuation de 22 hôpitaux. L’Organisation Mondiale de la Santé a qualifié cette décision de condamnation à mort pour les patients de ces hôpitaux qui ne pouvaient pas être déplacés et que l’on laissait donc mourir. L’un des hôpitaux qu’Israël a ordonné d’évacuer est celui qui vient d’être bombardé. Israël a donc annoncé qu’il allait bombarder les hôpitaux, puis un hôpital a été bombardé. Israël a largué plus de bombes sur Gaza cette semaine que l’Amérique n’en a largué sur l’Afghanistan au cours de la première année de son occupation de ce pays en 2001. Un prêtre de Ramalla a déclaré : "Nous tenons la puissance occupante pour responsable". Et nous savons qu’Israël continue de bloquer l’électricité pour les couveuses de bébés et les patients sous dialyse, nous savons qu’Israël continue de bloquer l’eau pour les chirurgiens et les personnes âgées, je veux dire que les habitants de Gaza n’ont pas accès à l’eau potable, à la nourriture pour les survivants et nous savons qu’Israël bombarde les routes après avoir dit aux gens de fuir le long de ces routes. Nous savons aussi que le 14 octobre, Israël a pris pour cible des ambulances et nous savons qu’avant ce bombardement, Israël avait déjà tué 28 membres du personnel médical à Gaza, nous savons aussi, comme vous l’avez dit, qu’une partie de la stratégie israélienne consiste à mentir sur les attaques et les meurtres. Cela ne me fait pas plaisir de dire ceci : en 1996, Israël a bombardé un complexe de l’ONU au Liban, et l’a imputé à d’autres. Ce n’était pas vrai. En 2006, Israël a assassiné une famille entière sur une plage de Gaza. L’armée israélienne a mené une enquête rapide qui a révélé qu’elle n’était pas responsable. Ce n’était pas vrai. En 2014, Mark Regev, que nous avons revu sur nos écrans de télévision, a récemment affirmé que les sites de l’UNRRA, c’est-à-dire les sites de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, avaient été utilisés pour lancer des missiles. L’ONU a enquêté : ce n’était pas vrai. L’année dernière, les forces israéliennes ont assassiné la journaliste palestinienne Shireen Abou Akleh, accusant les Palestiniens : ce n’était pas vrai. Les journalistes ne peuvent pas vraiment enquêter sur ce qui se passe à Gaza, car même le Washington Post, qui n’est pas, je vous le dis, un ami du peuple palestinien, affirme qu’il devient impossible de faire des reportages depuis Gaza dans les conditions de siège et de bombardement qu’Israël a instaurées. Donc une partie de ce qui me préoccupe ici, en regardant les médias occidentaux, c’est que toute cette brutale campagne de siège et de bombardement par Israël a été une démonstration du racisme qui structure tout notre écosystème médiatique. Cela a été assez, j’ai envie de dire "extraordinaire" mais je n’ai même pas été si surpris que cela, de voir les journalistes occidentaux se précipiter pour rapporter une accusation de meurtre rituel, se précipiter pour rapporter que 40 bébés ont été décapités par des Palestiniens sauvages assoiffés de sang même s’il s’est avéré plus tard qu’il n’y avait pas de preuves. Ignorant complètement d’ailleurs les comptes-rendus du Hamas sur ce qui s’est passé lors leur attaque et ne rapportant que les comptes-rendus israéliens. Mais ensuite, lorsqu’Israël dit, malgré ses mensonges, qu’il n’est pas sûr d’avoir bombardé cet hôpital ou qu’il accuse les Palestiniens d’avoir tué leurs propres enfants, les journalistes se précipitent pour dire qu’il faut être mesuré et les prendre au sérieux, y compris, devrais-je dire, certains journalistes de gauche, ce qui est inquiétant parce que cela ressemble à une sorte de double standard qui pue le racisme. Raz Segal, expert israélien sur les génocides, qualifie ce qui se passe à Gaza de "cas d’école de génocide". 800 juristes ont écrit qu’ils étaient obligés de tirer la sonnette d’alarme sur la possibilité d’un génocide à Gaza. Il est clair qu’Israël prend pour cible des civils, des immeubles résidentiels, des journalistes, des médecins et des installations médicales. Ce n’est pas la première fois. La question que nous devrions, je pense, poser est " Pourquoi font-ils cela ?". Pourquoi cette campagne brutale qui consiste à couper l’eau ? Si l’on ne voulait pas cibler les civils, on ne couperait pas l’eau. On ne couperait pas l’eau, on ne couperait pas le carburant. Pourquoi le font-ils ? Ils n’ont pas besoin de le faire, ils ont un système de défense antimissile, Dôme de fer, qui signifie que la plupart des missiles que les Palestiniens tirent sur Israël n’atteignent pas leurs cibles. Ils pourraient négocier la libération des otages. Six mille prisonniers palestiniens croupissent dans les prisons israéliennes sans avoir bénéficié d’un procès équitable et avec de graves allégations de torture, dont nous entendons rarement parler aux informations. En revanche, nous entendons beaucoup parler des otages israéliens à Gaza. Ils pourraient négocier la libération de leurs otages. Au lieu de cela, ils bombardent Gaza et tuent, selon certaines informations, certains de leurs propres otages. Cela ne détruira pas le Hamas, bien sûr, lorsque vous bombardez des gens qui vivent sous un siège colonial et des bombardements constants, le seul effet que cela peut avoir est de renforcer la colère et la détermination des gens à résister à la puissance colonisatrice, alors bien sûr, cela ne brisera pas la résistance, même s’ils détruisaient l’infrastructure du Hamas, quelque chose d’autre émergerait à sa place. Alors pourquoi font-ils cela ? Ce n’est pas parce que le Hamas a causé le problème, car en Cisjordanie, où il n’y a pas de régime Hamas, des colons ont attaqué des funérailles la semaine dernière et lancé des attaques contre des villages palestiniens, tuant parents et enfants, et l’armée israélienne a abattu 62 Palestiniens la semaine dernière, selon les derniers rapports. En Cisjordanie, où il n’y a pas de gouvernement Hamas, avant ce dernier massacre, 2023 était déjà l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les enfants en Cisjordanie, avec un enfant tué chaque semaine par les forces israéliennes. Ce n’est donc pas parce qu’il y a une enclave de résistance qu’Israël est violent. Il semble que cette impulsion violente se manifeste de toute façon. La raison en est que c’est la logique du colonisateur, la raison est que les Israéliens savent au plus profond d’eux-mêmes, et je parle ici de certains membres de ma famille, ce qui me fait de la peine de le dire, mais ils savent au fond d’eux-mêmes qu’ils vivent dans les maisons volées à d’autres personnes. Ils savent qu’ils vivent dans un État fondé sur un acte de nettoyage ethnique lorsque 700 000 Palestiniens ont été chassés de chez eux. C’est pourquoi Gaza est si densément peuplée, parce que la plupart des Palestiniens qui y vivent ne sont pas originaires de Gaza, ce sont des réfugiés enfermés là parce qu’ils ont été chassés d’autres régions d’Israël. C’est pourquoi la chose importante à faire maintenant n’est pas simplement d’appeler à la paix, pas simplement d’appeler à la fin de ce massacre, bien que cela soit crucial, mais de comprendre que nous voulons un monde dans lequel les gens ne vivent pas enfermés dans une prison à ciel ouvert parce qu’ils ont été chassés de chez eux, et d’appeler non seulement à la paix, mais aussi à la liberté. Et de dire, lorsque nous voyons des gens faire la fête dans une rave-party et être ensuite tués par des agents du Hamas, qu’ils faisaient la fête à huit kilomètres d’une prison à ciel ouvert. Si vous vous déplacez de 8 kilomètres de l’endroit où ces personnes faisaient la fête en Israël vers Gaza, l’espérance de vie diminue de 10 ans. Nous ne voulons pas seulement la paix et le retour d’un monde dans lequel ce serait le cas, nous voulons désespérément que les gens du monde entier, par millions, soient libres, que chacun puisse vivre une vie de liberté et de dignité, et c’est pourquoi nous voulons la victoire du peuple palestinien. »
Et comme il n’y a pas plus limpide que les paroles de l’oppresseur pour entrevoir le martyre de l’opprimé, voici celles prononcées récemment par des figures de l’État hébreu au cours de l’histoire de son oppression du peuple palestinien, démontrant le racisme qui structure une société viciée par celui-ci :
Les Palestiniens sont des bêtes sauvages, ils ne sont pas humains.
Eli Ben Dahan, Ministre délégué de la défense, 2013
Qu’y a-t-il de si horrible à comprendre que le peuple palestinien tout entier est l’ennemi ? Ils sont tous des combattants ennemis et leur sang sera sur toutes leurs têtes. Cela inclut les mères des martyrs, qui les envoient en enfer avec des baisers. Elles devraient suivre leurs fils, rien ne serait plus juste. Elles doivent partir, tout comme les maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents. Sinon, d’autres petits serpents y seront élevés.
Aleyet Shaked, ministre de la Justice, paraphrasant un colon activiste, conseiller et auteur des discours de Netanyahu, 2014
Les menaces palestiniennes ont des caractéristiques cancéreuses qui doivent être éliminées. Il existe toutes sortes de solutions au cancer. Certains disent qu’il faut amputer les organes, mais pour l’instant, j’applique la chimiothérapie.
Moshe Yaalon, général et ministre de la défense, 2002
La façon de traiter les Palestiniens est de les frapper, non pas une fois mais à maintes reprises, de les frapper jusqu’à ce que cela fasse si mal que ça en devienne insupportable.
Benjamin Netanyahu, premier ministre, 2001
Ceux qui sont avec nous méritent tout, mais ceux qui sont contre nous méritent d’avoir la tête coupée à la hache.
Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères, 2015
Nos soldats sont les seuls innocents à Gaza. Ils ne doivent en aucun cas être tués à cause d’une fausse morale qui préfère protéger les civils ennemis. Un seul cheveu sur la tête d’un soldat israélien est plus précieux que toute la population de Gaza.
Moshe Feiglin, porte-parole de la Knesset, 2014
La messe est dite. Et je conclurai sur une médiocrité de caniveau, avec le trou du cul génocidaire Ben Shapiro, égérie du conservatisme américain dont j’ai déjà parlé :
La seule solution pour Israël est d’annexer la Bande de Gaza et de tuer assez de fils de putes pour s’assurer que le problème ne revienne plus.
Ben Shapiro, 2023
Alors, satisfait, salaud ?