La claque électorale reçue par Soumaïla Cissé à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle malienne va-t-elle marquer la fin de la carrière politique de l’opposant ? A 69 ans, et avec un score d’à peine 32%, les électeurs maliens ont sans doute montré la sortie à ce dinosaure de la vie politique malienne.
Avec moins d’un tiers des voix lors du second tour d’un scrutin présidentiel qui l’opposait pourtant à un président sortant (Ibrahim Boubacar Keïta) affaibli et très impopulaire, Soumaïla Cissé a démontré son incapacité à rassembler au-delà de sa base électorale. L’échec de trop ?
A l’exception de la présidence, Soumaïla Cissé a connu tous les postes du pouvoir. Tous les honneurs. Véritable apparatchik issu de cette génération dorée de l’ADEMA (dont le président IBK est également issu), il est de ceux qui gèrent le pays sans discontinuer depuis le début des années 1990 et le retour de la démocratie au Mali.
Pas vraiment le pédigrée de l’opposant que les médias occidentaux ont cherché à lui coller au dos au cours de la campagne présidentielle. Soumaïla Cissé est un enfant du système en place, au même titre qu’IBK, et son élection à la tête de l’état n’aurait pas entraîné de changements majeurs dans la façon de gouverner le pays.
De cela, les Maliens sont bien conscients. C’est sans doute la raison pour laquelle le taux de participation au second tour du scrutin a été historiquement bas (moins de 40% de participation). C’est aussi cette réalité qui explique que le candidat Soumaïla Cissé n’est pas parvenu à capitaliser sur le rejet massif d’IBK, notamment auprès des jeunes.
C’est que la démocratie malienne est parasitée par des oppositions factices entre tenants d’une même ligne politique. Celle du statu quo et de la gestion attentiste d’une situation qui est pourtant sur le point d’exploser.
La seule chance du Mali dans cette situation de crise, c’est que compte tenu de l’âge de cette génération qui a mis le pays à genou, elle va être contrainte et forcée de laisser la place dans les années à venir. IBK ne pourra pas se représenter à l’issue de son second mandat, et Soumaïla Cissé, qui aura 74 ans en 2023, devrait aussi prendre le chemin de la retraite. D’où toute sa hargne à vouloir déstabiliser le pays. « Moi ou le chaos » titrait justement l’hebdomadaire Jeune Afrique. Un titre qui avait provoqué la furie du candidat de l’URD mais qui paraît aujourd’hui comme une prédilection de l’avenir.
Les rêves de victoire présidentielle de l’ancien ministre des Finances sont de toute façon désormais totalement évanouis. Soumaïla Cissé ne dispose plus que de la rue pour se faire entendre. Mais malheureusement, même à se niveau, il ne parvient pas à mobiliser car n’ayant pas de base électorale et de crédibilité suffisante pour atteindre la majorité silencieuse du pays. Il ne lui reste plus qu’un pouvoir de nuisance très réduit pour empêcher IBK de s’installer et, à long terme, une véritable alternance de s’imposer. Gageons que la sagesse l’emportera et qu’il se retirera sur cet ultime échec.
Tout le monde n’a pas pour destin de devenir président de la République.