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Monsieur Delanoë ; Expulser ou reloger, il faut choisir

Monsieur Delanoë ; Expulser ou reloger, il faut choisir

A la demande de la SEMAVIP (Société d’Economie Mixte de la Ville de Paris), le Tribunal d’Instance du 19e à Paris a ordonné, le 17 septembre dernier, l’expulsion de la Coordination des Intermittents et Précaires des locaux concédés par la Ville qu’elle occupe au 14-16 quai de la Charente et l’a condamnée à de lourdes astreintes financières (plus de 70000 euros à ce jour).

La loi écarte la compétence du T.I en la matière. Bien que nous ayons interjeté appel, celui-ci n’est pas suspensif. L’association des amis des intermittents et précaires a donc saisi le premier Président de la Cour d’Appel de Paris pour obtenir la suspension de l’exécution de ce jugement afin de disposer du temps nécessaire à ce qu’une solution de relogement soit enfin trouvée avec la Ville.

L’audience de cette saisine se tiendra le 14 décembre 2010.

Rappelons que le donneur d’ordre est la Ville de Paris et que ce jugement du T.I. intervient alors que, contrairement aux engagements publics du Maire de Paris, aucune solution acceptable de relogement n’a été proposée à ce jour.

Si lors du Conseil de Paris du 16 novembre, un relogement transitoire a bien été présentée par la majorité municipale, il s’avère que ces locaux, situés rue Curial (19e), ne seraient disponibles qu’après une phase de travaux et pour une période des plus brèves : la parcelle concernée doit être rapidement transformée en espace vert. Nous devrions l’évacuer au printemps ou à l’automne prochains.

Des responsables municipaux avaient pourtant évoqué un relogement pérenne...

Ces délais rapprochés viennent à présent s’ajouter aux raisons qui ont motivé notre refus de cette proposition qui nous avait été faite en novembre 2009 : dans une Cité qui manque cruellement d’équipements collectifs, nous considérions que la priorité était de rendre cet endroit inutilisé disponible pour les habitants. L’actuel projet d’espaces verts reconnaît d’ailleurs aujourd’hui le bien-fondé de notre argument.

Plus que d’une réelle solution de relogement, il s’agit, en ce qui nous concerne, d’une fausse proposition, un leurre destiné à faire croire que le Maire de Paris tient ses engagements alors que, jusqu’ici, il n’en est rien. On le reconnaît d’ailleurs à demi-mot au cabinet de Christophe Girard, où il est admis que "cette proposition ne constitue pas une solution viable".

Pour obtenir un relogement qui permette de poursuivre et développer les activités de la coordination, des pourparlers avec le Maire et Christophe Girard ont pourtant lieu depuis plus de deux ans. Nous avons rédigé un cahier des charges et proposé six lieux, propriétés de la Ville et en attente de projets. L’ensemble de ces propositions a été refusé alors que 2 ans après la plupart des locaux concernés restent vacants, et toujours sans destination.

Parmi ces propositions, deux étages vides d’un ancien immeuble de bureaux situé 65 boulevard de Charonne (Paris 11ème) nous semblent toujours constituer un relogement satisfaisant. Nous avons rencontré à ce sujet Patrick Bloche, Maire de l’arrondissement. Bien qu’ayant par le passé participé au comité de suivi de la réforme de l’Unedic, celui-ci n’a pas donné suite. Au début de l’année 2009, la Ville a rejeté cette proposition : un projet était en cours et les travaux devaient commencer début 2010, nous sommes le 9 décembre et aucun chantier n’a encore débuté. Ces locaux sont toujours inoccupés.

Malgré notre bonne volonté pour sortir de cette situation aujourd’hui bloquée, nous ne pouvons cacher nos doutes sur la volonté réelle de la Mairie de trouver une solution de relogement. Tout se passe comme si le choix de la majorité municipale était d’abandonner à la jachère de nombreuses surfaces disponibles (immeubles, locaux, appartements), alors que les besoins sont criants.

La récente expulsion de la Maison de la Grève à Rennes par une municipalité socialiste [LVMH.inc] renforce nos inquiétudes.

D’autant qu’ici, au sortir du mouvement massif de refus de la politique néolibérale que vient de connaître le pays à l’occasion de la "réforme" des retraites et à la veille d’une "négociation" de la convention d’assurance-chômage, certains édiles en charge de la culture vont jusqu’à déclarer que "l’intermittence n’est plus un combat".

Nous restons néanmoins persuadés que la Ville doit et peut nous reloger.

Expulser serait dénier aux intermittents, aux chômeurs et aux précaires la capacité à s’organiser. Cela nuirait dangereusement aux libertés publiques, en particulier à celles de réunion et d’expression.

Le maire de Paris se doit de tenir ses engagements et donc de reloger la coordination.

Faire l’inverse serait une grave faute politique.

Abandonner cette responsabilités signifierait confier la ville aux puissances de l’argent.

Ce serait une manière de restituer par anticipation cette ville à la droite.

Expulser ou reloger, Monsieur Delanoë doit maintenant opérer un choix.

Les lieux collectifs que nous défendons, nous les défendons pour tous, et nous les défendrons avec tous !

Paris, le 9 décembre 2010

Coordination des intermittents et précaires

http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5404

photo des lieux :

http://www.hns-info.net/

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Viktor Dedaj

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