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Mensonges et réalités maliennes

Pratiquement tous les partis politiques de droite comme de gauche, si l’on exclut LO et le NPA, se félicitent de la guerre au Mali. Sous prétexte de lutte contre le terrorisme comme au temps de la guerre d’Algérie, on tait les ressources naturelles convoitées, les intérêts particuliers et les véritables fortunes que se sont constituées les multinationales présentes dans la région. De l’Afghanistan à la Libye en passant par la Côte d’Ivoire, nos politiques continuent leur entreprise guerrière pour régenter des pays pauvres, piller leurs ressources et soutenir des gouvernements fantoches à leur solde. Les marchands d’armes se frottent les mains, comme Dassault-Lagardère et toutes sortes de trafiquants mafieux.

Car, qui peut vraiment croire qu’il s’agit d’une opération « pour la démocratie au Mali » ? Cela fait des décennies qu’elle est bafouée dans ce pays par des régimes corrompus, largement soutenus par la France. Alors, pourquoi cette subite urgence « démocratique » ? De même, qui croira qu’il s’agit de « sécuriser la région » ? En réalité, il s’agit, entre autre, de sécuriser l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises en uranium : ce dernier est en effet extrait dans les mines du nord du Niger, zone désertique seulement séparée du Mali par une ligne sur les cartes géographiques. A ce propos, on soulignera l’extrême perversité des ex-puissances coloniales qui ont jadis tracé des frontières absurdes, faisant fi de l’implantation des populations, et créant des pays aux contours bien curieux : le Niger et le Mali sont tous les deux en forme de sablier, une partie sud-ouest contenant la capitale, totalement excentrée et éloignée d’une immense partie nord-est, principalement désertique. C’est ainsi que, pendant 40 ans, Areva (auparavant la Cogéma) a pu s’accaparer en toute tranquillité l’uranium nigérien dans ces mines situées à 500 kilomètres de la capitale et du fragile « pouvoir » politique nigérien.

Ces dernières années, des groupes armés se sont organisés dans cette région : des Touaregs, dépités d’être méprisés, déplacés, spoliés, et des groupes plus ou moins islamistes, certains issus des anciens GIA qui ont semé la terreur en Algérie, se sont procuré des armes dans la Lybie, que nous avons déstabilisée pour des motifs inavouables mais toujours sous couvert des droits de l’homme et de la démocratie. Et quel est le rôle du Qatar, grand allié et ami de Paris, qui arme les islamistes dans la région ?

En quelques jours le conflit s’est déjà déplacé en Algérie comme nous l’avons vu avec la prise d’otages du complexe gazier, mais il y a fort à parier que cela risque encore de déborder sur les pays limitrophes. Quel sera le coût de l’intervention au Mali ? Si l’on reprend celui de l’intervention libyenne présenté dans un rapport parlementaire, en octobre 2012 : l’utilisation de munitions a coûté 400 000 euros par jour et un missile AASM tiré d’un Rafale sur un objectif au sol revient à 300 000 euros. Quel est le coût horaire d’un Mirage 2000, d’un Rafale ou d’un hélicoptère ? Les caisses sont vides parait-il, mais cet énorme gaspillage d’argent public profitera sans complexe aux marchands d’armes et autres actionnaires de diverses entreprises du CAC40.

L’on peut tourner le problème dans tous les sens, c’est d’abord la pauvreté et la misère qui sont les causes de cette situation ; si les gens mangeaient à leur faim, pouvaient se soigner, travailler et vivre décemment dans leur pays, il est certain qu’ils n’auraient pas envie de se faire « trouer la peau » ou d’immigrer loin de chez eux. C’est la cupidité de quelques uns qui est responsable de la situation. Pour satisfaire la cupidité d’un petit nombre l’on maintient la majorité dans la pauvreté et le chaos. Le chômage de masse des jeunesses arabes et africaines risque de fournir des combattants par milliers, ici ou ailleurs, aux résistants qui risquent de surgir face à l’agression du gouvernement Français. Tant qu’il n’y aura pas un partage équitable des richesses, il faudra que l’argent public entretienne une armée prête à défendre les intérêts privés d’une oligarchie sans scrupule.

Il n’y a pas si longtemps, le Washington Post titrait « La main d’oeuvre et les ressources africaines sont la clé du développement économique mondial depuis des siècles.  », et Jacques Chirac lorsqu’il était lucide avait déclaré : « Une grande partie de l’argent qui est dans notre porte monnaie, vient de l’exploitation depuis des siècles de l’Afrique »

Sur Conscience Citoyenne Responsable
http://2ccr.unblog.fr/2013/01/22/mensonges-et-realites-maliennes/

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L’Avatar du journaliste - Michel Diard
Michel Diard
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La misère ne rassemble pas, elle détruit la réciprocité.

Wolfgang Sofsky

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