Nous rendons hommage à Sergio Ortega, créateur de " el pueblo unido " et
de "venceremos" hymnes pour l’histoire politique du Chili et qu’ont si bien
chantés les Quilapayun. Il vient de mourir aujourd’hui à Paris. Il avait
toujours deux montres sur lui en exil, l’une qui donne l’heure de Paris,
l’autre .. celle de Santiago du Chili.
Mil cadenas habrá que romper. Venceremos !
C.G.
Paris,16/09/2003
« Quand je suis arrivé à Pantin, Jacques Isabet m’a dit : "Fais que la Musique soit accessible à toutes les Pantinoises et tous les Pantinois qui l’aiment, et en même temps, qu’elle soit de grande qualité." Ceci est une pensée profonde et démocratique, qui a inspiré le musicien que je suis, et qui lui a ouvert des espaces de recherche et de création, avec de nouvelles formes de participation et de rencontre de la population de Pantin avec la musique de l’Ecole Nationale de Musique ». C’est dans ces termes que Sergio Ortega, auteur, parmi des nombreuses compositions musicales, parlait de son activité comme Directeur de l’École Nationale de Musique de Pantin pendant plus de deux décennies.
Né le 2 février 1938 à Antofagasta, Sergio Ortega était devenu l’un des figures les plus novatrices de la scène musicale chilienne de la deuxième moitié du XXè siècle. Orienté volontiers ver la musique classique, il avait traduit son engagement politique en compositions de musique populaire qui sont devenues de vraies « protagonistes » de l’histoire politique chilienne des 30 dernières années. Parmi elles le « Venceremos » et « El Pueblo Unido ».
Parti en exil après le coup d’état, Sergio Ortega a continué a développer une intense activité créatrice et de diffusion et promotion de l’éducation musicale « de qualité », activité qu’il développa notamment à Pantin, une ville avec laquelle, pendant plus de deux décennies, il vécut une intense histoire d’amour. En témoigne ce texte paru en 2001 dans Le Parisien :
« C’est au calme, après des années de turbulences, que le réfugié politique chilien Sergio Ortega, 63 ans, directeur de l’école nationale de musique de la cité rouge depuis deux décennies, a posé ses valises et son piano. "J’habite dans un îlot de silence", confie celui qui fut l’ami de l’écrivain prix Nobel Pablo Neruda. A deux pas de l’interminable avenue Jean-Lolive, sombre et embouteillée, au bout d’une ruelle fière de ses pavés, le pavillon du compositeur est confortable. Du salon truffé de bibliothèques remplies d’ouvrages sur la Révolution française, on passe au jardinet. "Un morceau de Provence quand tout est fleuri", s’enthousiasme le musicien. Comme ses roses, il s’épanouit, sous le charme de ce qu’il appelle "la diversité infinie de Pantin, une ville de dialogue et de participation dans laquelle les gestionnaires et les habitants se confondent". Certes, Ortega, qui a fui son pays au lendemain du coup d’Etat de 1973 et de l’assassinat du président Allende pour qui il avait écrit l’hymne national, continue de porter deux montres au poignet : l’une qui donne l’heure à Pantin, l’autre à Santiago du Chili. Il n’empêche, ici, il se sent chez lui. Pour le bicentenaire de la Révolution française, il a mis en musique la chanson "Moi, pantinois". Entre lui et "sa" ville de Pantin, l’idylle sonne juste. Même si, parfois, il y a quelques fausses notes. Dans son cahier de doléances, le pianiste demande des choses toujours plus "vraies". Un "vrai" centre-ville, "point de référence affectif où l’on se balade quand on n’a rien à faire". Une "vraie" salle de spectacle qui accueillerait "les mardis de la danse, les mercredis du théâtre ou les jeudis de la musique". Dans la cacophonie politique ambiante orchestrée par le PS Bertrand Kern ("Je ne le connais pas") et le PC Jacques Isabet ("Un homme fort et vrai, jeune et combatif qui a du charisme"), Ortega a fait son choix : il votera pour le second. Mais l’ancien apatride, longtemps privé du droit de vote, naturalisé français en 1995 et marié à une chanteuse lyrique, regrette ce duel d’une "gauche de moins en moins plurielle". "C’est lamentable. Chacun veut sa part du gâteau", s’emporte-t-il. Avant de changer d’un coup de partition : "Vous savez, ici, très tard dans la nuit, on entend le bourdonnement du périph. On dirait la mer."
Du Chili d’ Allende au cauchemard Pinochet, par Françoise Lopez, décembre 2006.
Nouvelle tempête de mensonges du Monde contre la révolution vénézuélienne, par Thierry Deronne, janvier 2006.