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Mettre fin à la guerre par une paix négociée

Cette proposition a été formulée par : — Peter Brandt, fils aîné de l’ancien chancelier allemand, le socialiste Willy Brandt, artisan de l’Ostpolitik. — Hajo Funke, politologue, spécialiste de l’extrême-droite et de l’antisémitisme. — Général Harald Kujat (retraité), ancien inspecteur général de la Bundeswehr, président du Comité militaire de l’OTAN de 2002 à 2005. — Horst Teltschik, ancien conseiller du chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl et ancien dirigeant de la Conférence de Munich sur la sécurité.

Légitime défense et recherche d’une paix juste et durable ne sont pas contradictoires

Depuis le début de la guerre d’agression russe, le 24 février 2022, l’Ukraine mène une guerre de défense légitime dans laquelle sa survie en tant qu’État, son indépendance nationale et sa sécurité sont en jeu. Cette affirmation est vraie indépendamment de la situation démocratique, de l’État de droit et de la réalité constitutionnelle, ainsi que des antécédents beaucoup plus complexes de la guerre et de sa toile de fond politique mondiale tout aussi compliquée.

Cependant, la légitimité de l’autodéfense armée, mentionnée par l’article 51 de la Charte des Nations unies, ne dispense pas le gouvernement de Kiev et les États qui le soutiennent de l’obligation, notamment vis-à-vis de son propre peuple, de faire preuve de retenue, de ne pas réagir de manière excessive en augmentant la violence et la destruction et de promouvoir un règlement politique basé sur une paix juste et durable. Même – et surtout – pendant la guerre, les efforts constants pour parvenir à une solution diplomatique ne doivent pas se relâcher.

Il en va de même pour les Etats indirectement impliqués, dont la République fédérale d’Allemagne, particulièrement tenue par l’impératif de paix de sa Constitution. D’ailleurs, le 2 mars 2022, quelques jours après le début de l’attaque russe, le gouvernement fédéral approuvait une résolution [1] présentée par l’Ukraine et adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, appelant à un « règlement pacifique du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine par le dialogue politique, la négociation, la médiation et d’autres moyens pacifiques ».

Le 23 février 2023, une autre résolution de l’ONU [2] appelait les États membres et les organisations internationales à « redoubler leur soutien aux efforts diplomatiques visant à instaurer une paix globale, juste et durable en Ukraine ». Cet engagement s’applique également au gouvernement ukrainien, qui continue de rejeter les négociations avec la Russie [3]).

Jusqu’à présent, l’Ukraine a résisté à la guerre d’agression russe grâce au soutien global de l’Occident. Cependant, les décisions de grande envergure concernant les dépenses nécessaires à la poursuite de la guerre, contre toute raison et malgré le caractère irréalisable des objectifs politiques, ne doivent pas être laissées au seul gouvernement ukrainien. L’intensification constante de la guerre a déjà entraîné un grand nombre de victimes ukrainiennes, tant militaires que civiles, ainsi qu’une destruction substantielle des infrastructures. Plus la guerre durera, plus le nombre de victimes et les destructions augmenteront et plus il sera difficile de parvenir à une paix négociée juste et durable, qui garantisse également la sécurité des États soutenant l’Ukraine. Le risque d’une nouvelle escalade existe déjà du fait des offensives prévisibles des forces russes, de la bataille pour Odessa et du conflit qui a de nouveau éclaté au sujet des exportations de céréales ukrainiennes.

Depuis le 4 juin 2023, les forces ukrainiennes tentent de percer les positions défensives russes profondément étagées et de couper le pont terrestre entre la Russie et la Crimée afin d’isoler les forces russes du centre logistique de la Crimée. Les forces ukrainiennes perdent un grand nombre de soldats et de blindés (occidentaux) dans les combats, sans avoir remporté le moindre succès jusqu’à présent.

Si la contre-offensive échoue, il faut s’attendre à ce que l’Ukraine exige que des soldats occidentaux suivent les armes occidentales, car même les livraisons d’armes prévues ne peuvent compenser les énormes pertes de personnel militaire ukrainien. La Russie, quant à elle, n’a pas encore déployé la majeure partie de ses troupes d’active. On peut donc supposer qu’après de nouvelles pertes ukrainiennes lors de la contre-offensive, la Russie s’efforcera de sécuriser les territoires annexés et d’atteindre ainsi l’objectif de « l’opération militaire spéciale ».

Aucune des deux parties ne peut gagner la guerre

Il est clair depuis un certain temps que ni la Russie ni l’Ukraine ne peuvent gagner cette guerre, car ni l’une ni l’autre n’atteindra les objectifs politiques pour lesquels elles se battent. L’Ukraine ne peut pas vaincre la Russie militairement, même avec le soutien occidental en armes et munitions et en formation de soldats ukrainiens.

Même la livraison d’« armes miracles » [4], réclamée à maintes reprises par les profanes, ne provoquera pas le « changement de la donne » tant espéré qui pourrait faire évoluer la situation stratégique en faveur de l’Ukraine.

Dans le même temps, cependant, le risque d’une escalade encore plus importante, conduisant à un conflit militaire entre l’OTAN et la Russie et au réel danger d’une guerre nucléaire limitée au continent européen, bien que les États-Unis et la Russie veuillent l’éviter, ne cesse de s’accroître. [5].

Cette éventualité doit être évitée, car l’Ukraine a tout intérêt à rechercher un cessez-le-feu le plus rapidement possible, ouvrant ainsi la voie à des négociations de paix. Il en va également de l’intérêt des États européens qui soutiennent inconditionnellement l’Ukraine, mais sans aucune stratégie discernable. En raison de l’usure croissante des forces armées ukrainiennes, le risque augmente de voir la guerre en Ukraine dégénérer en une guerre européenne contre l’Ukraine.

L’Ukraine accroît ce risque en intensifiant ses attaques contre les infrastructures stratégiques de la Russie, avec le soutien de l’Occident, comme celle contre la base nucléaire stratégique Engels près de Saratov, le 26 décembre 2022, ou contre le pont de Kertch [6].

En outre, l’Occident pourrait se sentir obligé d’intervenir activement pour empêcher une défaite écrasante de l’Ukraine (Daily Telegraph : L’Ukraine et l’Occident sont confrontés à une défaite dévastatrice). [7]

Est-il possible de négocier avec Poutine ?

Jusqu’ici, rien ne prouve que l’objectif politique de « l’opération militaire spéciale » soit de conquérir et d’occuper l’ensemble de l’Ukraine, ni qu’après cela, la Russie envisage d’attaquer les États de l’OTAN. Rien ne prouve non plus que la Russie et les États-Unis se préparent à cette éventualité.

D’un point de vue militaire, on ne peut toutefois pas exclure totalement la possibilité que les forces russes aient l’intention de conquérir des zones situées à l’ouest du Dniepr, étant donné qu’elles n’ont pas encore détruit les ponts qui enjambent le fleuve, ce qui serait pourtant à leur avantage dans la configuration actuelle.

Poutine réfute vigoureusement l’idée qu’il poursuivrait, comme on le prétend souvent, l’objectif impérialiste de restaurer l’Union soviétique : « Celui qui ne regrette pas l’Union soviétique n’a pas de cœur, celui qui veut la retrouver n’a pas de cerveau. » [8]

Il était prêt à négocier avec l’Ukraine et l’est certainement encore, mais toujours à condition que l’autre partie (Étasuniens, Ukrainiens et Occidentaux) veuille également négocier. Il a fait plusieurs déclarations positives à cet égard.

Par exemple, à l’occasion de la déclaration de mobilisation partielle du 21 septembre 2022 : « C’est ce que je voudrais déclarer publiquement pour la première fois. Après le début de l’opération militaire spéciale, en particulier après les pourparlers d’Istanbul, les représentants de Kiev ont réagi très positivement à nos propositions. Mais un règlement pacifique ne convenait manifestement pas à l’Occident et c’est pourquoi, après la coordination de certains compromis, Kiev a reçu l’ordre de rompre tous ces accords. » [9]

Toujours le 30 septembre 2022, dans la déclaration sur l’annexion des quatre régions : « Nous appelons le régime de Kiev à cesser immédiatement le feu et toutes les hostilités, à mettre fin à la guerre qu’il a déclenchée en 2014 et à revenir à la table des négociations. Nous sommes prêts à cela, comme nous l’avons dit plus d’une fois. » [10]

Le 17 juin 2023, Poutine a déclaré à la délégation africaine pour la paix : « Nous sommes ouverts à un dialogue constructif avec tous ceux qui veulent la paix, sur la base des principes de justice et en tenant compte des intérêts légitimes des différentes parties. » [11] [12] À cette occasion, il a montré de manière ostentatoire une copie paraphée du projet de traité issu des négociations d’Istanbul.

Le 23 juin 2023, le quotidien allemand Die Welt écrivait dans un éditorial détaillé que les médias russes parlent également de négociations. On peut supposer que cela a été fait avec l’approbation du Kremlin. L’initiative africaine a été largement reprise et commentée favorablement dans la couverture médiatique russe à l’occasion du sommet Russie-Afrique.

L’agence de presse nationale RIA a publié un commentaire déplorant l’échec des précédentes initiatives de paix. Sa rédactrice-en-chef, Margarita Simonjan, qui avait auparavant appelé à un durcissement de l’action de l’armée russe, préconise un cessez-le-feu et une zone démilitarisée sécurisée par les forces de maintien de la paix de l’ONU. Il est juste d’arrêter l’effusion de sang maintenant, a-t-elle déclaré. Les Ukrainiens devraient ensuite se prononcer par référendum sur le pays auquel ils souhaitent appartenir. « Avons-nous besoin de territoires qui ne veulent pas vivre avec nous ? Je n’en suis pas sûre. Pour une raison ou une autre, il me semble que le président n’en a pas besoin non plus », a déclaré Mme Simonjan. [13]

La guerre aurait pu être évitée [14] si l’Occident avait accepté un statut de neutralité pour l’Ukraine – ce que Zelensky était initialement tout à fait disposé à admettre – renoncé à l’adhésion à l’OTAN et appliqué l’accord de Minsk II sur les droits des minorités pour la population russophone. La guerre aurait pu se terminer au début d’avril 2022 si l’Occident avait permis la conclusion des négociations d’Istanbul. Il incombe à nouveau, et peut-être pour la dernière fois, à « l’Occident collectif », et en particulier aux États-Unis, de s’engager sur la voie d’un cessez-le-feu et de négociations de paix.

Il est impératif d’écarter le danger

Les rivalités impériales, l’arrogance nationale et l’ignorance ont déclenché la Première Guerre mondiale, qui a été qualifiée de catastrophe majeure du XXe siècle. La guerre d’Ukraine ne doit pas devenir la catastrophe phare du XXIe siècle !

L’européanisation croissante du conflit menace de se transformer en une guerre majeure entre la Russie et l’OTAN, ce qu’aucune des parties ne souhaite et, compte tenu de la menace aiguë de catastrophe nucléaire dans ce cas, ne peut souhaiter. Il est donc urgent d’arrêter l’escalade avant qu’elle ne prenne une ampleur qui échappe au contrôle politique.

Il appartient maintenant aux Etats européens et à l’UE, dont le poids politique mondial ne cesse de se réduire dans la guerre et par la guerre, d’orienter tous leurs efforts à rétablir une paix stable sur le continent et d’empêcher ainsi une guerre européenne majeure. Pour l’éviter, il faut que les principaux responsables politiques européens, à savoir le président français et le chancelier allemand [15], s’engagent conjointement et en coordination avec les présidents américain et turc, tant qu’il en est encore temps et que l’on n’a pas encore franchi le « point de non-retour » auquel Jürgen Habermas s’est précisément référé.

La paix est possible : comment échapper au danger

Positions des parties en conflit :

UKRAINE :

— Négociations uniquement après le retrait des troupes russes du territoire ukrainien ou la libération de tous les territoires occupés par la Russie.
— Obligation pour la Russie de supporter les coûts de la reconstruction.
— Condamnation des dirigeants russes responsables de l’attaque.
— Adhésion à l’OTAN après la fin de la guerre.
— Garanties de sécurité par des États désignés par l’Ukraine.

RUSSIE :

— Neutralité consolidée de l’Ukraine – pas d’adhésion à l’OTAN.
— Pas de stationnement de troupes américaines et d’autres troupes de l’OTAN sur le territoire ukrainien.
— Reconnaissance des régions de Louhansk, Donetsk, Zaporizhia et Kherson comme territoire russe.
— Plafonds pour les forces armées ukrainiennes en général et pour chaque force armée en particulier.
— Négociations avec les États-Unis et l’OTAN sur la maîtrise des armements, en particulier sur les mécanismes de vérification du système de défense contre les missiles balistiques de l’OTAN en Pologne et en Roumanie.

Après le retrait de l’Ukraine des accords d’Istanbul, les deux parties en conflit ont posé des conditions préalables à l’ouverture des négociations et le président ukrainien a même publié un décret les interdisant. Les deux parties ont également formulé des exigences quant à l’issue des négociations, qu’il est impossible de satisfaire de cette manière. Il est donc essentiel que toutes les conditions préalables à l’ouverture des négociations soient abandonnées. La prise de position chinoise propose une approche raisonnable. Elle appelle les parties à « reprendre les pourparlers de paix [...] à reprendre les négociations ».

Les États-Unis ont un rôle important à jouer dans l’ouverture des négociations et devraient faire pression sur le président ukrainien pour qu’il négocie. En outre, les États-Unis (et l’OTAN) doivent être prêts à s’engager dans des négociations sur le contrôle des armements, y compris des mesures militaires de confiance.

Phase I - Cessez-le-feu

Pour lancer le processus de paix, le Conseil de sécurité des Nations unies devrait examiner un projet de résolution rédigé selon les lignes suivantes et prescrire d’autres mesures comme indiqué ci-dessous :

1. Le Conseil de sécurité des Nations unies :

— adopte, conformément à l’article 24, paragraphe 1, de la Charte des Nations unies, un calendrier et un échéancier pour un cessez-le-feu et des négociations visant à mettre fin à la guerre en Ukraine et à rétablir la paix, conformément à la responsabilité principale qui lui a été confiée par ses membres en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales,

— décide d’un cessez-le-feu général et complet entre les parties belligérantes, la Russie et l’Ukraine, à compter du « jour X ». Le cessez-le-feu sera sans exception, sans limitation ni arrangement spécial, quel que soit le déploiement des forces armées et des systèmes d’armes adverses. Il est contraignant et mis en œuvre de manière générale et globale,

— confie à un haut-commissaire pour la paix et la sécurité en Ukraine la responsabilité politique de mettre en œuvre le calendrier et l’échéancier, ainsi que toutes les mesures décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies dans ce contexte,

— décide du déploiement d’une force de maintien de la paix des Nations unies [16], conformément au chapitre VII de la Charte des Nations unies, chargée d’observer et de faire respecter le cessez-le-feu et les mesures sécuritaires et militaires convenues entre les parties au conflit.

2. Les parties au conflit cesseront toutes les hostilités à la date fixée par le Conseil de sécurité des Nations unies (« jour X »).

3. À partir de cette date, plus aucune arme ni munition ne sera fournie à l’Ukraine. La Russie doit également cesser de fournir des armes et des munitions à ses forces dans les territoires occupés depuis le 24 février 2022 et en Crimée.

4. Toutes les forces étrangères irrégulières, les conseillers militaires et le personnel des services de renseignement des deux parties belligérantes devront être retirés du territoire ukrainien au plus tard au jour X + 10.


Phase II - Négociations de paix

1. Les négociations de paix débutent le jour X +15 sous la présidence du secrétaire général des Nations unies et/ou du haut-commissaire des Nations unies pour la paix et la sécurité en Ukraine, au siège des Nations unies à Genève.

2. Les deux parties au conflit réaffirment leur détermination à mener les négociations avec la ferme intention de mettre fin à la guerre et de rechercher un règlement pacifique et durable de toutes les questions en litige. Elles tiendront compte des lettres adressées par la Russie aux États-Unis et à l’OTAN le 17 décembre 2021, dans la mesure où elles sont pertinentes pour les négociations bilatérales, et du document de position de l’Ukraine pour les négociations du 29 mars 2022, et s’appuieront sur les résultats des négociations d’Istanbul.

3. Éléments d’un règlement négocié :

a) Les parties au conflit

— ne se considéreront plus comme des adversaires à l’avenir et s’engagent à revenir aux principes d’une sécurité égale et indivisible,
— s’engagent à renoncer à la menace et à l’usage de la force,
— s’engagent à ne pas prendre de mesures préparatoires à la guerre contre l’autre partie,
— s’engagent à faire preuve de transparence dans leur planification et leurs exercices militaires et d’une plus grande prévisibilité dans leurs actions militaires et politiques,
— acceptent le déploiement d’une force de maintien de la paix des Nations unies sur le territoire ukrainien dans une zone de 50 km de large à partir de la frontière russe, y compris les régions de Louhansk, Donetsk, Zaporizhia et Kherson dans leurs limites administratives,
— s’engagent à résoudre tous les différends sans recourir à la force, par la médiation du haut-commissaire des Nations unies ou, si nécessaire, des États garants. Le droit de l’Ukraine à l’autodéfense individuelle et collective en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies ne serait pas affecté.

b) La Russie

— retirera ses forces armées du territoire de l’Ukraine jusqu’aux frontières du 23 février 2022,
— retirera ses forces armées sur son propre territoire jusqu’à une distance d’au moins 50 km de la frontière ukrainienne, si elles ont été déployées dans cette zone depuis le 24 février 2022.

c) L’Ukraine

— retirera ses forces armées d’une zone située à au moins 50 km de la frontière russe, comprenant les régions de Louhansk Donetsk, Zaporizhia et Kherson,
— déclarera comme permanent son statut d’État neutre et n’adhérera à aucune alliance militaire, y compris l’Alliance de l’Atlantique Nord. La souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine seront garanties par les engagements correspondants des puissances garantes [17]. Les garanties ne s’appliqueront pas à la Crimée et aux régions de Louhansk, Donetsk, Zaporizhia et Kherson à l’intérieur de leurs anciennes frontières administratives,
— renonce à la mise au point, à la possession et au déploiement d’armes nucléaires sur son territoire,
— n’autorisera pas le déploiement permanent ou temporaire des forces armées d’une puissance étrangère ou de son infrastructure militaire sur son territoire,
— n’autorisera pas les exercices et les manœuvres des forces armées étrangères sur son territoire,
— mettra en œuvre les plafonds convenus [18] pour les forces armées ukrainiennes dans un délai de deux ans.

d) Les problèmes liés à la Crimée et à Sébastopol seront négociés bilatéralement par voie diplomatique dans un délai de 15 ans et résolus en renonçant à la force militaire.

e) Le statut futur des régions de Louhansk, Donetsk, Zaporizhia et Kherson sera mutuellement convenu lors des négociations. La Russie autorisera le retour des réfugiés. Si les partenaires de négociation ne parviennent pas à s’accorder sur cette question, le haut-commissaire des Nations unies pour la paix et la sécurité en Ukraine organisera un référendum dans les deux ans suivant l’entrée en vigueur du traité de paix, au cours duquel la population se prononcera sur le statut futur. Les citoyens ukrainiens résidant de manière permanente dans ces régions au 31 décembre 2021 pourront y participer. La Russie et l’Ukraine s’engagent à reconnaître les résultats du référendum et à les transposer dans leurs législations nationales respectives avant la fin de l’année au cours de laquelle le référendum a eu lieu. Pour la population des régions ayant décidé de rester au sein de l’Ukraine, le gouvernement ukrainien incorporera dans sa constitution les droits des minorités conformément aux normes européennes et les mettra en œuvre avant la fin de l’année au cours de laquelle le référendum a eu lieu (conformément à l’accord de Minsk II).

f) Les États garants, qui sont membres de l’Union européenne, favoriseront l’adhésion de l’Ukraine en soutenant l’État de droit et les réformes démocratiques.

g) La reconstruction de l’économie et des infrastructures ukrainiennes sera encouragée par une conférence internationale des donateurs.

h) Les deux parties participeront à une conférence sur la sécurité et la coopération en Europe dans le cadre de la CSCE et la soutiendront de manière constructive, dans le but d’établir un ordre européen de sécurité et de paix. Cette conférence se tiendrait dans l’année suivant l’entrée en vigueur du traité de paix.

i) Le traité entrera en vigueur dès que les deux parties et cinq Etats garants l’auront signé et, dans la mesure nécessaire, que les parlements de ces Etats l’auront approuvé, et que l’Ukraine aura consacré son statut d’Etat neutre, indépendant et non aligné (sans objectif d’adhésion à l’OTAN) en modifiant sa constitution. [19]

j) Aucun retard de l’une ou l’autre des parties ne saurait entraver la mise en place d’une politique de sécurité et de coopération.

k) Aucun retard ne justifiera la rupture du cessez-le-feu ni le retrait des accords conclus jusqu’à présent.

Phase III - Un ordre européen de sécurité et de paix

À long terme, seul un ordre européen de sécurité et de paix peut garantir la sécurité et la liberté de l’Ukraine, dans lequel l’Ukraine et la Russie aient leur place. Cette architecture européenne de sécurité garantirait que la position géostratégique de l’Ukraine ne joue plus un rôle clé dans la rivalité géopolitique entre les États-Unis et la Russie. Le moyen d’y parvenir est d’organiser une conférence dans le cadre de la CSCE, qui s’appuie sur les progrès considérables réalisés dans la « Charte de Paris » et les développe davantage, en tenant compte du cadre stratégique et de sécurité actuel.

A lire aussi : Une proposition allemande révolutionnaire pour échapper au risque d’une guerre totale en Ukraine

Notes

[1] www.un.org/depts/german/gv-notsondert/a-es11-1.pdf

[2] www.securitycouncilreport.org/atf/cf/%7B65BFCF9B-6D27-4E9C-8CD3-CF6E4FF96FF9%7D/a_res_es_11_6.pdf

[3] Selon le FAZ, l’Ukraine ne voit toujours pas la possibilité d’une paix négociée avec la Russie. « Cette paix doit être obtenue par la lutte. Et la Russie doit être vaincue. Sinon, il n’y aura pas de paix », a déclaré l’ambassadeur ukrainien à Berlin, Oleksii Makeiev, aux journaux Rheinische Post et General-Anzeiger.

[4] Les politiciens allemands, qui ne comprennent pas le principe stratégique des relations entre la fin et les moyens, exigent à nouveau la livraison de missiles de croisière Taurus. https://www.faz.net/aktuell/politik/ukraine-liveticker-deutsche-politiker-fordern-lieferung-von-marschflugkoerpern-faz-19030454.html
À long terme, seul un ordre européen de sécurité et de paix peut garantir la sécurité et la liberté de l’Ukraine, dans lequel l’Ukraine et la Russie aient leur place. Cette architecture européenne de sécurité garantirait que la position géostratégique de l’Ukraine ne joue plus un rôle clé dans la rivalité géopolitique entre les États-Unis et la Russie. Le moyen d’y parvenir est d’organiser une conférence dans le cadre de la CSCE, qui s’appuie sur les progrès considérables réalisés dans la « Charte de Paris » et les développe davantage.

[5] Il y a aussi toute la question de savoir si l’Ukraine est vraiment en train de perdre. Supposons que l’armée ukrainienne s’effondre [...] et que les Ukrainiens battent en retraite. Encore une fois, je ne dis pas que cela va se produire, mais c’est une possibilité. Que fera l’OTAN ? Allons-nous accepter la situation où l’Ukraine est sérieusement vaincue sur le champ de bataille par les Russes ? Je n’en suis pas certain. Et il est possible que, dans ces circonstances, l’OTAN intervienne dans le combat. Il est possible que les Polonais décident qu’ils sont les seuls à devoir se battre, et une fois que les Polonais se seront engagés très largement dans le combat, cela pourrait nous amener à nous battre, et vous aurez alors une guerre de grandes puissances impliquant les États-Unis d’un côté et les Russes de l’autre. https://mate.substack.com/p/john-mearsheimer-ukraine-war-is-a?utm_source=substack&utm_medium=email

[6] seymourhersh.substack.com/p/opera-buffa-in-ukraine

[7] www.telegraph.co.uk/news/2023/07/18/ukraine-and-the-west-are-facing-a-devastating-defeat/
8. https://www.newyorker.com/news/q-and-a/why-john-mearsheimer-blames-the-us-for-the-crisis-in-ukraine

[8] https://www.newyorker.com/news/q-and-a/why-john-mearsheimer-blames-the-us-for-the-crisis-in-ukraine

[9] http://www.en.kremlin.ru/events/presi(NOTE 2)dent/news/69390

[10] http://www.en.kremlin.ru/events/president/news/69465

[11] www.mdr.de/nachrichten/welt/osteuropa/politik/ukraine-krieg-russland-putin-afrika-friedensmission-100.html

[12] « Le président Poutine a montré qu’il était prêt à dialoguer et à trouver une solution, et nous devons maintenant convaincre l’autre partie. J’espère que nous y parviendrons », a déclaré Azali Assoumani, président des Comores et président de l’Union africaine, à l’issue de sa rencontre avec Poutine.

[13] L’éditorialiste de Die Welt écrit : « Poutine considère actuellement les négociations et un cessez-le-feu comme l’option la plus avantageuse. En tout cas, c’est mieux que de devoir décider lui-même du nombre de territoires conquis qu’il peut conserver. En effet, la contre-offensive de l’Ukraine progresse. Les coûts de la guerre augmentent également de jour en jour et nuisent à l’évolution du pays. La population le ressent et Poutine, qui ne veut pas de tensions sociales autour de l’élection présidentielle de l’année prochaine, le sait. » L’auteur conclut : « Si les négociations entre l’Ukraine et la Russie devaient être reprises sérieusement à un moment donné (par exemple parce que la contre-offensive ukrainienne n’a pas donné les résultats escomptés), rien n’aura changé dans le conflit : l’Ukraine aura besoin de garanties de sécurité crédibles de la part de l’Occident afin que la Russie ne l’envahisse pas à nouveau après le cessez-le-feu. Il s’agit à tout le moins d’un signe que le Kremlin tâte le terrain, mais il convient d’en tenir compte car il reprend ce que l’initiative chinoise a toujours souligné, à savoir que les négociations d’Istanbul, qui n’ont pas été finalisées, devraient être ’reprises’ ». (Comparez le plan de cessez-le-feu et de paix de Harald Kujat, publié dans Funke : Ukraine. La négociation est la seule voie vers la paix. Berlin 2023 : S. 100-104).

[14] Jeffrey D. Sachs : « En fait, la guerre a été provoquée par les États-Unis d’une manière que les principaux diplomates américains avaient anticipée plusieurs décennies avant, ce qui signifie que la guerre aurait pu être évitée et devrait maintenant être arrêtée par des négociations". »

[15] Président Biden le 31 mai 2022 dans le New York Times : « Comme l’a dit le président ukrainien Volodymyr Zelensky, cette guerre ne prendra définitivement fin que par la diplomatie. »

[16] La sélection et la composition de cette force de maintien de la paix ne devraient pas suivre la procédure habituelle, mais les contributions devraient être coordonnées par les partenaires de négociation. Les contingents militaires des États suivants pourraient être acceptés par les deux parties : Allemagne, Autriche, Brésil, Egypte, France, Inde, Irlande, Italie, Pakistan, Suisse, Turquie.

[17] Dans sa prise de position sur les négociations d’Istanbul le 29 mars 2022, l’Ukraine a désigné les États suivants comme ses garants privilégiés : Russie, Grande-Bretagne, Chine, États-Unis, France, Turquie, Allemagne, Canada, Italie, Pologne, Israël.

[18] Sur la base du texte du traité tel qu’annexé au texte paraphé d’Istanbul et de ses plafonds énumérés.

[19] L’Ukraine pourrait faire dépendre l’entrée en vigueur du traité d’un référendum national.

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Un futur présent, l’après-capitalisme, de Jean Sève
Michel PEYRET
Une façon de dépasser le capitalisme Le livre de référence L’essai de l’historien Jean Sève intitulé Un futur présent, l’après-capitalisme (La Dispute, 2006). Ce livre propose une interprétation du mouvement historique actuel dans le sens du dépassement possible du capitalisme. Il énonce ce qu’il envisage comme des preuves de l’existence actuelle de « futurs présents » qui seraient autant de moyens de ce dépassement du capitalisme déjà à l’oeuvre dans le réel. Sur la question (…)
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